Putain, j'en peux plus cette douleur insupportable refuse de s'en aller, je tremble. Je suffoque, je tourne dans mon lit. J'suis couché depuis presque deux heures, mais cette douleur qui me ronge m'empêche de trouver le sommeil. Mon coeur se soulève dès que je pose le pieds sur le sol. Je suis en âge, j'ai besoin d'eau. La salle de bain semble à des kilomètre, je chancelle m'aidant du mur pour ne pas dégringoler. J'arrive non sans mal à la porte, allume l’interrupteur oubliant totalement la locataire des lieux qui devait roupiller puisque la lumière n'était que très rarement éteinte. Economie d'énergie vous dites ? Les producteurs de Fake Lover, ne parlent visiblement pas ce langage. J'entre peu précautionneux à l'idée de faire ou non du bruit, faut que j'atteigne mon placard et rapidement en plus. Je l'ouvre et tout s'écroule. Manquait plus que ça. « Et merde ! » Je ramasse ce qui ne m'est pas utile, et fourre le tout négligemment à l'intérieur. Je sors seulement le minimum, une bouteille de tequila que j'avais caché là en cas d'extrême urgence, et c'était le cas ce soir. J'ai deux autres petites boites dans la main, j'embarque mon butin jusqu'aux lavabos contre lesquels je m'appuie. Je n'ose lever la tête vers le miroir de peur que le reflet que me rejette le miroir ne me donne davantage la gerbe. Il a fallut que ça se reproduise ce soir, cette douleur bien qu'à son paroxysme n'arrivait pas à surpasser celle du manque, et de la culpabilité qui me rongeait. J'ouvre la bouteille éjectant le bouchon, je ne sais où. De toute façon, je ne l'ai pas entendu tomber, mais ça ne m'alerte pas plus que cela. J'avale, trois, quatre comprimés peut être. Combiné à la bonne lampé de tequila avec lequel je les avale. Je soupire. Et espère que l'effet va avoir lieu rapidement.

Bon, en toute honnêteté, je n'avais jamais eu la bonne idée d'aller passer la nuit dans la salle de bain. Franchement, et il n'y avait que Cupidon pour me soumettre à un truc pareil. Du grand n'importe quoi. En soit, je n'avais pas le pouvoir de refuser ça, et donc, j'avais levé mon camp dans la salle d'eau. Je tournais plutôt longtemps, chaque soir, afin de trouver le sommeil. Et ce soir, alors que je l'avais enfin trouvé ce Morphée, il eut fallu qu'un candidat me sorte du pays des rêves, notamment en allumant la lumière, comme ça sans gênes ainsi qu'en foutant un bordel de monstre. Je ronchonnais vaguement, mais peu de chances que le candidat ou la candidate ne m'ait entendu. Je me levais alors, difficilement, observant la scène. Connor, devant le lavabo, accompagné d'une bouteille et des boîtes en cartons, certainement pas remplis de smarties. Je le regardais faire, l'air dépité, puis m'avançais. A sa hauteur, je posais instinctivement ma main dans son dos. « C'est le moment où je suis censée te demander ce que t'as avalé et t'enfoncer une brosse à dents pour te faire gerber ce que t'as ingurgité, nan ? Alors vas-y, racontes moi. » Bon, d'accord. Nos premiers rapports, lors du dernier prime, ne s'était pas vraiment joué sur une note positive, mais dans cette situation ci, je faisais comme si les paroles de dimanche soir n'avaient jamais été données. Grave quand même, le candidat qui se fait une quasi tentative de suicide dans l'émission non ? Enfin, en venant m'emmerder en pleine nuit j'imagine aussi qu'il devait se douter que je ne compterai certainement pas l'ignorer.

Les comprimés avalés, je réenclenche aussitôt sur une gorgée de tequila, ça me brûle la gorge. Je n'ai pas mangé depuis plusieurs jours si bien que mon estomac se tord. Putain manquait plus que ça. J'ai la tête baissé, je serre le tube en plastique fermement dans ma main comme si, comme si ça aidait à faire passer plus vite la douleur. N'importe quoi. J'dois faire peur à voir, mais je m'en fous, et puis j'pense à mes parents, à ma soeur qui doit regarder l'émission, elle est si jeune, et... Faut pas qu'elle me voit comme ça, d'ordinaire, lorsque mes crises arrivent, j'fais tout pour l'épargner. Et puis je me mets à penser à Sixtine, encore. Et à notre petite conversation à ce sujet, sa proposition. Pourquoi elle est pas là ? Les choses seraient tellement plus simple de toute évidence. J'serais sûrement avec elle au lieu d'errer dans cette pièce, elle n'apaiserait peut être pas la douleur, peut être même qu'elle se serait défilé, peut être qu'elle m'aurait une nouvelle fois filé une baffe, mais au moins. Au moins, je n'agirais pas en désespoir de cause. Je sursaute lorsque je sens la mains de Winifred se poser sur mon dos. Une chance que j'sois pas cardiaque. Mon coeur bat la chamade. Pour qui elle se prend ? Mon psy ? « Si tu commençais déjà par baisser le volume, ça fait mal ! » Elle n'hurlait pas, seulement ma tolérance au bruit était proche du zéro. J'sais même ce qu'elle fait là, j'ai oublié notre prise de bec au prime, de toute façon, j'étais énervé. « Y'a rien à raconter, j'ai mal, j'prends ce qu'il faut... Il faut juste que j'attende. Ou que j'baise en faite... » Je murmure à peine, j'suis pas du tout violent dans ma façon de parler, je ne fais que tout lui expliquer, elle veut savoir, elle sait maintenant. C'est bon, elle se casse maintenant ?

Prenez des nouvelles des autres, franchement, ils vous le rendront bien. J'étais assise en train d'écouter l'autre brun ronchonné par l'ampleur que prenait le son de ma voix. Oui, c'était lui qui osait se plaindre du bruit que je causais alors que c'était de cette même façon qu'il venait de me lever, et encore, je trouvais mon approche carrément plus justifiée et carrément plus sympathique, aussi. Je levais les yeux au ciel, sa réaction me tapait légèrement sur le système mais je décidais de pas râler, pour une fois, histoire de ne pas en rajouter encore, de ne pas non plus être aussi idiote que lui, par la même occasion. C'est ce que je pensais, en effet. « Oh oui, pardon monsieur je décide de réveiller les autres en pleine nuit. » Deuxième édition de la gentillesse de Connor au grand jour. Enfin, la gentillesse inexistante de Connor plutôt. Mais qu'importe donc. J'ai mal, je prends ce qu'il faut. Pardon, j'avais oublié que l'on conseillait l'alcool et les médicaments ensemble pour un cocktail censé nous soulager si vraiment il se pouvait que l'on soit pris d'une quelconque douleur. « Il faut juste que j'attende. Ou que j'baise en faite... » Je souriais bêtement à sa phrase. C'était une façon de voir les choses, disons. « Je vois, beh vas-y, fais-toi plaisir. » Pas sûr qu'il ait saisi ma réponse comme je l'aurais souhaité, enfin bon...

J'suis exécrable lorsque j'ai la migraine, j'y peux rien c'est comme ça. J'ai mal et la douleur est quasiment insupportable. Alors Winifred pâtit mais, j'ai pas l'impression d'être aussi désagréable qu'elle semble le signaler, parce que oui, même si elle dit rien, je le vois que je la fais chier. J'suis même pas agressif, j'parle doucement, j'suis juste totalement épuisé. « C'était pas intentionnel, j'avais oublié que t'étais là... » Je finis par répondre, c'est presque une excuse qu'elle s'estime heureuse. C'est vrai quoi, j'ai pas pensé que quelqu'un pouvait dormir dans la salle de bain. J'crois que j'ai dû louper un épisode, sûrement pendant le prime de toute façon j'écoutais pas. Elle à l'air plutôt septique quant à ma douleur, d'accord, l'alcool et les médicaments ne font pas bon ménages, normalement. Mais une bonne murge veut mieux qu'une douleur atroce à mon avis. Fais toi plaisir ? Comment j'suis censé interpréter cela au juste ? « J'vois pas avec qui j'pourrais baiser... » J'lèverais bien les yeux au ciel pour soulever la stupidité de sa réponse sauf que ça fait un mal de chien. En réalité, j'ai pas vraiment envie de sauter la première venue même si ça pourrait apaiser la douleur allez, une heure, préliminaires compris si elle est douée. Bah non parce que j'suis pas un serial baiseur. J'ai pas la queue en feu d'un Lhoas... Je bois une nouvelle lampée de tequila, avant de la faire glisser aux côtés de Winifred. « Cadeau... » Qui a dit que j'étais mauvais déjà ?