LIEE & LOUP

Mardi, ou mercredi, je n'en savais rien, la notion du temps n'était plus en moi, je vivais au rythme des coups de Cupidon, seule la soirée du Lundi me remettait dans le droit chemin ... jusqu'au soir du prime. Quatre heures, ou presque, enfin si l'horloge de la cuisine fonctionnait, du moins, mon estomac me dicta mes mouvements et me guida vers le frigo. J'y farfouillais que très peu de temps, y trouvant le reste d'une superbe tarte aux fraises. Mes yeux se firent énorme, mon ventre en voulait, mon esprit aussi, j'en voulais tout simplement. Etait-elle réservée? Dans tous les cas, je m'en fichais, rien n'était à personne, ou tout était à tout le monde dans cette maison ...

Le saint graal dans les mains, je décidais de me vautrer dans le canapé pour le dévorer, chose que je fis, poussant un simple « aaaaaah » De bonheur. Oui, mon bonheur à moi, c'était ça. Je ne fis pas attention aux candidats qui se trouvaient autour de moi.

Je n'arrêtais pas de me frotter la panse par dessus mon t-shirt, il était l'heure du goûter et je, comme on le disait souvent chez moi, crevais littéralement la dalle. J'avais ouvert les placards, le frigo, mais rien ne m'avait particulièrement séduit dans ce qu'ils pouvaient m'offrir de leurs entrailles. Ainsi, je ne cessais de réfléchir à ce que je pourrais bien faire pour calmer ma faim, devais-je simplement me contenter du peu qu'il me restait? Non, Loup ne se résignait jamais. Glissant ma tête dans le salon, j'aperçus Liee sur le sofa central, dégustant une tarte qui ne manqua pas de me séduire au premier regard. Il était hors de question que je lui laisse une bouchée de plus, elle risquait bien de la dévorer sans même m'avoir consulter. Quelle égoïste!

La rejoignant dans le salon, je me mis à quatre pattes sur le canapé où elle était, m'approchant de la candidate avant de simplement m'allonger sur le dos pour venir déposer ma nuque contre ses jambes. J'ouvris la bouche bêtement en fermant les yeux. « Aaaaah? » Il était évident qu'elle ne pourrait résister à un geste aussi adorable, non?

Mon délice superficiel fut vite réduit à un cauchemar avec l'arrivée évidente de Loup. Il se glissa dans le fauteuil, la tête tout contre mes jambes et d'un seul geste, d'un seul truc, il me demandait « Genre tu veux MON gâteau? » Avais-je réellement compris que cet idiot voulait m'apitoyer avec sa petite mimine toute mignonne « J'avoue que t'es super mignon quand tu fais ça ... Mais contre MON gâteau? » Je n'étais pas sûre de résister à la tentation de lui foutre un vent, j'avalais une nouvelle bouchée de mon met, attendant une réponse de sa part, éloignant même l'assiette de son visage, au cas où il viendrait à me chiper mon trésor.

Je n'étais pas du genre à céder aux hommes, du moins, pas pour un gâteau, une tarte ou toute autre pâtisserie qui voyaient mes yeux pétiller bien plus qu'un mâle abruti, à moitié allongé sur mes jambes, Loup ne m'avait pas paru comme ça auparavant, mais après tout, pourquoi pas, qu'est ce qu'on ne fait pas, lorsqu'on a faim ...

Quelle égoïste! Pensait-elle réellement pouvoir se délecter d'un tel dessert sans même attiser l'intérêt et l'appétit d'autres candidats trainant dans les environs? Elle avait pour devoir, dans ce jeu basé sur la collectivité, de partager sa tarte. J'étais prêt à exposer mon argumentation à la jeune femme, toutes dents dehors, avant de finalement fermer la bouche, un sourire mi-figue mi-raisin sur les lèvres. Après tout elle n'avait pas tord dans un certain sens, puisque je n'aurais moi-même pas partagé un seul morceau de ce qui j'aurais considéré comme mien. Seulement, dans le cas présent, cet état d'esprit était inacceptable. L'idée était trop alléchante. « Je pourrais te montrer des facettes de ma personne d'autant plus mignonne si seulement tu acceptais de partager un peu... » Je lui fis un sourire empli d'innocence et de bonnes intentions, tout en levant un peu la tête pour venir loucher sur son assiette qu'elle s'évertuait à éloigner de mon nez. « Après tout je suis le chef de notre clan, donc l'un des habitants les plus influents de cette maison. Si tu étais un tant soi peu stratégique tu accepterais de partager avec moi par pur intérêt. » C'était en somme tiré par les cheveux, mais tout à fait logique non? J'accentuai mon doux sourire face à cette remarque des plus judicieuses, tout en me penchant finalement vers le visage de la demoiselle. « Alleeeeeez. » Je lui fis un bisou sur la joue pour la distraire, tendant ma main vers l'assiette.