FRIDAY, 08:00PM
L'EAU A LA BOUCHE
starring orson & danaé

Tout était presque prêt pour le dîner de ce soir. Un dîner auquel était conviée une certaine Danaé. Elle lui en avait expressément fait la demande, la semaine dernière,  au kiosque. Comme Orson était un homme de parole, il tenait toujours ses promesses. Comme convenu, il faisait à manger. Il s'affairait en cuisine pour que tout soit prêt à temps. Il avait tout préparé au préalable, excepté l'entrée car il avait dans l'idée que la parisienne et lui le confectionneraient ensemble. Un moment convivial qu'il aimerait partager avec elle. Il s'attelait à terminer la fabrication de son dessert avant que la jeune femme ne le rejoigne en cuisine. Pendant que le velouté était en train de mijoter doucement dans la casserole, il en profita pour regarder l'heure quelques instants. Voyant qu'il était dans les temps, il s'empressa de sortir des verres à pied pour l'apéritif qu'il déposa sur le plan de travail à côté des bouteilles de vin. C'est à ce moment-là que la blonde entra dans la pièce, le visage rayonnant accompagné d'un sourire séraphique sur les lèvres. Il retira vite fait son tablier qu'il déposa sur un crochet au mur et s'avança vers elle. Il lui fit la bise dans les règles de l'art et fourra ses mains dans les poches de son pantalon. - Bonsoir., qu'il prononça dans la langue de Molière dans un accent quasi parfait. Il faisait honneur à la France entière et à son invitée en parlant dans la langue maternelle de cette dernière. Il poursuivit, toujours en français : - Commençons par l’apéritif, veux-tu. Il ne savait si son français était impeccable, mais il en avait gardé des bonnes bases. Pour les besoins du métier, il avait appris à le perfectionner avec le temps. Surtout qu'en école d'art, c'était nécessaire car tous les cours étaient en français. Il revint près du plan de travail et déboucha une première bouteille de vin, puis la seconde. - Rouge ou blanc ?, demanda-t-il d'un ton posé. Comme tout français qui se respecte, on commençait toujours les repas avec un bon vin. Par contre, il ignorait les goûts de la parisienne ou sa préférence pour tel ou tel vin. Elle avait l'embarras du choix.

Jamais je n’aurais pensé qu’Orson aurait pris ma demande au pied de la lettre. Je voulais simplement le taquiner un petit peu en jouant la nana capricieuse, mais rien de plus. Malgré tout je dois avouer que cette attention me fait particulièrement plaisir. C’est bien la première fois qu’un homme me prépare un repas. Le père d’Erick avait l’habitude de m’amener au restaurant ou bien de réchauffer ce qu’il s’était fait livrer, mais sans jamais faire de cuisiner. Il était certains de me faire plaisir de par sa compagnie, mais il est vrai que manger quelque chose de lui, le voir faire des efforts aurait été une belle preuve d’amour. Enfin, de toute façon nous ne sommes plus ensemble aujourd’hui et ce soir c’est Orson qui me fait à manger. Je me prépare un minimum pour lui faire honneur. J’enfile une petite robe noire toute simple, une paire de talons hauts et j’attache mes cheveux en un chignon de danseuse avant de me maquiller très légèrement. Une fois prête je descends sur le lieu du rendez-vous, la cuisine. Souriante j’entre dans la pièce. « Bonsoir. » Il retire bien vite son tablier pour l’accrocher au mur avant de venir me faire la bise et de me répondre enfin. - Bonsoir. Il me répond en français. Je l’observe un instant avant de sourire. Il a vécu en France durant ses études et apparemment il a toujours des notions de la langue de Molière. - Commençons par l’apéritif, veux-tu. J’hoche positivement la tête. « Avec plaisir. » Je regarde tout autour de moi. J’essaye de savoir ce qu’il a bien pu préparer pour le dîner, mais je n’arrive pas à distinguer ce qu’il se trouve dans les casseroles. Tant pis. Il débouche une bouteille de vin avec un geste précis, avant de faire de même avec une seconde. Il m’épate. Vraiment. - Rouge ou blanc ? Je ne sais pas trop. Le père de mon fils m’a toujours dis qu’il fallait commencer par quelque chose de doux et il me semble que le vin blanc est bien moins fort que le vin rouge. J’hésite encore un petit peu avant de dire : « Du rouge s’il te plait. » Après tout je ne suis plus avec le père de mon fils alors je peux faire ce que je veux. En plus le vin rouge c’est bien français donc autant faire ressortir mes origines jusqu’au bout. Je me redresse légèrement essayant encore une fois d’observer l’intérieur des casseroles. « Qu’à tu préparé de bon ? » que je demande en souriant.

Cela lui faisait plaisir d'avoir un dîner en tête-à-tête avec la parisienne. Il lui avait avoué la semaine dernière qu'en plus d'être consultant en art, il travaillait à mi-temps dans un restaurant italien pour aider un ami de longue date lui-même restaurateur et propriétaire des lieux. Contrairement à son ami, il avait appris la cuisine sur le tas et après beaucoup de pratique. S'étant débrouillé par lui-même, il n'avait pas encore acquis toutes les techniques d'un grand cuisinier. Il ne cessait pas de s'améliorer de recette en recette. A cause du travail, il ne trouvait plus le temps de s'adonner à cette autre passion. Maintenant qu'il avait du temps libre, il le consacrait à élaborer ses propres recettes ou à approfondir certaines notions. Ce soir, c'était un moyen pour lui de s'exercer. L'avantage, c'était qu'il pouvait faire goûter ses plats. Danaé ne tarda pas à faire son entrée. Ils se saluèrent et se firent la bise à la française. Pour l'occasion, il lui parla en français. De toute façon, tout le dîner se ferait en français. En l'honneur de son invitée. Tout d'abord, l'apéritif. A commencer par le vin. Rouge ou blanc ?, lui demanda-il. Elle prendrait du rouge. Honneur aux dames. Il la servit en premier, puis versa du vin dans son verre. Ils trinquèrent. - Santé., s'exclama-t-il, toujours en français. Il la voyait gesticuler dans tous les sens depuis son entrée. La curiosité piquée au vif, elle tentait en vain de voir ce qu'il avait préparé. - Au menu de ce soir. En apéritif, des figues au jambon de Parme. En entrée, un velouté de girolles. En plat principal, un risotto au parmesan. Puis en désert, petites mousses à la pulpe de citron vert., qu'il énuméra d'une traite. Il avait pensé à quelque chose de plus léger. Le soir, c'était préférable. C'était des produits de saison. Les girolles étaient frais, les figues bien mûres. Le parmesan et le jambon de Parme, des produits italiens de qualités. Tout ceci était fait maison, bien sûre. Il se dirigea vers le réfrigérateur et sortit l'assiette de figues. Il la présenta sous le regard gourmand de la jeune femme. Des tranches de figues enchevêtrées dans des tranches de jambon, relevées au poivre. Le regard rivé sur elle, il lui demanda d'une voix douce : - Alors ça te plait ? Il se saisit d'une tranche de figues accompagnée de jambon qu'il mangea tout de suite après.

Avant même d’entrer dans la cuisine, une agréable odeur de nourriture parvient jusqu’à mon petit nez tout fin. Je ne sais pas ce qu’Orson a bien pu me préparer pour ce soir, mais en tout cas je suis vraiment touché qu’il m’invite pour un tête-à-tête en sa compagnie. C’est un garçon que j’aime bien et passer du temps en sa compagnie ne me dérange pas du tout. C’est en souriant que je passe la porte et que nous nous saluons. L’odeur est encore plus agréable maintenant que je suis à l’intérieur de la pièce. Il me parle en français et je n’en suis étonné qu’à moitié. Je me souviens qu’il m’a dit avoir eu l’occasion de vivre en France durant ses études. Le château de l’émission se trouve peut-être en France, mais je n’en peux plus de parler uniquement en anglais et je dois avouer que je suis aux anges lorsque j’entends qu’il ne s’arrête plus de parler dans ma langue natale. J’ai un petit sourire idiot sur les lèvres. Un sourire qui n’arrive pas à s’effacer. Il débouche une bouteille de vin, puis une autre et me demande ce que je désire boire. Du rouge. J’ai envie de quelque chose de caractère, de quelque chose d’un petit peu fort. - Santé. Nos verres viennent très légèrement s’entrechoquer. Je lui adresse un énième sourire avant de me mettre à gesticuler dans tous les sens pour tenter d’apercevoir ce qu’il peut bien être en train de mijoter dans les casseroles qui se trouvent sur le feu. - Au menu de ce soir. En apéritif, des figues au jambon de Parme. En entrée, un velouté de girolles. En plat principal, un risotto au parmesan. Puis en désert, petites mousses à la pulpe de citron vert. J’arque un sourcil. Tout ceci m’a l’air bien appétissant. Ce n’a pas l’air trop lourd non plus et ça c’est cool parce que je suis au régime depuis peu et je n’ai pas envie de ruiner tous mes efforts alors que j’ai déjà perdu deux petits kilos depuis mon arrivée ici. « Mais tu as tout fait tout seul ? » que je demande sur un ton peut-être un petit peu trop curieux. Je culpabilise parce qu’il a dû mettre pas mal de temps pour faire ça alors que moi j’ai seulement fait un effort de présentation en passant dix ans dans la salle de bain pendant que monsieur était en train de cuisiner tout un tas de bonnes choses pour ma petite personne. J’ai toujours l’impression que cuisiner ne prends pas beaucoup de temps quand je vois les gens faire à la télévisions, mais là, avec tous ces noms presque sophistiqués, j’ai l’impression qu’il a passé des heures et des heures ici aujourd’hui. Il s’approche d’un réfrigérateur pour en sortir une petite assiette dans laquelle repose de fines tranches de figue et de jambon cru. Tout ceci a l’air bien bon. Je n’arrive pas à détacher mon regard du plat qu’il me présente. - Alors ça te plait ? Telle une gamine, je viens hocher positivement la tête. « Je … Oui. » Le copiant, j’attrape avec délicatesse une tranche de figue accompagné de jambon de Parme. Mettant le tout dans ma bouche, je ferme les yeux comme pour en apprécier au mieux le goût. « C’est … parfait. » C’est juste super bon. « C’est rare de nos jours les hommes qui cuisinent aussi bien. » que je viens lui confier avec un sourire au bout des lèvres.

Danaé était élégante, ce soir. Avec sa robe noir et ses cheveux blonds relevés en un chignon chic. Ce dîner était l'occasion pour eux de discuter autour d'un repas convivial et léger. En détaillant le menu pour elle, il passait en revue dans son esprit l'intégralité des plats pour ne rien oublier. Il voulait que tout soit parfait. Il était perfectionniste jusqu'au bout. Il se retournait de temps à autre pour vérifier si le velouté était prêt. Pour l'instant, ce n'était pas le cas donc il pouvait se détendre en compagnie de la jolie blonde. Le dîner était placé sous le signe de la France. Langue française, oblige. Il laissait tomber l'anglais. Rien que pour cette nuit. Cela avait l'air de ravir la jeune femme puisqu'elle s'en donnait à cœur joie. Son français était plus mélodieux que le sien. Qu'importe. Le vin était servi. Le menu avait été annoncé. Apparemment, elle était impressionnée. Elle se demandait si il avait fait tout cela tout seul. Il hocha la tête, un rictus en coin.  - Evidemment., qu'il murmura. Ce n'était vraiment pas grand chose. Il connaissait ces plats par cœur. Il pourrait même les faire les yeux fermés, s'il le voulait. Les recettes étaient simples et rapides à faire. Le velouté avait pris plus de temps, mais il suffit un peu de patience. Tout était une question de persévérance et d'assiduité. La concentration avant tout. Le menu était loin d'être gastronomique. Il préférait la cuisine familiale et gourmande. Des plats que sa mère et sa grand-mère elles-mêmes auraient préparé elles-mêmes. Ils étaient toujours à apéritif. Ils goûtèrent aux figues et au jambon de Parme. Il la regarda savourer son met et but une lampée de son vin rouge pour se désaltérer. Elle trouve que c'est parfait. Un sourire satisfait apparut à la commissure des ses lèvres. Elle fit alors remarque sur les hommes et la cuisine. - Qui cuisinent tout court, tu veux dire. Il rit légèrement. Dans son entourage, ils étaient très peu à cuisinier car ils n'avaient pas assez de temps pour s'y consacrer pleinement. C'était compréhensible. Les femmes cuisinaient de moins en moins également. Les choses étaient différentes, de nos jours. - J'ai l'impression que je t'intimide, Danaé. Il avait déjà eu cette impression, au fil de leurs rencontres. Si il la mettait mal à l'aise, ce n'était pas son intention. Il avait eu l'occasion de l'observer à maintes reprises et s'était rendu compte que son comportement était différent lorsqu'elle se retrouvait avec lui.   

Je ne sais pas vraiment si faire un effort vestimentaire est quelque chose qui va faire plaisir à Orson, mais en tout cas j’ai bien envie de m’habiller convenablement, de me coiffer comme je dois aller rencontre une personne importante et de me maquiller à peine un petit peu plus que d’habitude, mais sans tomber dans l’excès. Je ne veux pas finir par ressembler à un pot de peinture. Le jeune homme me donne le nom de chacun des plats qu’il a eu la gentilesse de préparer pour ma petite personne. Je dois bien avouer que je suis assez soufflé par ce que j’entends. Tellement que je ne peux m’empêcher de lui demander s’il a fait tout ça tout seul. - Evidemment. C’est fou. Moi-même je ne suis pas capable de faire quelque chose qui ressemble à ce qu’il me sert là. Enfin si, mais uniquement de nom parce que je suis certaine que cela n’aura pas le même goût, ni le même aspect visuel. J’ai bien envie de l’applaudir, mais je crois que cela ne se fait pas. Du coup je me contente de lui adresser un petit sourire. « Eh bien je te tire mon chapeau parce que je crois que je ne suis pas capable de faire le quart de ce que tu as fait. » C’est la vérité. Moi à part des pâtes à la bolognaise, je ne sais pas faire grand-chose et Celse peut en témoigner. Je n’ai pas honte de lui avouer, en quelque sorte, que je ne suis pas la plus douée de toute les nanas en cuisine, mais je n’ai pas non plus honte de lui dire que de nos jours les hommes ne font pas trop la cuisine et surtout pas aussi bien que lui. Oui parce que l’apéritif qu’il est en train de me faire déguster est à tomber à la renverse. C’est juste succulent et je n’hésite pas à le lui faire remarquer. Je vois bien que mon compliment lui fait plaisir vu qu’il est en train de sourire très légèrement. - Qui cuisinent tout court, tu veux dire. Il n’a pas tort. De nos jours les hommes ne cuisinent pas tellement. Enfin, tout dépend de quels hommes. J’hausse les épaules. « Je n’ai jamais eu l’occasion de voir mon père cuisiner et mon ancien compagnon, encore moins. » Pas une seule petite fois pour être franche. Orson passe sur tout autre chose et me pose une question … plutôt intrigante. - J'ai l'impression que je t'intimide, Danaé. Alors que je suis sur le point de boire, je me rétracte et viens poser mon verre sur le plan de travail. Je baisse brièvement la tête. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Ce n’est pas qu’il m’intimide, c’est … « Pas vraiment. » que je murmure presque en posant mes pupilles sur lui et en lui adressant un bref sourire timide. « Disons simplement que tu n’es pas comme les autres jeunes hommes du château et que je peux me permettre d’être bien plus calme à tes côtés que lorsque je me trouve avec l’un d’eux. » C’est la stricte vérité. Ou du moins je viens d’arranger la vérité à ma façon. En réalité il m’intimide un petit peu, mais je n’ose pas le lui dire. Je ne veux pas le vexer ou quoi que ce soit. Même si c’est lui qui vient me poser la question et donc qu’il doit se douter que oui il m’intimide un petit peu.