W/ OONA

Le lendemain du prime, Milan avait traîné un peu plus longtemps que d'habitude dans son lit. Plus longtemps, pour lui, c'était dix heures, cependant, pas midi et des poussières comme certaines marmottes dans cette baraque. Des fois, il était envieux de ces gens qui savaient faire des grasses matinées. Putain ce que ça devait reposer. En l'occurrence, quand il s'était réveillé, il avait senti avant de la voir la présence de sa partenaire Oona juste à côté de lui. Mais étrangement, le reste de la chambre Fidanbair et Fráech mac idath était assez vide. Son plumard et sa chambre allaient lui sembler bien vides, une fois de retour chez lui, mine de rien. Bref, s'extirpant doucement de ses draps, histoire de ne pas réveiller la blonde, il se traîna jusqu'à la cuisine en caleçon et tee-shirt, la faim lui tiraillant le ventre. Il aurait avalé une famille d'éléphants. Bizarre. Attrapant tout ce qui lui tombait sous la main, confiture, pain, lait, café, fromage, jambon, jus d'orange, bref, plein de trucs, il posa le tout sur un plateau, peu attiré par l'idée de déjeuner là, tout seul. La cuisine était vide, c'était trop triste. Du coup, il remonta au premier, plateau sur les bras et s'installa en tailleur sur son lit, essayant de gigoter le moins possible. S'armant de son couteau, il entreprit de se tartiner une tartine à la confiture d'abricot. Sentant alors des pieds bouger à côté de lui, il redressa la tête, constatant qu'il avait tiré Oona du sommeil, du moins il supposa que c'était lui. « Mince, désolé, j'voulais pas te réveiller... Petit dej ! » souffla-t-il en désignant tout son bordel. Bah ouais, parce qu'il ne comptait pas s'enfiler tout ça à lui seul. Autant que sa partenaire en profite. Le petit dej au lit, c'était une bonne façon de commencer la journée, non?

Etrangement, à la suite du prime, je m’étais immédiatement endormie dans les bras de Morphée, sans aucune résistance. Pourtant, je n’avais pas vraiment ressentit une lourde fatigue, mais il faut croire que je l’étais… et tellement, puisque je ne me réveillai pas avant dix heures du matin. Je n’étais forcément du genre à faire tout le temps des grasses matinées, mais cette fois ci je ne pouvais pas nier en avoir fait une. Tranquillement endormie, je sentis tout de même le lit bouger légèrement. Bof ça doit être Milan qui bougeait dans son sommeil. Je ne prêtai pas d’attention à ce qu’il faisait préférant me rendormir tant que je le pouvais. Pourtant, quelques secondes plus tard (ouai bah quand on dort, on n’a pas la même notion du temps), je sentais de nouveau les draps qui bougèrent, mais ce n’est pas ça qui attira mon attention en fait. Non, c’était plutôt cette odeur d’orange, mélangé à du café. Waouh, soit mes rêves sont super puissant que j’ai l’impression d’avoir une odeur réelle, soit je me suis endormie dans la cuisine, ce qui me semblait pas vraiment probable en fait. Je changeais ma tête de côté, la tournant vers mon partenaire, tout en ouvrant un œil, puis le deuxième difficilement. Je me retrouvais face à un Milan avec un plateau couvert de mille et unes choses, plus appétissante les unes que les autres, il faut bien l’avouer. « Mince, désolé, j'voulais pas te réveiller... Petit dej ! » J’avais froncé légèrement et sans le vouloir les sourcils en voyant son plateau, puis finalement je me mis à rire en voyant tout ça, enfonçant ma tête sur l’oreiller un instant. Je ne me moquais pas de lui, au contraire, ça m’amusais qu’il veuille manger ici, que dans la cuisine. Je relevais ma tête vers lui, mes yeux pas encore habitués à la lumière. « Punaise… tu crois qu’avec tout ça, t’auras plus faim ? » C’était plutôt un bon réveil, contrairement à tous les autres depuis le début de Fake Lover. Pour finir, je m’asseyais sur le lit, laissant la couverture sur mes genoux et passant mes mains sur mon visage pour achever de me réveiller. « Miam ! J’ai faim en fait ! » Déclarais-je, en tapotant mon ventre. Je lui adressais un sourire amusé, avant de m’emparer de sa tartine couverte de confiture d’abricot.

Ça va, au moins Oona ne se met pas à gueuler pour l'avoir réveillée à une heure peut-être super matinale pour elle. Il ne savait pas trop à quelle heure se levait la jeune femme, puisqu'il était tout le temps debout avant elle mais elle ne semblait pas ne pas être du matin. Pas quand le réveil en question était ponctué d'un putain de petit déjeuner au pieu, en tout cas, parce que finalement, elle se redressa. Oh la fourbe ! D'un sale petit geste vif, elle avait attrapé sa tartine, sa magnifique tartine qu'il avait préparé comme un pro et tout, histoire d'avoir un p'tit dej parfait. « Mais la moitié est pour toi, bien sûr » railla-t-il avec un sourire, en référence à sa petite blague initiale. Non sérieusement, il aurait été bien incapable d'avaler tout ce qui se trouvait sur le plateau. D'accord, il avait peut-être tapé un peu trop haut et surestimé la capacité de son estomac. C'était pas si mal que sa partenaire se soit réveillée, finalement. « Pas touche au pain au chocolat, il est à moi ! » précisa-t-il néanmoins en attrapant l'assiette sur laquelle le pain en question était posé. La tartine à la confiture d'accord, mais ça, ça ! nan. Pas moyen qu'il le lui cède. Entamant donc son déjeuner avec provocation, il se servit, tant qu'il y était, un verre de jus d'orange. Beurk. Du jus en boite. Il préférait le fait maison, mais tant pis, flemme de redescendre dans la cuisine. « Tu te rends compte que la finale est dans trois semaines ? » fit le jeune irlandais après quelques secondes, réfléchissant tout haut. Waw. Trois semaines. Au maximum, bien sûr, parce qu'il était certain de ne pas durer encore autant de temps. Ce serait déjà un miracle qu'il tienne jusqu'aux demi-finales.

Je croquais avidement dans la tartine, avec un sourire jusqu’aux oreilles. C’était agréable de se réveiller avec un petit déjeuner faramineux et une tartine qui n’attend plus que votre bouche. « Mais la moitié est pour toi, bien sûr » Même si je l’avais imaginez, mes yeux s’illuminèrent de joie. L’appétit vient en mangeant et je m’en rendais compte avec cette simple tartine, que je finissais de manger plutôt rapidement. « Pas touche au pain au chocolat, il est à moi ! » J’ouvrais la bouche dans une expression choquée. Il ne faisait vraiment pas d’effort… et il n’était même pas galant en plus. « Pfff t’exagère ! Tu me le donnerais pas… même avec cette petite bouille ? » Disais-je, en montrant du doigt mon visage, ou plus précisément mon expression de chien battu que j’exécutais avec brio, suivi de ma fameuse petite bouille de Chat Potté. Visiblement, ça ne changeait rien : Milan allait le manger, ce pain au chocolat. Je soupirais, vraiment déçue par mon partenaire : je me rabattais sur une nouvelle tartine que je recouvrais de confiture. En même temps, je désignais à Milan de me servir du jus d’orange. « Tu te rends compte que la finale est dans trois semaines ? » Tout en finissant de mâcher, je secouais la tête de droite à gauche. Je ne me rendais pas vraiment compte, moi qui ne me voyais pas dépasser quatre semaines tout au plus, je me retrouvais parmi les potentiels demi-finalistes. C’était vraiment quelque chose d’inespéré pour moi, de croire que je pourrai gagner le jeu. J’avalais le morceau de tartine, puis lui je lui répondais : « Non… je n’ai vraiment pas vu le temps passer… et j’ai pas envie que ça s’arrête ! » Certes je n’ai plus Artie, mais je n’ai pas non plus envie de partir maintenant, pas aussi proche du but. J’attrapai mon verre de jus d’orange que je levais un peu. « Je suis sûre qu’on va aller en finale ! »

Ouais, il avait un cœur de pierre, ouais, il souriait jamais et tout, et tout, n'empêche que la Oona, elle le faisait marrer, et sa gueule de chien battu là, lui tira un sourire irrépressible. Mais elle ne l'aurait pas comme ça. Non, non. Les pains au chocolat c'était son truc, ouaip. Il en avait pris un seul, et ce serait le sien. Voilà. « On plaisante pas avec les pains au chocolat. » Ça ne l'empêcha pas cependant de tendre la main vers un des verres propres qu'il remplit de jus d'orange, dont il tenait toujours la bouteille en main. C'est qu'elle était exigeante la demoiselle. En attendant, il se mettait à réfléchir à son aventure et tout. C'est vrai que c'était bientôt fini, nom de dieu. Au mieux dans trois semaines, au pire - et très certainement - dans quelques jours à peine. Il n'avait jamais réellement songé à ce que ça lui ferait. Il avait été franchement déçu lors de sa première élimination, certes, car partir si tôt et de cette façon était désappointant mais au fond, après plus de deux mois, serait-il aussi triste de quitter le nid ? « Ça te va bien d'être optimiste. Ouais, t'as une bouille à optimisme » qu'il fit avec une gentille pointe de sarcasme. C'est vrai que sa ganache de blondinette souriante, ça aurait été étrange qu'elle voit le verre à moitié vide. « Si seulement tu pouvais avoir raison... mais j'crois que je suis un cas désespéré ! » Reprenons... Trois nominations, plus une pas prévue entraînant son élimination par les candidats, plus dernier des notes des candidats et donc nomination d'office, sans oublier qu'il ne devait sa présence ici, avec elle, qu'à Esther qui, lors de sa dernière nomination, l'avait repêché à la place d'Elvis... Ouais, son avenir dans le nid n'était pas franchement certain. « Je compte sur toi, par contre, tu dois représenter notre couple ! » Il la vrilla d'un regard faussement autoritaire. Non mais s'il y en avait bien un - une en l'occurrence - dans le couple qui devait tenir jusqu'au bout, c'était bien elle !

« On plaisante pas avec les pains au chocolat. » Je le regardais, arrondissant exagérément mes yeux, mais les commissures relevées de mes lèvres trahissaient mon amusement. Bon, d’accord, j’abandonnais l’idée que ce petit pain puisse atterrir dans mon estomac. Je me rabattais alors sur le jus d’orange industriel, qu’il semblait bien vouloir me céder sans rouspéter. Ce n’était pas terrible, mais c’était déjà ça… et c’était assez pour trinquer à notre place en finale. Depuis le début du jeu, je m’étais toujours dis que j’allais partir dans les premiers. D’ailleurs, j’étais destinée à partir lors de la troisième semaine, mais grâce à Enya, je n’étais pas partie et finalement, je me retrouvais encore en course. Certes, depuis cet épisode, j’avais toujours cette impression que tout le monde voulait me voir sortie, mais depuis le départ du Sir, je ne souhaitais qu’une seule et unique chose : gagner la finale pour lui. « Ça te va bien d'être optimiste. Ouais, t'as une bouille à optimisme » Je failli m’étouffer en l’entendant dire ça, tandis que je buvais un peu de jus d’orange. Je venais de me réveiller et les sarcasmes ne passaient pas toujours bien à ce moment de la journée. « Moi ? Une bouille à optimisme ? Tu rigoles ! Il n’y a pas plus pessimiste que moi… » Si j’annonce que nous irons en finale, c’est juste pour me persuader que ça pourrait arriver, mais j’ai bien peur de partir ce dimanche. Certains exposent la théorie que les « gros » du nid vont s’en aller. Moi je continue de persister que ce sera les maillons faibles qui dégageront et je pense malheureusement en faire partie. Ce n’est pas méchant, mais je pense que Milan en faisait aussi partie. Raison de plus pour se serrer les coudes. « Si seulement tu pouvais avoir raison... mais j'crois que je suis un cas désespéré ! » Je croquais dans ma tartine, secouant ma tête d’exaspération. Il n’était pas un cas désespéré, ou s’il l’était, je l’étais aussi. Je ne répondais rien, mais mon expression montrait que je n’étais pas d’accord du tout avec lui. « Je compte sur toi, par contre, tu dois représenter notre couple ! » J’ouvrais la bouche, levant les yeux au ciel, lâchant en suite un rire. Nous avions résisté tout les deux à nos nominations ; je ne vois pas pourquoi ce ne serait plus le cas à présent. Je me rapprochais un peu de lui, lui donnant un coup de coude (pas trop fort quand même, pour pas le faire renverser tout le plateau, mais suffisamment fort pour qu’il puisse le sentir). « Je te dis qu’on va aller en final à deux ! T’es obligé de me suivre… et puis ça se peux que tu sois le seul rescapé de notre couple ! » Non mais oh !