INTO THE FIRE
W/ ANDREAS, 4 JUIN (APRÈS LE PRIME)

J’en étais venu à la conclusion, en quittant le prime, qu’il vaudrait peut-être mieux que je participe à ces soirées. À chaque fois, j’avais l’impression d’être constamment mise à bout pour des détails qui m’apparaissaient insignifiants et qui prenait une ampleur considérable dès le moment où ils étaient exposés aux yeux de tous. J’étais lasse, dépassée par les évènements… et en plus de ça, mon estomac criait famine depuis au moins trois heures. De préférence, c’est mon lit que je serai allée retrouver, mais il m’aurait été impossible de dormir en ayant le ventre creux. Après un rapide passage à la cuisine, où je ne trouvais rien, dans le frigo, qui n’attire mon attention, je me faufilais dans le cellier. Oh, surprise, il n’était pas vide. Et quoi de plus agréable que de tomber sur mon si charmant partenaire ! Bien sûr, je me fis grand plaisir d’ignorer sa présence, car il était – de loin – la dernière chose que j’étais venu voir ici. Non, mon attention était attirée vers le garde-manger, alors que mes yeux le scrutait en quête de quelque chose à me mettre sous la dent, et vite. Et ce n’était pas seulement le faim qui parlait. Plus je me tenais loin de cette exécrable personne, mieux je me portais.

- excuse-moi ce début pourri :lol: -

Ce prime avait juste été interminable. Mais genre, j'avais juste eu l'impression d'être resté assis une dizaine d'heures sur le même siège tant j'avais trouvé le temps long. Il fallait savoir, aussi, que je m'ennuyais très vite, surtout quand je n'étais pas le constant centre d'intérêt de tous et de toutes. Là, je pouvais rapidement faire mon blasé. Mais bon, la soirée touchait à sa fin et j'avais décrété ne plus rien avoir à foutre sur ce plateau. Ainsi donc j'avais rejoins le château et m'étais d'emblée dirigé vers le cellier. La faim me guettait, et même s'il était tard je n'allais pas renoncer à me remplir la panse. Après tout, je n'avais aucun compte à rendre à personne ici. J'entrai donc dans la minuscule pièce bien décidé à y dénicher quelque chose de mangeable. Mais quelques instants seulement après mon arrivée, Anabel entra à son tour. Bordel. J'étais parvenu à l'éviter toute la soirée durant et voilà que nous nous trouvions confrontés l'un à l'autre dans ce présent cellier. À son entrée dans la pièce, ma partenaire ne manqua pas de me snober. Sympathique. Puis elle vint se placer devant le garde-manger. Rah, putain, juste au moment où j'avais quelque chose à y chercher, moi aussi. Je m'étais dit que, comme elle, je pouvais l'ignorer mais là, pas moyen. « Vas-y pousse-toi, tu m'gênes. » Là, j'entrepris de déplacer la demoiselle sur le côté par la force de mes bras - c'était limite si je ne la virais pas comme quelque chose d'encombrant. Car encombrante elle l'était, ah ça oui. J'avais donc accès au garde-manger, que j'ouvris ensuite avant de ne fouiller dans celui-ci. Y'avait bien quelque chose de potable là-dedans.

- arrête c'est parfait comme toujours ♥ -

Dire que je n’étais venu ici que pour un petit encas nocturne avant d’aller dormir. Et maintenant, je me retrouvais en face d’un affreux personnage que je m’évertuais d’ignorer de toute les façons possibles – et il fallait en faire, des efforts, surtout qu’on dormait dans le même lit. Visiblement, ma présence en ces lieux ne lui plaisait tout au plus que moi. On s’entendait au moins sur ça. Je m’étais postée devant le garde-manger et comptait y fouiller, en quête de quoi me mettre sous la dent, quand il s’approcha. « Vas-y pousse-toi, tu m'gênes. » « Pas question. » Il ne prit point ma réponse au sérieux, car de ses bras, il me tassa comme un vulgaire objet, comme si je n’étais rien d’autres qu’un obstacle sur son chemin. « Me touche pas ! » Et ce faisant, je me défaisais de son emprise d’un léger coup d’épaule. Je m’éloignais de moi-même vers le côté, visiblement résignée… mais en fait, j’étais loin d’avoir dit mon dernier mot. Sous mes yeux, il ouvrit la porte du garde-manger, et je soupirais. Encore une fois, mon charmant partenaire ouvert le hostilité, à croire que ça l’amusait de jouer à la vedette. « Comme toujours, y’a que toi qui compte, bien sûr. » fit-je, en rouspétant tout bas, énonçant à voix haute mes pensées sans réellement les diriger vers lui. Je marmonnais, quoi. Et m’accoudant sur le mur, je fixais mon regard noir vers lui, attendant que Monsieur se décide sur ce qu’il était venu chercher ici. S’il croyait que je partirais, le laissant en paix avec lui-même, il se trompait. Cette pièce ne lui appartenait pas, et que je sache, j’étais encore libre de circuler dans ce château librement.

Où que j'aille, où que je décide de me rendre, il y avait toujours quelque part dans ce vaste château quelqu'un pour me faire chier. Vous savez, ces individus qui se retrouvent on ne sait trop comment dans vote pattes alors que vous n'avez qu'une envie, vous en débarrasser. On les appellera vermines et ils portent d'ailleurs très bien leur nom. Anabel était l'une d'entre elles, au même titre que bon nombre de candidats en ces lieux. Que voulez-vous, c'était quand je pensais enfin ne plus être confronté à elle pendant toute une soirée qu'elle se montrait. En témoigne sa venue dans le cellier, cette nuit, au sein duquel je me trouvais seul jusqu'à ce qu'elle décide d'y faire irruption à son tour. Alors soit elle m'y avait suivi - tordue comme elle était, ça ne m'aurait aucunement étonné -, soit elle avait le don de se trouver là où on ne voulait pas d'elle. Dans tous les cas elle était fort gênante, et à cet instant précis je ne désirais plus qu'une chose : qu'elle ne monopolise pas le garde-manger car je devais y fouiller moi aussi. « Pas question. » Oh parce qu'elle croyait réellement avoir le choix ? Que nenni. Même, j'entrepris de la pousser sur le côté sans gêne - après tout, elle pouvait aller chercher à bouffer sur les étagères derrière. « Me touche pas ! » Mais c'est quelle se débattait en plus. Et un coup de coude pour bibi, un. Désormais je pouvais me servir, même si à première vue il n'y avait pas grand chose dans ce garde-manger. J'entendis alors la demoiselle murmurer juste derrière moi « Comme toujours, y’a que toi qui compte, bien sûr. » Une remarque qui me poussa à me retourner presque aussitôt. « Mais c'est quoi ton problème Anabel ? » demandai-je, sourcils froncés et dents serrées. Elle allait se calmer hein, car si elle n'était pas d'humeur ce soir il se trouvait que je ne l'étais pas non plus. En clair elle avait tout à perdre avec moi. « Me regarde pas comme ça, hein ! Quoi ? Dans deux s'condes tu vas t'poser en victime, c'est ça ? » Elle allait bien trouver quelque chose à me reprocher ce soir, comme toujours. Il fallait croire que j'étais responsable du moindre de ses malheurs. S'en était désolant et franchement pathétique.

« Mais c’est quoi ton problème Anabel ? » Oh, il a les oreilles fines, mon partenaire. Dire que j’avais prononcé ces quelques mots rien que mon attention, nul n’avait été mon intention qu’ils parviennent jusqu’à lui. Oops? Je lève les yeux au ciel, comme si la réponse qu’il attend n’était pas déjà assez évidente comme ça. « Toi. » Ça au moins le don d’être court, simple, et efficace. Une réponse concise comme je les aime. Sa seule existence, notre ‘partenariat’ forcé… tout ça, c’est un sacré boulet que je traine en permanence depuis que je suis arrivée dans cette aventure. Vraiment, Cupidon n’aurait pas pu mieux choisir pour me déplaire. Monsieur semble mécontent, mais des deux, je me demande vraiment qui est le plus à plaindre. Lui, ou moi? Je vous laisse réfléchir sur la question. « Me regarde pas comme ça, hein ! Quoi ? Dans deux s’condes tu vas t’poser en victime, c’est ça ? » Je lui jette un regard éberlué, puis laisse entendre un léger rire. Sa remarque est d’une absurdité étonnante venant de quelqu’un de supposément brillant. « En ce moment, c’est plutôt toi que je vois dans le rôle. Te plaindre, n’être jamais content, on dirait qu’y’a que ça que tu as aux lèvres. » J’hausse les épaules. Non, mais écoutez-le, ça me parait même plus qu’évident que ce pauvre petit Andreas fait tout pour que l’on soit émut par son malheur. Comme si l’univers ne tournait qu’autour de lui. « Qu’est-ce que tu fais quand quelqu’un te dit non? Tu chiales comme un gamin, tu pleurniches, jusqu’à ce que tu obtiennes ce que tu veux ? » Ça m’exaspère. Je ne sais même pas pourquoi je reste là… d’ailleurs, je crois que je vais partir. Cette petite rencontre nocturne m’a carrément coupé l’appétit. Bras croisé sous ma poitrine, je le dévisage un moment. Puis, je fais quelques pas en direction de la porte. J’attends juste sa réponse avant de m’éclipser. Pas question qu’il prenne ce prétexte pour se mettre en tête que je fuis. C’est juste que j’ai mieux à faire que de rester en sa compagnie, voyez-vous.

« Toi. » Ainsi donc son problème n'était autre que moi. Je m'en doutais un peu à vrai dire, puisqu'elle avait la sale manie de toujours reporter la faute sur son pourtant si parfait partenaire. Que voulez-vous, la demoiselle était incapable d'avoir un mot qui ne serait pas un tantinet méprisant à mon égard. Elle était comme ça, constamment prête à me mettre hors de moi quelle que soit la situation. « Moi j'considère n'avoir aucun soucis avec toi. Tes problèmes, tu te les créés toute seule ma vieille. » Qu'elle cesse un peu de me voir comme le type responsable du moindre de ses malheurs, merde. Et surtout qu'elle arrête une bonne fois pour toute de se poser en victime, ça me changerait. « En ce moment, c’est plutôt toi que je vois dans le rôle. Te plaindre, n’être jamais content, on dirait qu’y’a que ça que tu as aux lèvres. » Ah bon, moi je me posais en victime, sérieusement ? Et quand ? Qu'on me donne un exemple, car vraiment je trouvais abusé le fait de me reprocher une telle chose. « Y'a une différence entre faire constamment la gueule et se plaindre à tout bout de champ. Ouais j'ai un sale caractère, ouais j'gueule souvent pour pas grand chose. Seulement me plaindre, ah non j'suis désolé, c'est pas dans mes habitudes. » Pour le moment je tentais de garder un calme exemplaire mais quelque chose me disait que ça ne durerait pas. « Qu’est-ce que tu fais quand quelqu’un te dit non? Tu chiales comme un gamin, tu pleurniches, jusqu’à ce que tu obtiennes ce que tu veux ? » Mais elle avait fumé quoi au juste ?! Elle savait à qui elle parlait, là, au moins ? J'en doutais franchement. « Mais t'es pas bien ma pauv' fille ! Tu m'a déjà vu chialer, sérieux ? Ah d'accord, tu parlerais pas de l'aut' jour dans la chambre, et de ce fameux coup de genoux dans les couilles, hmm ? Laisse-moi te rappeller que j'me suis contenu ce jour-là. J'aurais pu... laisse-tomber, j'suis contre la violence envers les femmes 'toute façon. » En clair mes actes auraient pu dépasser mes paroles dans la chambre, mais j'avais préféré l'insulter et pousser une gueulante que la défigurer. Elle ne méritait même pas que je m'ensanglante les mains pour elle. Mais c'est qu'elle allait fuir en plus ! Ah non, nous n'en resterions pas là cette fois-ci. C'était trop facile. « Hep ! Tu restes là, cette discussion n'est pas terminée. » J'avançai en direction de la porte que j'entrepris alors de bloquer en m'adossant contre celle-ci. Plus moyen de quitter la pièce désormais - quel dommage. À présent elle pouvait bien m'arracher les yeux, me planter avec une fourchette en plastique... Je resterais contre cette porte tant que des explications n'auraient pas eu lieu entre nous.

« Moi, j’considère n’avoir aucun souci avec toi. Tes problèmes, tu te les crées toute seule ma veille. » J’haussais les épaules, ne me préoccupant pas vraiment de ce que pensait Andreas. En fait, tous les mots qui passaient outre ses bouches traversaient l’une de mes oreilles pour en sortir par l’autre, tant je n’y accordais que peu d’importance. Qu’il parle, qu’il parle… Au point où j’en étais, ces mots me paraissaient vides de sens, et tout comme lui, tout ce qu’il y a, me laissait indifférente. « Y’a une différence entre faire constamment la gueule et se plaindre à tout bout de champ. Ouais j’ai un sale caractère, ouais j’gueule souvent pour pas grand-chose. Seulement me plaindre, ah non j’suis désolé, c’est pas dans mes habitudes. » Bla bla bla, voilà ce que mes oreilles entendant. Je poussais même l’audace de le narguer, mimant une bouche parlant dans le vide de ma main. « Mais t’es pas bien ma pauv’ fille ! Tu m’as déjà vu chialer, sérieux ? Ah d’accord, tu parlerais pas de l’aut’ jour dans la chambre, et de ce fameux coup de genoux dans les couilles, hmm ? Laisse-moi te rappeler que j’me suis contenu ce jour-lè. J’aurais pu… laisse-tomber, j’suis contre la violence envers les femmes ‘toute façon. » Je tiquais sur sa dernière phrase. Ainsi donc, s’il n’avait pas eu sa ‘bonne conscience’, il n’aurait pas hésité à me frapper. C’était bon à savoir. Avec lui et Ezéquiel dans les parages, je n’étais pas à une menace près. Tout à fait rassurant. « Tu les traites comme des objets, te les approprient puis les jettent sans remord. Ce n’est peut-être pas physique, comme violence, mais reste que ça en ait. Et j’crois que c’est encore pire que tout le reste. » Je soupirais, visiblement agacée, tout en continuant mon avancé vers la sortie. « T’es qu’un salaud, en fait. De la pire espèce qui soit. » admis-je finalement, comme si c’était là une révélation que je venais d’avoir, une illumination. Mais il y avait longtemps que je savais de quelle trempe était mon partenaire. De ceux que je ne voulais pas fréquenter. J’arrivais à proximité de la porte quand un mouvement de protestation se fit entendre de la part de mon bien aimé partenaire. « Hep ! Tu restes là, cette discussion n’est pas terminée. » Et comme un effronté, il me barra la route en se plaçant tout contre la porte que je souhaitais passer, afin de m’éloigner de ce cellier et de sa désagréable compagnie. « Si tu le dis… Je n’ai plus rien à te dire. Oh… en fait, si, peut-être. » Je me positionnais face à lui, toujours bras croisé, et mon regard rivé sur le sien. « Baisable et hypocrite, hein? C’est tout ce que tu as trouvé à dire... je te croyais… hm, plus méchant. Tu gardes d’autres perles comme ça? » Il me provoquait en restant là, et j’avais les nerfs en boule. Et dans ces cas-là, tout ce qu’il pouvait y avoir de malsain en moi ressortait. Ça devait arriver une ou deux fois par année… exception faite d’ici, ou ma haine envers Andreas cultivait ce sentiment semaine après semaine.

« Tu les traites comme des objets, te les approprient puis les jettent sans remord. Ce n’est peut-être pas physique, comme violence, mais reste que ça en ait. Et j’crois que c’est encore pire que tout le reste. » Ah oui, vraiment, c'était encore pire ? Je m'en foutais pas mal, tout à fait honnêtement. Je me contentais d'agir selon mes envies sans me préoccuper de ce que les autres pouvaient penser. « T’es qu’un salaud, en fait. De la pire espèce qui soit. » Enfin elle venait d'en prendre conscience. On l'applaudie ? Non mais sérieusement, il lui avait fallu tant de temps pour s'en rendre compte, enfin ? « Libre à toi de le penser, néanmoins tu ne fais qu'avoir la même opinion que tous. » Elle se rangeait du côté de tous mes détracteurs, très nombreux ceux-là d'ailleurs. Je n'étais ni étonné, ni déçu par la révélation de ma partenaire. Ça me passait au dessus de la tête tout ça. Visiblement elle avait dans l'idée de quitter la pièce après m'avoir balancé ces petites choses en pleine tronche, seulement elle n'allait pas s'en tirer comme ça. Non, je ne pouvais admettre qu'on l'on choisisse la solution de facilité pour fuir ses problèmes. Car j'étais son plus gros problème, elle l'avait dit elle-même. J'avais donc considéré que notre discussion n'était pas terminée. « Si tu le dis… Je n’ai plus rien à te dire. Oh… en fait, si, peut-être. » Son regard en disant long sur le mépris qu'elle ressentait à mon égard sur le moment. Elle se plaça alors face à moi, probablement déterminée à dire de bien belles horreurs encore. À moins que... « Baisable et hypocrite, hein? C’est tout ce que tu as trouvé à dire... je te croyais… hm, plus méchant. Tu gardes d’autres perles comme ça? » Elle s'attendait à quoi, au juste ? Que je sorte "gentille" et "stratège", peut-être ? Et bien non, je n'avais fait qu'écouter ma raison. On m'avait appris à me montrer honnête, le plus souvent possible, alors je l'avais été. « Tu voulais qu'je sorte une nouvelle injure dans ma langue maternelle ? T'as l'air déçue là. Si tu veux qu'je sois plus méchant, t'as qu'à me le dire hein, je peux aussi l'être. » L'allemand, pour insulter, il n'y avait pas mieux. Voilà pourquoi j'affectionnais tant cette langue. « Si t'étais pas "baisable", j'aurais rien tenté dans notre lit l'aut' jour. Et si t'étais pas hypocrite, t'aurais pas été voir Tweedy un peu plus tard pour cracher ton venin. » Qu'attendait-elle de moi, au juste ? Que je me montrer plus cruel que jamais, là tout de suite ? Il ne fallait pas me le dire deux fois, en général, pour que je laisse s'exprimer le type sans pitié ne contrôlant ni ses gestes ni ses paroles sommeillant en moi. Pour peu qu'elle soit amenée à me mettre hors de moi d'ici quelques minutes, j'aurais peut-être l'occasion de me lâcher. Mais attention, y'aurait assurément un sacré bordel dans ce cellier après ça. J'étais comme qui dirait vachement impulsif, parfois.

« Libre à toi de le penser, néanmoins tu ne fais qu'avoir la même opinion que tous. » Il ne m’annonçait rien de nouveau, ce que je venais d’énoncer là, j’y songeais depuis longtemps, depuis le premier soir, ce prime où nous avions été confronté l’un à l’autre. Puis, il y avait eu ce premier matin, et tout avait découlé de là. Mon opinion avait changé à son égard. Plus le temps passait, plus je le détestais. Pour ce qu’il était, ce qu’il disait, pour sa façon d’agir et de vivre, sa façon d’être, d’exister tout simplement. Il m’exaspérait. « Si on a tous le même avis sur toi, c’est peut-être parce qu’on a raison, tu ne crois pas. La majorité l’emporte toujours. » La sagesse des foules, n’est-ce pas. Je m’éloignais alors de lui avec la ferme intention de quitter le cellier pour retrouver un brin de tranquillité, mais monsieur ne sembla pas vouloir que je me débarrasse de lui aussi facilement. C’est presque à croire qu’il aimait nos petits querelles hebdomadaires, quel sadique celui-là. Ainsi donc, nous n’en avions pas terminé… d’accord. Il voulait qu’on parle, parlons. Mais entre vous et moi, à quoi toute cette mascarade nous servirait-elle, sinon à perdre notre temps si précieux. Je décidais donc de revenir sur ses propos, diffusés au prime, qui ne m’avait point laissé de glace. Rien d’étonnant venant de sa part, par contre. Aucune surprise même. Je ne m’attendais à rien de mieux de sa part. « Tu voulais qu'je sorte une nouvelle injure dans ma langue maternelle ? T'as l'air déçu là. Si tu veux qu'je sois plus méchant, t'as qu'à me le dire hein, je peux aussi l'être. » Qu’il m’insulte autant qu’il le désire dans sa langue natale, je m’en fichais bien puisque je ne comprendrais FICHTREMENT rien à l’allemand. En dehors du français et de l’anglais, tout ce qu’il pouvait dire me laissait de marbre. « Vas-y, je n’attends que ça, de voir ce que le grand méchant loup que tu es me réserve. J’devrais peut-être avoir peur… mais tu sais quoi, ça me fait ni chaud, ni froid. » Autant je me montrais arrogante, froide, distance avec lui, que je pouvais être tout à l’inverse en présence d’un être aussi imposant qu’Ezéquiel. La différence étaient frappante et il n’était pas nécessaire de vous faire un dessin pour vous faire comprendre lequel des deux représentaient vraiment une menace. Et cette personne ne se trouvait pas devant moi. « Si t'étais pas "baisable", j'aurais rien tenté dans notre lit l'aut' jour. Et si t'étais pas hypocrite, t'aurais pas été voir Tweedy un peu plus tard pour cracher ton venin. » Encore cette histoire, il fallait qu’il la ramène dans la conversation. Bon sens, il y avait une différence entre expliquer une situation, parler de celle-ci et balancer des médisances et des insanités sur ce même évènement. Il était borné, obstiné, et refusait de croire que je disais la vérité. Oh, pour lui, tout ce que je pouvais dire en son absence, c’était des paroles pour le rabaisser. Évidemment. Je n’avais que ça à faire, peut-être. « Si t’étais pas un pervers, on en serait pas là, chéri. » Tout était de sa faute, après tout.

« Si on a tous le même avis sur toi, c’est peut-être parce qu’on a raison, tu ne crois pas. La majorité l’emporte toujours. » Je poussai un long soupire et levai les yeux au ciel. La majorité,... qu'est ce que j'en avais à foutre de ce qu'ils pouvaient bien tous penser de moi, franchement. Je ne prêtais plus la moindre attention aux critiques et aux reproches qui fusaient me concernant, et ce depuis un bon bout de temps. Même, ça n'allait plus changer maintenant. Je préférais rester indifférent face à tout ça, et considérer que je valais mieux qu'eux tous. Et c'était le cas par ailleurs. Elle avait souhaité mettre prématurément fin à cette conversation en quittant ce cellier, seulement je ne lui en avais pas laissé le temps à la demoiselle. Non, au lieu de ça j'avais fait barrage et m'étais placé devant la porte, l'empêchant ainsi de fuir comme une voleuse. Il n'était pas question qu'une fois encore nous ne parvenions pas à nous dire les choses clairement. J'en avais ras le cul de son comportement vis-à-vis de moi. Je ne pensais pas être réellement ignoble, en tout cas pas avec elle. Alors qu'est ce qui justifiait le fait que constamment elle se croyait permise de me descendre, de me dénigrer et ce devant tout le monde ? Allez savoir ce qu'elle avait encore dit à mon sujet aux autres candidats, la semaine dernière. Je n'avais hélas pas eu la chance de voir tout ça sur les écrans de la salle de vidéo-surveillance, et c'était peut-être mieux ainsi d'ailleurs. Néanmoins je sentais au fond qu'Anabel attendait réellement de moi que je sorte de mes gonds. Oh mais c'était tout à fait faisable ça, madame. Je pouvais par exemple l'insulter, une fois encore, ou calmer mes nerfs sur les boites de conserve derrière nous. Car je m'énervais doucement mais surement. Qu'on se le dise. « Vas-y, je n’attends que ça, de voir ce que le grand méchant loup que tu es me réserve. J’devrais peut-être avoir peur… mais tu sais quoi, ça me fait ni chaud, ni froid. » Et elle se foutait de ma gueule par dessus le marché. Vraiment je n'avais plus qu'un souhait, lui faire passer l'envie de se payer ma tête. Et je voulais aussi qu'elle la ferme, oui, surtout. « Non, tu voudrais pas voir ça, j'crois pas en fait. Personne ne voudrait m'voir réellement hors de moi. Toi la première. » Anabel était une petite chose fragile qui tremblait probablement à la moindre occasion. Mais il était encore préférable que je me contienne car le jour où je serais réellement amené à exploser... il y aurait du sang sur les murs. Sans déconner, j'étais loin de plaisanter. Oui elle était hypocrite, oui elle était "baisable", mais putain ce qu'elle était emmerdante aussi. « Si t’étais pas un pervers, on en serait pas là, chéri. » S'en était trop. J'avais juste envie de lui balancer un gros "ta gueule" mais à quoi bon ? Elle ne se tairait pas de toute manière et en rajouterait probablement une couche. C'est que je commençais à la connaitre la demoiselle. Plus elle voyait qu'elle m'énervait, plus elle était décidée à m'énerver encore d'avantage. Mais sur le moment il fallait qu'elle se taise, qu'elle la mette en veilleuse ne serait-ce qu'une dizaine de secondes. Je ne savais plus quoi faire pour la faire taire, alors en dernier recours j'entrepris de placer mes mains de part et d'autre de son visage, avant de ne la plaquer contre le mur pour, finalement, prendre possession de ses lèvres. Un acte désespéré et étrangement incontrôlable. Je ne réalisais pas ce que j'étais présentement en train de faire. Toujours était-il que je ne décollais pas mes lèvres des siennes,... et que je ne ressentais aucune réelle résistance de sa part.