slavin & adie

Depuis maintenant deux jours, Adie faisait tout pour ne pas se retrouver en la présence de Slavin. Cela faisait dont également deux nuits qu'elle dormait dans un lit vide et comme il ne daignait pas venir la chercher ou s'excuser ou n'importe quoi d'autres qui aurait pu solutionner la situation, elle campait sur ses positions. Ce qui s'était passé au prime, elle n'y avait rien compris mais ce qui l'énervait encore plus c'était de voir les efforts qu'elle avait fait pour Evadne, efforts qui n'avaient pas été vain d'ailleurs, récompensés par non pas rien mais pire, par une engueulade. Il n'était pas au courant, certes mais c'était la même chose dans sa tête. Elle se rendait bien compte qu'elle était difficile à vivre, déjà en temps normal, elle était ultra chiante, surtout avec un mec qu'elle affectionnait mais si en plus, on y ajoutait les hormones, on était proche de l'apocalypse. Et puis, pour couronner le tout, elle avait appris la veille que Slavin avait emmené Sive dans le chambre privée, chose qu'elle ignorait jusqu'alors. Donc déjà un peu frustrée de ne pas en entendre parler après les déclarations du mardi, apprendre qu'il y était allé, avec Sive en plus, c'était assez mal passé. Elle avait confiance en Sive, là n'était pas le problème. Elle avait même presque confiance en Slavin mais elle ne comprenait pas sa décision et aurait largement préférée être mise au courant de façon un peu plus honnête. Là comme ça, elle avait l'impression qu'ils lui cachaient des choses et elle détestait ça. A cran, Adie avait donc décidé de se faire couler un bain. Dans l'eau, elle se sentait mieux, un peu plus calme et détendue. La journée se terminant donc, elle alla dans la salle de bain et fit couler l'eau en ajoutant des sels pour faire de la mousse. Elle y entra ensuite avec ses sous-vêtements et les retira dans l'eau, sous la mousse, là où personne ne pouvait rien voir. Elle les laissa tomber par terre et s'assura de la proximité de sa serviette puis plongea la tête dans l'eau.

Y'en a marre sérieusement, cette situation m'oppresse. Pourquoi tout est toujours compliqué ? Pourquoi il faut toujours qu'on se prenne la tête sans arrêt ? Pour rien en plus. Pourquoi ? Parce que si tout était si simple on se ferait vite chier sans doute. Ouais, c'est ça, sûrement. Encore que j'suis pas sûr d'avoir vraiment avancé, si bien sûr, on a franchit un palier, mais depuis, c'est le calme plat. On se calcule à peine, même lors de la soirée, j'ai pas compris, Adie a préféré la compagnie d'Evadne à la mienne, en plus c'était pas comme si j'étais en pleine discussion avec une autre personne. D'ailleurs c'est bien simple, y'a cette conne, Eva hein faut pas se méprendre, qui m'a posé une question à laquelle j'ai été incapable de répondre. C'est con tout de même. Et puis, le prime n'en parlons pas. Une fois encore on ne s'est pas compris, et une fois encore ça a viré au cauchemar. Résultat on s'adresse plus la parole, et là j'rumine, j'suis entrain de faire la cuisine pour me calmer, des pâtisseries pour le dessert ou peu importe, et j'suis tellement absorbé par mes pensées que le plat avec l'appareil à cupcake me glisse des mains. J'en fous partout, sur moi, sur le plan de travail, sur le sol. J'nettoie tout, j'en fous encore plus que moi, mais vu l'état de mes fringues c'est pas bien grave. Résultat j'suis obligé de me changer. J'passe prendre des fringues dans le dressing,sauf que j'ai tellement de pâte partout que j'ferais mieux de me laver en faite. Je soupire, je jure et je grogne en me dirigeant vers la salle de bain. J'suis à peine entré que je me débarrasse déjà de mon tee-shirt, le plus atteint. Et puis, j'avance sans me soucier de quoi que ce soit, parce que j'ai déjà enlever le bouton de mon jeans, quand soudain ... C'est le drame. J'viens de glisser sur un turc qui traînait sur le sol. « PUTAIIIN ! » J'ai le cul par terre, le jeans à moitié enlever, j'dois avoir l'air con, et en plus j'ai ma au cul. J'suis assis sur un truc. Je me redresse et découvre des sous-vêtements. « Putain Ana, tu fais chier ... » Pourquoi j'accuse Anabel ? Parce que ce genre d'incident est déjà arrivé une fois, parce que j'vois pas de tête dépasser de là où je suis et que j'suis énervé en faite. Journée de merde.

Dans l'eau, tout allait mieux. Comme une bulle dans la bulle. Pas de bruit, rien, le silence, le calme, une température idéale, le paradis. Enfin presque. Adie essayait de se détendre, de se vider la tête mais la tâche était hardie. Il y en avait là-dedans des choses. Des choses sur Slavin, certes, mais aussi sur son bébé, son ex, sa famille, la sortie, la naissance, la vie avec un bébé, seule. Parfois, elle s'imaginait avec, elle s'imaginait une fille ou un garçon, elle s'imaginait plein de choses. Au départ, c'était bien, ça lui donnait le sourire, elle avait hâte et puis, petit à petit, il y avait toujours des choses qui venaient assombrir le tableau et elle finissait pas se sentir mal. Un peu de calme donc n'était pas de trop mais ça, c'était trop demandé encore. Sous l'eau, Adie n'entend pas qu'on rentre dans la pièce, elle n'entend pas non plus les bruits annexes mais par contre, elle entend très bien ce gros boum plus à cause de l'eau qui se met à trembler que par le son produit. Elle remonte donc de l'eau, sortant la tête et retrouvant l'air tiède de la salle de bain. Et là, elle se retrouve face à... Slavin. Merde. Tout ce qu'elle évitait depuis deux jours et là, en prime, elle était coincée. Que faire ? Adie commençait à paniquer, littéralement. Sortir de l'eau à la va-vite ? Non, elle n'aurait pas le temps de prendre sa serviette et en plus, elle risquerait de se glander comme lui à l'instant ce qui dans son état était à éviter. Lui parler ? Mais pour lui dire quoi ? Bon sang, pourquoi fallait-il que ce soit lui, là, maintenant dans la salle de bain. C'est pas comme s'il n'y avait plus que cinq personnes dans le nid, ils étaient encore une vingtaine ! Mais non, il fallait que ce soit lui, forcément. Le cerveau plein de warnings, Adie ne savait pas quoi faire. Et puis d'un seul coup, une idée. Elle n'avait pas le choix. Elle plongea la tête dans l'eau à nouveau. On sait jamais peut-être qu'il ne l'a pas vu. Mouais, non, impossible. Encore, y'a un avantage, elle est assez douée en apnée. Enfin elle l'était au primaire. Donc elle allait pouvoir rester là... 30 secondes au moins ! Bon sang, quelle idée de merde d'avoir replonger la tête sous l'eau...

Bon et maintenant ? J'engueule la personne, qui n'est sans doute pas Anabel, ça ne peut pas être Ana. Pourquoi ce serait elle ? Et moi, j'dois bien avoir l'air con à moitié à poil, à moitié couvert de pâte à gâteau gluante. Je soupire, je grogne, je me redresse légèrement et me frotte l'arrière train. C'est douloureux mais je devrais m'en remettre. Je relève et là c'est le drame bis. Adie. Cool. Y'a Adie dans ce putain de bain, je me suis cassé la gueule sur ces sous-vêtements. Si c'est pas comique comme situation, en plus j'dois avoir un truc dans les cheveux, j'sens quelque chose couler le long de mon front.Mais je m'en fiche là. J'crois que si j'suis tombé là, précisément c'est pas pour rien. Encore un signe du tout puissant sans doute. J'vais finir par croire qu'il ne m'en veut pas tant que cela finalement. J'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle est déjà repartie sous l'eau. Evidemment. Je m'appuie contre le rebord de la baignoire et j'attends. Elle ne va pas rester là indéfiniment. Je fixe l'eau, et j'suis quand même impressionné par sa résistance. Et puis finalement elle refait surface. « Attends Adie. » Non mais c'est stupide, pourquoi je lui demande d'attendre, elle ne va pas faire que ça de revenir et repartir sous l'eau je présume. « T'en as pas marre de tout ça toi ? On ne va s'éviter éternellement si ? » Je suis épuisé, las de vivre ce truc. De l'éviter, de jouer au gosse, ce serait bien de réagir en adulte pour une fois. J'ai l'impression d'être un vrai gosse là toute suite, et c'est stupide. « J'suis désolé Adie, j'en ai marre qu'on se prenne la tête. Et j'ai réagis comme un con. Mais bon sang, on va où ? Je n'ai juste... Tu m'as repoussé et ça m'a fait chier, c'est tout. » Je laisse glisser mon doigt sur le rebord de la baignoire, alors que j'suis toujours appuyé contre, ma tête se posant sur cette dernière las. Parce que j'sens bien que ça ne va pas suffire et qu'on va hausser la voix et ça me fatigue par avance.

C'est quand même une idée très nulle, retourner sous l'eau. Non parce que c'est plutôt éphémère comme situation à moins qu'elle se découvre des branchies ce dont elle doute fort. Mais Adie, elle est douée dans les situations de merde, à faire toujours le mauvais choix. Comme là tout de suite. Bizarrement, elle sait que Slavin est resté. Elle ne l'entend pas, elle ne le voit pas mais elle sait pertinemment que lorsqu'elle sera obligée de revenir à la surface à cause du manque d'air, il sera là. Il pourrait s'être cassé aussi, c'était une possibilité envisageable mais Adie n'y croit pas surtout si leur silence lui pèse autant à lui qu'à elle. Les secondes passent et Adie retient sa respiration. Elle y arrive bien d'ailleurs mais petit à petit, le manque d'air commence à la faire suffoquer et inévitablement, elle doit remonter à la surface. Au départ, elle garde les yeux fermés, gagnant du temps en essuyant lentement la mousse qui a pu s'y poser. Mais rapidement, il faut bien se rendre à l'évidence, Slavin est là, il lui a même parlé. Elle ouvre donc les yeux et le trouve là, assis par terre, la tête contre la baignoire. Il reprend la parole et elle ne dit rien, elle n'arrive même pas à le regarder parce que c'est trop dur de le voir et de devoir continuer à faire la tête, à cet instant, elle aimerait juste qu'il la prenne dans ses bras et que tout soit terminé. Mais ça, c'est sans compter son caractère têtu. Ce n'est que lorsqu'il s'excuse et avoue avoir agi comme un con qu'elle daigne envisager de revoir sa réaction, sans parler de l'explication, du fait d'avoir été repoussé. Pourtant, elle ne dit rien et un silence s'installe. Elle sait qu'elle est sur la brèche mais elle attend le dernier moment pour parler parce qu'elle a décidé de faire un effort mais avant, elle veut le torturer un peu. « Je ne l'ai pas fait par plaisir Slavin, tu sais très bien que l'alcool me rend malade. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde j'ai cru comprendre. » Là, elle fait référence à Evadne. Car si Adie est partante pour accepter ses excuses, elle n'est pas encore prête à effacer ce qu'elle a pu entendre, que Slavin était avec Evadne dans un lit au petit matin. Elle a bien eu la version d'Evadne mais cette version là, elle n'y porte pas trop de crédit. « D'autant plus que ce câlin et ce bisou, dans d'autres circonstances, je ne les aurais pas vraiment refusés. » dit-elle finalement. On sait jamais, au cas où il n'aurait pas compris.

Un silence s'installe et c'est carrément flippant. J'ai presque envie de me barrer en courant, m'enfouir sous ma couette comme un mioche et ne plus jamais en sortir. Je n'aime pas me sentir comme ça, j'ai l'impression d'être faible, d'être vulnérable et je me suis juré de ne plus être vulnérable devant des millions de téléspectateurs. Sauf qu'évidemment, on a beau prévoir des choses, rien n'arrive vraiment. J'pouvais pas prévoir que Cupidon allait me mettre en binôme avec une chieuse pareille. Enfin si, évidemment, parce que j'ai dit que j'adorais les chieuses, qu'elles m'attiraient, mais j'avais une chance sur deux pour qu'ils me mettent avec son opposé. Elle fait durer le suspense, mais pour quoi au juste ? Pour m'envoyer totalement chier ou ? Non parce que si c'est ça, vas-y achève moi bien comme il faut que j'aille pleurnicher comme une gonzesse dans mon coin. Je la regarde mais elle, elle me fuit, j'imagine que c'est plutôt bon signe. Enfin j'en sais rien, y'a des tas de choses qui me passent par la tête là maintenant. Elle prend enfin la parole et je soupire. « Ouais sauf que je n'avais pas encore bu, et je ne l'aurais pas fait si t'avais dit oui. Parce que j'suis pas aussi stupide. » Ni con, je me souviens très bien de la soirée et de l'effet de notre échange sur son estomac. Je m'empresse de lui répondre, mais sa dernière partie de phrase me fait tiquer. « Qu'est-ce que t'insinues ? » Je ne comprends rien, parce que je n'estime avoir rien à me reprocher. Mais au cas où j'essaye de me remémorer la soirée. « J'suis resté avec Sive après parce qu'elle était nominée et je ne pouvais pas la laisser seule. Et la seule chose que mes lèvres ont rencontré c'est le goulot de la bouteille de Jack Daniel's que j'ai vidé ensuite. » Oui alors quoi ? J'ai le droit de boire vu qu'on a pas dormi ensemble ? D'ailleurs je n'aurais pas bu si on avait dormi ensemble, c'est logique. J'suis pas entrain de lui rejeter la faute, j'suis juste entrain de chercher à comprendre. Elle ajoute aussi que dans d'autres circonstances elle aurait accepté ma proposition. « Quelles circonstances ? C'était pas très clair, j'sais que j'suis pas clair, mais... Si j'ai proposé c'était déjà pour m'excuser. » Comme je lui avais dit, je m'en foutais de la chemise, j'ai sans doute été excessif, et même si j'suis têtu, j'sais reconnaître mes tords lorsque c'est nécessaire, mais là.

Là, nue dans son bain (ce qui n'arrange en rien la situation d'ailleurs), Adie se voit forcée d'adresser finalement la parole à Slavin. En soit, c'est vrai, ce n'est pas une mauvaise chose même si elle est toujours pas mal remontée contre lui. Elle ne pouvait pas sortir, il ne comptait pas s'en aller, ils étaient donc bloqués ensemble alors autant essayer de solutionner la situation, d'autant plus que deux jours, mine de rien, c'était long. Elle ne lui dit pas grand chose, tout simplement parce qu'elle n'a pas grand chose à dire et aussi parce qu'elle espère qu'il comprendra directement. Sauf que ce n'est pas le cas, il ne comprend rien, comme d'habitude. Adie se dit alors qu'avec Slavin, il allait falloir commencer par faire des phrases sans aucun sous-entendu car vraisemblablement, ça ne fonctionne pas, ce genre de dialogue entre eux. Il lui parle donc, lui expliquant tour à tour différents points de la soirée puis la questionnant sur ses insinuations. Bon sang. « Je n'ai pas dit non Slavin, j'ai dit 'si tu bois ça, je ne préfère pas', ce qui te laissait largement la possibilité de le faire étant donné qu'on pouvait aussi le comprendre par 'si tu ne bois pas ça, c'est d'accord'. Ok, c'était peut-être pas très clair mais toi après, t'es parti comme une flèche genre en croyant que je te sortais des excuses bidons alors que c'est faux. » Puis vient le tour d'Evadne, bon sang, elle fera toujours chier celle-là. « Je n'insinue rien, j'ai entendu ce matin ici et là qu'on parlait de toi et Evadne au réveil dans sa chambre, c'est tout. Je vois donc que mes efforts que j'ai fait pour elle afin que vous arrêtiez de vous faire la gueule ont très bien fonctionné. » Là, c'est clair non ? Adie a les boules, oui elle a les boules parce qu'elle, elle a dormi seule et que eux, en ont profité, parce que c'est de quoi ça à l'air et Adie, elle, elle ne va pas chercher plus loin. Blablabla, il est resté avec Sive comme dans la chambre privée et ses lèvres n'ont rien touché d'autre que la bouteille, blablabla. Elle écoute mais ne répond pas, elle n'a franchement rien de plus à dire là-dessus. Puis il la questionne encore. Autant être claire du coup. « Quelles circonstances ? Toutes les circonstances sauf celle-ci où t'étais chiant comme pas possible. Bon sang mais t'as pas compris que t'as même pas besoin de demander ce genre de truc ? Moi j'en ai toujours envie. » On parle des câlins et des bisous bien sûr, pas des engueulades hein. « Sauf quand t'es chiant. » rajoute-elle une nouvelle fois, pour assurer le coup, on sait jamais.

J'ai l'impression que cette situation est sans issue, que notre quotidien va se résumer à ça en permanence : deux jours de bonheurs et une semaine d'engueulade et c'est épuisant. C'est rageant aussi. J'ai cette impression constante qu'on ne se comprendra jamais. Je lui ai dit dans le cellier, et plus je l'écoute et plus cette sensation me hante. Parfois j'ai l'impression que tout ça c'est plus destructeur qu'autre chose. Que finalement peut être qu'on s'apprécie mais c'est trop compliqué d'essayer d'être ensemble. J'en sais rien. J'suis perdu, confus, je l'étais déjà mais là. J'essaye de sortir ces pensées sombres de ma tête. Parce qu'elle s'est tue et que j'dois dire quelque chose. Sauf que non, elle n'a pas fini. Oh ça non. Et ça ne peut pas m'empêcher de me saouler. Alors, j'en ai marre, et je me lève. Enfin avant j'suis entrain de me débattre avec mon jeans, qui se fait insulter et qui était coincé dans mes jambes. Je me lève et je me dirige vers les lavabos pour respirer profondément. Parce que j'ai pas envie d'hurler sauf que c'est plus fort que moi. « Putain Adie à un moment donné si t'as pas confiance en moi, je me dis que ça sert à rien d'espérer que ça évolue. » Ma voix s'est élevée légèrement, et je me retourne, pour lui faire face. « Quand est-ce que tu comprendras que j'en ai rien à foutre d'Evadne? On se parle c'est bien, on se fait la gueule et bien tant pis, je m'en fiche. Elle m'a juste aidé à monter les escaliers pour éviter que je dorme n'importe où, elle est juste venu m'apporter de l'aspirine. J'sais pas qui colporte des rumeurs, mais ça me fatigue, mais c'est pas le plus grave. Ce qui me fait encore plus mal c'est que t'as cru qu'il ait pu se passer quelque chose avec elle ! » Parce que mine de rien, à la base si j'ai bu à ce point là c'est parce que j'étais mal, mal parce que j'en ai marre qu'on s'engueule, parce que je me suis rendu compte que j'avais été trop loin. Et que pour autant, j'étais trop fier pour aller la voir. Je me rapproche finalement, pour m'installer sur le rebord de la baignoire et puis je la regarde enfin. « J'ai pas compris, dans ma tête ça voulait dire non alors je me suis vexé, c'est aussi simple que ça. C'est stupide et je me sens con t'as pas idée. » De toute manière j'ai toujours l'impression d'agir comme un con ces derniers temps, à chaque fois. Tout le temps. Elle éclaire ensuite ma lanterne quand je lui demande des explications. Elle s'insurge du fait que j'puisse demander à avoir ce genre de contact avec elle. « C'est pour ça que j'ai demandé, parce que j'étais chiant, parce que j'voulais m'excuser d'être chiant, parce que t'avais pas l'air bien... » Ma voix se brise, et je baisse la tête, j'en ai marre putain, j'en ai marre. Marre qu'on se prenne la tête, c'est fatiguant. J'suis fatigué.

Elle est calme, elle a décidé de ne pas envenimer la situation alors qu'il serait si simple de le faire mais non, elle est calme. Lorsqu'elle parle, elle ne montre aucune agressivité mais les mots qu'elle prononce le font pour elle et rapidement, Slavin réplique. Elle le connaît, enfin tout du moins un peu, mais elle ne s'imaginait pas à une telle réaction. Elle ne pensait pas qu'il allait lui crier dessus, parce que mine de rien, c'est ce qu'il est entrain de faire. Pourtant sa colère a du bon. Premièrement parce qu'il dit les choses plus clairement et que pour une fois, il n'enjolive rien, il dit ce qui est et c'est tout. Certains mots, Adie ne les retient pas, d'autres si. Évolue, rumeurs, mal. Ces mots là ont un sens et ils démontrent une certaine envie de la part de Slavin qui n'avait jamais tellement énoncé. Et puis, deuxièmement parce qu'il s'agit là d'une des rares situations où Adie se faisait franchement engueulé pour son comportement, chose que peu de gens faisait préférant jeter les armes avant et sans le savoir, peut-être, Slavin lui fait réaliser qu'elle va trop loin et qu'il faut qu'elle se calme. Alors, comme une gamine venant de se faire taper sur les doigts, Adie baisse les yeux. Le pire c'est qu'au fond d'elle, elle se doute bien qu'il ne s'est rien passé mais elle ne peut pas s'en empêcher, elle ne peut pas s'empêcher d'être jalouse pour si peu. « Je n'ai pas cru qu'il s'était passé quoique ce soit mais qu'est ce que tu crois que ça me fait quand j'entends au réveil que tu es avec elle dans un lit alors que moi, je suis toute seule. » Sa voix était faible, tout juste audible et son ton gêné. « Je sais, c'est égoïste. » rajoute-t-elle finalement, sans être vraiment sûr que ça il l'ait entendu. Le plus dur, c'est qu'à ce moment là, elle croit vraiment qu'il va quitter la pièce et que tout sera pire. De toute façon, s'il fait ça, elle n'en a rien à foutre de glisser, elle sortira pour le retenir, si tant est qu'il en soit encore temps. Elle est donc rassurée quand finalement, il se rapproche et vient même s’asseoir sur le rebord de la baignoire. Il reprend sur la soirée et mon dieu, quel sac de nœud. « C'est pas que j'étais pas bien, c'est que j'étais blasée. Je venais de ruiner ma robe et comme je suis une fille, ce genre de futilités me fait chier. Et puis t'es venu, t'étais chiant et en demandant, t'es devenu encore plus chiant, c'est chiant. » Sur ces mots, Adie lâche un léger rire amusée par le taux de chiant dans sa phrase. Elle n'a pas envie qu'il l'engueule encore, non, en fait quand elle lui parle, elle n'a même plus envie de lui faire la gueule. Tout ça est stupide. Et puis, il est assis sur le rebord de la baignoire, elle est dans la baignoire, tout ça ne va pas. Un silence s'installe et d'un seul coup, elle en profite pour sortir son bras de l'eau, le plaquer sur le ventre de Slavin afin de le faire tomber à la renverse, dans l'eau. Ah oui mais elle est nue. Oh et puis merde, c'est pas comme si c'était la première fois.

J'hausse la voix pour la première fois, parce que j'ai juste envie que ça cesse, que tout ceci ne cesse. J'en ai marre qu'on se prenne la tête sans arrêt. Parce que le pire c'est que la plupart du temps, c'est rien. Une incompréhension ou un on dit, c'était bête ouais, clairement. Alors, je crie et là, elle baisse la tête, je ne peux pas m'empêcher de ressentir un pincement, je déteste râler, crier. Même après ma fille, je n'aime pas ça, pourtant c'est nécessaire. Et là, j'ai la sensation que c'est nécessaire. Pour que ça rentre mieux sans doute, j'en sais rien tout ce que je sais c'est que de toute façon c'est trop tard. Je n'ai plus qu'à attendre sa réaction, j'suis stressé mais je ne le montre pas, au lieu de cela, j'sens une boule se former dans mon estomac qui se tord, se tord, encore et encore. Elle parle, je l'écoute, et je fronce les sourcils. Si bien sûr, j'imagine bien ce qu'elle a pu ressentir, l'idéal aurait été de venir directement se renseigner à la source, sauf qu'on se parlait plus, c'était compliqué. « T'étais bien mieux sans moi, vu dans l'état pitoyable où j'étais. » Je murmure, c'est vrai que si j'avais été avec elle je n'aurais pas bu et j'aurais été dans un état tout à fait convenable, mais là n'était pas la questions, bien évidemment. Je ne suis pas vraiment fier, j'sais pas pourquoi j'ressens ce besoin de boire à ce point lorsque je me sens mal. Sans doute pour espérer que l'état euphorisant dans lequel on se retrouve à cause de l'alcool apaise les choses, oui sans doute. Finalement j'ai envie de partir, sauf qu'au lieu de partir je reste, parce que de toute façon j'suis en boxer et que j'suis collant et aussi parce que j'ai peur que si je parte tout soit terminé, pour de bon. Et j'en ai pas envie, pas maintenant alors que je réalise que j'suis mal sans elle. J'suis assis et elle reprend la parole à ma suite, au sujet de la soirée, je l'écoute. Et la fin me fait sourire. Je hausse les épaules en guise de réponse, après tout, y'a rien à ajouter, j'imagine que ce merdier à été démêlé non ? J'sais pas, en tout cas pendant que je réfléchis, un silence s'installe, et sans même que je m'en rende compte, je me retrouve le cul dans la baignoire. « hé, mais, hééé ! » Je râle alors que mon visage est illuminé par un sourire, c'est vraiment pas confortable comme position, alors j'essaye de bouger, j'attrape ses jambes que je soulève légèrement pour éviter de lui faire mal. « Si tu voulais que je te rejoigne, suffisait de demander tu sais. » Je ris cette fois, comme si tout ce qui s'était déroulé avant n'avait pas existé. « C'est pas vraiment pratique comme ça. » Je soulève légèrement mon arrière train et me penche vers elle pour l'embrasser tendrement, j'fais comme je peux pour éviter de tomber ou pire, l'écraser sous mon poids, alors je me maintiens sur le rebord de la baignoire tout une étape puisque je suis mouillée et que ça glisse.