La semaine s’achevait bientôt, et la patience des potentiels candidats était mise à l’épreuve plus que jamais. L’eau du lac ne suffisait plus à satisfaire l’envie de tout un chacun de se sentir propre. Les vêtements que nous portions depuis plus de cinq jours commençaient à prendre la poussière et même le plus rigoureux des nettoyages n’en venait pas à bout. La civilisation commençait à nous manquer, plus durement pour certains, et tout doucement pour d’autres. Je ne rêvais que d’une douche chaude, tout simplement. Et peut-être d’un divan ou d’un lit moelleux. D’autres avaient des attendes plus poussés… Nous avions tous nos limites, n’est-ce pas? Je soupirais légèrement en jetant un coup d’œil à l’énorme bâtiment qui se trouvait de l’autre côté du portail. Je m’y étais accoudée quelques instants plus tôt et ne trouvait pas la force d’en décoller. Parce que de l’autre côté de ces grilles se trouvaient ce pour quoi je faisais tant d’effort cette semaine : je voulais intégrer ce jeu, officiellement, et cette résidence en était l’image même. Un objectif impossible à atteindre. Enfin, pas pour moi. Il n’y avait rien que je ne pouvais pas faire, surtout si je me donnais corps et âme pour y parvenir. Mais en ce moment présent, j’avais l’ultime impression que tout ceci risquait de me glisser entre les doigts, et la panique m’envahissait. Je cognais lentement ma tête contre les barreaux métalliques, question de me mettre ça bien en tête. Non, je n’avais pas fait tout ce chemin pour échouer en étant aussi prêt du but. Il en était hors de question.