HAMOUD

« Hep Hamoud, arrête de tirer la gueule, j'ai un truc pour toi ! » ouais parce que ça faisait quelques jours qu'il avait l'air de mauvaise humeur, à croire que le nid n'était pas assez bien pour monsieur. Qu'elle était mon idée ? J'sais pas, juste le temps d'une fois, j'avais envie d'être moi. De m'amuser, de profiter ouais, tout simplement. Alors j'avais fourré un instant les mains dans mes poches, me dirigeant vers la cuisine avant de les dégainer pour saisir quelques boites d'oeufs. Là, je lui en filais deux, et m'en saisissais à mon tour du même nombre. De toute façon on s'en fout, c'était pas nous qui payons la bouffe. « Suis moi petit, j'vais t'apprendre à toi, cuisinier de pacotille comment on fait un bon repas ! » sur ce, un éclatant sourire se dessina sur mon visage. Oui, ça sentait le coup fourré à plein nez, d'autant plus que je n'étais pas réputé pour avoir des talents culinaires hors norme. Il faut dire que j'avais grandi dans un cocon familial où même mes parents ne connaissaient pas le mot "cuisine". En effet, nous arrivions que la table était déjà presque dressée. Triste. Heureusement pour moi, j'étais doué pour beaucoup d'autres choses, comme le bricolage. Ouais, dans l'ensemble je savais me débrouiller tout seul, comme un grand. Remarquez, après avoir dormi près d'un an et demi dans la rue, j'avais plutôt intérêt d'être autonome. Arrivant dans la chambre, me plantant en plein milieu de celle ci, je fis face au candidat. « Bon, lâche toi. J'te donne l'occasion de faire ce que tu veux, t'as deux boites d'oeufs entre les mains, t'es armé jusqu'aux dents ! » continuais-je en un sourire, l'air tout de même déterminé « Bon par contre, avant, on va s'assurer que personne ne vienne nous déranger. » là je grimpais sur une chaise, placée non loin de la porte. Entrouvrais légèrement celle ci et y plaçais une boite ouverte d'oeufs en équilibre, un piège parfait n'est ce pas ? « J'crois que l'intrus ne s'en remettra pas. »

J'ai les yeux rivés sur ce poignet gauche vide de toute gourmette depuis Dimanche, ainsi que sur ce doigt adjacent qui ne porte rien de plus. C'est à ce moment que Jamie débarque dans la pièce où je suis tranquillement installé. « Je t'ai déjà demandé d'arrêter de m'appeler Hamoud, Jimmy Neutron. » Je soupire au candidat qui vient m'apostropher de bon matin avec une drôle d'idée derrière la tête, je le pressens. J'ai un don pour ces choses-là, puisque je suis moi-même un mec avec plein d'idées bizarres derrière la tête. Aussi je ne me redresse pas tout de suite quand le jeune homme me fait signe de le suivre, et m'accorde quelques micro-secondes de réflexion avant de me lever à sa suite. On rejoint la cuisine, il me tend des boites d'œuf, j'arque les sourcils d'un air hagard. Quoi? « Tu tiens vraiment à apprendre à faire des omelettes maintenant? » Je lui demande, blasé. Non parce que ce n'est absolument pas le moment pour recevoir un quelconque enseignement de ma part. Il me répond qu'il va m'apprendre, à moi, à faire un bon repas. Alors là je ne le suis pas du tout. Il compte le concocter dans la piscine, son repas? Je suis tenté de protester mais le suis toujours aussi docilement tandis que nous remontons à pas tranquille à l'étage. Il m'amène jusque ma chambre, je commence à doucement comprendre ce qu'il cherche à me faire faire, je suis toujours autant tenté d'émettre une protestation mais n'ose pas le couper tandis qu'il m'explique avec des mots simples les raisons de sa venue vers moi. Je reste planté devant lui, yeux écarquillés. « Tu veux que je tapisse le mur de la chambre avec ça? » Je lui demande, incrédule, en levant la boite en carton sous son nez. Je reste pantois face à ce plan. Pas qu'il ne soit pas amusant, non, mais est-ce que je ne vais pas devoir nettoyer mes bêtises après ça? Jamie s'assure que personne ne viendra faire irruption tandis que moi, en pleine réflexion, je me tourne progressivement vers lui. Je souris et m'arme d'un petit œuf avant de l'appeler. « Ne bouge pas, tu es pile dans ma ligne de mire. » Je tends le bras et balance aussitôt mon projectile qui, avec force, s'éclate contre le derrière du jeune homme. Je m'esclaffe. C'est bien plus distrayant ainsi. « Pour que tu retiennes mieux mon prénom à l'avenir. Et celui-ci... je ne le justifie pas! » Je fais avant qu'il ne s'échappe en balançant un nouvel œuf. Il s'écrase sur la porte, on pourrait croire que je me suis raté mais c'est tout le blanc et le jaune qui arrose le visage du beau gosse qui pensait l'avoir esquivé. Je jubile et me recule un peu.

« Je t'ai déjà demandé d'arrêter de m'appeler Hamoud, Jimmy Neutron. » doux Jésus, il était vraiment de mauvaise humeur ! Un sourire se dessinait néanmoins sur mon visage en écoutant le jeune homme, au moins il avait du répondant. Bon pas certainement le meilleur que j'avais pu entendre jusqu'ici, je vous le conçois, mais en période de trouble c'était un bon début n'est ce pas ? « Tu tiens vraiment à apprendre à faire des omelettes maintenant? » Parce que j'avais une tête à vouloir cuisiner peut-être ? Ouais bon, en général, les oeufs étaient principalement utilisés dans les repas, mais moi, c'était mes armes pour m'défouler. J'éviterais de vous parler d'un des passages les plus traumatisants de mon enfance, lorsque je jetais malencontreusement un de ces bijoux sur la tapisserie hors prix de ma mère. Crise cardiaque assurée. « Tu veux que je tapisse le mur de la chambre avec ça? » en parlant de tapisserie, voilà une idée qui ne lui avait pas échappé « C'que tu veux, la tapisserie, les lits, les valises, les sex toys d'Anabel... » oui, on les avait tous remarqué, jeune fille. Installant mon piège, penché en avant tout en faisant attention à ce que mon apraxie ne repointe pas le bout de son nez et que je ne perde l'équilibre, j'entendais alors le jeune homme gesticuler non loin de moi. « Ne bouge pas, tu es pile dans ma ligne de mire. » grimace « Oh non. » lâchais-je en un demi murmure avant d’enchaîner « Non, non, non, non ! » mais trop tard, le projectile s'écrasait sur mon derrière. Plissant le nez et fermant les yeux un court instant, je sentais le liquide visqueux dégouliner sur mon fessier. « J'ai toujours su que tu n'avais d'yeux que pour mon fessier. » lâchais-je, ironique alors qu'il reprenait de plus belle « Pour que tu retiennes mieux mon prénom à l'avenir. Et celui-ci... je ne le justifie pas! » le prochain oeuf dévia légèrement de ma trajectoire, alors qu'un léger rire s'échappait de mes lèvres. « Rat... » pas le temps de finir ma phrase que les giclée s'éparpillaient sur mon visage. Je restais là, quelques secondes en suspensions, choqué. « Ok, tu l'auras voulu. » saisissant mes munitions, je me ruais à toute vitesse sur le jeune homme, me baissant pour l'attraper pas les jambes. Là, je le soulevais quelques secondes et le jetais sur un des lits, avant de grimper à califourchon sur lui, un des oeufs à la main. « En bon cuisinier que tu es, j'suis sûr que t'as l'habitude de goûter un de tes plats avant de le servir, n'est ce pas ? Allez, c'est l'heure du casse croûte mon grand. » plaçant l'oeuf au dessus de son visage, je l'écrasais dans ma paume en fermant ma main avant de la rouvrir. Là, le liquide s'écoula lentement sur le centre du visage du jeune homme « Fais aaaaaahhh ! »