Elle venait juste de se réveiller. La rousse s'étira pareussement, sur tout le long de son lit, on aurait dit un chat. Gabrielle se détendit quelques secondes plus tard. Elle s'extirpa de ses draps, manquant de glisser à la sortie de son lit lorsqu'elle essaya de se lever. La jeune femme maudissait sa maladresse. Gabrielle attrappa son jean, l'enfilant rapidement avec adresse, puis elle fouilla dans sa valise, et dénicha un haut tout simple et le prit. Elle trouvait qu'il faisait froid dans ce chateau, c'est pour cela qu'elle s'enfila une veste en plus, et des chaussures.
Gabrielle marchait d'un pas lent, mais résolu, en direction du jardin, pour prendre une bouffée d'air frais. Elle adorait être à l'extrérieur, elle se sentait plus libre, mais bon, ça, ça devat être dans sa tête. Tout ne tournait pas rond chez la jolie rousse.
Quelques instants plus tard, elle apperçut un banc et un candidat dessus. Gabrielle le rejoigna, tirant son paquet de clopes, et son petit briquet rouge. « Tu as déjà un début de cancer de poumons ou pas ? » lui demanda t-elle en lui tendant son paquet ouvert, en lui proposant de prendre une clope. Oui, c'était une façon comme une autre de lui demander s'il fumait. « Au fait, moi c'est Gabrielle. » précisa t-elle enfin en coinçant sa précieux dans sa bouche. Elle posa le paquet sur le banc, et s'empara de son briquet, jouant avc la flamme un instant, elle l'approcha de l'extrémité de sa cigarette.

Je fais parti de ces gens qui se lèvent tôt, non pas par devoir, mais parce qu'ils aiment ça. En fait, je ne dors pas beaucoup la nuit, je dois être insomniaque ou quelque chose dans le genre, mais ma paranoia légendaire ne m'a pas encore poussée à aller vérifier les symptomes lié à l'absence de sommeil sur doctissimo, donc tout reste très hypothétique. J'avais déjà eu le temps de me dévorer un copieux petit-déjeuner, de profiter parmis les tout premiers candidats de l'eau chaude de la douche, de m'habiller et enfin de remanger un maigre morceau de chocolat, avant de m'aventurer dans le parc du château. Téméraire, je n'ai pas prit la peine d'enfiler ne serait-ce qu'une paire de chaussette -liberté quand tu nous tiens- si bien que les brins d'herbe fraiche chatouillent doucement mes pieds à chaque pas. J'avance lentement, profitant de la brise matinale qui souffle sur la région en cette matinée et observant les alentours avec intérêt. Au bout de quelques minutes de marche, je décide de m'arrêter sur un banc. Je ramène mes pieds en hauteur, m'asseyant en tailleur. Alors que je m'époussette les pieds pour chasser toute la saleté accumulée de ma balade improvisée, une jeune femme s'avance dans ma direction et pose son derrière à mes côté. Je me fige pratiquemment, rivant mes yeux vers la belle rousse qui m'honore de sa présence. « Je ne crois pas, non. » répondis-je d'une voix très sérieuse à sa question, ne saisissant pas la métaphore. « L'âge moyen d'un patient atteint d'un cancer du poumon a soixante-quatre ans, donc je pense que toi comme moi avons de la marge... » J'hausse les épaules et recentre mon attention sur mes pieds, tandis qu'elle allume sa cigarette. « Elvis » dis-je en retour à son nom en lui adressant un bref sourire.

« En théorie oui, étant donné que fumer une cigarette prend trois minutes et que pendant ce temps-là tu ne fais rien, tu perds bel et bien trois minutes de ta vie, mais après si on part sur ça, faire la queue à SuperValue est tout autant nuisible pour la santé... » J'hausse les épaules, le visage neutre, avant d'ajouter en coulant un regard dans sa direction: « Je plaisante. », au cas où elle aurait besoin de cette précision pour saisir le sarcasme que je viens juste de faire. Il est vrai que ma voix a toujours cette facheuse habitude d'être continuellement monocorde, ce qui n'aide pas vraiment lorsqu'il s'agit de blaguer. « Je sais pas, ça me parait un peu abstrait, j'ai du mal à me figurer le genre d'analyse qu'on a pu faire pour en arriver à de telles conclusion... Je pense que c'est plus un message du gouvernement, du genre arrêtez de fumer ou la sécurité sociale va s'écrouler... » Gabrielle commente mon prénom. J'ai eu le temps de m'habituer au cours de ma vie à ce que l'on trouve mon patronyme intéressant. Après tout, l'unique Elvis connu au monde est un chanteur de renom qui a pratiquemment révolutionné la musique. Je réponds légèrement à son sourire, me contentant d'un vague merci, bien que ce soit d'avantage mes parents qui ont fait ce choix. « Tu es française ? »

Elle remonta ses jambes sur le banc, les entourant de se main libre, elle l'écouta. « J'mets cinq minutes à fumer.. » répondit-elle innocement. Oui, elle perdait plus de temps que les autres, la pauvre. De toute façon, au point où elle en était, elle allait mourir jeune, genre soixante ans, pas plus. Peu importe, c'était déjà ça. La suite de la réplique d'Elvis arracha un sourire timide à la jeune femme.
« On perd toujours du temps. » conclua t-elle en haussant les épaules, non pas qu'elle disait que la vie était une perte de temps, elle n'était pas de ce genre là, mais la plupart de leurs actions inutiles gaspillaient des minutes précieuses. Elvis commenta le 'trois minutes de vie en moins par clopes' Gabrielle se contenta d'hocher doucement la tête. « C'est mon prénom ou mon accent pourri qui te fait dire ça ? » l'interrogea t-elle, avec une moue amusée sur son visage. C'était les deux surement. « Et oui, je le suis. » répondit-elle quand même en souriant, en posant son regard azuré sur le jeune candidat. « Et toi ? Tu viens d'où ? » demanda Gabrielle.

Ca pour perdre du temps, on en perdait me dis-je intérieurement... Il s'agit d'ailleurs de l'une des raisons qui m'a poussé à arrêter mes études l'année dernière, choisissant plus ou moins la fameuse école de la vie au détriment de l'université... Bon d'accord, ça penche d'avantage du côté moins que le plus quand on prend en compte le fait que je passe des journées et des journées devant mon écran d'ordinateur, mais j'y trouve tout de même beaucoup plus d'intérêt que les graphiques d'études de marché... J'acquiesce d'un signe de tête quand la jeune femme me confirme venir de France, savourant d'avoir tapé juste sur ce coup-là. Certes, je ne viens pas de découvrir un moyen de soigner le cancer, mais c'est juste une petite victoire personnelle infime et satisfaisante. « Gabrielle, ça me rappel Coco Chanel... » me contentai-je de répondre, comme si ça expliquait absolument tout. « C'est jolie. » Je suis tout sauf un expert dans le domaine de la mode -il suffit de voir les fringues aux goûts douteux qui se trouvent dans ma valise, mais il est difficile d'ignorer ce qu'est la maison Chanel. A mes oreilles étrangères, ce nom sonne terriblement français, je n'ai fait qu'un simple travail de déduction. Elle me demande à son tour d'où je viens. « Je suis écossais... de Glasgow. Ce qui explique mes problèmes d'interactions avec les autres, j'imagine... Il parait qu'on a un accent très particulier, même du point de vue de mecs venant d'Edimbourg. Je ne sais pas si c'est très frappant pour des français. » terminai-je, lançant un regard un brin interrogateur à la jeune femme, en penchant imperceptiblement la tête sur le côté.