Sorcha et Kimaori.
Dimanche 27 novembre, 15h01.

Mon regard était perdu sur le jardin qui s’étendait tout en bas de mon perchoir. J’avais posé mes coudes sur la rambarde, et ma tête s’était niché dans le creux de mes mains. D’une humeur songeuse aujourd’hui, c’est sur le balcon que j’avais trouvé refuge pour réfléchir. Je sentais que la fin approchait, et j’étais, comment dire, plutôt nostalgique en ce moment. Comme si je tentais de faire le point sur mon aventure. Je n’entendis pas Kim arrivée, ne remarquait sa présence que lorsqu’elle se posa à mes côtés. Tournant la tête vers elle, je lui fis un léger sourire, avant de retourner à ma contemplation du paysage. « Tu te rends compte que vendredi, on quittera cet endroit pour de bon? » Encore quelques jours, et je retrouverais ma fille et mon Irlande natale. Tout ça me manquait, oui, mais j'avais du mal à me faire à l'idée que tout ça ne serait bientôt plus qu'un bon souvenir.

Une pomme en main qu'elle croqua avidement, c'est apercevant la chevelure de feu de Sorcha par la fenêtre que Kim se rendit sur le balcon. Visiblement dans ses pensées, la jeune femme ne prit conscience de la présence de Kimaori que lorsque cette dernière prit appui dos à la balustrade. Elles échangèrent de vrais sourires avant que Sorcha ne prenne la parole. Vendredi tout était fini. Il ne restait qu'une petite semaine ! Kim tourna la tête, posa un regard sur la superbe vue et répondit : Pas trop non ... C'est assez fou. Je pense que je suis partagée : tu vois, je n'ai jamais supporté d'être enfermée, mes chiens me manquent, ma vie de dehors ... Et en même temps, je m'étais presque faite à l'idée que jamais je ne sortirais de cette prison dorée. Tout d'un coup, ce qui nous attend dehors me fait un peu peur. Je suppose que toi, il te tarde de retrouver ta fille demanda alors Kimaori. Elle n'avait pas la chance d'être maman, elle avait pourtant plus que l'âge mais la vie en avait décidé autrement. Elle s'était engagée dans les études, puis son boulot, son action et la seule personne avec qui elle aurait pu imaginer fondé une famille, était hors jeu depuis maintenant 3 ans. Pour l'instant ses seuls bébés étaient ses chiens. Cela pouvait paraître stupide mais c'était comme ça. Elle imaginait donc bien à quel point la séparation entre une mère et son enfant devait être doublement rude.

« Pas trop non… C’est assez fou. Je pense que je suis partagée : tu vois, je n’ai jamais supporté d’être enfermée, mes chiens me manquent, ma vie de dehors… Et en même temps, je m’étais presque faite à l’idée que jamais je ne sortirais de cette prison dorée. Tout d’un coup, ce qui nous attend dehors me fait un peu peur. Je suppose que toi, il te tarde de retrouver ta fille. » Ma fille, ma petite princesse, ma Niamh. Elle était la seule chose qui me réconciliait avec le fait que je quitterais bientôt cet endroit. Oui, elle me manquait. Terriblement. « Tu n’as pas idée. Plus on se rapproche de la fin, et plus je me rends compte à quel point elle me manque. On n’a jamais été séparé aussi longtemps, elle et moi. » Certes, durant les deux premières années de sa vie, j’avais été amenée à partir pendant plusieurs jours de suite pour le travail, c’était d’ailleurs pour cette raison que j’avais décidé de le quitter. Trois mois, loin d’elle, c’était l’éternité, quand j’y repensais. Par chance, j’avais eu de quoi me distraire. Je vous laissais deviner de quoi – ou plutôt de qui – je parlais. « Mais tu sais, je te comprends parfaitement. J’ai hâte de partir, de retrouver le monde extérieur… mais… je me suis attachée à cet endroit. À ce qu’il représente. » lui fis-je savoir, en rapport avec ce qu’elle avait avancé, un peu plus tôt. « Et puis, je suis inquiète… je me suis attachée à des gens, ici, aussi. Je ne souhaite pas les voir disparaître de ma vie du jour au lendemain. » Oui, je parlais principalement d’Anael, mais il n’était pas la seule personne qui me manquerait. Je considérais Kimaori comme une amie. Elle faisait aussi partie du lot.