→ Nous ne faisons que passer dans l'ombre sous la lumière
le 11/06 à 02h30
avec Jamie.

J’ai demandé à Jamie de m’emmener ailleurs, de quitter le prime. Il accepte automatiquement. Je suis touchée, mais ca ne m’étonne pas, parce qu’au fond, Jamie, il est gentil. C’est-ce que je pense. Avec moi, il l’est, alors ca me suffit. Il m’annonce qu’on va se reposer. Ce doit être la meilleure idée des dix dernières minutes. La bonne idée. Le sommeil réussirait peut être à effacer les événements du prime. En fait, j’ai envie d’oublier les derniers événements du prime. On quitte les lumières du plateau, repasse dans l’ombre. Un court instant cependant. Toujours dans les bras du jeune homme, je resserre légèrement ma prise. J’en viens même à fermer les yeux. Lorsqu’il pose un premier pied dehors, la légère brise vient effleurer ma peau. Et, réticente, j’enfouis mon visage dans le cou de brun. Je veux qu’on me laisse tranquille. J’ai même pas envie de parler. Si je parle, ce sera pour insulter. Il continue d’avancer. Je demeure donc silencieuse. Quelques minutes filent, on traverse le parc, atteint le château. « Je retire ce que j’ai dis, tu es galant » je finis par lui glisser d’une petite voix alors qu’il s’attèle à monter les marches de l’escalier. Je lève les yeux vers lui, et esquisse un fin sourire lorsque nos regards se croisent. Et, quelques minutes plus tard on atteint la chambre. Le jeune homme finit par me déposer. Mes pieds retrouvent contact avec le sol. Face à lui, je me hisse jusque sa joue pour déposer, à nouveau, mes lèvres. Aucun mot ne pourrait exprimer ma reconnaissance présentement. La seconde d’après je me laisse tomber, toute habillée, sur le lit. Mes prunelles se posent sur le plafond blanc. « Pourquoi il n’a pas dit au revoir... » je murmure la gorge serrée, une nouvelle larme s’échappant. Cependant, je ne lui laisse pas le temps d’aller plus loin que je l’essuie d’un revers de main. La question qui me taraude depuis plusieurs minutes finit par s’échapper de mes lèvres. Jamie ne doit sans doute pas avoir la réponse pour cela que je ne m’attends pas tellement à ce qu’il réponde. Mais le dire à haute voix sert à extraire la chose.

Cette question va tourner encore longtemps dans ma tête. Techniquement jusqu’à ce qu’elle trouve une réponse. Mais, la petite voix dans ma tête me dit que cette question n’en trouvera jamais de réponse. Du moins, pas avant longtemps. Et si jamais je revois, un jour, le jeune homme. C’est frustrant de se dire qu’on ne sait pas, frustrant de rester dans l’ignorance. Voilà ce qui me conforte dans l’idée que j’aime apprendre, j’aime être curieuse, j’aime assouvir mon désir de science. Ce que l’on peut penser de ça, je m’en fous au final. Petit rat de bibliothèque et très fière de l’être. Ca m’évite ce genre de situation où je torture mon esprit voire même mon âme. Parce que oui, à force de trop creuser, d’user mon esprit, j’finis par écorcher d‘une pression légère, du bout de l’index mon essence même. Donc oui, je veux comprendre pour avancer, pour ne pas subir les choses. Et, quand bien même je les subirais, je saurais pourquoi. Ainsi, la connaissance permet l’acceptation plus facile de ce qui nous entoure, de ce qui nous arrive. Or, là je ne sais rien. Je soupire légèrement. C’est un mélange de sensation assez amer qui me reste dans la bouche. Aussi, du coin de l’œil, j’aperçois Jamie qui s’installe au bord du lit. Je me décale légèrement pour lui laisser la place qui lui appartient. Et, émet une hypothèse qui me parait peu convaincante. Je reporte mes prunelles vers le plafond pour reconsidérer la chose. « C’est ridicule…il aurait expliqué, je, on aurait compris » je réponds alors d’une voix légèrement tremblotante avant de me redresser, assise sur le lit alors que mon partenaire s’allonge. J’ai souvent la présence d’esprit d’acheter et porter des pulls trop larges. C’est la mode comme dirait l’autre. L’autre c’est l’abruti du coin. Ceci dit, c’est plus parce que je me sens à l’aise dans ce genre de vêtement, que je me sens moi la dedans, que par vanité ou par envie de rester ‘in’ que je les porte. Puis, comme dirait Coco Chanel: la mode se démode, le style jamais. Soit. Tout cela pour dire que je finis par retirer mon pantalon noir. Le top large tombant sur mes cuisses fera office du t-shirt qui, d’ordinaire, me sert de pyjama. Après quoi, je me rallonge auprès du jeune homme. Puis, Jamie me confie qu’il se sent coincé. Je sais de quoi il parle. Je tourne le visage vers lui, me pince les lèvres, avant de me rapprocher de lui. On avait beau être partenaire depuis qu'une semaine, faut pas croire, on parle beaucoup. Son ’encore’ m’interpelle. « Dis toi que tu te débrouilles bien, très bien même, c’est le principal. N’oublie pas » je réponds, tentant de le remotiver, me redressant sur un coude pour capter son regard. Quand tout va mal, il faut se rappeler tout ce qui va bien. J’esquisse même un sourire bienveillant, confiant, avant de tapoter légèrement son nez de mon index. « Que disent les dés ? » je lui murmure ensuite en me rallongeant. Se rassurer et chercher du réconfort auprès des chiffres. C’est quelque chose, qu’au final, nous avions en commun. Bien que cela s’exprime de manière différente.