Malo ~ La salle de Musique [Le 30/05 vers 15h]

Je me retrouve là, dans cette salle de musique, à ne rien faire. Autour de moi, y’a des instruments dont je ne pige même pas le nom. Je vais m’abstenir d’y toucher, je n’ai pas envie de foutre le bordel dans cette nouvelle salle. Je parcours l’espace clôt avec mes yeux et là, ma feuille de papier et mon stylo à la main. Mes yeux atterrissent sur un piano imposant. Voilà, je viens de trouver ma table. Je me lève et j’ajuste un tabouret pour pouvoir poser ma feuille et commencer à rédiger ce que j’ai envie d’écrire. Faut dire que j’ai pas encore d’idées… Qu’est ce qui m’a pris de vouloir écrire quelque chose d’aussi complexe que ça. Bon, je me gratte la tête ; par quoi vais-je commencer ? Faut bien faire une intro non ? Je m’assure que le stylo écrit bien et je commencer à gribouiller sur la feuille mes motifs hiéroglyphiques étranges. C’est un stylo à encre, et avec mon écriture moche et illisible, mes symboles bizarroïdes et d’une autre planète, la feuille passe vraiment un sale quart d'heure. La porte vient de s’ouvrir, et c'est Lamo qui vient de nous faire part de sa magnifique présence. Ouais, Lamo, l’anglais avec le truc spécial entre la langue. Je lève mes yeux vides vers lui. Tu tombes bien Lamo, même très bien. J’aurais besoin de toi et de tes phrases à huit milles dollars pour rédiger mon poème. « Toi. » Je t’avais pas dit qu’on allait se rencontrer à nouveau mon petit... Je pose mon stylo à encre sur la table du piano, près de la feuille. « Aide-moi » C’est clair non ? Faut que j’explique là ? Pas la peine, j’ai tout dit. Non faut que je lui précise. Lamo, il a beau être un intellectuel, avec moi il comprend quedal. « Je veux écrire un poème. » Troisième phrase d’affilée… Je sais pas ce que j’ai manger ce matin, ma langue semble plus à l’aise, surement à cause du besoin naissant de se voir attribuer les mots fabuleux de ce beaux-parleurs… Je crois avoir tout dit là. J’espère qu’il ne va pas me faire l'une des nombreuses tentatives de fuites inutiles auxquels je n'y prête aucune attention, mais ça m’évitera de partir le chercher et le ligoter pour demander un poème en rançon. Je demande pas trop, juste un poème et après il peut se barrer si il le veut. D'ailleurs, je viens de tomber sur la personne idéale pour mon poème… Je ne pouvais pas espérer mieux, franchement. « Si tu m’ennuies, je te jette par la fenêtre. » Alors, tu crois être apte de remplir la tâche incombée sans m’emmerder ? Tout dépend de ce que tu vas me sortir Lamo …

Un sourire satisfait sur ses lèvres, il brandit avec fierté la robe qu'il a fini de confectionner. Il l'examine avec son œil aguerri, enlève un énième fil qui dépasse de l'étoffe avec le ciseaux de couture. Il caresse le tissu et le dépoussière délicatement. Il range sa dernière création dans une boîte prévue à cet effet et colle une étiquette sur le couvercle où est indiqué le nom de celle qui va recevoir ce cadeau. Il ferme son placard et se lève en étirant ses bras. Sa canne à la main, il descend les escaliers pour se diriger dans la cuisine. Il croise des candidats qu'il salue d'un geste amical et chaleureux. Il ouvre la porte du réfrigérateur, il tend sa main pour prendre une brique de lait. Il en verse le contenue dans un verre, il le boit avec délectation. Il soupire de soulagement. Il finit son verre lait qu'il nettoie avant d'aller se réfugier dans la salle de musique. Pour jouer du piano. Il remonte les escaliers. Il marche le long du couloir, il ouvre la porte de la pièce et entre. Son corps fige sur les pas de la porte. Il reconnaît le dos de l'homme près du piano. Il déglutit. Il est sur le point de rebrousser chemin qu'il l'interpelle. - Toi. Le couturier se retourne. Personne. C'est bien à lui qu'il s'est adressé. Il s'avance vers le centre des lieux, en prenant soin de ne pas croiser son regard. Il pose son regard bleuté sur la feuille sur laquelle il est en train de griffonner ce qui semble être des symboles. - Aide-moi. Il arque un sourcil, décontenancé. - Je veux écrire un poème. Un poème ? Il veut écrire un poème ? Si il ne l'aide pas dans la minute qui vienne, le jeune homme va se retrouver propulser de l'autre côté de la pièce. - Si tu m’ennuies, je te jette par la fenêtre. Apparemment, il n'a pas le choix. Il hausse des épaules et s'approche du dénommé Ezéquiel en laissant entre eux une espace de sécurité. Au cas où. On n'est jamais trop prudent. Sa présence colossale pourrait le broyer à n'importe quel moment. Avec prudence, il demande : - Ce serait un poème pour qui, si ce n'est pas indiscret ? Fébrile, il passe sa main dans ses cheveux blonds et observe en silence la réaction de son interlocuteur. Froide comme à l'accoutumée.

Spoiler:

Un poème ne peut pas s'improviser ainsi. Il lui faut un peu de temps pour faire quelques vers. En y réfléchissant bien, il n'est pas obligé de s'imposer des contraintes. Il peut autant écrire en prose qu'en vers. Le vers est le plus majestueux que la prose selon le couturier. Il opte ainsi pour le vers. Il sortit un crayon de la poche intérieure de sa poche. Il saisit une feuille blanche. Ce n'est qu'un brouillon pour l'instant. Il griffonne pour tester son stylo. - Un poème pour Anabel. Il acquiesce en silence. Un poème pour une femme. Ce sera moins compliqué à faire. Enfin, presque. - Je commence par quoi. Il a rencontré Anabel une nuit et s'est très entendu avec celle-ci. Il souvient de la manière dont elle rougit, des yeux verts et de son sourire adorable. Ce qui surprend le jeune homme le plus, c'est que son interlocuteur semble être attiré par la belle. - Je commence par quoi. La voix monocorde et âpre d'Ezéquiel le sort de ses réflexions. - Avant de commencer, il faut que je te pose quelques questions. C'est grâce à tes réponses que j'arriverai à t'aider à écrire ce poème. Tout d'abord, qu'est-ce que tu veux lui dire à Anabel ? Il se rapproche un peu du colosse, il prend ainsi un risque de se retrouver rapidement six-pieds-sous-terre. Pour l'instant, l'animal semble calme. Il essaie de se détendre, car il a besoin de toutes neurones pour écrire le poème. - Ressens-tu quelque chose de spécial pour cette jeune femme ? , demande-t-il avec douceur.

Lamo s’exécute enfin. Je crois qu’il va vraiment pas me décevoir, car juste avec son éloquence et son style, il me donne un aperçu en prévisualisation direct, c'est-à-dire un poème qui déchire et dont je vais certainement plagié pour mon propre compte et mes propres bénéfices. Il va pas pleurer Lamo car lui il a la chance d'en écrire des dizaines, alors que moi, c'est quasi-impossible de le faire, ne serait-ce qu'une fois. Le nègre, c’est pas moi cette fois, mais lui. Maintenant, écris petit connard. Il ressort un stylo qu’il teste sur une feuille blanche. Il s’approche. T’inquiète je vais pas te manger Lamo, tant que t’écris ton bordel sur la feuille, ça me convient et tu découvriras jamais le chemin de la fenêtre. Après, il me pose une question sur ce que j’ai réellement envie de lui dire. Bah franchement, j’ai vraiment rien envie de lui balancé à cette conne, c’est juste que l’idée de lui écrire un poème m’est passé par la tête et puis pam, y’a Lamo et son style Treizième siècle qui vient d’apparaitre en plus. Et puis j’ai lu dans mes bouquins ‘Comment créer des liens ?’ qu’écrire un poème aidait les deux personnes à se rapprocher amicalement, et ainsi créer des liens. Donc j’écris un poème --> Je crée des liens. C'est comme ça comment je le conçois moi. On a pas précisé dans le livre ce qu’on devait écrire, donc je comprends que l’auteur nous a laissé la liberté de choisir le sujet. Et puis, je lui ai pas dit d’écrire et de la fermer ce Lamo ? Il m’explique que c’est grâce à mes réponses que le poème prendra forme. Ok, si c’est comme ça, j’accepte de répondre. « Je veux rien lui dire. Je veux juste écrire un poème pour elle. » C’est pas clair ça ? Puis excusez le style, c'est mon niveau ça, donc soyez indulgent bande d'abrutis. Bon, il poursuit avec son interrogatoire bidon, comme s'il prenait comme prétexte le poème pour me soutirer des informations le p’tit con. Quelque chose de spéciale en cette conne ? Il est sérieux le Lamo ? Est-ce qu’on parle de la même personne au moins ? « Je ne ressens rien. Je veux juste écrire un poème, pour Anabel. » C’est pas difficile ça ? Après, ce que cette fille m’évoque ? M’ouais elle m’évoque plein de trucs à la fois… « La baise, le sexe, la mort, la souffrance, l’humiliation, la destruction, le massacre, l’annihilation, l’extermination, l’incinération, la pulvérisation, la désagrégation, le ravage, l’accouplement, la possession, la crémation, le cataclysme… » C’est bon c’est assez pour te mettre dans le bain ou j’en rajoute ?