Tweedy devait faire un choix. Oui, elle devait véritablement faire un choix. C'était même primordiale, non, absolument nécessaire. Et donc, elle devait faire un choix. Mais pas n'importe lequel. Un choix parmi l'ensemble des candidats. Parce que figurez-vous que la petite brune entreprenait d'aller faire du sport. Vous savez, cette activité familière à beaucoup de monde mais certainement pas à Tweedy. Pour tout vous dire, elle ne faisait presque jamais de sport. Il faut dire qu'elle avait un excellent métabolisme, mais surtout qu'en ne mangeant que des légumes et des graines, les graisses avaient tendance à la bouder, ce qui ne la dérangeait évidemment pas le moins du monde. Quoi qu'il en soit, estimant en ce jour qu'il était grand temps de se prendre un peu en main, ou ne serait-ce que de faire preuve d'un peu de motivation, d'un peu de volonté surtout, la petite brune se convint de se rendre dans la salle de sport. Oui mais voilà, elle avait un petite problème : si Tweedy s'y rendait seule, l'on pouvait parier dix billets qu'elle n'y resterait pas plus de cinq minutes. Ainsi donc, il lui fallait quelqu'un pour l'y accompagner, si possible pour y faire du sport avec elle, et ainsi la motiver sur le long terme. Alors, qui serait sa victime ? Oh tenez, quelle chance - enfin, ça dépend pour qui - que Nora se trouve justement tout près de là. Ni une ni deux, Tweedy s'approcha de la jeune femme. « M'accompagnerais-tu en salle de sport ? J'ai besoin d'un coach. » Hum, en fait, ça n'était pas tout à fait cela, mais c'était une manière comme une autre de résumer, bien entendu ...

Nora tombait bien. Non, elle tombait même extrêmement bien. Parce que Tweedy avait pour projet d'aller faire un tour en salle de sport, étant étonnement motivée en ce jour, mais elle savait qu'elle avait tout intérêt à s'y rendre en était accompagnée si elle ne voulait pas risquer d'en ressortir plus vite qu'elle y était entrée, hm. Ainsi donc, elle avait décidé que sa camarade Nora lui servirait en quelques sortes de "coach", ou disons, que cette dernière lui apporterait la motivation qu'il lui manquait pour faire suffisamment d'exercice pour se sentir moins paresseuse que ces derniers temps. Pour autant, plus les secondes passaient, et plus Tweedy doutait d'avoir fait un excellent choix en désignant Nora. Figurez-vous que cette dernière lui paraissait un peu fatiguée. Il ne faudrait pas que la jeune femme s'endorme alors qu'elle était censée motiver Tweedy, hein. Surtout que bon, elle commençait déjà à dire qu'elle ne pouvait pas faire de sport. Oula, ça commençait mal tout ça. Parce que l'idée initiale de Tweedy, c'était quand même de pratiquer une activité physique en compagnie de Nora histoire de se motiver mutuellement. Donc déjà, la moitié de son plan tombait à l'eau. Mais soit, elle n'allait quand même pas la forcer à se bouger si elle n'en avait ni l'envie ni la force, surtout qu'elle s'estimait déjà heureuse de ne pas avoir eu à faire à un non catégorique. « Je ... bon, je te le promets Nora » articula alors Tweedy, dans une petite moue presque déçue. Bon, qu'importe si Nora ne pouvait pas faire de sport, sa simple présence devrait probablement suffire à suffisamment motiver Tweedy. Du moins, c'était ce qu'osait espérer la petite brune. Les deux jeunes femmes prirent alors la direction de la salle de sport, ne tardant pas à entrer dans celle-ci. Là, Nora parvint à amuser Tweedy de par sa remarque. Parler de son salaire ? Dites donc, elle avait de sacrées priorités, la belle Nora. « J'aime ton peut être, parce que je préfère discuter de ce genre de détails une fois certaine de ce que tu vaux en tant que coach, vois-tu ... » Bah quoi ? Elle avait raison, non ? Que Nora lui prouve qu'elle était capable de faire de Tweedy une vraie bête, et après elles en reparleraient. « Alors, coach, par quoi devrais-je commencer ? » Pitié, pas quelque chose de trop physique. Ce serait beaucoup pour un début, tout de même.

Alors là, très franchement, Tweedy était blessée. Oui, parfaitement, la petite brune était blessée. Figurez-vous que sa camarade ne lui faisait pas confiance. Bah franchement, si ça commençait comme ça, autant mettre immédiatement un terme à leur collaboration hein, parce qu'ainsi, elles ne risquaient pas d'arriver à grand chose, c'était certain. Non parce que Nora ne faisait pas confiance à Tweedy lorsque cette dernière lui faisait savoir qu'elle verrait le salaire qu'elle lui donnerait une fois ses compétences avérées. Excusez la d'agir avec professionnalisme, hein. Elle n'allait quand même pas la payer avant de l'avoir vu à l’œuvre. Nul doute que Nora était douée dans ce qu'elle faisait, mais mieux valait tout de même être prudente. Si vraiment elle parvenait à faire de Tweedy une sorte de machine de guerre en un temps record, il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne voit jamais la couleur de l'argent qui lui serait du. Alors vraiment, si peu de conscience, ça brisait limite le cœur de la française, hm. « Voyons, si vous avez confiance en vous et en vos compétences, vous n'avez aucune raison de douter de moi, vu que je suis une nana hyper clean. » Bah c'est vrai quoi, Tweedy était quelqu'un de confiance, et certainement pas du genre à rouler les gens qu'elle employait. Ah ça non, vraiment, ça n'était pas le genre de la maison. Ainsi donc, merci de prendre en considération le fait qu'elle n'avait pas à faire à n'importe qui, et qu'elle ne devait aucunement penser que son argent ne lui reviendrait pas. Il suffisait d'être efficace, voilà tout. Parce que le business, et bien, Tweedy s'en fichait un peu pour tout vous dire. « Je n'ai que faire du business, c'est moi qui décide de comment ça se passe, si vous voulez savoir » reprit Tweedy, sur un ton mi-autoritaire mi-hautain qui ne lui allait pour ainsi dire pas le moins du monde. Mais qu'importe, elle n'était pas à une action ridicule près, celle-là. Une fois entrées dans la salle de sport, elle demanda alors à sa coach de décider pour elle de ce que serait sa première activité. Pédaler dans le vide pendant vingt minutes, disait-elle ? Mouhaha, trop facile. Enfin ... « Haha, un vrai jeu d'enfant ! » s'exclama alors Tweedy, faussement sûre d'elle, avant de grimper sur le vélo désigné par Nora. Elle se mit alors à pédaler. Et au bout de seulement cinq petites minutes, l'on assistait déjà au dépérissement de la pauvre Tweedy. « Okaaay, dis à ma famille que je les aime ... parce que la ... la fin est proche ... je ... je ... décède ... » Et vu comment elle soufflait, il était effectivement évident que la mort la guettait.

Oh mais dites donc, c'est qu'il était grandement question de confiance ici. Entre l'une qui ne pensait pas l'autre viable à la payer, et l'autre qui osait douter des compétences de la première, on n'en sortait plus. Il faut dire que tout cela résultait d'une mauvaise organisation. Pourquoi ne pas s'être mises d'accord avant ? Le salaire était tout de même une chose sur laquelle il fallait s'entendre. Et pour le coup, elles en semblaient bien incapables. Regrettable, c'était vraiment regrettable. Et dire que la vie est courte et que ces deux jeunes femmes trouvaient le moyen de se chamailler pour un petit salaire, hm. Tout cela était en fait la faute de Tweedy et de ses idées toujours aussi foireuses. Ah vraiment, elle aurait tout aussi bien fait de se casser une jambe que de demander à Nora de devenir sa coach. D'autant plus que cette dernière semblait être entre la vie et la mort, ou en tout cas, bien malade. Rien n'allait, en fait. Rien du tout. Naturellement, il ne fallut que quelques instants à Nora pour riposter après le discours de Tweedy. Tout cela était donc une histoire sans fin, car il était peu probable que l'une ou l'autre finisse par céder. Mais voilà que, contre toute attente, et après avoir tout de même tenté de défendre ses intérêts, Nora s'inclina. Un grand sourire, assez victorieux il est vrai, gagna alors les lèvres de Tweedy. Tout cela était donc fort bien. Par contre, la bonne humeur de la petite brune ne dura qu'un court instant, puisqu'elle fut très vite priée de grimper sur un vélo d'appartement. Bon, jusque là, rien de bien dramatique, d'autant plus que c'était elle qui avait demandé à Nora de lui trouver un premier exercice à effectuer. Sauf qu'elle ne s'était pas doutée qu'elle en chierait autant dès le début. Vous pensez bien que sinon, elle lui aurait simplement demandé de lui faire faire deux ou trois pompes, hein. Car quelques instants seulement après avoir commencé à pédaler avec une assurance non dissimulée, Tweedy se sentit s'affaiblir considérablement. Il faut dire que tout aurait pu aller pour le mieux si elle n'avait pas voulu démarrer trop vite, quand on y pense. Car maintenant qu'elle était sur le point de rendre l'âme, elle était tout de même bien embêtée, c'est sûr. D'autant plus qu'avec une Nora plus moqueuse que jamais, elle n'était pas au bout de ses peines. Elle se fichait clairement d'elle là, et c'était très cruel. Oh oui, très cruel. Parce qu'on essaye généralement de ménager les personnes en fin de vie. Ne lui avait-on jamais appris cela, à la Nora ? Alala. « Si ... si j'avais su, j'aurais choisie une ... une autre coach » tenta-t-elle d'articuler, tandis qu'elle continuait malgré tout à pédaler. Elle se devait de faire des efforts, après tout. Le coup de la pom-pom girl parvint tout de même à l'amuser. « Je suis sûre que ça t'irait très bien, mais ... mais vraiment, la seule chose que tu puisses faire pour m'aider, c'est me dire que les vingt minutes sont bientôt passées ... » Là, on devait en être approximativement à dix minutes, soit la moitié de la durée indiquée précédemment. Autant dire que Tweedy allait finir lessivée.

Non attendez, Tweedy ne venait absolument pas d'insinuer que Nora était une piètre coach. Non, vraiment pas. Vous vous doutez bien qu'elle n'aurait jamais osé dire une chose pareille, étant bien trop gentille de nature pour oser insinuer cela. Pour autant, il est vrai qu'elle en venait doucement à penser qu'elle avait fait un semblant d'erreur en la choisissant pour coach. Il faut dire que Nora s'amusait présentement de la situation, et plus précisément de l'état calamiteux d'une Tweedy visiblement en fin de vie et loin d'être aussi fraiche que quelques instants plus tôt. N'était-ce pas cruel de profiter d'un moment aussi difficile pour Tweedy pour lui rire au nez, hm ? Vraiment, c'était honteux. Alors elle pouvait bien s'offusquer du fait que la petite brune vienne d'insinuer qu'elle aurait du choisir une autre coach, car pour le coup, elle ne l'avait pas volé. Na. « Mademoiselle la coach, regardez la réalité en face : vous ne valez pas un clou. » Outch, après réflexion, c'était peut être un peu dur, non ? Oui mais bon, elle venait ouvertement de se moquer de cette pauvre Tweedy, qui était déjà sur le point de décéder et qui n'avait clairement pas besoin qu'on l'accable. Bon et sinon, est-ce que ces vingt minutes d'horreur étaient bientôt passées ou est-ce qu'elle était vraiment bonne pour claquer ? Allez savoir. En tout cas, Nora semblait d'humeur blagueuse. Hahaha, comme était drôle, vraiment elle ... elle ... Ah merde, elle semblait sérieuse, la vilaine. « Oh non, tu sais, je ne crois pas que ce soit nécessaire » fit alors Tweedy, dans un large sourire angélique. Oh dites donc, c'est marrant comme elle changeait de discours - et de ton surtout - lorsqu'on la menaçait, hein. Bon, il lui restait donc cinq minutes. Cinq minutes, bon sang. Allez, ça allait passer vite. Elle continua de pédaler, toujours plus fort, jusqu'à ne plus sentir ses jambes. Quand soudain, il lui parut évident que le temps additionnel - ouais, elle appelait ça comme ça - était passé. Youhoouuuu, liberté. « Les cinq minutes sont passées, la torture est finie ! » s'exclama alors Tweedy, descendant du vélo, et ayant visiblement oublié un petit détail ... il lui restait à souffrir encore, selon sa coach. A moins que ... « Ces vingt minutes de vélo m'ont tuée ... Je me vois mal poursuivre avec quoi que ce soit. Je vous propose de remettre ça à un autre jour, genre ... jamais. Oui, comme ça ce sera très bien. » Ben voyons, l'art et la manière de se dégonfler hein, tss. « C'est gentil de vous être déplacée coach. Vous avez fait du bon boulot. Je vous vire, mais vous avez fait du bon boulot quand même. Allez, à la prochaine et ... soignez-vous bien. » Sur de tels mots, Tweedy s'empressa de sortir de la pièce. Et elle faisait bien de courir, parce que ça n'était pas vingt minutes sur un vélo d'appartement qui allaient constituer une vraie séance de sport, hm.