☼ EVEY

En pleine soirée une envie subite me prends : me rendre à la salle de musique et me déchainer corps et âme sur l’harmonica du jeu. Je ne me fais pas prier pour exécuter mes désirs. Une fois dans la salle vide, je pars direct m’installer sur le canapé tout en m’emparant de l’instrument à vent. En attendant de savoir quoi jouer, je m’échauffe un peu. Puis me vient une idée. Je me lance donc sur Redemption Song. Une très belle chanson qui compte beaucoup pour moi. Evey m’interrompt en cour de route en entrant dans la salle. « Salut. » Je reprends de plus belle. Ce n’est pas l’arrivée d’un quelconque candidat qui va m’arrêter. Je suis à fond dans mon morceau. Je décide de fermer les yeux d’ailleurs. Ça me permet de mieux me concentrer et d’oublier tout ce qui se trouve autour de moi. Au bout de plusieurs secondes, une fois la chanson terminée en fait, je pose l’harmonica sur mes genoux avant de me retourner vers la candidate qui est encore présente dans la pièce. « T’as reconnu ? » Bob Marley quand même ! Bon j’admets ne pas être le meilleur des musiciens et ne pas avoir choisi la chanson la plus connue de l’artiste mais la blonde devrait connaitre. « Il m’a semblé entendre quelque part que tu es musicienne ? » Peut-être que je fais fausse route, je ne suis sûr de rien. Mais si mes souvenirs sont bons, la jeune femme n’avait pas hésité à participer lors de la soirée karaoké avec Baptiste.

Retrouver le réconfort de la salle de musique en fin de soirée était toujours des plus agréables. J’avais là-bas fait de belles rencontres, eut de belles discussions, mais surtout, j’en avais profité pour parfaire mon art, pour chanter et joue de la guitare sans contrainte. Je profitais de la vie à ma façon. J’avais donc pris la direction de cette salle. Je passais à peine le pas de la porte que j’entendais la mélodie distincte d’un harmonica. Sonny était à l’œuvre. Il s’arrêta un moment pour me saluer et je lui répondis d’un signe de tête, allant m’installer sur l’un des tabourets, non loin de là. J’attrapais la guitare qui trainait là, sur son trépied, puis la posait sur mes genoux, mais n’en jouait pas. Par politesse pour Sonny. Car je respectais les musiciens, aussi. Il s’arrêta finalement une fois sa chanson terminée. « T’as reconnu ? » Sonny s’est retournée vers moi pour me questionner. Sa technique de jeu est peut-être plutôt approximative et loin d’être professionnel, mais son interprétation reste tout de même des plus acceptables. Disons que j’ai vu pire, dans ma vie. J’acquiesce donc d’un signe de tête. « Je ne suis pas spécialement fan de Bob Marley, mais oui, j’ai reconnu. Mon père adore cette chanson. » fis-je en haussant les épaules, comme si cette remarque n’était pas vraiment importante. Ceci dit, ça l’était pour moi. Mon paternel avait des goûts musicaux très intéressants quand on y pensait, il me surprenait même, parfois. Peut-être que cette passion de la musique me venait de lui. Tout compte fait, c’était probablement le cas. « Il m’a semblé entendre quelque part que tu es musicienne ? » Cette remarque réussit à me tirer un léger sourire. J’ai toujours cette réaction quand on parle de ma plus grande passion. « Oui, c’est vrai. » affirmais-je à son attention. « Mais avant toute chose, je suis chanteuse. » Car c’est en chantant que je gagnais ma vie. Car c’est en chantant que j’arrivais vraiment à être heureuse. Le chant faisait partie intégrale de moi. La guitare, la danse même, n’arrivait pas à la cheville de cette discipline.

Me voilà donc une nouvelle fois à la salle de musique, assis sur le canapé, harmonica en main ou plutôt en bouche. Depuis quelques semaines, j’ai pu redécouvrir les joies de cet instrument. Je ne peux quasiment plus m’en passer. A ma sortie du jeu c’est certain : je cours m’en acheter un. Je ne connais pas tellement de morceaux mais ceux que je connais, je les joue entièrement et presque parfaitement. A compter Redemption Song de Bob Marley, que je suis entrain de jouer en ce moment même, malgré la présence d’Evey dans la salle. Une fois la chanson terminée, je décide d’entamer la conversation avec la blonde, qui s’est aussitôt emparée d’une guitare. « Ton père a de bons goûts dans ce cas. » Je n’insinue pas que ce ne soit pas le cas pour elle, non. Elle a le droit de ne pas être fan de Bob Marley, je respecte tout à fait. Chacun ses goûts après tout. Même s’il est vrai que le chanteur de reggae fait souvent l’unanimité. Bref. J’adresse un léger sourire à la blonde avant de lui poser une question dont je pense déjà connaitre la réponse. Oui, elle est musicienne. Mais pas que. Elle est surtout chanteuse. Intéressant. « Je serais curieux de t’entendre chanter un petit quelque chose ! » Un sourire en coin vient se former sur mon visage. Si je propose ça comme une sorte de défi, je n’en suis pas moins sérieux. J’adorerai entendre la candidate chanter. J’aime la musique et même si j’ai pour habitude d’écouter de vieux groupes et vieilles chansons, je n’ai rien contre les nouveaux talents. Au contraire.

« Ton père a de bons goûts dans ce cas. » J’acquiesce à sa remarque d’un léger signe de tête. Mon père, enfin, l’homme qui m’a élevée, est celui qui a fait naître en moi ce goût pour la musique, cette passion pour cet art, et qui m’a encouragée à poursuivre mon rêve malgré tous les obstacles qui se retrouvaient sur mon chemin. ‘Ne jamais arrêter de croire, jamais!’ me dit-il souvent. Et c’est ce que j’ai fais. Si Fake Lover pouvait m’offrir une certaine visibilité pour que je puisse enfin atteindre mon but, je n’aurai pas fait cette aventure pour rien. Plus de secret, plus d’argent non plus… à moins de remporter la victoire – ce dont je doute – il ne me reste plus que ça. Et ça me conviendrait. « Je serais curieux de t’entendre chanter un petit quelque chose ! » me demanda-t-il alors que je l’informais que j’étais une chanteuse, avant toute chose. Il m’offrit même un petit sourire pour accompagner sa requête. Ce n’était en rien un problème pour moi, de chanter. Seulement, là, tout de suite, l’inspiration ne me venait pas. « Tu aimes quel genre de musique ? » que je lui demande. J’imagine qu’avec sa réponse, je serai en musique de trouver quelque chose dans mon répertoire musical qui pourra le satisfaire. Car même le plus petit des publics a le droit d’être satisfait.