JAMIE

Je n'ai pas touché à ma valise depuis le prime. Cela va faire près de quatre jours qu'elle se contente de trôner fièrement dans un coin de la pièce, attendant docilement de se voir déballée. Certes, il y a bien les nominations censées tomber le soir même qui auraient pu être argument pour la laisser une journée de plus à sa place, attendant de voir si je ne risque pas de devoir la refaire aussi sec, mais j'ai l'impression que sa présence en gène certain. Le dressing est grand, mais pas encore assez pour supporter la bonne trentaine de candidats qui se retrouvent bêtement au même endroit, lors des "heures de pointes" du genre pré-soirée. Et dans ces moments-là, mon bagage tout de même particulièrement conséquents ne font pas vraiment l'unanimité. Je l'attrape, le tire non sans difficulté jusqu'au coin qu'on m'a assigné, avant de m'agenouiller sur l'épaisse moquette. Je sors, j'empile, je sors, j'empile chaque affaire qui me tombe sous la main et vu le nombre de vêtements que j'ai réussi à caler à l'intérieur de ma valise, je risque d'en avoir pour longtemps. Tandis que je m'entoure de mes nombreuses paires de chaussure, l'ombre d'un candidat vient assombrir le sol, que je me suis déjà majoritairement approprié pour y déposer mes affaires. « Je peux t'aider ? Tu veux peut-être m'emprunter des vêtements. Tu serais très jolie là-dedans... » je déclare, non sans avoir jeté un coup d'œil dans mon dos, tout en montrant du bout des doigts des chaussures aux talons vertigineux.

Jeudi, jour des nominations à c'qui parait. Boh, rien à foutre. Je n'avais pas peur de passer à la trappe car je savais que je n'étais pas dans les visés de la semaine. Après tout il y avait bien moins intéressant que moi n'est ce pas ? Longeant l'une des chambres principales de la maison, je ne tardais pas à rejoindre le dressing après avoir quitté la salle de bain. Là, une chevelure blonde m'adressait la parole. « Je peux t'aider ? Tu veux peut-être m'emprunter des vêtements. Tu serais très jolie là-dedans... » me dit-elle en désignant une paire d'escarpins aux talons à en couper le souffle. Regardant un instant mes pieds, en souffrant déjà presque, je reposais par la suite mon regard sur la jeune femme « Hum... pour le bien de mes pieds, ainsi que de tes chaussures, j'crois qu'on va éviter. » lâchais-je de ma voix grave habituelle. Pour tout vous dire si j'étais venu ici, c'était dans un premier temps pour choisir quelques vêtement à porte, car croyez le ou non, je n'étais à l'heure actuelle vêtu que d'une serviette autour de la taille. Problème de passage, la jeune femme bloquait presque toute la pièce avec ses affaires installées un peu partout sur le sol. Tant pis, j'allais devoir les enjamber, je ne sais trop par quel moyen mais j'trouverais. « T'as conscience que j'suis à moitié nu et que pour traverser en toute dignité, je vais devoir retirer cette serviette si tu ne dégages pas le passage dans les prochaines secondes n'est ce pas ? » lâchais-je alors sur un ton amusé à l'adresse de la jeune femme dont le nom m'échappait encore. Dur dur de se souvenir de tout le monde ici. Mais bon, je n'étais plus à une exposition près.

Je continue à vider ma valise, vêtement par vêtement, avec une lenteur résistant à toutes épreuves et sans un regard de plus à l'adresse du nouvel arrivant. « Hum... pour le bien de mes pieds, ainsi que de tes chaussures, j'crois qu'on va éviter. » me répond-il avec perspicacité, ce qui a pour résultat de me faire rire doucement.« Ne seriez-vous pas un peu présomptueux quant à la taille de vos extrémités, monsieur ? » je le questionne, l'air de rien, bien qu'il ne soit guère compliqué de comprendre que l'extrémité dont je parlais ne se trouvait pas être simplement ses pieds. « T'as conscience que j'suis à moitié nu et que pour traverser en toute dignité, je vais devoir retirer cette serviette si tu ne dégages pas le passage dans les prochaines secondes n'est ce pas ? » Je lève les yeux au ciel machinalement, bien qu'il ne puisse pas voir mon visage de sa place. « Ce n'est pas comme si j'avais jamais vu d'homme nu de toute mon existence. » je marmonne plus pour moi que pour mon interlocuteur. Je pousse un long soupire fatigué à l'avance, puis je tourne la tête vers le jeune homme pour lui demander avec davantage de sérieux, parce que je crois que je verrais rouge si je devais me promener les fesses à l'air devant les caméras. « Tu veux vraiment que je pousse mes affaires ? Ca serait légitime compte tenu de tes soucis de tailles... » je me permets de rajouter, railleuse.