l'eau à la bouche
~ starring malo and sive

En faisant son sport hebdomadaire ce matin, il continuait à lire la lettre que sa cousine lui avait laissé. Jusqu'ici il avait suivi toutes ses instructions. Nous arrivons vers la fin de la semaine. Le programme de Mona avait réussi peu à peu à le remettre sur pieds : il portait ses fruits. Personne ne connaissait Malo aussi bien qu'elle. Ils avaient pratiquement ensembles comme des frères et sœurs. Elle avait fait tout ceci pour lui remonter le moral. Une sorte de cure qui lui permettrait de retrouver un moral d'acier. Il lut à voix basse la prochaine étape du programme : - Je sais ô combien tu aimes cuisiner. Surtout pour les gens que tu apprécies. Ce que je te propose, c'est de concocter un petit dîner pour deux. En souvenir du bon vieux temps. Bon appétit, mon cousin ! Un sourire illumina son visage. Quelques mots suffisaient à lui mettre du baume au cœur. Il finit de faire du sport avant de revenir au premier étage. Il regarda sa montre. Il lui restait assez du temps pour préparer les plats. Il passa d'abord par la salle de bain pour prendre une douche. Il s'habilla en vitesse. Avec un crayon noir, il écrivit un mot destiné à Sive : Tu es conviée à un dîner en tête-à-tête. Viens me rejoindre dans la cuisine, à 21:00 tapante. A tout à l'heure, Malo. Il le déposa sur le lit de la jeune femme, en espérant qu'elle viendrait au rendez-vous. En attendant, il descendit les escaliers. Il se dirigea vers la cuisine. La pièce était plongée dans un calme inhabituel. Certains habitants avaient déjà pris leur repas. Il se mit devant le plan de travail et réfléchit à ce qu'il allait préparer pour ce soir. D'abord, il avait envie d'un verre de vin. Il descendit à la cave pour se chercher des bouteilles. Il revint à la cuisine et les entreposa dans le réfrigérateur pour qu'elles soient fraîches au moment du service. Il ne savait toujours pas quel plat il allait concocter ce soir. Il décida de demander à Sive son avis. En attendant, il se servit un peu de vin rouge. Il déposa un autre verre sur la table pour son invitée. Il sentit alors une main effleurer son dos. Il se retourna. Sive. Il lui sourit et s'enquit de lui demander : - Que souhaiterais-tu manger ce soir ? Il la regarda tout en buvant une gorgée de son verre.

La fin de la semaine. Comme toujours, cela se faisait sentir. Il me semblait que c'était quelque chose dans le soleil, sa manière de se coucher, la couleur avec laquelle il embrasait le ciel, mais ce n'était rien de tout ça : c'était la fatigue, l'épuisement, l'attente du soulagement, la crainte du pire. Au dehors, ce n'était pas bien différent. Mais il y avait au moins en elle une notion de repos à laquelle on ne pouvait aspirer ici. En même temps, quelque part, il me semblait que les primes étaient la seule chose qui pouvait nous ramener un tant soit peu à la réalité, et ils faisaient que nous disposions un minimum encore d'une certaine notion de temps. Sans eux, probablement ne verrions nous plus les jours passer, ici reclus, l'astre se levant et se couchant inlassablement au même point. Et encore, même avec ça, j'avais souvent du mal à me souvenir où nous en étions dans le déroulement de la semaine en cours. Plus ça allait, pire c'était. Bref, là n'était pas le propos, mais c'était dans cette humeur oscillant entre la nostalgie et la lassitude que j'avais découvert le mot de Malo. J'avais été surprise, et mon train-train perturbé m'avait fait connaître son enthousiasme. Je me demandais un instant s'il faisait ça parce qu'il s'était rendu compte de mes piètres talents de cuisinière, mais bientôt, je devais me faire une raison : il s'en était sûrement douté bien plus tôt, comme tout le monde, jamais personne ne m'ayant vue tourner autour des fourneaux. Cela n'enlevait rien au charme de la demande, quand bien même cela aurait-il eu un lien avec la note prise précédemment. Je m'activais donc vers la cuisine après avoir troqué mon jogging contre une tenue plus adaptée aux circonstances, et y trouvais finalement Malo. C'est avec un grand sourire que je m'approchais de lui et laissais glisser une main sur son dos pour lui signaler ma présence. A en voir l'état de la cuisine, je soupçonnais que rien n'avait été encore fait, et il vint bientôt confirmer ma pensée. Outch, il comptait me donner un cours, ou que je l'aide ? Non parce qu'on courait à la catastrophe ! « Jusqu'où s'étendent tes connaissances culinaires ? » Un sourire malicieux remplaça le précédent. Pas que je doute qu'il soit très capable de ce côté-là...

Après la couture, la cuisine était ce qui le détendait le plus. Il aimait confectionner des petits plats pour amis et proches. Malheureusement, il n'avait plus autant de temps à y consacrer à cause du travail dans sa boutique et à l'atelier. Depuis ce qu'il s'était passé il y a quatre ans, ses habitudes de vie avaient changé. Lui-même avait changé ... Sive étant arrivé à l'heure au rendez-vous. Il esquissa un sourire radieux en la voyant. – Jusqu'où s'étendent tes connaissances culinaires ?, lui demanda-t-elle. Il déposa son verre sur la table et fit mine de réfléchir. Sa passion pour la cuisine venait du fait qu'il avait vécu avec un colocataire cuisiner dans la capitale française. Grâce à lui, il avait appris de nombreuses recettes. Il avouait avoir un penchant particulier pour la cuisine italienne. Mais il adorait cuisiner français. Contrairement à la nourriture de l'hexagone, celle des britanniques n'était ni raffinée, ni recherchée. Bien qu'il avait été surpris de voir que la cuisine anglaise s'améliorait de plus en plus. Sans doute parce que les cuisiniers néophytes faisaient leur apprentissage à Paris, auprès des meilleurs chefs. Il répondit d'une suave : – Je dirai, sans être trop pompeux que je suis plutôt doué pour faire des plats français ou encore italiens. Son sourire s'élargit. Il pouvait lui cuisiner ce qu'elle voulait. Enfin, presque. Il ne connaissait que les classiques de la cuisine française et quelques rudiments de la cuisine italienne. Il faisait de la cuisine avant tout pour le plaisir. Il n'était qu'un simple amateur. Il aimait découvrir de nouvelles saveurs et recettes. Ce soir, il voulait quelque chose de plus français car les deux candidats partageaient un amour incommensurable pour la culture française. – J'en envie de manger français, ce soir. Qu'en dîtes-vous chère amie ? Il lança un regard complice à son interlocutrice avant de prendre la bouteille de vin et lui servir un verre de vin. Il lui tendit le verre et reprit le sien. Il but de nouveau une gorgée.