► Le 23 février, 19h24, en compagnie de Connor.
Plus les jours passaient et plus sa conclusion s'affirmait: les candidats étaient des imbéciles. Elle avait presque cru en un éventuel potentiel pourtant, elle avait eu envie de croire qu'ils étaient moins cons qu'ils ne le laissaient paraître, elle avait vraiment voulu y croire... mais impossible. Les heures s'écoulaient et elle n'avait d'autre choix que de se rendre à l'évidence: ils étaient débiles. Croyez qu'elle était effondrée devant une telle constatation, c'était.... Oui, tiens. « Effondrée » correspondait bien à la situation. Vous voulez savoir pourquoi? Allez, je suis sympa alors, je vous raconte l'histoire. Síomha était peinarde en train de se pavaner dans le château, à tortiller du cul, à l'affût d'un beau mâle avec qui elle pourrait copuler. Jusque-là, rien de nouveau: elle était constamment en manque. Et donc, elle se promenait sans rien demander à personne lorsqu'elle se rendit au sous-sol. Sans raison particulière, elle avait juste eu envie d'y aller. Une fois l'obscurité de la cave dépassée, elle se retrouva près de la piscine. Et justement, l'eau est censée être dans la piscine, pas partout autour. Et c'est bien pour cela qu'elle savait que les autres étaient cons: quelqu'un qui n'était pas con n'aurait pas décidé de mettre un maximum d'eau partout dans la pièce et quelqu'un de sympa aurait nettoyé derrière ses conneries. Puisqu'à cause de tout cela, le sol de la pièce était tout particulièrement dérapant. Et bien qu'elle marchait calmement, pieds nus, ça ne l'empêcha pas de tomber. Réflexe oblige, elle avait avancé ses mains pour se protéger de la chute. Sauf que c'était une mauvaise idée. Son poignet gauche prit cher, la faisant s'exclamer d'un sublime « Fait chier » à voix basse. Oui, ça faisait mal. Elle changea de position et s'assit au sol, maintenant son poignet de son autre main, en se demandant si elle s'était pétée un os ou si c'était juste le choc. Merde. Et puisqu'une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, lorsqu'elle leva les yeux, elle se rendit compte qu'elle avait de la compagnie. Magnifique. La soirée commençait bien.

Je suis tranquillement entrain de lire, comme toujours, ça commence sérieusement à m'inquiéter cette histoire. Bref, je suis entrain de lire quand soudain, animé par une pulsion je jette le bouquin au sol. Faisant sursauter les candidats qui végètent dans la chambre. Je ris aux éclats, me moquant royalement d'emmerder les autres ou non. Et puis Connor peut être un casse-couille parfois, et il lui arrive aussi de parler de lui à la troisième personnage. Bref, tout ça pour dire que j'avais un besoin d'action, après avoir fait le tour des activités qui s'offraient à moi, en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, j'avais porté mon dévolu sur la piscine. A cette heure-ci, les candidats devaient être pendu devant le réfrigérateur ou dans le cellier entrain de vider les réserves du nid par dépit. Je devrais être tranquille, ou du moins c'est ce que j'espérais. La salle de bain était vide, je me change rapidement, passe un tee-shirt, incommodé par mon torse molesté et marche tranquillement jusqu'à la piscine. Des longueurs, c'était exactement ce qu'il me fallait, en faite non, j'aurais préféré remuer mon corps, dernière mon bar jonglant gracieusement avec mes bouteilles et mes shaker, draguant outrageusement les jeunes femmes et rembarrant les poivrots du coin, mais je me contente de ce que j'ai. Lorsque je passe la porte, je suis loin de me douter que j'aurais le droit à une acrobatie non maîtrisé mais fort amusante du dragon du nid, répondant au doux prénom de Siomha. Je m'appuie contre le bâti de la porte, et l'observer en souriant outrageusement, vous savez, comme l'un de ces mannequins pour la pub du dentifrice. La bienséance et mes bonnes manières voudraient que j'accours lui demander si tout va bien, sauf qu'il s'agit de Siomha et qu'elle ne réagit pas comme tout le monde. Si bien que je reste silencieux dans mon coin puis l'impensable arriva, elle me remarqua. Je change de position, me redresse et tente de m'approcher, doucement. « Joli cabriole, avoue t'étais gymnaste dans une autre vie ? Avec un corps pareil c'est presque une obligation. » Je joue avec le feu en la provocant mais ça m'amuse. Je souris et ôte mon tee-shirt pour me réfugier dans l'eau, la mâtant sans complexe.

Merde. Putain. Bordel. Ça fait gravement chier. Voilà. Le destin lui en voulait. Ça devait être ça. Pff, n'importe quoi. « Le destin ». Encore une belle connerie inventée par l'être humain pour se rassurer. Non, Síomha n'était que peu chanceuse, c'était tout. Ainsi donc, elle s'était cassée la gueule en beauté, maudissant ses réflexes qui lui avaient fait tendre les bras. Inévitablement, elle atterrit sur les mains, chose que son poignet n'apprécia pas tellement. Une légère douleur ne tarda pas à faire son apparition, la faisant très légèrement grimacer. Elle prit une position plus adéquate, s'asseyant sur le sol trempé avant de remarquer la présence de Connor. Qui semblait prendre la situation à la dérision. Il s'en amusait même, comme si c'était le petit divertissement de la journée. Et il continua avec un petit commentaire qui fit soupirer la belle. « Et il a fallu que la production fasse entrer un aveugle, et non des muets. C'est quand même pas de bol. » Autrement dit: ferme ta gueule, merci. Eh bien, oui, elle était polie, quand même. Admirable, n'est-ce pas? Ne lui accordant pas davantage d'attention, elle fixa son poignet, comme si ce regard allait faire taire la douleur. Rien à faire, la sensation désagréable ne s'arrêtait pas. Si bien qu'elle commença à plier son poignet dans un sens et dans un autre. Soupir. A priori, rien n'était cassé. Quelle bonne nouvelle. Ouais, tout le monde s'en fout, mais peu importe.

C'est bizarre comme de vieux réflexes peuvent réapparaître en un rien de temps, il suffit juste d'être face à la bonne personne pour se rendre compte qu'on ne se débarrasse pas de ses vieux démons. J'ai conscience d'être particulièrement odieux face à la jeune femme et à sa détresse, enfin détresse est un grand mot. Elle s'est visiblement fait bien mal, mais après tout j'suis pas docteur moi. Je commence à faire quelques brasses lorsqu'elle s'empresse de faire un commentaire, qui est assez clair, elle veut que je ferme ma gueule. Seulement, mon esprit de contradiction et mon côté emmerdeur de première qui ne ressort que très rarement ces temps-ci est bien décidé à prendre le pas sur le reste. Je l'observe remuer le poignet, déjà il n'est pas cassé par la peine de s'affoler. Je décide même de faire quelques brasses, elle doit sûrement penser que j'ai compris le message : sauf que non. C'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de l'ouvrir. « Merde; moi qui allait justement de dire où tu pouvais trouver des anti-douleurs et de quoi calmer la douleur. Pas de bol ! » Condescendant, j'hausse les épaules et me remets à nager. En réalité, je me demande sincèrement ce qu'elle fout là. J'veux dire dans le jeu, cette nana est une énigme à mes yeux, elle n'aime personne, ne se mêle pas aux autres, pourtant elle est toujours là, bien là. J'ai même du mal à comprendre ses motivations, mais j'pense que ces questions aussi existentielles soient-elles ne trouveront jamais de réponses, par chance, je vais m'en remettre sans aucun soucis.

Jeu rempli d'emmerdeurs. Elle le savait, ce n'était pas une surprise. Et visiblement, elle était l'une des cibles préférées des emmerdeurs. Oh, mais vous savez, elle le vivait plutôt bien. Il lui en fallait plus que cela pour réellement l'ennuyer. Elle pouvait passer au-dessus d'à peu près tout. Pour ne pas dire d'absolument tout. La chose qui la faisait légèrement chier, là, c'était son poignet. Parce que ça faisait mal et qu'elle utilisait énormément ses mains et que ça la faisait chier de savoir qu'elle serait privée de sa main gauche durant quelques jours. Espérons que ça soit que quelques jours et non semaines hein. Bref. Elle avait bien examiné son poignet et se déclara intérieurement que ce n'était pas grand chose. Pour ne pas dire rien. Juste une petite douleur de rien du tout qui passerait rapidement. Levant les yeux au ciel, elle jeta un coup d'œil à son camarade. Décidément, elle était la seule capable de fermer sa gueule, dans ce jeu? « Dans ce cas, tu peux continuer de te taire, je n'ai pas besoin de toi pour trouver quoi que ce soit. » Elle ne comptait pas prendre de médicaments, de toute façon. Elle n'en avait pas besoin. Et même quand elle en prenait, elle n'avait pas l'impression que ça marchait si bien que cela alors... Se bourrer la gueule, par contre, c'était bien, pour oublier un peu la douleur. Elle devrait sûrement y penser. En attendant, elle se releva et passa sa main droite sur son short en jean, trempé. A cause des crétins qui n'arrivent pas à laisser l'eau de la piscine dans le bassin. Soupir. Faisant attention à où elle mettait les pieds et essayant de son mieux de ne pas glisser, elle alla s'asseoir sur un transat.

« Cap d’aller chanter I Will Always Love You, la partie où Whitney s’énerve tu vois vers la fin … A … Connor ? » Oh le petit con, le sale vieux, l’enc***. Je lui lance un regard mauvais, attrapant l’appareil photo en gloussant. Jolie photo du tigre qui se fait lécher l’oreille. J’hésite un instant, songeant à ce que Ruben ferait. Ruben s’en tape de se prendre pour Roméo sous le balcon de Jules. Et moi aussi, après tout. Ce n’est pas comme si jolies fesses ignorait que je suis un peu dérangée sur les bords. Il a eu le loisir d’en être le témoin à plusieurs reprises. Je quitte à nouveau la pièce à la recherche de Cro-Magnon. Je le trouve au bord de la piscine, en compagnie de . . . Je recule aussitôt, me planquant derrière la porte, jetant un œil à l’intérieur façon James Bond, pas du tout discret. Je préfère vérifier qu’ils ne sont pas en train de copuler avant de faire mon entrée, ça serait carrément la catastrophe. Non pas que ça me dérangerait outre mesure – non, non, j’vous assure-, même si j’esquisse une grimace mauvaise en direction de la blonde, mais ça serait un peu gênant tout de même non ? Bon d’accord, j’aurais aussi tendance à les couler tous les deux au fond de la piscine, mais c’est un simple détail. Je sais simplement que Miss vatefairefoutre saute sur tout ce qui bouge, et que Connor est un homme comme les autres, alors mieux vaut prendre mes précautions, comme je le faisais chaque fois que j’entrais dans la chambre avant d’aller me coucher auprès de Milan. Maintenant que ce dernier n’est plus là, elle doit cherche de quoi le remplacer. Finalement rassurée, je m’avance près du bord pour me planter au milieu de la pièce, avec le short trop grand de Ruben et le reste du costume ridicule que Cupicon me fait porter. Je ne manque pas d'installer mon appareil photo en mode "vidéo" dans un coin de la pièce, histoire d'enregistrer ma prestation, puis je reste silencieuse quelques secondes pour laisser durer le suspense. J’entame alors doucement le refrain de cette foutue chanson merdique, y allant franchement lorsque j’arrive au troisième « YOUHOUUUUH » De toute façon je suis Ruben, pas Sixtine, alors qu’est-ce qu’on s’en tape. Je rappelle que j’ai une voix de crécelle au moins aussi délicieuse que celle d’un porc qu’on égorge, et par conséquent je dois blesser leurs pauvres oreilles innocentes. Une fois mon massacre terminé, je me retourne non sans leur lancer un « N’oubliez pas d’vous protéger les enfants ! », puis je disparais comme je suis venue en espérant qu'ils n'auront pas à respecter mes conseils Rubinesque.

Cette fille est une plaie, putain mais qu'est-ce qu'elle fout là, si les gens l'emmerdent ? Elle est canon, c'est bien dommage d'être aussi conne. Elle parle, mais je ne l'écoute pas, de toute évidence, elle ne sait rien dire d'autre que ta gueule. « J'vais vraiment finir par me vexer tu sais. » Je fais la moue, m'appuie contre le bord de la piscine, et regarde tristement la jeune femme qui semble vraiment souffrir, la pauvre. Je la suis du regard lorsqu'elle s'installe sur le transat. Je la mâte sans demander mon reste, putain pourquoi fallait-il qu'elle soit aussi antipathique, elle est sacrément canon finalement. « A part baiser et envoyer chier les gens, tu fais quoi ici ? Ca m'intrigue. » Pas sûr qu'elle me réponde, en même temps sa réponse m'importe peu pour être honnête. Mais je me suis pris d'une passion pour la discussion ce soir. A croire que j'adore l'emmerder, oui c'est ça en faite. Et puis, Sixben débarque comme une fleur, dans sa tenue bien trop grande pour elle, un appareil en main et se met à chanter... Très mal c'était un fait, mais sa chanson me fait sourire, je ne sais pas ce qu'elle fout là, je me marre comme un pendu. Elle est barge, je le sais déjà, mais c'est énorme. Elle est censé être Ruben mais a tout d'une Sixtine, je ne fais aucun commentaire, mais elle va devoir me fournir une explication. Quant à sa dernière remarque, je n'y prête même pas attention, comme si la reine de glace méritait que je la touche. Je soupire et croise à nouveau le regard de la blonde, elle accouche oui ou merde ?

Oh le pauvre petit chou, il allait se vexer. Il voulait un câlin, peut-être? Tout de même, il ne faudrait pas qu'il se vexe, le pauvre petit. C'était ironique, bien sûr. Elle s'en fichait pas mal qu'il soit vexé, heureux, en larmes, en colère, excité, dépressif, souriant. Bref, son état d'esprit ne l'intéressait pas le moins du monde. Et c'est bien pour cela qu'elle n'ajouta rien quant à cela. Lui, cependant, l'ouvrit de nouveau. Qu'est-ce qu'elle faisait là? En quoi est-ce que ça regardait qui que ce soit d'autre qu'elle? C'était sa vie, son aventure. Et elle pouvait bien la vivre comme elle le souhaitait. Si elle désirait passer ses journées seules à fumer et à se bourrer la gueule, alors, pourquoi pas? Si elle avait envie d'envoyer chier les emmerdeurs et de baiser, pourquoi ne le ferait-elle pas? Elle ne comptait pas lui répondre. Et c'est d'ailleurs à ce moment-là que l'autre hystérique de Sixtine débarqua, chanta affreusement faux et retourna de là où elle venait, en les conseillant rapidement de se protéger si besoin était. Trop aimable de sa part. Mais elle n'avait pas de soucis à se faire, Síomha avait appris de bien des manières que la protection était indispensable. Tant d'attention, cela dit, elle pourrait presque en être touchée... Non, pas du tout, en fait. Elle posa son poignet sur l'accoudoir du transat, le plus naturellement possible et décida que quand la douleur aura décidée d'arrêter de l'emmerder, elle passerait. Ouais, chacun sa philosophie. Levant les yeux, elle croisa le regard de Connor. Elle arqua un sourcil. Qu'est-ce qu'il voulait, encore? Oh, une réponse peut-être. Ils voulaient tous des réponses, dans ce foutu jeu. « T'as pas une question plus originale? » Non, elle ne lui demandait pas sérieusement de lui poser une autre question, c'était juste pour lui signifier qu'elle ne répondrait pas à sa précédente interrogation.