Gabrielle

Jeudi, déjà jeudi. Bordel, les jours défilaient à une vitesse folle. La semaine était tout de même sacrément entamée et dans quelques jours, notre aventure prendrait fin. Pour de bon. Si j'en avais bien bavé et chié comme il faut au cours de celle-ci, ce nid allait tout de même me manquer lorsque je serais amené à le quitter. Mais nous n'en étions pas là, j'avais encore un peu de temps avant de devoir boucler ma valise et ne devais penser qu'à profiter des quelques jours qu'il me restait. En quatre jours, on pouvait en faire des choses, tout de même. On pouvait faire la fête et boire comme jamais, manger à s'en exploser l'estomac, courir tout autour du manoir jusqu'à en cracher ses poumons... Non vraiment, je pouvais encore faire pas mal de choses avant de dire adieu à Cupidon. L'une d'elles avait été de me rendre sur la terrasse, afin de prendre un peu le soleil. Pour tout dire, je n'avais jamais réellement profité de celui-ci depuis mon entrée dans ce jeu, lui préférant constamment l'ombre et les espaces fermés. Là, j'allais faire une petite exception car bientôt je ne pourrais plus profiter du soleil Irlandais vu de cette terrasse. Je me rendis donc sur cette dernière, et tombai alors nez à nez avec Gabrielle, assise sur le rebord de l'un des bassins d'eaux. Qu'elle fasse attention, parait que l'eau ça mouille... Hum. Je m'approchai donc de la demoiselle. « Hey salut belle rousse ! » Mmm, non. Pas très convaincant. « Heu attends je la refais... Bonjour Gabrielle ! Alors, on fait quoi de beau ? » Oui, c'était bien mieux, non ? Nous avions eu un petit différent précédemment et ma foi je ne pouvais pas faire comme si rien ne s'était passé... Après allait-elle accepter ma présence en ce lieu avec elle ? Rien n'était moins sur, mais je prenais tout de même le risque.

Plus que quelques jours, et elle pourrait quitter ce chateau, et croyez-moi, elle en avait vraiment envie, elle ne pouvait plus supporter cet enfermement permanent, la rousse a des envies de libertés. Elle veut pouvoir aller où elle veut, sans se soucier des caméras, ou des autres. Oui, ça lui tarde, vraiment, elle veut aussi rentrer en France, parce qu'elle en a marre de parler anglais pour se faire comprendre.
Gabrielle a du mal à rester enfermée désormais, elle passe la plupart de son temps dans le jardin, ou même sur les falaises, tout simplement assise sur les falaises, c'était calme, ça faisait du bien. D'ailleurs, elle a décidé de sortir un peu cette après-midi, Gabrielle vole le paquet de clopes de Syssoï et va prendre l'air sur la terrasse. Elle a juste
le temps de s'asseoir qu'elle voit Ruben surgir à ses côtés.
« Hey salut belle rousse ! » Hm non ! La rousse fait une moue pas très convaincue, c'est quoi cette approche là, c'est carrément naze même, heureusement que Ruben l'a saisit, et se reprend de justesse. « Heu attends je la refais... Bonjour Gabrielle ! Alors, on fait quoi de beau ? » Bon, c'est à peine mieux, mais la bonne humeur de Ruben est étrange, au prime, c'était une épave, bizarre. La rousse l'accepte silencieuse à ses côtés, sans rien dire. « On fume. » répond t-elle comme si s'agissant d'une évidence avant de tirer une clope de son paquet, et de l'allumer. « Bon qu'est-ce qu'il t'arrive ? C'est limite si tu te mets pas à sifler de bonne humeur. » lui demande t-elle, en affichant un léger sourire moqueur.

Je n'avais pas parlé à la belle rousse depuis, pfou, le jour où j'avais eu l'idée tout à fait saugrenue de l'enfermer dans la cabane en bois. Ou alors nous avions été amenés à communiquer depuis et dans ce cas, j'étais soudain victime d'un trou de mémoire car c'était bien le dernier échange avec Gabrielle que j'avais à l'esprit. Un échange des plus tendus, durant lequel je n'avais pas franchement été très sympathique. Lourd, en revanche, je l'avais été et pas qu'un peu. En découvrant donc la rouquine sur cette terrasse cet après-midi, je m'étais aussitôt demandé ce qu'elle pouvait bien y faire, seule. « On fume. » Au soleil ? Mmm, et moi qui croyais que les rousses avaient une peau très fragile qui réagissait mal face à celui-ci. Peu importe. « Ma parole, je me demande si il y a quelqu'un ici qui ne fume pas en fait. À part moi. » Je fumais, mais disons que j'étais sur le point d'arrêter. Le tabac n'était pas bon pour moi. J'avais commencé à fumer trop tôt et il était maintenant grand temps de mettre un terme à ma consommation quotidienne en clopes. J'étais en train de réduire d'ailleurs, ce qui n'était pourtant pas évident. Mon air enjoué avait semble-t-il quelques peu intrigué Gabrielle. « Bon qu'est-ce qu'il t'arrive ? C'est limite si tu te mets pas à sifler de bonne humeur. » Ah j'étais de bonne humeur ? Je ne m'en étais même pas rendu compte en fait. Mais si je respirais la joie de vivre, tant mieux. « Il m'arrive rien de bien particulier. Je suis pas plus heureux qu'un autre jour, pas plus malheureux non plus cela dit... » J'étais sincère hein, au cas où l'idée lui serait venue de vérifier la véracité de mes propos en portant son attention sur mon visage ; petite référence à son secret. « Mais tu tombes très bien. Parce que j'avais quelque chose à te dire, vois-tu. Qu'est ce que c'était déjà ? Rah, attends ça va venir... Ah oui ! Pardon. » Vous avez bien entendu, je venais de m'excuser auprès de Gabrielle. Pourquoi ? C'était évident, non ? « J'ai pas eu l'occasion, ou n'ai pas pensé à m'excuser pour l'autre jour, tu sais, l'interrogatoire... J'ai été franchement con et je m'en excuse. Et c'est pas des excuses bidon proférées en l'air histoire de me soulager un peu la conscience. Je suis on ne peut plus sincère en disant cela, et espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. » Au fond j'aimais bien Gabrielle, même si tout n'avait pas toujours été très rose entre la rousse et moi. Aujourd'hui j'avais décidé de ne plus m'intéresser à son histoire avec Jackson, celle-ci ne semblant d'ailleurs plus tellement d'actualité d'après les dires. Je m'étais excusé, on pouvait noter un sacré effort de ma part tout de même. Après Gabrielle allait-elle m'accorder son pardon... ça c'était une autre histoire.