Je n'essayais pas de vexer Jackson, de toute manière c'était impossible de le froisser. Il était dépourvu de tout sentiment, du moins c'était l'impression qu'il donnait de l'extérieur et selon moi rien ne pouvait le blesser. C'était comme s'il portait une sorte de carapace, comme s'il se refusait à ressentir la moindre chose. Il était froid, glacial. C'était compliqué de parler avec lui. « J'essaye pas de te blesser. Je comprends juste pas du tout. Nuance. » Je ne parvenais pas à comprendre ce qui avait bien pu plaire à Moore chez le blond. « Que je fasse en sorte d'être à ta place la prochaine fois ? Mon pauvre... » répondis-je alors, avant de me frotter les mains et de reprendre « La différence entre toi et moi est la suivante : tu sautes sur tout ce qui bouge et qui a du monde au balcon, je cherche à changer et à me poser, à construire quelque chose de sérieux. Moore, je ne la veux pas dans mon lit, mais dans ma vie. Simplement. » Même si Moore ne semblait pas vouloir de moi dans la sienne, c'était une chose que j'espérais encore et malgré tout. L'espoir fait vivre, parait-il...

Je me mêlais clairement des affaires (sentimentales) du blond, et il n'aimait pas ça. Je le voyais à l'expression de grand blasé qu'il prenait, comme s'il souhaitait juste que je ferme une bonne fois pour toute ma gueule, et que j'arrête ainsi de le questionner sur quelque chose qui, de toute évidence, le rendait assez mal à l'aise. « À moi ? pas grand chose. Mais elle, c'est clair qu'elle n'en a rien à foutre de toi... et bon sang que je comprends ! Je voudrais juste t'éviter une deuxième veste. Je suis gentil. » Jackson s'était il me semble déjà fait rembarrer par Gabrielle, alors mieux vaut prévenir que guérir. Ce que je me demandais alors, si il ne ressentait rien pour elle, c'était pourquoi il n'avait pas essayé de la mettre elle aussi dans son lit ? Tant qu'à faire, une de plus une de moins, la différence n'était pas bien grande. Et puis on parlait de Jackson, là.

Que les choses soient bien claires, les histoires de Ruben et Moore n'intéressaient absolument pas Jackson. Pour tout vous dire, il ne rêvait désormais plus que de boucler le dossier. Mais c'était sans compter sur son camarade qui, lui, semblait désirer en parler. Et dire qu'ils en étaient là à cause du fait que Jackson avait couché avec Moore. C'était presque comme s'il le regrettait, aujourd'hui. Quoi que, non, il n'y avait absolument rien à regretter. De toute manière, il était bien rare que Jackson soit amené à regretter quoi que ce soit. Et ce jour béni où il avait passé un charmant moment avec Moore dans la piscine n'était absolument pas regrettable à ses yeux, bien au contraire. Ainsi donc, Ruben avait bien du mal à comprendre comment - ciel - Moore avait pu coucher avec Jackson. Le grand blond, lui, se fichait pas mal de savoir que Ruben trouvait ça absurde. C'était arrivé, que cela lui plaise ou non ... Le singe se lança alors dans un récit dans lequel il nota une différence notable entre les deux jeunes hommes. Cela ne manqua d'ailleurs pas d'amuser Jackson, qui lâcha un "innocent" petit rire. « Okay, alors déjà, je te trouve un peu trop sûr de toi dans ce que tu avances. Après tout, tu ne me connais pas. Tu crois me connaitre, mais c'est faux. Quant au reste, fais ta vie et arrange toi pour que ça ne m'arrive pas aux oreilles. J'en ai comme qui dirait un peu rien à foutre, sans vouloir t'offenser. » Offense ou pas, il était sincère. Et ça, on ne pouvait pas le lui reprocher. Si ? Oh et puis merde.

Mais voilà qu'en plus de subir les états d'âmes de son petit camarade, Jackson devait supporter le fait que celui-ci ait cru malin d'inclure Gabrielle à leur discussion. Alors que ça ne l'était pas, non. Car c'était bel et bien un sujet qu'il ne se plaisait pas à évoquer. Un sujet parmi tant d'autres, certes, mais néanmoins relativement important à ses yeux. Bien assez important pour qu'il se refuse à en parler, en tout cas. Mais Ruben, lui, semblait décidé à le faire parler. A mort, ce type. « Ce que tu me dis ne m'atteint pas. Je n'ai jamais espéré, et encore moins prétendu - que Gabrielle s'intéressait à moi. Donc, ce genre de commentaires faussement blessants, tu les gardes pour toi à l'avenir. » En réalité, il était probable que de telles paroles aient causé un léger choc à Jackson, quelque part, au fond de lui. Mais ça, il ne le dirait jamais. Ja-mais. Pourquoi ? Parce que c'était Jackson, justement. Bah oui.

Je faisais tout pour garder mon calme, j'essayais tant bien que mal de ne pas perdre mon sang froid, mais c'était particulièrement difficile au cours d'une discussion avec Jackson, dont le sujet principal n'était autre que sa petite sauterie dans la piscine avec Moore. Je ne prenais pas ça pour une trahison, comme certains seraient peut être amenés à le penser, mais juste comme un acte tout à fait irresponsable, que ce soit de la part de Jackson ou de Moore. Jackson s'en foutait d'être le baiseur compulsif du nid ? C'était bien dommage. « En effet, tu es ce que tu es. C'est-à-dire un sale gosse prétentieux sur de lui ne se rendant même pas compte de la portée de ses actes ni de ses paroles. Je n'ai pas besoin de te connaitre pour savoir ça. On a tous pu s'en rendre compte ici, Jacko, au cas où tu ne te serais pas encore rendu compte du fait que tu es loin, mais alors très loin, de faire l'unanimité en ces lieux. » Et c'était le mec qui était resté brouillé avec tout le nid pendant une semaine qui parlait. Certes c'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité, venant de moi, mais les autres candidats ne portaient pas plus Jackson dans le cœur que moi, à mon avis. Je n'avais pas l'impression d'agir pour faire chier tout le monde, alors à priori Jackson n'était pas loin d'être le mec le plus détesté du nid. Après peut-être que certaines personnes parvenaient quand même à l'apprécier. Dans ce cas, il faudrait qu'ils m'expliquent comment.

Jackson était soit coincé du cul, soit totalement insensible à ce qu'on pourrait lui dire. J'étais même persuadé que si on lui avait annoncé la mort d'un de ses proches, il n'aurait même pas versé la moindre larme. C'était Jackson, il était à prendre avec ses bons et ses mauvais côtés. Enfin, si bons côtés il y avait bien sur. Car j'avais beau chercher, Jackson n'avait pas la moindre qualité. Des défauts, à ça par contre, il en avait à revendre. J'avais osé aborder avec lui sa relation avec Gabrielle, et même si aucun sentiment ne pouvait se lire sur son visage, il semblait tout de même particulièrement gêné et mal à l'aise. Pour moi, c'était le signe flagrant que c'était un sujet sensible. « Jacko, arrête, t'es pas crédible. Cesse de jouer le rôle du mec que rien n'atteint, qui ne ressent ni ne souffre. Sérieux, regarde les choses en face : Gabi, à tes yeux, c'est clairement plus qu'une amie, mais en refusant de le reconnaitre, tu refuses d'enlever ce satané masque que tu portes. » Un masque qu'il lui faudrait à tout prix retirer, et en vitesse. Il ne pouvait plus continuer à se comporter de cette façon. Il devait cesser d'être quelqu'un qu'il n'était pas. Car c'était une évidence, personne n'était comme ça. Même pas lui.

Si Jackson décidait subitement d'assomer Ruben à l'aide d'une casserole, ce serait mal vu ou pas ? Sans doute. Quelle dommage, alors. Car cette discussion, en plus d'être absolument inintéressante, avait le don d'agaçer légèrement Jackson. Bien évidemment, il n'en montrait rien, lui qui était capable de rester parfaitement impassible en toute situation. Mais dites vous bien qu'il avait un peu de mal avec les propos de Ruben à cet instant précis. Qu'il ait son avis sur Jackson, okay. Mais qu'il lui en fasse part comme si cela était une réalité absolue, un fait avéré ... Non, ça n'allait clairement pas le faire. Jackson n'était peut être pas un type admirable, même loin de là, mais la façon qu'avait Ruben de le décrire lui donnait volontiers envie de lui arracher les sourcils avec les dents. Hum, okay, peut être pas quand même. M'enfin, ça le saoulait quoi. Mais est-ce qu'il le montrait ? Bien sûr que non. Encore une fois, rester impassible était une chose qu'il faisait à la perfection. « Ne dis pas des choses comme ça, tu risques de me faire pleurer » fit-il, ironique. Alors comme ça, il ne faisait pas l'unanimité ici ? Sapristi, en voilà une drôle de nouvelle ! « Les gens ne m'aiment pas ?! Alors là, tu me surprends. » Ou pas. « Tu veux que je te dise, je n'en veux à personne de ne pas m'apprécier. Moi même, je n'apprécie personne. Alors pourquoi me vexerai-je que cela ne soit pas réciproque ? » Comme il le disait lui même, Jackson n'appréciait personne - ou très peu de monde - et vivait ainsi très bien qu'on ne l'apprécie pas en retour. Cela paraissait logique, après tout.

Gabrielle. Un nom dont il aura maintes fois entendu parler depuis son entrée dans le château. On le lui avait servi à toutes les sauces, si vous voulez savoir. Et aujourd'hui, c'était cet amical Ruben qui s'y mettait, tentant de jouer lamentablement les thérapeutes avec Jackson qui, soyons très clairs, appréciait moyennement la curiosité dont faisait preuve son camarade. « Déjà, ne commence pas à faire ton psy avec moi. J'ai déjà donné, c'est bon. » Jackson poussa alors un soupire, puis fit quelques pas à travers la pièce. « Et puis, qu'est-ce que vous avez tous à penser que je porte un masque ? » reprit-il. Après Syssoï, voilà que Ruben lui demandait à son tour de tomber le prétendu masque qu'il portait. Si avec le premier, il avait joué le jeu et s'était laissé aller à une incroyable sincérité, il était peu probable qu'il en soit de même avec le second. Et pour cause, c'était Ruben.

Je venais de balancer à Jackson tout le bien que tout le monde ici pensait de lui, mais une fois encore je me heurtais à un mur. Un véritable mur de glace. Il s'en foutait, en fait, de ne pas avoir la cote ici. Tout ce qu'il cherchait, c'était se montrer le plus con et détestable possible, le reste ce n'était pas son affaire. Il ne prêtait pas la moindre attention à ce qu'il semait derrière lui. Ainsi donc Jackson n'appréciait personne... Laissez-moi en douter, tout de même. C'était évident qu'il y avait au moins une personne ici que monsieur pouvait voir en peinture. J'avais ma petite idée sur la question, mais mieux valait pour moi que je taise son nom. « Donc tu t'en fous, tu prends tout ça par dessus la jambe ? T'as un comportement de crétin, j'espère que tu le perçois. A vingt cinq ans et quelques, on attendrait de toi d'avantage de maturité. Je crains que tu n'en sois resté au stade adolescent. Grandis, un conseil, grandis. » Un homme, un vrai, se soucierait de l'image qu'il renverrait. Moi même, j'avais beau me dire souvent insensible aux remarques qui m'étaient faites, c'était tout bonnement faux. Jackson ne pourrait pas rester comme ça encore longtemps. Pas sans y laisser quelques plumes en tout cas. Car tôt ou tard cette attitude en exaspérait un, et ce jour là il prendrait assurément très cher.

C'est vrai, je ressemblais presque à un psy avec mes questions. Mais que voulez-vous, j'essayais surtout de lui faire cracher le morceau une bonne fois pour toute. Ça ne me concernait pas, on était tous d'accord sur ce fait, mais je m'obstinais tout de même dans cette voie. Je savais que Jackson était capable de se confier, sur les éventuels sentiments qu'il pourrait ressentir pour Gabrielle. Il me fallait juste trouver les bons mots, si possible sans le mettre hors de lui. Mes questions le faisaient chier, j'en étais conscient. « Ou comment changer de sujet... » Avec ça il avait réussi à switcher le sujet Gabrielle. Ce n'était pas grave, nous serions sans doute amenés à en reparler dans quelques minutes. « Revenons-en au fait que tu te mentes à toi-même. Tu vas droit dans le mur Jackson, et tôt ou tard tu regretteras d'avoir joué ce rôle. Tombe le masque, Jackso, tombe le masque. Tu n'en seras que soulagé par la suite. » Qu'il passe aux aveux, bordel de merde, je n'avais pas toute ma journée et qui plus est j'avais une faim de loup. Ce n'était pourtant pas bien compliquer à admettre : il n'était pas lui-même dans cette aventure, et Gabrielle ne le laissait pas indifférent. Cela pouvait se dire en quelques mots, en une ou deux phrases. Il fallait que ça sorte.

Elle passait innocement devant la cuisine, avec sa tasse de café trop brulante, prête à verser du lait dedans pour refroidir le tout, lorsqu'elle tombe sur Ruben et Jackson, ayant une discussion sans queue ni tête. « À moi ? pas grand chose. Mais elle, c'est clair qu'elle n'en a rien à foutre de toi... et bon sang que je comprends ! Je voudrais juste t'éviter une deuxième veste. Je suis gentil. » Elle entend précedemment son prénom puis cette phrase, puis elle comprend. Elle en a marre qu'on parle d'elle lorsqu'elle n'est pas là, c'est quoi cette manie ces derniers temps de le faire? Gabrielle en a ras-le bol. Elle reste sur le pallier de la porte, et écoute la conversation, il ne lui faut pas plus d'une minute pour intervenir. Cela la démange, et elle ne résiste pas très bien à ses envies, à ses pulsions. La belle rousse s'avance dans la pièce, et se dirige vers le comptoir, où elle pose son café brulant, cela serait tellement dommage qu'elle le renserve par advertance sur Ruben, vraiment dommage et très douloureux à vrai dire. « Pourquoi tu ne le lâches pas ? » lui demande t-elle d'une voix ferme, à Ruben. Car ouai, elle est là depuis aller 130 secondes, et le brun tente désespérant d'obtenir une réaction du blond, quitte à dire des trucs blessants ou complétement débiles, et ça l'exaspère. C'est pour ça qu'elle intervient. « Et pour ta gouverne, si j'en avais rien à foutre de Jackson, ça ferait bien longtemps que je ne lui parlerai plus... » commence t-elle. « Parce que j'aime pas perdre mon temps. » finit t-elle doucement, en sous-entendant qu'elle ne parlait pas avec les personnes qui n'en vallaient pas la peine. « Tu ne sais rien, alors arrête d'affimer ce genre de chose. » finit t-elle en levant la tête vers le brun, croisant son regard.

« Pourquoi tu ne le lâches pas ? » Nous étions tranquillement en train de discuter lorsqu'une voix féminine se fit entendre dans la cuisine. Nous ne nous y attendions absolument pas, le blond et moi, ce qui ne manqua pas de nous surprendre. Je me retournai alors, et découvrit que Gabrielle était là, non loin de nous. Sans doute celle-ci avait-elle assisté à une bonne partie de notre conversation, sans doute voulait-elle intervenir histoire de remettre les choses dans leur contexte. « Et pour ta gouverne, si j'en avais rien à foutre de Jackson, ça ferait bien longtemps que je ne lui parlerai plus... » affirma-t-elle ensuite, avant de continuer « Parce que j'aime pas perdre mon temps. » Déjà, elle avait posé sa tasse de café. C'était une bonne chose, car un accident était si vite arrivé... J'étais déjà plus serein d'un coup, plus apte à écouter la belle s'exprimer. « Tu ne sais rien, alors arrête d'affimer ce genre de chose. » Gabrielle se trompait, je ne cherchais aucunement à prétendre quelque chose de faux. De toute manière, à mes yeux elle n'en avait aucunement rien à foutre de Jackson. Ces deux-là s'appréciaient, ils s'appréciaient beaucoup même. Loin de moi l'envie de faire rentrer dans la tête de Jackson des choses qui étaient tout à fait fausses. Je fis un pas vers Gabrielle, avant de répondre le plus calmement du monde. « Tu te trompes Gabi. Ce que j'ai prétendu à Jacko, c'était uniquement dans le but d'obtenir une réaction de sa part. Mais comme tu peux le voir, je n'ai pas eu la réaction escomptée. » Certes, Jackson avait fait mine de ne point réagir à mes paroles, mais je restais convaincu que c'était le rôle qu'il se donnait de jouer. Au fond, il avait bien du être un peu heurté. Mais nous ne risquions pas de le voir, puisqu'il refusait encore et toujours de retirer son masque. J'avais souhaité remettre les pendules à l'heure, car je ne voulais pas passer pour un mec qui affirmait tout et n'importe quoi sans vérifier ses sources. Ce n'était absolument pas mon genre, et je ne souhaitais aucunement que Gabrielle me voit comme tel. « Et Jackson est loin de s'en foutre de toi. D'ailleurs Jacko, maintenant que Gabrielle nous a rejoins, tu pourrais peut-être passer aux aveux non ? » Je faisais presque office de médiateur, de messager même. Au risque de devenir lourd et emmerdant, je ne comptais pas m'en aller comme ça. Car oui j'aurais très bien pu les laisser en tête à tête, mais je ne le fis pas. Ma curiosité y était probablement pour beaucoup là-dedans, mais sachez que je voulais également les voir ensemble ces deux-là. J'étais peut être le seul à le souhaiter, mais qu'importe ! Attendez, je ne voulais pas partir et prendre le risque que ces deux-là restent muets l'un envers l'autre. Je ne souhaitais pas apprendre par la suite que Jackson ou Gabrielle avaient pris la fuite, ne sachant pas quoi se dire. Je resterais donc là, dans cette cuisine, entre eux. Et si ça ne leur plaisait pas, c'était la même chose.

Jackson était donc un crétin. C'était en tout cas ce qu'avançait Ruben. Mais puisque sa parole était d'or, on pouvait bien le croire non ? Quoi qu'il en soit, il avait réussi à mettre Jackson de mauvaise humeur. Si l'on admettait qu'il ne l'était pas déjà avant l'arrivée du grand singe, bien entendu. Pour autant, rien ne transparaissait sur le visage du grand blond. Parce qu'il restait volontairement impassible face à cette situation irritante au possible. C'est bien simple, il se retenait de lui taper sur la gueule. Une chose qu'il aurait du faire depuis le début mais qui, il va de soi, était bien impossible s'il tenait à sa place dans ce jeu. Et étrangement, il y tenait. Ainsi donc, il n'avait d'autre choix que de serrer les dents, prendre un air parfaitement neutre et se dire que le crétin dans l'histoire, c'était Ruben et pas lui. Ce dernier osait d'ailleurs lui conseiller de grandir, ne voyant en lui qu'un adolescent. La blague du siècle, hein. Jackson ne prit même pas la peine de répondre. Pourquoi ? Et bien, tout simplement parce qu'il estimait que son camarade n'en valait pas la peine. Alors, il se tût. C'était probablement le mieux à faire s'il ne voulait pas que d'immondes grossièretés sortent de sa bouche. Par la suite, Ruben revint sur le sujet Gabrielle. Il ne lâchait décidément pas l'affaire, c'était fou. Et ça aussi, ça commençait fortement à agacer Jackson. Bon sang, mais qu'est-ce que cela pouvait bien lui foutre de savoir si Jackson était intéressé ou non par Gabrielle, si celui-ci portait bel et bien un masque ? Merde. Qu'il s'occupe de son cul, et puis voilà. Pour le coup, Jackson eut bien envie de riposter, se fichant pas mal d'hausser le ton et de laisser transparaitre son énervement. Mais il n'en eut pas le temps. Car, très vite, quelqu'un entra dans la pièce. Gabrielle justement. Okay, ça devenait bizarre comme situation. Et gênant. Très gênant. La jeune femme ne tarda d'ailleurs pas à s'attaquer - oralement bien entendu - à Ruben. Celui-ci lui répondit, tandis que Jackson observait la scène avec incompréhension. Ça allait trop vite, beaucoup trop vite. En fait, il était plus ou moins resté bloqué au moment où la rousse avait franchi le pas de la porte, tant cette venue était inattendue à ses yeux. Jackson parvint finalement à reprendre le cours de la conversation, non sans mal. « Qu'est-ce que tu attendais comme réaction de ma part ? Je me le demande ... » Qu'il se mette à chialer comme une fillette ? Ou bien qu'il l'encastre dans le mur ? La seconde option l'avait fortement tenté, vous savez. Mais, toujours pour la même raison, il n'avait pu s'y résoudre. Et croyez-bien qu'il le regrettait amèrement. Finalement, et tandis que Jackson posa son regard sur Gabrielle, Ruben reprit la parole. Là, Jackson lui jeta un regard noir. En fait, la morale de cette histoire était la suivante : Ruben était suicidaire et attendait de Jackson qu'il joue l'ange de la mort pour le délivrer. Il ne pouvait y avoir d'autre explication à de telles provocations. « Et toi, tu pourrais peut être te la fermer pour de bon, histoire que je ne sois pas tenté de le faire pour toi ? » Et le premier qui dit qu'il élude une nouvelle fois la question, il se fait butter. Point.

Le géant brun s’approche d’elle, elle se demande ce qu’il va lui sortir cette fois-ci, parce que de ce qu’elle a entendu de la conversation, elle craint le pire cette fois. Il reste calme, c’est un bon point pour lui. Elle restera donc calme, parce qu’il n’y avait même pas une minute, elle aurait été capable de lui balancer son café brulant en pleine face. Alors autant qu’il s’explique clairement et calmement. « Tu te trompes Gabi. Ce que j'ai prétendu à Jacko, c'était uniquement dans le but d obtenir une réaction de sa part. Mais comme tu peux le voir, je n'ai pas eu la réaction escomptée. » Mais elle n'en n'a rien à foutre, de ce qu'il tente de faire. Parce que sur le coup, lorsque Ruben avait prononcé ses paroles, il avait eu l'air très, très sérieux. Et dire ce genre de chose juste pour obtenir une simple réaction de la part de Jackson -donc une réaction qui ne viendra jamais- elle ne supporte pas. Elle soupire. « Cela ne sert à rien de le provoquer.. » murmure-t-elle en détachant son regard de Ruben et de le porter sur la fumée qui s'échappe de la tasse à café, elle souffle vaguement dessus. « Et Jackson est loin de s'en foutre de toi. D'ailleurs Jacko, maintenant que Gabrielle nous a rejoint, tu pourrais peut-être passer aux aveux non ? » Elle arque un sourcil, et s'inquiète définitivement sur la santé mentale de Ruben, apparemment elle doit avoir la même idée que Jackson puisse que leurs regards se croisent. « Mais il n’y a rien à avouer.. » répond -elle, un brin exaspérée, parce qui si elle a bien suivi la conversation, Ruben essayait de faire avouer quelque chose à Jackson, et ça il était pas près d’en parler. Elle regarde Jackson, et cherche son soutien, silencieusement, elle attends qu’il lui dise que non, elle n’a pas tord. « Mais tu l’as drogué à quoi ? » demande-t-elle à Jackson, en désignant rapidement Ruben. Parce que le grand brun disait n’importe quoi ce soir.

Gabrielle et Jackson semblaient plus que jamais déterminés à me faire passer pour fou ce soir. Entre la première qui demandait à son grand blond de confident si il m'avait donné quelque drogue que ce soit, et le second qui faisait mine de ne rien avoir à dire à la demoiselle, j'avais l'air de quoi moi au milieu de tout ça ? Et bien, d'un mec qui ne savait pas ce qu'il racontait. Et pourtant, oh oui pourtant, j'étais plus lucide que jamais et j'étais parfaitement conscient de mettre mon grain de sel là où personne n'en voulait. C'était ma curiosité, pour le moins malsaine, qui prenait cette fois ci le dessus. « Qu'est-ce que tu attendais comme réaction de ma part ? Je me le demande ... » Jackson se foutait de ma gueule ou bien ? Heu, attendez, quelle réaction est-ce que j'attendais de lui ce soir ? Et bien, peut-être qu'il dise que non, ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas n'en avoir que faire de lui ! Je voulais qu'il s'interroge sur l'éventuelle véracité de mes paroles, mais au lieu de me dire "t'es con mec, elle a jamais dit ça la Gabi", il n'avait fait que s'en foutre et changer de sujet par la suite. Peut mieux faire Jacko. Il s'adressa une fois encore à moi, en essayant de me remettre à ma place. « Et toi, tu pourrais peut être te la fermer pour de bon, histoire que je ne sois pas tenté de le faire pour toi ? » C'est qu'il en devenait presque terrifiant, le blond d'un coup. C'était limite si je n'allais pas partir en courant tellement il me faisait flipper. Notez l'ironie de mes pensées, je vous pries. « Ah non alors, je vais pas la fermer maintenant alors que nous sommes sur une si bonne voie. » Mais oui enfin, les aveux ne tarderaient sans doute pas, d'un côté comme de l'autre, alors je n'allais pas cesser d'intervenir pour animer le débat, cela serait tout gâcher. « Cela ne sert à rien de le provoquer.. » murmura Gabrielle. Certes je le provoquais, mais c'était avant tout pour son bien. Il fallait que quelqu'un le fasse réagir, le bouscule, le pousse. Sans quoi nous risquions d'avoir droit à un Jackson je-m'en-foutiste encore longtemps. « Mais il n’y a rien à avouer.. » Allez, tant que vous y êtes faites moi perdre ma crédibilité pour de bon. Ralala. Ces jeunes alors, dès qu'ils ne se sentaient pas le courage d'avouer leurs sentiments, ils rejetaient constamment la faute sur les autres. « Mais bien sur... » dis-je alors en levant les yeux au ciel. Ils étaient quelques peu exaspérants. « Mais tu l’as drogué à quoi ? » finit alors Gabrielle, en s'adressant au grand blond. Moi ? Drogué par le blond ? Cela ne risquait pas d'arriver. Non, j'avais encore toute ma tête et étais plus que jamais sérieux dans mes paroles. « Je tiens à dire que je n'ai pas touché à de la drogue depuis une bonne dizaine d'années. Et je doute que Jackso m'ait secrètement drogué, quand même. » Alors voilà, dès que la situation devenait un peu gênante et embarrassante, ils tentaient tous deux de dévier le sujet sur tout autre chose. Là en l'occurrence, le but était de me faire passer pour taré afin d'oublier cette histoire d'aveux. Dommage pour eux, j'avais une bonne mémoire, et je n'étais pas prêt de jeter l'éponge. « Heu j'attends toujours les aveux... » Du calme Ruben, il ne peut rien t'arriver dans cette cuisine. Le blond ne te frappera certainement pas, Gabrielle ne te renversera sans doute pas sa tasse de café sur le torse. Te voilà à l'abri. Mouais, ma sécurité semblait tout de même assez compromise. Tant pis, j'assumais jusqu'au bout mes dires. Advienne ce qu'il doit advenir.