« Non, je ne peux pas. » dit-elle après avoir secoué la tête, geste qui accompagna sa parole. Je ne dis rien, attendant peut être qu’elle s’explique, en tout cas pour moi c’était absurde, elle laissait voir aux autres une partie de sa personnalité qui n’était pas la meilleure, pas selon moi. Elle était douce et bienveillante et elle montrait aux autres qu’elle ne l’était pas, qu’elle était, oui, qu’une garce. « Toi, tu le sais. Ça m’est suffisant. Je n’ai pas besoin des autres. » Je soupire. Je n’aime pas cette pseudo attitude de résignation, de toute façon les autres lui feront du mal, c’est ça ? Si j’avais pensé comme ça je serais surement déjà partie de cette maison, les gens n’auraient pas supporté. « C’est pas sain, comme attitude. Tu devrais pouvoir faire confiance à d’autres personnes, comme… Je ne sais pas… Cooper ? » Et qu’elle ne fasse pas genre oui mais non et patati, tout le monde avait remarqué qu’elle s’entendait très bien avec lui et j’étais d’ailleurs très contente pour elle qu’elle se trouve une autre personne que moi, dans cette maison, vers qui se tourner. Même si ça m’étonnerais qu’elle commence a lui déblatérer ses états d’âme, même a moi elle ne le fait pas.

« C’est pas sain, comme attitude. Tu devrais pouvoir faire confiance à d’autres personnes, comme… Je ne sais pas… Cooper ? » Bien sûr qu’elle allait en parler, parce qu’elle a remarqué qu’il est probablement le seul autre être dans ce nid dont je suis proche. Est-ce que coucher ensemble à deux reprises est suffisant, de toute façon, pour affirmer une telle chose? J’en doute. Même s’il n’y a pas que ça, entre nous. Parce que contre toute attente, il a quand même réussi à se tailler une mince place dans ma vie, tout au plus celle que j’ai dans ce château. Ça ne durera surement pas, dehors. « Je vois mal changer d’attitude du jour au lendemain avec lui… voir même m’ouvrir à lui en sachant que ce n’est clairement pas l’image qu’il a de moi. » me sentis-je obligé de lui faire comprendre. « S’il m’apprécie, ce n’est surement pas pour celle que je suis. Parce qu’il ne la connait pas, cette fille-là. » Et je ne suis pas certaine qu’elle lui plairait, de toute façon. Rien qu’à voir la façon dont il a traitée la pauvre Esther. Hm. Ça me fatigue d’en parler, probablement car je suis épuisée de jouer ce double-jeu… mais voilà, je m’y suis enfoncé trop profondément maintenant pour simplement revenir en arrière et tout recommencer. Impossible. Je laisse entendre un long soupir avant de me laisser tomber sur le lit, passant mes bras derrière ma tête, fixant le plafond – parce que franchement, il n’y a rien d’autres à voir. « Est-ce qu’il s’est passé un truc entre Sonny et toi? » que je lui demande, comme ça, sans raison. Ou peut-être y’en a-t-il une. Une certaine curiosité et un peu de sadisme aussi. Car si elle a remarqué mon… rapprochement avec Cooper, je n’ai pas loupé celui qu’elle a eu avec Sonny.

« Je vois mal changer d’attitude du jour au lendemain avec lui… voir même m’ouvrir à lui en sachant que ce n’est clairement pas l’image qu’il a de moi. » soupire. « S’il m’apprécie, ce n’est surement pas pour celle que je suis. Parce qu’il ne la connait pas, cette fille-là. » re-soupire. J’ai l’impression d’être un ventilo. « Je ne pense pas qu’il pourrait ne pas apprécier celle que tu es mais soit, c’est ta vie, tes relations et je n’ai pas à interférer… » Dis-je seulement en m’appuyant contre un meuble qui passait par-là (si tant est que les meubles peuvent passer, hm). Finalement la jeune femme s’allonge sur le lit et passe ses mains derrière sa tête. « Est-ce qu’il s’est passé un truc entre Sonny et toi? » Je passe ma main dans ma nuque, je savais qu’elle allait me demander même si j’étais vraiment, mais vraiment très reconnaissante au jeune homme de ne pas avoir réitéré l’expérience d’un baiser au prime. Mais vraiment hein. « Je crois… Qu’on s’est un petit peu… Probablement… Embrassé. » Je crois, un peu, probablement. Mais j’étais là hein ! En fait j’aurais du dire : On s’est embrassé juste là où tu tiens. Mais ça c’est son genre, pas le mien. De toute manière elle n’a pas a me faire la morale, je n’ai qu’embrasser un homme bon sang ! Parce que oui, c’est moi qui l’ai embrassé et pas l’inverse, bien qu’il m’avait tout de même clairement montré ses intentions.

« Je ne pense pas qu’il pourrait ne pas apprécier celle que tu es mais soit, c’est ta vie, tes relations et je n’ai pas à interférer… » Chapitre clos, enfin, pour moi. Je ne voulais pas revenir sur ce sujet. De toute manière, à l’entendre soupirer à répétition, rien ne sert de s’obstiner avec elle. Zhara tiendra son bout, tout comme moi. C’est peine perdue de faire entendre raison à une convaincu. « Je crois… Qu’on s’est un petit peu… Probablement… Embrassé. » Je le savais ! Je me doutais bien qu’il s’était passé quelque chose entre ces deux là. Merde, c’était même évident. Ça n’avait été qu’une question de temps aussi. Parce que je le voyais bien : Sonny lui tournait autour depuis quelques temps. Cette manie qu’il avait de parler d’elle dans nos conversations m’avaient mit la puce à l’oreille, et les voir se rapprocher de semaine en semaine, lors des primes, n’avaient fait que confirmer mes soupçons. Je n’allais pas lui faire la morale. Bon sens, j’aurais été bien mal placé pour agir de la sorte : moi, un modèle de perfection ? Jamais. Mais pourquoi alors ressentis-je une boule se former dans le creux de mon estomac ? Pourquoi gardais-je le silence, incapable de dire quoique ce soit. J’avais fait exprès de lui poser cette question, je m’étais entendu à une réponse de sa part. Mais que cette même réponse me fasse un tel effet, ça, ce n’était pas prévu. Pas du tout. La jalousie, elle me consommait peu à peu. Si je repris la parole, c’est simplement parce qu’un trop long silence de ma part lui aurait mit puce à l’oreille. « Tant mieux pour vous. » Hm. J’aurais mieux faire de me taire.

Après que je lui ai dis que Sonny et moi nous étions embrassés, il y eu un blanc. J’attendis qu’elle dise quelque chose et ce fut bientôt le cas « Tant mieux pour vous. » . Je ne sais pas si elle est approuvait ou pas mais ça je m’en fichais clairement comme de l’an quarante. Elle pouvait faire tellement de choses, pourquoi devais-je me contenter de ne rien faire après tout ? A charge de revanche comme on dit. Je haussai les épaules. « Hm, hm… » Dis-je seulement, je n’allais pas commencer a me raconter ma vie en ce qui concernait Sonny, non, ça, je voulais le garder pour moi et ne rien dit devant ces fichues caméra, elles n’avaient pas besoin de savoir. Les gens derrières leurs écrans non plus. Je me demandais par contre ce qu’ils en pensaient, ce serait marrant de savoir. Combien pariait sur un rapprochement et combien pariais sur le fait qu’on allait continuer comme ça, a faire comme si de rien n’était. « Tu sais, parfois, je me demande ce que les gens pensent derrière leurs télés… » j’avais dis ça comme ça, un peu en l’air.

Je n’avais aucun droit sur elle, ni même sur les choix qu’elle faisait. Elle avait embrassé Sonny, d’accord. Si elle était en paix avec son choix, je n’avais nullement mon mot à dire sur la situation. Néanmoins, cela ne voulait pas dire que j’approuvais. Sonny n’était pas un mauvais garçon (quoique, qu’est-ce que j’en savais), mais je crois que c’est plutôt le fait qu’elle l’ait embrassé qui me dérangeait. Ça aurait eu le même effet avec n’importe qui d’autres dans cette aventure, ceci dit. « Hm, hm… » Elle se contenta seulement de hausser les épaules, face à ma réaction plutôt… froide. Car oui, je venais de me refermer comme une huître. Maintenant que je savais ça, que j’avais la confirmation qu’il s’était bel et bien passé quelque chose, mieux valait pour moi de ne pas interférer dans leur histoire. J’aurais tellement voulu revenir en arrière, à ce moment-là, pour effacer ce baiser dans la chapelle, bon sens. « Tu sais, parfois, je me demande ce que les gens pensent derrière leurs télés… » songea-t-elle à voix haute, et mon regard, toujours rivé vers le plafond, se détourna vers elle l’espace d’un moment. « J’suis persuadée qu’il t’aime bien. Tu es tout à fait le genre de candidate à qui on s’attache et tout ça. Même ici, tu es appréciée, alors ce doit être pareil à l’extérieur. » Je préférais ne pas aborder mon cas, qui ne devait pas être aussi reluisant que le sien.