Moment culte de la journée et attention par culte je veux dire que c’est le moment où j’exerce mon culte. Emportant un briquet avec moi pour allumer les bougies de la chapelle, je me dirigeai vers la chapelle dans le froid glacial que subissait le pays, peut être même l’Europe, en ce moment. Arrivant près de la chapelle je me faufilais à l’intérieur par la fenêtre, comme un petit singe malgré mes couches de vêtements qui diminuait considérablement ma capacité de mouvement. Une fois entrée je me trouvai face à un jeune homme assis sur un banc. Sonny, je pense… « Bonjour. » dis-je, souriante comme à mon habitude, je sortis le briquet de ma poche, n’attendant pas de réponse ou de réaction de sa part pour allumer deux cierges et quelques petites bougies afin d’illuminer l’endroit. Je me reculai alors et levai les yeux sur la vierge éclairée, j’en oubliais presque la présence du candidat tandis que mes yeux détaillaient la fresque. J’aurais pu être historien d’art, aussi, à la place de faire médecine. Mais je pouvais très bien me passionner pour l’art ET aider les gens par le domaine de la santé.

Bon sang qu’il fait froid ! C’est la première pensée qui me vient à l’esprit alors que je pointe le bout de mon nez dehors. Pourtant vêtu d’une épaisse couche de vêtements et de ma super doudoune en poil de coyote, très utile ces derniers jours, je ne peux m’empêcher de frissonner alors que je sors de la grange. Bouhou. Je ne tiendrai pas jusqu’au château, je fais donc un arrêt forcé à la chapelle. Tiens, c’est la première fois que j’y rentre. En même temps je ne suis pas croyant. Remarque, j’aurai pu avoir eu envie de voir à quoi elle ressemble. Et bien non. Sans trop réfléchir, j’avance vers la chaleur. Un banc ! Je me jette presque dessus pour adopter la position hibernation. Même si j’ai gagné quelques degrés supplémentaires, je meurs toujours de froid. Voilà qu’au bout de quelques secondes, une délectable voix vient frôlée mes oreilles. J’en sursaute presque. Je n’avais pas remarqué la présence de Zhara en ces lieux. A moins qu’elle ne vienne d’arriver. « Salut. » J’offre un léger sourire à la jeune candidate, qui part aussitôt allumer cierges et bougies. Pensif, je l’observe faire. Pas d’un regard pervers mais d’un regard admiratif. J’aimerais dans un sens être aussi insouciant qu’elle. L’insouciance, je trouve ça simple et somptueux. « C’est tes parents qui t’ont imposé la religion ? Ou tu as tout simplement choisi de croire en dieu ? » Simple question. Aucun reproche, ni soupçon d'agressivité venant de ma part. Au contraire, l’intonation de ma voix est des plus posées et frôle la douceur.

Le jeune homme me salue en retour avec un sourire agréable, il a l’air gentil, j’espère qu’il l’est. J’allume donc les cierges et les bougies et, après un long moment a regarder le tableau de la vierge, je me retourne vers lui. « C’est tes parents qui t’ont imposé la religion ? Ou tu as tout simplement choisi de croire en dieu ? » Me demande-t-il avec une certaine douceur, je lui souris, comme je le fais à tout le monde, pratiquement tout le temps et vient m’asseoir sur le banc a ses cotés. « Les deux, si je puis dire. Je ne connais que ça en fait, mon éducation est très pieuse. Je crois que c’est pour ça que je suis venue ici, pour voir le monde d’un angle différent. » J’espère avoir assez bien répondu à sa question, j’estime que les gens qui demandent méritent des réponses. J’ai bien compris que sa question n’était pas ironique, ou dans le but de se moquer de moi. C’est pourquoi je lui ai répondu avec plaisir. « Tout le monde me connait ici comme la croyante de la maison, mais je ne connais rien de toi… » dis-je, une sorte d’invitation à me parler de lui, j’étais intriguée par le peuple humain en général, je voulais connaitre tout le monde dans cette maison.

Assis sur un banc dans la chapelle, j’observe la jeune Zhara allumer cierges et bougies. Elle me semble être une illustre pratiquante. Je me permets d’ailleurs de lui demander comment est parvenue sa foi en dieu. « Tu vas vite être servis ici. Il y a de sacrés énergumènes ! » Je fais bien entendu référence aux caractères et comportements particuliers de certains candidats. Je me dis que le quotidien de la jeune femme doit être tout chamboulé. D’autant plus qu’il n’y a pas l’air d’avoir tellement de croyants dans le château mise à part elle. « C’est vrai que tu as été très vite catalogué. » Pour la seconde partie de ses propos, je ne compte pas dévoiler ma vie. Hors de question de faire ça. C’est contre ma nature. Si elle veut me connaître, elle n’a qu’à me découvrir par elle-même. Je ne compte en aucun cas faire une liste exhaustive de choses me décrivant. « Sonny, 22 ans. » que je lâche sèchement. J’ai horreur de la curiosité humaine. Néanmoins, je décide de reprendre la parole pour ne pas passer pour un monstre. « Tu vois, avant j’étais croyant. Enfin je veux dire par là, que je ne pratiquais pas, non, mais je croyais en dieu. Et puis, je me suis rendu compte que quand j’ai eu terriblement besoin de lui, il n’a jamais été là pour moi. Donc j’ai franchement du mal à croire à tout ça maintenant. » Il fallait que ça sorte. La presque naïveté de la jeune femme face à la religion m’interpelle trop. En aucun cas, je compte lui faire changer d’avis face à sa croyance. Elle m’a demandé de raconter quelque chose sur moi, je lui réponds. Que ça lui plaise ou non.

« Tu vas vite être servis ici. Il y a de sacrés énergumènes ! » Lâche-t-il, je ris alors car il a raison, ici ce n’est pas ce qui manque, les gens différents. Ou du moins, différents de moi. Des gens comme ça j’en avais déjà rencontrée, bien sur. Je ne vis pas cloitrée dans ma maison. « C’est vrai que tu as été très vite catalogué. » avoue-t-il ensuite, oui enfin je l’ai très vite été comme plusieurs autres l’ont été, je ne sais pas si ça dérange les autre mais il est vrai que je n’ai pas envie d’être une seule chose, une étiquette. Quand je lui demande alors de se dévoiler un peu il semble mal le prendre. Il répond tout de même, sèchement ceci dit « Sonny, 22 ans. » je me lève alors, je ne voulais pas l’agresser mais voilà apparemment il ne voulait pas se dévoiler. Comment se lier avec les autres si il ne parlait pas de lui ? Sans doute ne voulait-il pas se lier aux gens… « Tu vois, avant j’étais croyant. Enfin je veux dire par là, que je ne pratiquais pas, non, mais je croyais en dieu. Et puis, je me suis rendu compte que quand j’ai eu terriblement besoin de lui, il n’a jamais été là pour moi. Donc j’ai franchement du mal à croire à tout ça maintenant. » Dévoile-t-il tout de même, je me retourne vers lui, m’appuie sur un meuble de mes deux mains, mes arguments sont tous prêt déjà. J’ai lu des livres sur ça, comme le concept de Dieu après Auschwitz, intéressant. Difficile. Philosophique. « Il ne suffit pas de dire ‘Je crois que tu existe’ pour qu’un miracle se porte sur toi. L’espèce humaine est bien trop peu soucieuse des conséquences, de nos jours. Tu vois, je n’ai jamais eu de problème grave dans ma vie, nous avons l’argent, bien plus qu’il nous en faut, la famille, la santé. Je ne dis pas qu’il faille être très pieux et suivre la Bible à la lettre, il faut libre comme on l’entend certes mais je pense que si les hommes étaient plus respectueux de ce que Dieu leur a offert, la vie en premier bien sur, alors il serait plus présent pour chacun de nous. C’est mon opinion, il y a certaine chose, par exemple, que l’Eglise dicte et qui me hérissent. Mais je vais m’arrêter de te saouler de mes paroles. » dis-je en faisant une petite moue gênée.

A présent debout, non-loin de Zhara, je me mets à scruter les fresques de la chapelle avant de me présenter d’une manière plus que brève. Non pas que la jeune femme ne m’inspire pas confiance, non, cela s’explique simplement par le fait que j’ai horreur de me dévoiler. Je vis dans le présent et j'essaye continuellement d’oublier mon passé. Inutile donc de revenir dessus. « Non, tu ne me saoules pas. » J’attrape légèrement le poignet de la jeune femme, qui s’est aussitôt détournée de moi après avoir donner son point de vue. Puis je lui offre un sourire remplit de sincérité. Je me rends compte que j’ai dû passer pour un garçon antipathique à ses yeux, ce que je ne suis pas. « Quand tu as connu la misère, que tu t’es battu toute ta vie pour l’affronter et qu’au final tu ne récoltes que la tempête. Je ne sais pas, dieu n’est-il pas censé rétablir la justice à un moment ou à un autre ? » Je ne peux pas m’arrêter là. J’ai besoin d’exprimer mon point de vue. Je n’attends pas spécialement de réponse de la part de la candidate. Ma voix reste neutre d’ailleurs. Quoi qu'un peu remplie d’émotions. Je ne sais pas tellement pourquoi je me suis lancé sur ce sujet avec une inconnue. Peut-être m’inspire-t-elle confiance ? « C’est très réducteur. » Je repense alors à la conversation précédente sur le regard des autres par rapport à la religion de la candidate. « C’est réducteur de ne te voir que comme la religieuse de l’émission. Les autres candidats ne cherchent pas plus loin que leur bout de leur nez. T’as l’air d’être une chouette femme. » Et voilà que je me mets à faire des compliments. Bon sang, qué pasa ?!

« Non, tu ne me saoules pas. » dit-il en glissant doucement ses doigts autour de mon poignet, tente-t-il de me retenir ? De quoi ? Je ne fuirai pas, je ne le fais jamais. Je suis beaucoup de chose, qualités ou défauts peut importe mais je ne suis pas lâche. Je suis tout de même heureuse de ne pas l’ennuyer de toutes mes paroles, de ce long discours sur ma Foi. « Quand tu as connu la misère, que tu t’es battu toute ta vie pour l’affronter et qu’au final tu ne récoltes que la tempête. Je ne sais pas, dieu n’est-il pas censé rétablir la justice à un moment ou à un autre ? » Je souris à moitié et lève l’autre main, je la pose sur son épaule, il se dévoile et j’ai l’impression que ce n’est pas monnaie courante pour lui. « Je… Oui, désolé. Tu as tellement raison… » Faiblesse numéro un. Comment une femme qui fait des études de médecine ne pourrait-elle pas avoir des doutes, ne serait-ce que des doutes, sur la bonté de Dieu. Les théologiens disent que Dieu est tout puissant, qu’il est omniscient, qu’il n’est que Bonté. Certes… Comment un être omniscient et tout puissant peut-il laisser faire tout ça ? Ne serait-il pas bon ? Justement, deuxième problème, Il l’est. Soupire. Je retire ma main et la passe dans mes cheveux, je m’en veux de penser comme ça, j’en veux aux théologiens de ne pas m’expliquer tout ça. « C’est très réducteur. » dit-il, je ne le suis pas, je fronce légèrement les sourcils pour tenter de comprendre mais ne comprend pas. « C’est réducteur de ne te voir que comme la religieuse de l’émission. Les autres candidats ne cherchent pas plus loin que leur bout de leur nez. T’as l’air d’être une chouette femme. » Je souris car la plupart des candidats qui ont tenté de creuser un peu pensent, grosso modo, la même chose que lui. Je me dis que c’est flatteur, agréable. « Merci… »

Comme si elle allait fuir, je retiens la candidate par le poignet. Pas tellement dans l’esprit de la rattraper puisqu’elle ne semble pas partir, non, mais plutôt dans l’optique de la rassurer quant à mes intentions. Je ne lui veux pas de mal. Elle ne me saoule pas. Au contraire, pouvoir parler sereinement et débattre avec elle est plaisant. Je veux lui montrer. Je lui offre donc un sourire. Puis presque aussitôt, je poursuis la conversation en faisant référence indirectement à mon histoire personnelle. La jeune femme semble le comprendre. Elle est prise de compassion à mon égard puisqu’elle dépose délicatement une main sur mon épaule avant de m’avouer qu’elle est d’accord avec moi. Je ne sais pas trop si elle le pense, mais en tout cas, je vois bien que mes propos l’ont fait réfléchir. Je décide alors de revenir sur le fait que les autres candidats l’a catalogue en tant que religieuse de l’émission. « Pour ma part, je crois qu’on ne m’a pas encore collé d’étiquette. Vivement pas la révélation de mon secret ! » que je déclare accompagné d’un rire semi-nerveux. Cette dernière partie sort toute seule de ma bouche. J’aurais peut-être du m’en abstenir. Imprudent. Oui, imprudent, de donner tant d’indices à la jeune femme. Enfin, après tout, je n’en ai que faire. Mon secret sera probablement découvert un jour ou l’autre. « Je vais rentrer au château et me préparer un bon chocolat chaud. Je t’en fais un ? Ou tu préfères du café peut-être ? » Je ne me sens pas tellement à mon aise dans l’église. Il faut dire que j’ai encore terriblement froid. En revanche, j’apprécierai continuer la conversation avec Zhara en cuisine. Sa compagnie est agréable, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans ce jeu.

Alors qu’il a remit sur le tapis le sujet des étiquettes, je tente de me souvenir si on lui en a coléle une, à lui. Je ne pense pas, je n’ai pas entendu parler de lui en fait, il est plutôt discret, il a sans doute réussis à se fondre dans la masse, volontairement ou non. Même pour les nominations c’est une bonne chose, il ne se fait pas haïr : il ne se fait pas nominer. Normal, non ? « Pour ma part, je crois qu’on ne m’a pas encore collé d’étiquette. Vivement pas la révélation de mon secret ! » Déclare-t-il, en se rendant peut être compte, trop tard, que ce qu’il vient de dire va me faire réfléchir un certain temps. Je suis ici pour jouer, aussi et je ne vois pas pourquoi je ne creuserais pas un peu de ce coté là. Mais pas maintenant, je ne réfléchissais jamais des secrets en présence des candidats, j’avais besoin d’être seule, de me rejouer les conversations, les gestes, dans ma tête. « Je vais rentrer au château et me préparer un bon chocolat chaud. Je t’en fais un ? Ou tu préfères du café peut-être ? » Demande-t-il gentiment, je souris et hoche doucement la tête. « Bonne idée, je veux bien oui, un chocolat chaud. » dis-je avec un sourire enfantin, j’ai vingt trois ans mais je bois encore du chocolat chaud lorsque j’ai froid. Je n’aime pas vraiment le café, d’ailleurs je l’allonge toujours d’une bonne dose de lait et de deux sucres (voire trois, ça dépend la taille du morceau de sucre.

Pour l’instant, je peux m’estimer heureux de ne pas être catalogué en tant que.. Non, je ne dirais rien. Ca serait en partie dévoiler mon secret. Quoi que d’un côté, avoir une étiquette peut être bénéfique, car là, je dois avouer que ma popularité n’est pas au top. Je suis plutôt apprécier parmi les candidats mais je suis également assez discret. Quand mon secret sera dévoilé, cela risque de changer la donne. Ou du moins, les candidats se souviendront de moi. Bref. J’informe Zhara que je compte quitter la chapelle et lui propose de lui faire un chocolat chaud ou un café. Après tout, avec ce froid polaire, ça ne peut faire que du bien. Elle décide d’opter pour le chocolat chaud. Bien. Son sourire illumine son visage. « Parfait. Je vais préparer ça. Rejoins-moi quand tu le souhaites. » Pas certain que la jeune femme souhaite quitter dès à présent la chapelle. J’ai probablement dû la déranger dans son rituel. Peut-être qu’elle souhaite prier en toute tranquillité. Je ne sais pas. Je préfère m’en aller seul, et qu’elle me rejoigne par la suite. Au moins son chocolat chaud sera déjà prêt quand elle arrivera en cuisine. Quoi qu’il en soit, je lui offre un dernier sourire, avant de quitter la pièce et d’affronter le grand froid.