sami, douze juin deux mille douze.

Promesse faite, promesse tenue. Et même si je ne suis pas de si bonne compagnie que je prétends l’être d’ordinaire, je me sens tout de même le besoin d’honorer ma parole, donnée à Sami, lors du prime. Mardi se déroule sous le signe de nos rencontres hebdomadaires… enfin, quand nous ne passons pas outre, comme la semaine dernière. Oubli de parcours, j’imagine. Et puis, ce n’est pas si grave, quand on y pense. Cuisiner m’offre un étrange réconfort, alors que m’autoproclame responsable du repas de ce soir. Il faut bien quelque chose pour m’occuper les mains, alors que mon esprit divague ailleurs. Bon, je fais quand même gaffe quand vient le moment d’utiliser un couteau - mieux vaudrait éviter la boucherie de la semaine dernière, n’est-ce pas Slavin? – mais pour le reste, je connais si bien ces recettes que je pourrais les faire les yeux fermés. Rien de bien complexe : poitrine de poulet grillé sur lit de salade verte, vinaigrette à la framboise, comme repas principal, et verrine de fruits pour desserts. Je suis sur le point d’en avoir terminé avec la préparation quand Sami, qui se joint à moi à la cuisine, me propose de déplacer nos installations à la plage. Pas une si mauvaise idée. J’acquiesce, trouve une boîte pour tout amener ce qui nous est nécessaire – ne pas oublier la bouteille de vin et les coupes! – puis, une fois tout en place, je suis le candidat jusqu’à la plage. Il s’est occupée du reste, pendant que j’en terminais avec le repas, et une couverture couvre déjà le sol. Avec chance, si on reste assez longtemps, on aura peut-être droit au coucher du soleil, qui sait. Je pose mon chargement sur notre table improvisé, et m’affaire à préparer le couvert. Je suis peu bavarde aujourd’hui, je suppose que Sami l’a depuis un petit moment remarqué… Ce n’est pas faute d’avoir essayer, mais les mots restent souvent coincés au fond de ma gorge. J’espère qu’il ne m’en voudra pas trop. Au moins je suis là… et c’est déjà tout un exploit.

Spoiler:

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Mardi, c'était normalement le jour cuisine et bon petit plat, accompagné de Anabel pour Sami. Ouais sauf que la semaine passée ils avaient comme qui dirait omis de se mettre rendez-vous pour leur dîner en tête à tête habituel, mais ils comptaient bien se rattraper cette semaine, comme Anabel l'avait proposée lors du prime deux jours plus tot. Sami la rejoignit dans la cuisine, la voyant terminer ses petits plats. Une idée lui vint alors en tête en considérant le soleil rayonnant qui brillait dehors, à travers la fenêtre. Il proposa alors à Anabel de déménager leurs affaires à la plage, Sami s'affairait d'ores et déjà à prendre des draps et des nappes pour qu'il puisse s'asseoir sur la plage pour manger leur petit plat à deux. Ils se rendirent là-bas, sans un mot de la part de la brunette, Sami n'osa pas broncher. Une fois sur les lieux, il déplia toutes ses petites affaires, faisant une nappe très colorée, le bruit de l'eau et le soleil étaient très agréables, ce repas s'annonçait bon quand on voyait la préparation qu'Ana avait faite. Tout serait bien.. si Anabel se déridait quelque peu. Une fois tous deux assis sur la couette-nappe, alors qu'Anabel installait les amuses-bouches, Sami brisa le silence. «T'as pas mangé un clown aujourd'hui.» lui dit-il en simple constatation, un léger sourire aux lèvres.

Sami n’a pas lésiné sur la préparation de notre espace repas, sur la plage. Je ne devrais pas être surpris : depuis notre premier repas, il m’impression avec ces installations, et moi, avec mes talents culinaires. On est une équipe de choc, je vous dis pas. Un sacré duo, même. Si jamais l’envie nous prend d’ouvrir un restaurant un jour, je sens que ce sera le plus beau – et le meilleur, évidemment. Enfin, pas que cette idée me traverse vraiment l’esprit. Pas aujourd’hui. Quand je serai plus d’humeur, assurément. Installée sur la couverture, je prépare les assiettes. Un certain silence s’est installé entre nous. Il ne dure pas. « T’as pas mangé un clown aujourd’hui. » Il tente une approche, un sourire flottant sur ses lèvres. Ma tête se tourne vers lui, et même si je ne suis souris pas – mes lèvres se sont, comme dirait, figer depuis le prime – mon regard parle de lui-même, puisqu’il n’est pas aussi sombre que d’ordinaire. Plutôt doux, même. Parce que je sais que Sami non plus ne l’as pas eu facile, dimanche. Avec le départ d’Elise – dont je sais qu’il est proche -, mais aussi de Sochanna et Katell, je suppose qu’il a quelques ressentis. « Non, j’en ai mangé deux. Mais ils n'étaient pas marrants. » Réponse de merde, mais au moins, je lui réponds. Faire de l’humour dans ma condition, c’est un peu comme tenter de faire des acrobaties en chaise roulante. Y’a comme un certain handicap. « Tiens, pour toi. » Son assiette est prête, et je la lui tends. Je n’ai pas tellement d’appétit, mais j’ai mis tellement d’efforts dans ce repas que ce serait un sacrilège que de gaspiller toute nourriture qui soit. Je pique donc un bout de poulet avec ma fourchette, puis l’approche de ma bouche, en grignotant un petit morceau, infime, même. Peut-être que l’appétit viendra en mangeant.

« Non, j’en ai mangé deux. Mais ils n'étaient pas marrants. » Hm, humour pourri bonsoir. Mais bon, Sami ne lui en veut pas, elle fait de son mieux la pauvre. « Tiens, pour toi. » lui dit-elle en lui tendant une assiette rempli du plat qu'elle avait préparé. Sami lui adressa un grand sourire. «Ca m'a l'air super bon.» fit-il en se léchant les babines. Il prit quelques bouchées, tandis qu'il observait la jeune femme, les yeux baissés, picorer un morceau de poulet cuit. Soudain, Sami lâcha son assiette, le bruit des couverts dessus résonna. Anabel sursauta quelque peu, ce bruit brisant le calme qui régnait, calme trop lourd d'ailleurs. «Bon tu me dis ce qu'il ne va pas? J'ai horreur de te voir comme ça.» C'était sincère, Sami n'aimait pas vraiment cela. C'était un peu comme une bonne copine, Ana, dans le nid, alors il s'inquiétait pour elle, oui, et le repas attendrait bien un instant.

« Ça m’a l’air super bon. » Et ça l’était aussi. S’il y a bien un domaine dans lequel je visais l’excellence, c’est bien celui-là. Quand on est passionnée, on ne compte pas les efforts, ni le temps investit. Sami semble se régaler, alors que je lève discrètement les yeux vers lui, mon bout de viande au bout des lèvres. Au moins l’un de nous deux apprécié ce repas dans toute sa splendeur. Soudain, grand fracas de son côté et je relève la tête, tâchant de comprendre ce qui s’est passé. Son regard est braqué vers moi. « Bon tu me dis ce qu’il ne va pas ? J’ai horreur de te voir comme ça. » Mon regard passe de son assiette, puis reviens vers lui, pour à nouveau se détourner vers la pauvre victime de son petit coup de gueule. « Mais elle t’a rien fait, cette assiette. » Remarque complètement inutile, et totalement à l’opposé de ce que Sami veut m’entendre dire. N’empêche, je suis encore un peu sous le choc de la réaction de mon voisin, tout ça pour me faire parler, ou quoi ? Ce n’était pas nécessaire. Il voulait savoir ce qui n’allait pas ? Une quantité inéluctable de choses. Je n’allais pas commencer à les énumérés l’une à la suite de l’autre, quand même. « C’est pas ma faute si on s’acharne constamment sur moi, à chaque prime. » que je lâche finalement. « Ça devient lourd à la fin… » Je laisse à mon tour tomber mes ustensiles dans l’assiette que j’ai depuis un petit moment délaissé. J’ai plus faim, de toute façon. Je me contente seulement de soupirer, longuement, avant que mon regard ne se baisse, quittant celui de Sami, toujours rivé dans ma direction.

« Mais elle t’a rien fait, cette assiette. » tenta-t-elle de maugréer, alors que Sami releva un sourcil suspicieux tout en la fixant. « C’est pas ma faute si on s’acharne constamment sur moi, à chaque prime. Ça devient lourd à la fin… » dit-elle enfin, crachant le morceau. Elle lâcha elle aussi son assiette, soupirant et regardant le sol, tandis que Sami la regardait, essayant de comprendre ce qui la contrariait tant. Sami ne voyait pas vraiment ce qu'il s'était passé au prime, en même temps il avait été comme qui dirait retenu aux toilettes pendant trois heures. «Hm désolé mais j'vois pas où tu veux en venir, j'ai été bloqué dans les toilettes pendant presque tout le prime, alors j'ai sûrement raté la partie qui te met dans cet état. À moins ce que ce ne soit le fait d'avoir couché avec l'allemand, peut-être, qui te met dans cet état? Je sais pas t'es bizarre, et t'expliques rien, tu gardes tout pour toi, je m'inquiète réellement, Ana.» dit Sami, avec un ton sincère et inquiet, en passant sa main sur l'épaule de la jeune femme en geste de soutien.

« Hm désolé mais j'vois pas où tu veux en venir, j'ai été bloqué dans les toilettes pendant presque tout le prime, alors j'ai sûrement raté la partie qui te met dans cet état. À moins ce que ce ne soit le fait d'avoir couché avec l'allemand, peut-être, qui te met dans cet état? Je sais pas t'es bizarre, et t'expliques rien, tu gardes tout pour toi, je m'inquiète réellement, Ana. » Sa main, tendrement, vient se frotter contre mon épaule dans un geste de soutien. Je ne m’attendais pas à autre chose de sa part. Il est, dans ce nid, un très bon ami, et même si les circonstances ne nous ont jamais poussés dans ces retranchements, je supposais – avec raison – qui se montrerait présent pour moi dans le besoin. Comme je le serais pour lui, s’il avait besoin d’une oreille pour l’écouter. « Si je regrette d’avoir couché avec Andreas… oui, bien sûr que oui. Ce n’était pas dans mes plans, d’accord, mais il n’est pas la cause de mon malheur. » Enfin, pas l’unique cause. « Il a été un connard de première comme toujours, au prime, mais bon, je commence à avoir l’habitude avec lui… » Depuis bientôt cinq semaines complètes que nous faisions équipe, que nous dormions côte à côte chaque soir, que nous nous tombions sur les nerfs, aussi. Sa grosse tête du prime, cette vantardise qu’il avait eu au sujet de notre ‘aventure’, puis les propos qu’il avait tenu envers Sochanna… la routine, quoi. Tout à fait à son image. Sami voulait savoir ce qui n’allait pas avoir moi. Je détestais parler de mes ressentiments, de ce qui m’inquiétait ou changeait mon humeur. Mais mon petit doigt me disait que mon voisin ne lâcherait pas l’affaire avant d’en savoir un peu plus. Un soupir filtra de mes lèvres. Aussi en finir dès maintenant, pour passer plus vite à autre chose. « Je digère mal… le sauvetage d’Ezéquiel. Sa présence est un poids difficile à porter sur mes épaules. Il ne s’attaquera peut-être plus physiquement à moi… mais ces paroles sont autant, sinon plus douloureuses à entendre. » J’ai encore ce goût amer dans la bouche lorsque je pense aux propos qu’il a profanés, une fois mon secret découvert. Sa conviction se lisait dans son regard, comme s’il était persuadé d’avoir raison, et convaincu que j’étais dans le tort. C’est à ne rien y comprendre.

Elle prit enfin la parole. « Si je regrette d’avoir couché avec Andreas… oui, bien sûr que oui. Ce n’était pas dans mes plans, d’accord, mais il n’est pas la cause de mon malheur. Il a été un connard de première comme toujours, au prime, mais bon, je commence à avoir l’habitude avec lui… » Elle soupira alors, comme se confiant se libérant de ses tourments à contrecœur. « Je digère mal… le sauvetage d’Ezéquiel. Sa présence est un poids difficile à porter sur mes épaules. Il ne s’attaquera peut-être plus physiquement à moi… mais ces paroles sont autant, sinon plus douloureuses à entendre. » Sami fit alors une petite moue, il comprenait totelemen l'inquiétude de la jeune femme. «Désolé, je.. je pensais que c'était avec Andreas. Ce type est un connard mais ça tout le monde le sait. Pour Ezéquiel, je ne comprends pas non plus comment les gens ont pu voter pour lui, ça aurait pu épargner Elise peut-être d'ailleurs, qui sait.. Il ne s'attaquera plus à toi, et il n'a pas intérêt à être méchant dans ses paroles, sinon tu restes non-stop avec moi et dès qu'il tente quelque chose, je lui botte le cul.» dit Sami, essayant de faire sourire la jeune femme, se déplaçant, se mettant assis à côté d'elle, et amenant la tête de la jeune femme sur son torse histoire qu'elle se sente en sureté.

Mes craintes au sujet d’Ezéquiel n’étaient pas mon seul souci, loin de là… mais il s’agissait tout de même d’un pivot presque central à tous mes soucis. Et si jusqu’à présent, mon secret et lui n’avait eu aucun lien, il avait su me prouver le contraire au prime, dans sa façon d’agir, et surtout, de réagir face à cet annonce. Me faire traiter de menteuse, en pleine heure de grande écoute, devant je-ne-sais combien d’auditeurs, n’avait rien de flatteur. Bien au contraire, ça m’avait blessé. Plus que n’importe quoi d’autres. « Désolé, je.. je pensais que c'était avec Andreas. Ce type est un connard mais ça tout le monde le sait. Pour Ezéquiel, je ne comprends pas non plus comment les gens ont pu voter pour lui, ça aurait pu épargner Elise peut-être d'ailleurs, qui sait... Il ne s'attaquera plus à toi, et il n'a pas intérêt à être méchant dans ses paroles, sinon tu restes non-stop avec moi et dès qu'il tente quelque chose, je lui botte le cul. » Après Keelan, voilà que Sami aussi se mettait dans le rôle du protecteur. J’aurai bientôt droit à des gardes du corps, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, si ça continuait ainsi. Se mouvant un peu, il s’installa à mes côtés et, passant son bras autour de moi, me colla tout contre son torse, protecteur. « Je suis désolé… pour le départ d’Elise. Ça n’a pas dû être facile à vivre. Vous étiez… proche, non? » Il était tout aussi proche, à mon souvenir, de Katell – sa partenaire – et Sochanna, mais avec Elise, tout le monde avait bien vu qu’il se passait quelque chose… de plus. Appelez ça un coup de foudre, si vous voulez. Il était tellement dommage que les deux filles aient été obligé de partir, alors que dans le coin rodait toujours un monstre sans pitié.

« Je suis désolé… pour le départ d’Elise. Ça n’a pas dû être facile à vivre. Vous étiez… proche, non? » dit alors la jeune candidate, une fois blottie contre le torse du tatoué. Hm, sujet qui fâche, enfin qui rend triste plutôt. «Oui on était proches, j'aurais voulu que ça se termine autrement, et surtout plus tard. J'espère que j'aurai l'occasion de la revoir dehors. Elle.. me plait vraiment, même si elle est plus jeune. Ce sont des choses qui arrivent j'imagine..» fit alors Sami, se confiant quelque peu à la jeune femme. Sami adressa alors un sourire à Anabel, la regardant dans les yeux. «Et sinon c'est pas pour t’embêter, mais comment ça se fait que tu as couché avec Andreas?» demanda Sami, cherchant juste à comprendre, regardant d'un oeil le plat de la belle, celui qu'elle avait gentiment préparé avec amour, son ventre fit alors un bruit sourd, oui maintenant il avait faim.