Puisqu'apparemment il nous fallait faire le ménage dans ces maisons en ruine afin d'y découvrir un trésor, je prends la direction du lieux dit avec la ferme intention de mettre la main dessus. Ca me permet de penser à autre chose qu'à elle. Et je suis tellement lâche que je ne prononce – ni même ne pense – plus son prénom. Elle me fait un mal de chien, j'essaie de la reléguer loin dans mon subconscient, dans un endroit où elle restera présente mais où je pourrai aisément ne plus penser à elle. J'entre dans une des maisons, j'attrape un balais qui traîne et je commence à amasser la poussière certainement accumulée depuis des siècles. J'ai jamais tenu un balais de ma vie, la sensation est.. bizarre. Enfin, pas bizarre. Mais c'est nouveau. Et j'ai la nette sensation d'être un gosse de riche plutôt insipide, de cette façon. De nos jours qui n'a jamais touché un balais à par ces merdeux de riches franchement ? Constater que j'en fait partie est assez déconcertant. Et en même temps, je ne peux pas dire avoir choisis la vie que je mène. Cette vie pourrie, dénuée de sens et d'amour qui ne me rend pas heureux. J'ai beau affiché un sourire constamment satisfait et hautin, je boue à l'intérieur. Et je menace d'imploser d'un instant à l'autre. Je ramasse toute cette poussière que je jette sans ménagement dans un sac poubelle. Mes camarades s'y sont mis avant moi, apparemment. J'entends craquer. Mon pouls s'accélère. Pourquoi ? J'imagine certainement que c'est elle, et pourtant. Je me maudit intérieurement, je m'insulte et je m'ordonne d'arrêter. Je fait volte face et pause mes prunelles foncées sur Raphaël. Je lui souris, je le jalouse. Il a encore passé le prime avec Elliot. Je lui souris amicalement, seulement. « Tu viens m'aider ? » J'ai envie de lui demander si la poussière le rend aussi stressé mais je m'abstiens et je me contente de continuer ce ménage qu'on nous oblige à faire si l'on veut découvrir un trésor. Comme des ânes guidés par une carotte. C'est assez absurde lorsqu'on y pense mais j'aime me prêter au jeu. Et tout est bon à prendre, de toute façon.

Au fond, Raphaël passait son temps à atterrir n'importe où, sans jamais savoir comment il avait bien pu s'y rendre. C'était toujours comme ça, oui. Supposons que c'était l'une des choses dont il devait avoir pris l'habitude. Il avait perpétuellement la tête dans les nuages, et cela lui valait bien souvent de se trouver à des endroits qu'il aurait préféré éviter, en compagnie de personnes qu'il n'avait pas nécessairement envie de fréquenter dans l'immédiat. Et aussi désolant était-ce, il n'était présentement pas tellement enchanté de tomber sur Arès. Ce type, il l'appréciait beaucoup. Il avait fini par comprendre qu'il faisait partie de ceux qui devaient avoir un bon fond ici, et même si se retrouver nu face à lui l'avait clairement gêné la semaine passée, Raphaël avait pris conscience du fait que son camarade avait surtout voulu l'aider. Pour autant, en ce jour, il était encore plus embarrassé que d'habitude à l'idée de converser avec lui. A cause d'Elliot. Raphaël était peut être loin d'être aussi malin que beaucoup de ses semblables, mais il était suffisamment observateur pour se rendre compte que quelque chose se tramait entre la jeune femme et Arès. Et il n'était pas tellement certain de savoir comment réagir à cela. Au fond, il voulait le bonheur de tout le monde, tant qu'on ne le faisait pas souffrir. Mais justement, il craignait d'avoir de la peine si quelque chose venait à se passer entre eux. Peut être était-ce au fond clairement égoïste, mais il perdrait Elliot si celle-ci s'entichait véritablement d'Arès, et son amitié lui était infiniment précieuse. Quoi qu'il en soit, en ce début d'après-midi, Raphaël ne se voyait pas déserter les habitations abandonnées simplement parce que son embarras reprenait le dessus. Il devait encore et toujours faire des efforts, c'était certain. Alors il s'approcha de son camarade, un peu hésitant, tandis que ce dernier lui demandait s'il venait l'aider. Oh et bien, pourquoi pas. Autant se rendre utile, ça lui occuperait l'esprit. Il se contenta alors de sourire, avant de se munir de quoi aider Arès dans la tâche qu'il avait débuté. Mettre un peu d'ordre dans tout ça ne le dérangeait pas, de toute manière. Mais tandis qu'il commença à dépoussiérer de son coté, il ne put rester silencieux, étrangement. « J'espère que tu ne me vois pas comme un rival, Arès. Je ne veux pas en être un. » Oui bon, ça lui avait échappé. Mais comprenez bien qu'il n'était pas du genre à se battre pour quelqu'un. Ni à se battre du tout, d'ailleurs.

Je tente de remettre de l'ordre dans une des maisons abandonnées quand ma tête est un bordel dans lequel je me perds. J'essaie de me concentrer sur d'autres choses. Plus minimalistes. Qui m'aideront à ne pas penser. A ne pas réfléchir et ne pas me morfondre. A ne pas réaliser ce qui m'arrive. Des migraines incessantes frappent mon crâne avec violence. Je mène un combat contre moi-même qui m'est insupportable. J'voudrais tout laisser tomber, tout envoyer balader. Retourner en arrière et ne pas me dévoiler. Je ne l'ai jamais fait avant, pourquoi commencer ? Je jette avec violence les débris ramasser dans un sac poubelle quand la présence de Raphaël me trouble dans ma tâche. Il me ramène violemment à ce à quoi je n'ai pas envie de penser. Tout en lui respire celle qui ne me laisse pas de marbre et mon cœur se serre dans ma poitrine. Néanmoins – et c'est certainement ce qui fait le plus mal – Raphaël est quelqu'un que j'apprécie. Il est comme mon antonyme, mon contraire. Il est tout ce que je ne suis pas et il m'attendrit. Il ne joue aucun jeu. Il est nature, pure et simple. Et je suis jaloux. Jaloux de cette nature qui émane de lui et le rend tout aussi touchant qu'attirant. Pas étonnant qu'elle s'en soit entichée.. « J'espère que tu ne me vois pas comme un rival, Arès. Je ne veux pas en être un. » Bien sûr que je le considère comme un rival. Je suis désolé de constater qu'à chaque rassemblement c'est près de lui qu'elle se dirige. Qu'elle préfère me repousser pour mieux se rapprocher de lui. Du moins, c'est ainsi que je le ressens. Nous sommes rivaux et pourtant, je ne peux m'empêcher de sourire. Comme si ce qu'il disait est purement ridicule. « Je ne te considère pas comme tel. Mon combat est perdu d'avance. » je marmonne entre mes lèvres, continuant à amasser les débris qui traînent. Je ne veux pas le regarder. Son visage est trop attendrissant. Et il me rappelle à quel point elle le préfère à moi. A quel point il en est beaucoup plus proche. Et j'aimerais me détacher de cela. Ne pas la voir à travers lui. Le voir juste lui. Le Raphaël qui s'est mit nu devant moi, qui a fait cet effort et que j'apprécie. Pas simplement le mec qui s'attire les faveurs de celle que j'apprécie sûrement un peu trop. « Elle mérite quelqu'un comme toi. » je balance comme ça, de but en blanc, sans avoir réfléchis préalablement. Ouais, j'suis qu'un pauvre mec moi. Bon à baiser des minettes de toutes les nationalités. C'est c'qui me caractérise.

Non, Raphaël ne voulait aucunement passer pour un rival aux yeux d'Arès. Parce qu'il ne se considérait pas comme tel, tout comme il ne considérait pas son camarade de la sorte. Ils n'avaient pas à être rivaux à un quelconque niveau. Tous deux étaient sensiblement différents, et il n'y avait aucune raison pour qu'ils se perçoivent comme deux pseudo-adversaires. Alors évidemment, lorsque Raphaël avait pris la parole, il avait pensé à quelque chose, ou plutôt à quelqu'un en particulier. Elliot, naturellement. Parce qu'il avait surpris des regards entre ses deux camarades et qu'il avait commencé à se douter que quelque chose se tramait entre eux. Du coup, il préférait mettre plus ou moins les choses au clair, même si de son point de vue, ça n'était pas tellement nécessaire. Si Arès voulait tenter quoi que ce soit avec Elliot, il ne fallait aucunement qu'il puisse penser que Raphaël chercherait à s'en mêler. Premièrement parce que ça n'était absolument pas son genre, et ensuite parce qu'il aurait plutôt tendance à se réjouir pour ses camarades. Vivre l'amour par procuration, c'est ce qu'il avait toujours fait, demandez donc à ses sœurs et à leurs compagnons. Quoi qu'il en soit, le suisse ne manqua pas de redouter la réaction de son camarade. Est-ce qu'il trouverait ses paroles étranges, comme sorties de nul part ? Ou est-ce qu'il s'offusquerait du fait qu'il puisse ne serait-ce que penser qu'il pouvait y avoir une part de rivalité dans son esprit, alors qu'ils ne jouaient clairement pas dans la même division ? Heureusement, Arès se contenta de lui assurer qu'il ne le voyait pas comme un rival. Ah non ? Il ajouta ceci dit que son combat était perdu d'avance. Raphaël ne manqua pas d'être surpris. Perdu d'avance ? Et pourquoi donc ? C'était faux, complétement faux. Et il n'y avait de toute manière aucun combat. Non, il n'aimait pas l'entendre dire ça. « Mais Arès, il n'y a aucune compétition, je t'assure » reprit-il alors, d'une petite voix qui se voulait un tant soit peu convaincante. Sans s'en rendre compte, Raphaël avait effectué quelques pas en direction d'Arès, qui ajouta quant à lui qu'elle - Elliot - méritait quelqu'un comme Raphaël. Ce dernier soupira doucement. « Quelqu'un de maussade, de cafardeux ? Quelqu'un de déprimé, de solitaire, de craintif ? Quelqu'un qui passe son temps à se morfondre, à pleurer ? Tu vois, je doute qu'elle mérite quelqu'un comme moi » fit-il alors, tout en posant sur Arès un regard bienfaisant, quoi qu'embarrassé par une telle situation. « Elliot est émotive, comme moi. Elle craque parfois, comme moi. Et elle semble avoir peur de certaines choses, comme moi. Elle n'a certainement pas besoin de quelqu'un qui lui rapperait ce qu'elle est. C'est de toi dont elle a besoin. Parce que tu lui es suffisamment différent pour que ça marche ... pour que vous soyez bien, tous les deux. » Soyons clairs, il ne jouait pas les entremetteurs. Il tentait simplement de rétablir la vérité. Non, Elliot ne méritait pas quelqu'un comme lui. « Il lui faut quelqu'un qui saurait la tirer vers le haut, et non vers le bas. » Parce que Raphaël était plus déprimé qu'un veuf. Et croyez bien que personne ne méritait de supporter quelqu'un comme lui.

Je n'aime pas la façon dont il me regarde. Avec cette bienveillance qui lui est propre. Raphaël est un homme tellement bon, difficile de lui en vouloir. D'autant plus qu'il n'y est pour rien. Si cette discussion - aussi embarrassante soit-elle - n'a lieue que parce que je suis un con. Parce que ces foutus et minimes sentiments que je ressens à l'égard d'Elliot me pourrissent et me rendent méchant. A fleur de peau. Et parce qu'il est proche d'elle. Et que ça me frustre. « Mais Arès, il n'y a aucune compétition, je t'assure » Je sais bien, j'aimerais lui répondre. Mais je me tais, et je baisse la tête. Bien entendu qu'il n'y a aucune compétition. Je ne me battrai jamais pour une femme. J'ai simplement besoin de trouver un prétexte pour me défiler et ne pas avouer ce que je ressens. J'veux pas ressentir ces choses-la à son égards. Et si Raphaël ressent la même chose, je suis prêt à m'évincer. A retourner dans ma petite vie bien tranquille de salaud sans coeur. « Quelqu'un de maussade, de cafardeux ? Quelqu'un de déprimé, de solitaire, de craintif ? Quelqu'un qui passe son temps à se morfondre, à pleurer ? Tu vois, je doute qu'elle mérite quelqu'un comme moi » Je le fixe et secoue la tête. Je n'aime pas la façon dont il se décrit. Ce n'est pas comme ça que je le vois, moi. « Je ne te perçois pas comme ça moi. Et elle non plus, crois-moi. » je réponds d'une voix assurée qui se vaut également rassurante. J'ai pas envie de parler d'elle. Si je peux dévier le sujet, ne serait-ce qu'un peu.. « Elliot est émotive, comme moi. Elle craque parfois, comme moi. Et elle semble avoir peur de certaines choses, comme moi. Elle n'a certainement pas besoin de quelqu'un qui lui rapperait ce qu'elle est. C'est de toi dont elle a besoin. Parce que tu lui es suffisamment différent pour que ça marche ... pour que vous soyez bien, tous les deux. » Je sers la mâchoire. Il ne sait pas ce qui se cache derrière ma façade. Il ne sait pas qu'au fond, je ne suis qu'un faible, un sentimental. Que moi aussi j'ai peur. Que je ne suis pas aussi dur qu'il ne le pense. J'ai honte de moi, honte de ne pas m'être mit à nu devant lui dans tous les sens du termes. Il m'a vu dans mon plus simple appareil mais mon âme était bien couverte. « Tu te trompes.. » je réponds simplement d'une voix presque inaudible. « Il lui faut quelqu'un qui saurait la tirer vers le haut, et non vers le bas. » C'est le bouquet, le summum. Je ne serai jamais à la hauteur d'Elliot. De son caractère de feu. De sa fougue et de sa sensibilité. Je ne saurai pas la séduire comme elle aimerait que je le fasse. Je trouve le premier endroit potable et je m'y assieds. « J'ai pas réussis à lui avouer. J'arrive pas. J'ai peur. J'veux pas ressentir tout ça. Ca ne me ressemble tellement pas. » Je suis confus, je me perds dans mes mots, dans mes ressentis. Et je déballe tout. A Raphaël.

Vraiment, Raphaël ne pouvait pas concevoir que son camarade puisse se sentir "menacé" par sa personne. Du coup, cela avait tendance à l'inciter à se poser bon nombre de questions. Quel était le véritable problème, dans cette histoire ? Pourquoi Arès semblait fuir l'évidence, à savoir le fait qu'il tenait énormément à Elliot, et que personne n'était là pour l'empêcher de le lui faire savoir, et certainement pas Raphaël, qui malgré le fait qu'il craigne un tantinet de perdre la jeune femme en tant qu'amie et confidente, ne pourrait évident que se réjouir pour ces deux là, dans l'hypothèse où quelque chose se passait entre eux ? Arès était quelqu'un de bien, tout comme Elliot. Et Raphaël ne pouvait alors que se dire qu'il serait bien que l'un comme l'autre comprenne qu'ils s'attiraient mutuellement. Il avait bien vu leurs jeux de regards, qui en disaient très long. Il faut dire que Raphaël, à défaut d'être franchement sociable et du genre à participer à une vie de groupe, était du genre observateur. Parfois un peu trop. Il ne lui avait fallu que cinq minutes, lors d'un prime, pour comprendre qu'il y avait clairement anguille sous roche entre ses camarades. Cela ne lui déplaisait pas. Disons que, tout au plus, cela l'inquiétait dans le sens où perdre l'amitié d'Elliot n'était pas envisageable, ni même celle d'Arès d'ailleurs. Les sentiments ont malheureusement tendance à nous éloigner de ceux qui constituaient autrefois notre entourage. Ça n'était pas pour rien que les trois sœurs de Raphaël s'étaient progressivement éloignées, étant donné que toutes trois étaient en couple à l'heure d'aujourd'hui. Il était de son coté l'éternel célibataire de la famille, "éternel" prenant tout son sens dans la mesure où il n'avait jamais connu personne, et où personne ne voudrait assurément jamais de lui. Pathétique, hm. Quoi qu'il en soit, son camarade lui fit savoir que la manière dont il se décrivait n'était pas la manière dont il le voyait, ni Elliot d'ailleurs. Raphaël esquissa un sourire gêné. Au fond, entendre cela lui faisait plaisir. Il était plaisant d'entendre qu'on pouvait le voir autrement que comme le type faible et méprisable qu'il était pourtant. Et visiblement, il se trompait au sujet d'Arès. C'est en tout cas ce que celui-ci lui fit comprendre, après qu'il ait insinué qu'Arès était grandement différent d'Elliot. Cela n'était donc pas le cas ? Comme quoi. « Je ... je suis désolé, je ne prétends pas te connaitre, ni savoir qui tu es en réalité » reprit-il, comme pour s'excuser d'avoir tirer des conclusions aussi hâtives. Il n'aimait pas se fier aux apparences, alors il se devait à tout prix d'éviter de laisser penser que cela était le cas. Arès s'assit finalement dans un coin, et reprit la parole. Raphaël fut pour le moins étonné qu'il se confie autant, mais voulait se montrer compréhensif, comme il l'avait été à son égard la semaine passée. Il s'assit alors tout près de lui, tentant de capter son regard. « La peur de l'inconnu, comme on dit. Je suis loin d'être le mieux placé pour te donner ce genre de conseils, mais ... Arès, si tu lui donnes ce qu'elle veut, tu obtiendras probablement d'elle ce que toi tu veux. Et tu la veux elle, n'est-ce pas ? » Il tâchait de ne pas se montrer trop indiscret. Il voulait simplement comprendre, et l'aider. Oh, il s'y prenait peut être très mal, mais ne dit-on pas que c'est l'intention qui compte, hm ?

J'ai mal. Cette conversation me prend au tripes. C'est ridicule, nous parlons de sentiments. Je n'ai pas le centième des soucis de certains et je me permets de me plaindre. Je me sens ridicule, complètement. Et pourtant, j'ai l'intime conviction que Raphaël pourrait m'aider. Il trouve les mots justes. Ceux qui m'atteignent en plein cœur et me font mûrement réfléchir. J'ai envie de croire à tout ce qu'il prétend. J'aimerais sourire, lui dire que tout va bien, que je sais, et qu'Elliot saura bientôt, elle aussi. Mais je n'y arrive pas. Mes sentiments envers elles sont minimes – je ne prétendrai pas au grand amour, ce serait mentir et puis, nous sommes là depuis trois semaines, allons – et j'ai peur. Tout à coup je me projette, je nous imagine. Et j'ai peur de la laisser filer. Qu'elle glisse et s'en aille. C'est cette perspective qui me fait peur dans l'amour. Dans une relation. Toute bonne chose à une fin. Et cette fin me fou les boules. Alors, je préfère prendre et jeter comme je l'entends, comme j'en ai envie. Je préfère que la femme soit mon objet plutôt que l'inverse. Et en Elliot, je perçois la possibilité d'être prit et jeté. Une possible revanche pour toutes celles que j'ai fait pleuré, par exemple. « Je ... je suis désolé, je ne prétends pas te connaitre, ni savoir qui tu es en réalité » Je souris tendrement. Il ne pouvait pas savoir. Je ne suis pas aussi nature que lui. Je ne réussis pas à l'être et je ne veux pas l'être. Je ne veux pas qu'on me voit tel quel, un homme faible et sensible. Et qu'on ait l'occasion de se moquer. Je ne réponds pas. Je me contente de m’asseoir et Raphaël me rejoins très peu de temps après. « La peur de l'inconnu, comme on dit. Je suis loin d'être le mieux placé pour te donner ce genre de conseils, mais ... Arès, si tu lui donnes ce qu'elle veut, tu obtiendras probablement d'elle ce que toi tu veux. Et tu la veux elle, n'est-ce pas ? »  Oui, j'ai peur de l'inconnu. J'ai peur de quelque chose que je n'ai jamais vécu. Et je me réfère à toutes les mauvaises expériences de mes amis. J'ai peur de changer mes habitudes. « Et si elle ne me voulait pas, moi ? » J'ai l'air d'un bambin. Qui se soucie de tout. Ou alors, j'ai l'air d'une fille, amoureuse d'un bad boy. A choisir. Je fronce les sourcils. Je suis réellement perdu. Une partie de moi m'ordonne d'arrêter, me mets des claques intérieurement et me somme de redevenir l'homme que je suis naturellement. L'autre, plus douce, me dirige vers elle, vers ces quelques sentiments que je ressens pour elle. Et je me retrouve à penser à des gestes, des paroles qui pourraient la faire chavirer.. « Elle veut que je la séduise mais.. je sais pas séduire une femme, à part comme ça. » et je fais mon sourire colgate, celui qui marche à tout les coups.

Raphaël espérait présentement que cette discussion n'embarrassait pas trop son camarade. Le but n'était absolument pas de lui causer le moindre tort. A vrai dire, le suisse avait simplement envie de l'aider. Bon, il n'était pas dit qu'il en soit capable, qu'il en ait véritablement les moyens, mais il était en tout cas prêt à faire des efforts pour comprendre son camarade et la situation pour le moins délicate qui était la sienne. Il était fort probable que tout cela trouble légèrement Raphaël, dans la mesure où il n'était pas un entremetteur né et que toute ces choses lui étaient au moins autant inconnues qu'à son camarade, mais il tâchait de garder bien en tête qu'Arès l'avait beaucoup aidé, l'autre jour dans la salle de bain. Aujourd'hui, au milieu de tout ce bazar, c'était étrangement à lui d'aller vers lui, de tâcher de se montrer compréhensif, de tâcher de lui montrer qu'il était là pour lui et pour essayer de l'aider. Il n'était pas certain qu'Arès accepte encore longtemps qu'il se mêle de cette histoire avec Elliot qui ne le regardait assurément pas, mais tant qu'il ne le réprimandait pas, Raphaël avait quelques peu tendance à penser qu'il pouvait s'y pencher encore quelques instants, non pas pour jouer les curieux et s'immiscer dans la vie privée de ses camarades, mais bel et bien pour faire en sorte de comprendre où se situait le problème, ce qui pourrait véritablement s'avérer utile s'il comptait réellement aider Arès. Raphaël eut au passage un peu peur d'avoir bêtement gaffé en prétendant pouvoir savoir qu'Arès était en tous points différent à Elliot. Il n'avait évidemment aucun moyen de le savoir, puisqu'il le connaissait à peine. De telles paroles avaient été inappropriées, bien malvenues, alors il ne tarda pas à s'excuser, ayant alors droit à un sourire rassurant de la part de son camarade. Les deux jeunes homme s'assirent - disons plutôt que Raphaël prit place aux cotés d'Arès - tandis que le suisse tenta une nouvelle approche du problème. La peur de l'inconnu, il connaissait bien. Et l'on disait qu'elle était universelle, alors sans doute concernait-elle également Arès, d'autant plus dans une pareille situation. A la réponse de son camarade, Raphaël afficha une moue attendrie. Il semblait penser qu'Elliot pourrait ne pas vouloir de lui, alors que c'était exactement ce que tout le monde devait alors compris. En tout cas, ses regards ne trompaient personne. « Je pense qu'au fond de toi, tu sais pertinemment que c'est le cas » fit-il tout doucement. Il ne prétendait pas savoir ce qu'il avait pu partager avec Elliot jusqu'à présent, mais il supposait naturellement que la jeune femme avait déjà laissé entrevoir des signes de son attirance pour Arès, du fait qu'elle n'était probablement pas attirée que par une apparence. Mais qui était-il pour imaginer tout cela, au juste ? Hm, personne. Arès lui fit alors savoir qu'il ne savait séduire que par un sourire un brin exagéré, qu'il lui adressa d’ailleurs en guise de démonstration. Le minois de Raphaël laissa alors apparaitre son amusement, tandis qu'il redevint sérieux en plantant un regard compréhensif dans celui d'Arès. « Ton sourire, aussi beau soit-il, peut laisser penser que tu n'attends rien de sérieux. Je ... je ne sais pas comment tu te comportes vis à vis des autres femmes, mais je pense savoir que tu n'as pas la moindre envie qu'Elliot puisse penser qu'elle n'est, en fin de compte ... qu'une femme de plus, à tes yeux. Et hm, j'ai tendance à penser qu'un tel sourire peut surtout cacher quelque chose, comme la peur d'être vu autrement que comme un ... séducteur ? Excuse-moi, je ne suis pas certain que mes paroles soient les bienvenues, mais ... si tu veux la séduire, si tu y tiens vraiment, peut être devrais-tu laisser tomber les sourires éclatants et te montrer simplement sous un jour naturel et sincère. » Il se pinça la lèvre, jugeant qu'il était bien mal placé pour donner ne serait-ce qu'un infime conseil en matière de séduction. Rappelons que son passé sentimental était tout bonnement inexistant. « Tu peux me le dire si je dépasse les bornes, hein » laissa-t-il échapper, dans un sourire gêné. Parce que bon, Raphaël qui tentait d'interpréter les différentes manières de séduire, c'était aussi amusant que ridicule, probablement.