NORA.


Je ne suis jamais allée m’aventurer près du lac, étrange sachant que cela fait presque un mois et une semaine –admirer ma précision- que je suis dans la maison. Je vais vite résoudre le problème. J’attrape ma veste, parce qu’il y a une légère brise, et je sors dehors, je me promène quoi, j’arrive assez rapidement sur le pont. Il ne me faut même pas une minute pour remarquer la candidate. Je trouve Nora, debout, mains placées sur ses fines hanches, immobile. Je me demande ce qu’elle peut bien faire. Elle me fait dos, j’approche donc doucement pour ne pas l’effrayer, elle est fragile cette gamine mine de rien. Je vois ces cheveux parfaitement lisses – chanceuse en plus- qui flottent dans le vent. Je suis à moins d’un mètre d’elle, je m’empare de sa chevelure, et je la sépare en trois partie égales, puis je commence à les emmêler, merde, je ne me souviens plus comment on fait une tresse. « Bouge pas, je suis en pleine création capillaire là.. » Je lui demande, avec un air faussement passionné, comme si j’inventais un nouveau style, tant qu’elle ne se retourne ne pas, et ne me surprenne pas entrain de galérer pour faire une pauvre natte, ça me va. Bon j’abandonne, je finis par lâcher sa coiffure, tant pis, ce sera pour une autre fois, c’est bizarre, parce qu’autant couper les cheveux, je me débrouille pas mal, mais après chignon, tresse, y a plus personne. « Tu médites sur quoi ? »Je lui demande en me plaçant à côté d’elle, je me mets dans une position jumelle à la sienne, les mains croisées dans le dos, et j’attends. Le vent fait danser ma frange, ça m’agace.

Dès que je vois au loin la petite Nora, accoudée sur à la rambarde en mode fille solitaire, à demie rêveuse, je ne réflechis pas, je vais la voir, ou plutôt, vers ses beaux cheveux fins. Cheveux fins que je commence à maltraiter, déjà, juste pour la séparer en trois, c'est pas proportionnel, ça me stresse. Je déteste cela. J'aime quand tout est carré, et bien fait. « Pas de coup de ciseaux, je m’en remettrais pas » me dit-elle, eh bien je suis heureuse de savoir que la confiance règne parmis nous, j'vous jure. « Ne me tente pas Nora, ne me tente pas. » Je lui annonce, mutine. Elle a vraiment cru que je me baladais avec une paire de ciseau sur moi, ça confirme ce que je pense, cette fille a vraiment un grain. C'est surement ça qui fait son charme. Déjà, à la base, je pars avec un handicap, donc ça me rassure en me disant que je n'arrive pas à la faire cette punaise de tresse. Elle ne ressemble à rien, bon, je crois que je vais m'abstenir finalement. Mes doigts laissent filer ses mèches soyeuses, et je m'en vais à côté d'elle cette fois. Elle daigne enfin répondre à ma question. « J’étais entrain de me dire que j’étais bien ici » Ok. « Original tout ça.» Je commente narquoise, même si c'est un peu inutile. Elle critique ma tresse, je jette un coup d'oeil à sa coiffure, originale aussi. J'invente peut-être un nouveau style, une nouvelle mode: la natte faussement ratée. On ne sait jamais. De toute façon, même ma petite soeur préfèrait se faire coiffer ma mon frère de cinq ans, que par moi, c'est pour dire. « Ne commence pas, je suis juste un peu rouillée, c'est tout. » Je lui réponds en faisant la moue, mauvaise foi assumée à 100%. « Ok, vas-y l'artiste, montre-moi. » Je capitule, elle va avoir l'honneur de toucher ma chevelure rousse, qu'elle en profite.

Je me moque ouvertement d'elle, mais vu la lueur de malice qui brille dans ses yeux, j'ai l'impression qu'elle va bien me le rendre. Qui aime bien, châtit bien, c'est ce qu'on dit non ? J'en sais rien, les proverbes et moi, ça fait deux. « Tu t’attendais à ce que je rêvasse sur un nouvel amour naissant peut être… » Nora est injuste, c'est un coup bas là. C'est fourbe, je plisse légèrement les yeux, en affichant une moue boudeuse pendant une dizaine de secondes. Mon visage perd enfin toute expression, avant de redevenir impassible. Mon regard la fuit, je secoue la tête avec un air désabusé, comme si je ne voyais pas trop de quoi elle parle. Je suis assez forte pour cela, pour faire illusion. Alors que je sais exactement qu'elle me vise, Malo et moi. La candidate est très mesquine quand elle s'y met. Bon en même temps, la brunette était juste assise à côté de nous pendant le prime, je partageais mon temps entre elle et notre partie de morpion et Malo assis à côté de moi. « Tu parles de toi et d'un autre candidat ? Ah, je ne suis pas au courant moi. » Je lui dis avec un air faussement étonné comme si je ne comprenais pas ce qu'elle me disait, ni de quoi elle parlait. Je fais bien aussi la conne quand je veux. J'essaie subtilement de diriger ma conversation sur mon non-talent pour la coiffure, mais la brunette est vicieuse ce soir puisse qu'elle me le fait remarquer à voix haute. Je ne réponds rien, pour ma défence. Le silence, c'est mieux. Puis elle essaie de marchander, je parle, et elle s'occupe de ma tignasse. « Tu veux que te parles de la méteo ? » Je lui demande, avec une innocence feinte, je sens mes mains experts -hm ça reste encore à prouver- s'activer sur mes cheveux.