A l'instant même où Gabrielle les avait rejoins dans cette cuisine, Jackson s'était senti extrêmement mal à l'aise. La gêne qu'il ressentait n'était bien évidemment pas perceptible, puisqu'il s'efforçait comme toujours de la masquer derrière un air grave et impassible. Pour autant, il avait subitement perdu confiance en lui. Peut être était-ce parce qu'elle parvenait quelques fois à le mettre mal à l'aise, ou bien parce qu'avoir Ruben et Gabrielle dans une même pièce, ça le mettait dans cet état. D'un coté, le grand singe faisait pression sur lui de manière incessante, ce qui commençait très sérieusement à lui taper sur les nerfs. Et de l'autre, la jolie rousse réagissait aux précédentes paroles de Ruben. Les choses étaient devenues très étranges dans cette cuisine, et Jackson en était bien conscient. Ruben refusait donc de la fermer. Jackson avait pourtant tenté de le lui dire d'une manière plutôt calme, en se gardant bien d'hausser inutilement la voix. Mais ça ne semblait pas marcher. Pour autant, devait-il se mettre dans un état pas possible pour le persuader de fermer sa putain de gueule une fois pour toute ? Pas sûr, non. Car une fois qu'il était lancé, Jackson devenait incontrôlable. Et personne, surtout pas Ruben, ne voudrait assister à ce spectacle. Ah ça non. Jackson se contenta de pousser un soupire. C'était encore ce qu'il y avait de mieux à faire dans ces cas là, vous savez. Quelques instants plus tard, le regard de Jackson croise celui de Gabrielle, tandis que leur camarade insistait sur d'éventuels aveux. Gabrielle semblait penser qu'il n'y avait rien à avouer. Jackson reste parfaitement muet, mais prit tout de même la peine d'acquiescer d'un signe de tête. Il n'y avait rien à avouer, ouais. Voilà. Ruben, quant à lui, ne sembla pas tellement convaincant. Et bien, tant pis pour lui. Par la suite, Gabrielle s'adressa à Jackson, dans le but de savoir s'il avait drogué Ruben. Cette réplique aurait pu l'amuser, mais il était présentement trop sur les nerfs pour se détendre. Alors, il lâcha un nouveau soupire, plus lourd celui-ci. « Il n'est pas drogué, je crois qu'il est toujours comme ça ... malheureusement » déclara finalement Jackson, sur un ton absolument blasé. Ruben reprit la parole, pour n'aligner une nouvelle fois que connerie sur connerie. Du Ruben tout craché, en somme. Un pesant silence s'installa alors. Et alors que tout aurait pu s'en tenir là, il fallut bien évidemment que Ruben réouvre sa grande bouche une nouvelle fois. « Le seul aveu que je peux te faire, à cet instant précis, c'est que je suis sur le point de diriger mon poing vers ta face d'abruti profond, tant cela me démange depuis quelques temps. Je suis vraiment à deux doigts de le faire, Ruben, à deux doigts. Je fais des efforts pour me controler, mais j'ai l'impression que tu fais tout pour me pousser à bout. Et ça, c'est pas une bonne idée. Pas une bonne idée du tout. Je ne sais pas ce que tu attends de moi précisément. Mais ce que je sais, par contre, c'est que quelqu'un ici n'aura bientôt plus de dents si ça continue. Et ce quelqu'un ne sera ni moi, ni la jolie rousse ici présente. Autrement dit, ou tu cesses d'insister sur quelque chose que tu n'obtiendras de toute manière jamais, ou tu sentiras bientôt un goût de sang dans ta bouche. » Aussi étrange cela puisse paraitre, Jackson avait dit tout cela sur un ton plutôt calme, ou en tout cas sans prendre la peine de s'égosiller. Ses poings, par contre, étaient serrés à un point que ses bras en étaient devenus tout blancs. Et ça n'était pas bon signe du tout. Non, vraiment pas.

« Mais bien sur... » La rousse soupire, elle ne comprend pas l'acharnement de Ruben. Et puis en quoi ça le regardait hein ? Il n'était pas sensé détester Jackson en plus ? Mais c'est quoi son problème ? Apparament il cherche à pousser Jackson à bout, et il va y arriver s'il continue comme cela, la rousse s'en fichait, même s'il tenait à son visage, il ferait mieux de la fermer définitvement. « Prends pas tes rêves pour la réaité Ruben. » lâche t-elle en plantant ses yeux azurs dans les siens. Elle ne comprend pas pourquoi Ruben cherche à faire avouer à Jackson des choses qui ne sont pas vraies. Elle a le soutient de Jackson, qui hoche lentement la tête, elle se sent moins seule maintenant. Elle essaye de faire une légère diversion en parlant de la possibilité que Ruben ait été drogué, celui-ci répond qu'il n'a pas touché la drogue depuis un bail, et blablabla. D'accord. « Il n'est pas drogué, je crois qu'il est toujours comme ça ... malheureusement » Ca la fait sourire, qui oui, le malheureusement est tellement bien placé, elle n'aurait pas dit mieux. Puis Ruben relance Jackson sur cette fameuse histoire d'aveux, il est vrai dans son délire le brun, et ne compte pas s'arrêter. Il est même légèrement agaçant pour Gabrielle. Elle le contemple longuement, mais la voix de Jackson l'arrache à son activité, elle détourne le regard pour se tourner vers le blond. Elle écoute son discours, ça sent pas bon du tout, Jackson est à bout, elle se demande pourquoi en fait, mais elle ne le sent pas. La rousse se plante entre Ruben et Jackson, non parce que ça la gènerait que cela tourne mal. Elle s'interpose subtilement entre les deux candidats, et décale son café pour qu'il soit à nouveau en face d'elle. « Cela ne sert à rien Jackson. » mumure t-elle alors que le bout de ses doigts viennent froler les poings serrés du blond.

« Prends pas tes rêves pour la réaité Ruben. » Ce n'était pas franchement un rêve que de les voir s'avouer mutuellement leurs sentiments l'un à l'autre. C'était juste un petit lot de consolation pour moi, après toutes mes malheureuses tentatives qui s'étaient vouées par un échec cuisant et fort douloureux. Gabrielle avait beau dire, ça devait lui brûler la langue tout ce qu'elle se retenait de dire au grand blond. Quant à lui, justement, il n'était jamais bien loin pour ramener sa fraise. « Il n'est pas drogué, je crois qu'il est toujours comme ça ... malheureusement » Jackson dans toute sa splendeur, blasé jusqu'aux chaussettes. N'empêche, avec mes remarques et insinuations qui, je vous l'accorde, pouvaient valoir parfois deux francs cinquante, un gros blanc s'installa dans toute la pièce. Pendant une dizaine de secondes, plus personne n'osa ouvrir la bouche. C'est vrai que l'ambiance était des plus tendues dans c'te cuisine, et que la présence de la tasse de café brûlante de Gabrielle, et les poings serrés de Jackson, ne faisaient rien pour détendre l'atmosphère. Je me sentais presque en danger ici. Et pourtant, il avait fallu que j'en remette une couche avec les fameux aveux que j'attendais toujours de la part de Jackson. Est-ce que j'étais suicidaire ? Sans doute un peu, oui. Ou en tout cas pas bien prudent. Pour Jackson, ce fut la remarque de trop. « Le seul aveu que je peux te faire, à cet instant précis, c'est que je suis sur le point de diriger mon poing vers ta face d'abruti profond, tant cela me démange depuis quelques temps. Je suis vraiment à deux doigts de le faire, Ruben, à deux doigts. Je fais des efforts pour me controler, mais j'ai l'impression que tu fais tout pour me pousser à bout. Et ça, c'est pas une bonne idée. Pas une bonne idée du tout. Je ne sais pas ce que tu attends de moi précisément. Mais ce que je sais, par contre, c'est que quelqu'un ici n'aura bientôt plus de dents si ça continue. Et ce quelqu'un ne sera ni moi, ni la jolie rousse ici présente. Autrement dit, ou tu cesses d'insister sur quelque chose que tu n'obtiendras de toute manière jamais, ou tu sentiras bientôt un goût de sang dans ta bouche. » Un coup de gueule phénoménal et inattendu de sa part, et tout ça sans s'énerver s'il vous plait. Enfin, ses bras devenus blancs comme des cachets d'aspirine trahissaient tout de même les pensées sans doute très noires et probablement meurtrières du grand blond. Ma vie ne tenait plus qu'à un fil, visiblement. En tout cas si Jacko mettait ses menaces à exécution, j'étais pas dans la merde... « Cela ne sert à rien Jackson. » Gabrielle prit l'initiative de calmer les ardeurs de Jacko, qui semblait maintenant à deux doigts de me décoller la mâchoire. A deux doigts seulement, car je le voyais tout de même mal lever le main sur moi. Je faisais environ dix centimètres de plus que lui, ou quasiment, alors bon il ne m'effrayait pas du tout le bonhomme. Cependant je décidai d'accorder à ses paroles un minimum de crédibilité. Il était en confiance, on allait pas gâcher ça quand même. « Waou. Pète un coup t'es tout blanc. » C'était souvent dans les moments les plus coriaces que mon côté grand gamin ressurgissait. Là pour le coup, c'te vanne, c'est clair qu'on aurait très bien pu s'en passer. Mais il fallait avouer que ça ne lui réussissait pas de se foutre en rogne, à Jacko. Il ne serait pas devenu tout blanc s'il ne s'était pas retenu de me débiter tout ça en haussant vraiment le ton. A trop vouloir en faire, Jackson en payait le prix. « Bon alors, tu vas te calmer ou bien tu vas réellement m'en mettre une ? J'dis ça pour savoir si je dois mettre mes lunettes pour voir ça. » Ah ça, Jackson dégommant Ruben, il faudrait presque appeler en urgence tous les candidats pour qu'ils assistent à un tel spectacle, car ça devait valoir le coup d'œil. « Moi je te propose -et te conseille- de te calmer. Déjà pour que tu retrouves ton teint naturel, ensuite pour que tu arrêtes de sortir des trucs tout à fait dégueulasses du style "j'vais te faire sentir le sang couler dans ta bouche", et enfin parce que dans un tel état, tu n'arriveras jamais à dire ce que tu dois dire à Gabi... » je fis un pas en arrière, comme par sécurité ou précaution. Fallait que je me prépare, dans environ trois secondes, à une éventuelle tarte en pleine gueule. « A savoir ses fameux aveux dont on parlait juste avant son arrivée. » Gnaaa. Pourquoi est-ce que j'avais dit ça ? Je voulais mourir ? Et son putain de masque, il l'avait enlevé ou pas ? Difficile à dire. Maintenant, il me restait à voir si Jackson oserait enfin tout balancer, ou si au contraire une fois de plus il se refermerait comme une huitre. Quant à moi, et bien, je sentais comme la mort s'approcher tout doucement derrière moi. Tenons les paris : la tasse de café brûlante sur le torse ou le poing dans la tronche ? Voyons ça tout de suite.

Jackson n'était pas en pétard. Ou peut être que si. En fait, disons qu'il était simplement sur les nerfs. Ouais voilà, c'était déjà plus exact comme formulation. Car il n'en était tout de même pas au point de vouloir décapiter Ruben pour accrocher sa tête au rétroviseur de sa voiture. Quoi que, pas loin quand même. Une chose était en tout cas certaine, Ruben était parvenu à lui faire dire des choses qu'il aurait préféré s'abstenir de dire. Car si Jackson n'était pas quelqu'un de très patient, ni de perpétuelle excellente humeur, il préférait éviter d'user de violence - verbale ou physique - quand il pouvait faire sans. Ici, donc, il aurait préféré ne pas avoir à s'adresser à son camarade sur ce ton, pour la simple et brillante raison que celui-ci n'en valait tout simplement pas la peine. C'est bien simple, depuis le début de cette entrevue - quoi que, non, depuis le début du jeu en fait - Ruben n'avait fait que le provoquer. Et aujourd'hui, c'était un peu la goute d'eau qui faisait inévitablement déborder le vase. Un vase déjà plein à ras bord depuis quelque temps, d'ailleurs. Ainsi, Jackson s'était emporté, quoi que l'expression de son visage restait incroyablement neutre. Mais ne vous y trompez pas, à l'intérieur, il était ni plus ni moins en train de bouillir. Au point que ses pupilles s'étaient contractées à un point assez frappant. Mais tandis que ses poings demeuraient serrés avec force, ses sourcils quant à eux, étaient à peine plus froncés qu'en temps normal. Il gèrait la situation. Du moins, il l'espérait. Car il serait vraiment malencontreux qu'il ne puisse s'empêcher de frapper Ruben. Il s'en savait capable, voilà pourquoi il l'avait préalablement menacé. Mais cet abruti était resté dans les parages, si bien qu'il courait désormais un grave danger. N'importe qui aurait eu la présence d'esprit - ou du moins l'instinct de survie - nécessaire pour vouloir se tirer de là en vitesse. Mais pas Ruben. Cela confirmait donc la pensée initiale de Jackson, à savoir que le grand brun était ni plus ni moins suicidaire. Alors que Jackson luttait pour se contrôler, canalisant toutes sa force dans ses poings fermés, il vit Gabrielle s'interposer entre eux. La jeune femme s'adressa alors à lui tandis que Jackson ne tarda pas à sentir les doigts de la jolie rousse sur ses poings. Elle avait raison, cela ne servait à rien. Pour autant, c'était plus fort que lui. Et Ruben en rajoutait, d'ailleurs. Il le provoquait, encore et toujours. Jackson regardait brièvement Gabrielle, qui attendait probablement de lui qu'il se calme. Il en avait envie, soyez en sûrs. Mais chaque fois qu'il tentait de se convaincre de reprendre ses esprits, il voyait le visage de Ruben qui semblait lui crier « éclate-moi la gueule, Jackson, éclate-moi la gueule. » Autant dire qu'il était assez difficile de faire un choix dans de telles conditions. Alors, le frapper ou non ? Telle était LA question. Finalement, Jackson prit la main de Gabrielle et la fit se décaler légèrement. Quand ce fut fait, il se repositionna face à Ruben. Là, il était terrible tenté de lui crever les yeux, vous savez. « Tu as été trop loin, Ruben. Tu as joué avec mes nerfs, intentionnellement. Et ça, j'ai du mal à le supporter. » Le tout débité sur un ton toujours aussi calme que précédemment. « Gabrielle, tu la laisses en dehors de tout ça. Tu n'es pas dans ma tête, alors ne prétends pas savoir quoi que ce soit à ce niveau-là. Tu ne sais rien. Absolument rien. » Il reprit son souffle, histoire de rester parfaitement calme. Il jeta un regard en coin à la jolie rousse, avant de reporter son attention sur Ruben. « Je pourrais t'éclater la gueule. Mais je ne vais pas le faire. A quoi bon ? Je sais que ça ne te dissuadera pas de recommencer à me provoquer. Si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain. Alors te foutre mon poing dans la figure, ça me semble finalement bien inutile. Cependant, et pour que tu saches quel mépris tu m'inspires désormais, je tiens malgré tout à te faire un petit cadeau. » Sur ces mots, il s'empara de la tasse de café brulante qui se trouvait non loin d'eux. Sans réfléchir, il la jeta au visage du grand singe. Il avait mal pour lui. « J'espère que tu as apprécié l'attention. C'est très rare venant de moi, tu sais. » Jackson se tourna vers Gabrielle et lui adressa : « Désolé pour ton café. » Le pauvre café, connaissant un si terrible sort. C'était lui qui était à plaindre dans l'histoire, pas Ruben. Non, certainement pas. Posant à nouveau son regard sur son camarade, Jackson conclut : « Tu l'auras compris, tu peux très aimablement aller te faire foutre avec tes aveux. » Là dessus, Jackson prit la direction de la porte, qu'il franchit sans tarder. Probablement qu'il aurait besoin d'aller cogner dans quelque chose après ça. Allez savoir quoi. En tout cas, Ruben pouvait s'estimer heureux d'y avoir échappé. Pas sûr qu'il puisse faire preuve d'autant de sang-froid la prochaine fois.

Sujet terminé pour Jackson

Ruben essaye de détenter Jackson, ça ne marche pas. La rousse voit avec une certaine inquiètude les phalanges du blond blanchirent au fur et à mesure, elle a peur qu'il cogne Ruben. Parce Gabrielle est contre tout acte de violence -sauf quelques gifles bien méritées, demandez à ce pauvre Jackson- elle pense que tout peut se résoudre en parlant. C'est tellement plus simple que de frapper. Et là, en ce moment même, elle a peur que Jackson se laisse aller, et laisse éclater sa colère. « A savoir ses fameux aveux dont on parlait juste avant son arrivée. » La rousse pousse un grignement, il est vachement tenace le brunet, elle ne l'aurait jamais cru capable de cela. Et Jackson riposte immédiatement. Ses doigts effleurent la peau tendue du blond, pas moyen de le détendre, il est trop sur la défensive, il est bien trop tendu et contracté pour cela.

Elle le voit qu'il s'empare de son café, elle le sent venir. « Non Jackson, fais pas ça il est ... » bam, trop tard, il a déjà lancé son café brulant à la tête de Ruben. « ..brulant. »Il est vraiment pas bien quand même, tout ça juste pour quelques mots. Et il se tire comme ça, après on disait que c'était elle qui faisait des sorties théâtrales, n'importe quoi. Il s'est pas vu lui. « Jackson mais.. » s'apprêtait t-elle à lui dire alors qu'il est déjà loin. Gabrielle ne va pas le retenir, ça non, et elle ne comptait pas lui courir après, elle s'inquiète plus pour Ruben et son visage. Parce que la tasse qu'il lui avait balancé était d'une taille plutôt conséquente et remplie à ras-le bord parce les envies de caféine de la demoiselle était très grande. La rousse ramasse la tasse et se dépéche de la mettre dans l'évier avant de s'emparer d'une chiffon, de le passer sous l'eau glaciale et de le filer à Ruben pour qu'il s'essuye le visage. La française a mal pour lui, surtout que son café était brulant, et qu'une légère fumait s'en échappait encore lorsqu'il l'avait reçu en pleine figure. « Tu vas bien ? » lui demande t-elle en fronçant légèrement les sourcils en attendant sa réponse. « Je comprends pas ce qu'il lui a prit de faire ça.. » continue t-elle. « C'est quand même cher payé pour des aveux inexistants.. » murmure t-elle finalement.

Jackson était un homme mort. Il ne finirait pas l'aventure, vous pouviez désormais en être certains. Et je ne disais pas ça parce que j'étais convaincu qu'il n'allait pas tarder à virer de là -même si pour moi il était en sursis dans ce nid depuis une ou deux semaines maintenant- mais surtout parce que j'allais lui règler son compte, à cette espèce de petit salopard d'albinos. Qui aurait pu croire que je terminerais la soirée en beauté, le visage tuméfié et quasiment aveugle ? Oh oui c'était ce à quoi j'avais désormais droit, après que Jackson m'ait tout bonnement jeté à la figure la tasse de café brûlante de Gabrielle. Je l'avait vu gesticuler dans tous les sens, serrant les poings, c'est clair que ça le démengeait. Et moi, bien sur, j'en rajoutais parce que c'était Jackson et que le provoquer était encore ce que je savais faire de mieux. Seulement j'avais cru qu'il me ferrait l'honneur de m'exploser la gueule comme il se devait, mais même ça il n'en était pas capable. Ainsi donc avouer ses sentiments était trop dur, frapper un mec était trop dur... Jacko n'était qu'un empoté, voilà tout. Non mais où est-ce qu'on a vu qu'on balançait comme ça du café brûlant à la gueule de quelqu'un juste parce qu'on est contrarié ? C'était totalement puéril... et putain que ça faisait mal, bordel de merde. Petit retour en arrière. Mon but ce soir était de faire avouer à Jackson les sentiments qu'il avait pour Gabrielle. J'étais persuadé que si la demoiselle n'était pas intervenue dans la cuisine, il se serait confié à moi depuis belle lurette. Mais que voulez-vous, Jacko perdait littéralement tous ses moyens devant la belle rousse. Preuve qu'elle ne le laissait pas indifférent, et qu'il y avait également anguille sous roche. En tant que chieur professionnel de ces lieux, je m'étais fait le plaisir de taquiner Jackson, de le faire chier avec les fameux aveux que j'attendais encore et encore de sa part. Mais visiblement, ça l'avait gonfflé le blond. Soit il n'aimait pas qu'on lui dise ce qu'il avait à faire, soit il n'osait tout simplement pas regarder la réalité en face. Et voilà comment nous en étions arrivés là, Jackso furax, Gabrielle entre nous deux et moi, loin de me douter que quelques minutes plus tard j'allais décèder. C'était en effet la sensation que j'avais eue au moment même où le liquide brûlant que contenait la tasse de Gabrielle m'avait aspergé le visage. Une douleur si terrible que j'allais sans doute devoir rester cloué au lit le lendemain. Jacko avait quitté la pièce après m'avoir saccagé la tronche, et moi... j'attendis qu'il soit parti pour hurler toute ma douleur. « WAAAAAAZAAAAAAAAA !!!! » Oui c'était bel et bien un terrible cri de douleur, cri qui avait du s'entendre dans tout le nid mais sur l'instant je m'en foutais carrément. Je ne pensais qu'à une chose : ma vue. Je ne voyais plus rien, mais alors plus rien du tout. Je crus être devenu aveugle le temps d'un instant, avant de pouvoir progressivement distinguer quelques formes par ci, par là. Rien de bien concret. Je distinguais notamment une silhouette. Ce devait être Gabrielle, elle était restée à mes côtés et avait eu la bonté de m'apporter un chiffon imbibé d'eau glacée. Je le plaçai illico sur mon visage, hésitant alors entre chialer et dévaster tout ce qui se trouvait autour de moi. La douleur était telle que j'eus envie de porter à mon coeur le couteau qui se trouvait non loin de moi afin d'abrèger mes souffrances. Jacko avait bien fait de quitter la pièce au bon moment. Ce couteau était pour lui dans le cas contraire. Gabrielle s'occupa de moi, ce qui était adorable de sa part. Elle me demanda alors si ça allait. Que répondre à ça sur le moment, quand votre visage vous brûle atrocement et que vous redoutez d'être totalement défiguré ? « J... J... J'ai l'air d'aller bien peut-être ?! » Je ne voulais pas me montrer grossier avec elle, mais la douleur prenait le dessus. « Putain j'te jure que j'vais le massacrer ce fils de chien. Jacko est mort, je te préviens de suite, tu peux commencer à le pleurer. » Aussi triste que la situation l'était, il devait rester à Jackson peut-être quelques minutes, avec un peu de chance quelques heures de vie, mais c'était tout. Après quoi il rejoindrait l'enfer qui l'attendait. Ce connard ne méritait pas mieux. « Ah merci pour le chiffon, en fait. C'est pas que ça soulage, mais c'est pas pire. » Gabrielle fit une remarque sur les fameux aveux que j'avais demandé à maintes reprises à Jackson - et qui m'avaient valu de me retrouver dans cet état là - qui selon elle étaient inexistants. « Jacko est tellement con qu'il n'avouera jamais ce qu'il ressent. Donc oui, quelque part, ce ne sont que des aveux inexistants qui ne seront jamais débités par cette tête de cul qu'est Jackson. » Une tête de trouffion que j'avais juste envie de trucider, là, tout de suite. Mais je n'y voyais pas encore assez clair pour entreprendre quelque tentative de meurtre que ce soit. Je devais donc me résoudre à rester dans cette cuisine, agonisant, en priant le ciel que ma vue soit totalement recouvrée d'ici à ce que je me couche. En attendant, je devais soulager cette douleur. J'étais à deux doigts de me servir des cheveux de Gabrielle pour éponger mon visage, sur lequel coulait je ne sais trop quel liquide bizarre, sans doute arrivé là à cause des brûlures que celui-ci avait subi quelques minutes plus tôt. Sacrifier une telle chevelure serait commettre un péché odieux, alors je me retenais. Une chose était sure : Jacko et Gabi allaient maintenant se démerder avec leurs histoires à deux balles. Ca ne m'intéressait plus, je ne voulais plus en entendre parler, et la prochaine fois qu'il me serait donné de croiser Jackson... je l'éventrerais de mes mains. Tel un ogre sans pitié en soif de vengeance.