Santiago

La plage, un endroit où je cherchais de la détente et un peu de calme... quand c'était possible, bien sur. Ce qu'il fallait savoir, c'est que je passais souvent d'un extrême à un autre. Avec moi, c'était tout ou rien. Soit j'arborais un short de bain parachute, soit je sortais le mini short. Et il se trouve qu'aujourd'hui, pour faire sensation sur la plage, j'avais plutôt misé sur le court. Assis sur le sable et me dorant la pilule, je remarquai à peine l'arrivée de l'espagnol, près de moi. Celui-ci ne tarda pas à s'asseoir, et resta dans un premier temps silencieux. Mais bientôt je sentis comme son regard se poser sur moi, ou plutôt très au sud. Ma parole, on aurait jugé que le jeune homme était en train de loucher sur mon slip de bain. De quoi me mettre particulièrement mal à l'aise... et me donner l'envie de mettre les points sur les i, quitte à être cash avec lui. « Je t'arrête de suite, si ton soutien lors du prime ne m'a pas laissé indifférent, il ne se passera rien entre nous. Alors oui, je sais, ça te fend le cœur. Ça brise toutes tes illusions, tous tes espoirs. Néanmoins je resterai catégorique là-dessus : c'est impossible entre toi et moi. Hm attends, je crois que j'ai apporté des kleenex si besoin. Laisse-toi aller, hein, ça ne pourra te faire que du bien. La vie continue, t'en trouveras un autre. Mais je suis pas un mec pour toi. » Okay okay, j'en faisais pas un peu des tonnes là ? Hum, si sans doute. Non mais je préférais prévenir que guérir moi, tel était mon principe. Sans doute l'espagnol aurait le cœur brisé par cette révélation, mais je préférais me montrer honnête avec lui. Fallait pas le laisser se bercer de douces illusions quoi, franchement ça aurait été plus cruel qu'autre chose. Bon ça va, il allait s'en remettre vous croyez ? Évidemment, je me foutais légèrement de sa gueule. Oh, si on ne pouvait plus rigoler...

C’est l’été. Enfin ! Ma saison préférée. Je vais pouvoir bronzer, probablement mon passe-temps favoris au sein du jeu. Bon, vu ma couleur de peau, je n’en ai pas tellement besoin mais c’est quelque chose que j’adore faire. Lézarder sur la plage au soleil, c’est limite orgasmique. Il me manque toutefois la mer mais je fais sans. Le lac est agréable à regarder et la plage aménagée pour le jeu est sympa. Quoi qu’il en soit, je débarque sur le sable vêtu d’un slip de bain que je n’avais encore jamais mis. Aujourd’hui, j’ai donc opté pour les ancres et un genre de chapeau de marin que j’ai trouvé à la cave. Je crois que c’est l’un de mes plus beaux maillots. Hum.. Quand je vois celui d’Andreas, je ne peux pas en dire autant. Sérieusement mec ?! Il n’égale même pas mon short de bain zébré. Faudra que je lui apprenne. En attendant, je me pose à ses côtés sur le sable et là, il commence à péter tout seul une durite. Je ne peux m’empêcher de rire. « Tu n’es pas un mec pour moi, ça c’est sûr. » Je sais pas si il rigole ou si il est sérieux mais en tout cas, je n’ai jamais pensé ne serait-ce qu’un instant à faire d’Andreas une proie sexuelle. « T’inquiètes pas, je saurai m’en remettre. Mais tu sais, pour une première fois avec un mec, t’aurais dû en choisir un vrai comme moi plutôt qu’un transsexuel. » Il souhaite là jouer comme ça, ok, je vais la jouer comme ça moi. Quitte à ce qu’il gerbe un peu partout sur le sable. Allez, il s’en remettra après tout. Ou pas. En tout cas, à sa place, j’aurai vraiment pas aimé me faire avoir de la sorte par Irène.

Je le voyais loucher sur mon slip de bain et ma réaction ne tarda pas. Rassurez-vous je plaisantais, car loin de moi l'idée qu'il pouvait me trouver à son goût. Je faisais peut-être même toujours office de baleine à ses yeux, hein, comme au bon vieux temps. « Tu n’es pas un mec pour moi, ça c’est sûr. » Nous étions bien d'accord sur ce point. Et ça me soulageait d'ailleurs, de savoir que je n'étais pas dans le viseur du bisexuel de service, très porté sur les slips moulants. Mais il ne tarda pas à reprendre la parole, afin de sortir ce qui, de toute évidence, n'avait clairement pas besoin de l'être ce soir. « T’inquiètes pas, je saurai m’en remettre. Mais tu sais, pour une première fois avec un mec, t’aurais dû en choisir un vrai comme moi plutôt qu’un transsexuel. » Ah ça, clairement, je m'en serais bien passé quoi. Le saligot, il profitait de l'occasion pour remettre cette histoire sur la table. Mais à force d'en entendre parler en long et en large toute la semaine, bah ça ne m'affectait plus tellement au final. Au contraire, cela me faisait presque rire à la longue. Car la situation était quand même ridicule, on est bien d'accord. Même, puisque le ton était donné, j'allais poursuivre sur la voie de l'humour. « Oh si j'avais su que tu étais partant, j'aurais sauté sur l'occas'. Mais pour ma défense, je n'étais au courant de rien, monsieur l'agent. » Ah ça, on pouvait clairement dire que je m'étais fait avoir comme un bleu. En beauté. Ceci était une formidable arnaque dans laquelle j'étais tombé par trois fois, vous vous rendez compte ? Trois fois ! « N'hésite pas à tenter ta chance auprès d'elle, enfin de lui. Après tout, tu m'as clairement dit dimanche que tu donnais dans les deux sexes. » Alors un transexuel, c'était pour lui ça. De toute manière il était encore le seul qui voudrait certainement d'Irène. La pauvre, elle avait grillé toutes ses chances auprès de quasiment tout le nid à l'heure actuelle.

Visiblement, Andreas semble pensé qu’il est ma prochaine cible sexuel. Hum.. il débloque ? A moins qu’il ne plaisante. J’en sais rien. En tout cas, moi je décide de rire de tout cela. J’en joue même en prétextant qu’il aurait mieux fait de me choisir moi pour une première fois avec un mec plutôt qu’une transsexuelle comme Irène. « Quel dommage ! » Ironie bien sûr. Je suis bien content de la situation ici présente. Andreas n’est pas le genre de mec qui m’attire physiquement et lui, n’est pas intéressé par les mecs. Voilà, pas d’ambigüité. Quoi que, s’il avait été bisexuel, je reste persuadé qu’il aurait craqué pour moi. Ah ah. En attendant, il ne semble pas tellement comprendre ma sexualité. « Ah non ! Mélanges pas les serviettes et les torchons ! J’aime les hommes, j’aime les femmes, mais j’aime pas les deux en même temps. » J’ai tendance à aimer ce qu’il y a de plus virile chez un homme et au contraire une femme sexy et féminine. Bizarrement, un mélange des gens ne m’attire pas. J’ai horreur des mecs qui ont des manières et je déteste les camionneuses. Alors un homme devenu une femme sexy et aguicheuse, non merci, ça ne m’attire pas. Ça revient à un mec avec des manières. Enfin je me comprends dans mon raisonnement. Pauvre Irène. « Mais.. je comprends pas. Comment t’as fait pour ? Enfin je veux dire.. elle s’est fait retirée ses bijoux de famille ? » Un léger rictus s’échappe de mes lèvres. J’essaye toutefois d’y aller avec tact, je n’ai pas envie non plus de remuer le couteau dans la plaie pour Andreas. Je veux juste comprendre.

C'est vrai qu'au lieu de sauter le transsexuel du château, j'aurais mieux fait de choisir Santiago. Bah ouais, quitte à prendre un mec, autant en prendre un qui en avait également l'apparence. Mais c'était un peu tard pour penser à tout cela désormais. « Quel dommage ! » Oh il pouvait déclarer cela sur un ton parfaitement ironique, je savais au fond qu'il n'aurait pas dit non à une petite partie de jambes en l'air avec moi. Mais bon, que voulez-vous, les mecs c'était pas du tout mon truc. Donc oui, en quelque sorte, c'était dommage. Et sinon, puisqu'il avait évoqué mon expérience avec le transsexuel du nid, alias Irène, pourquoi ne se laisserait-il pas tenter à son tour, hm ? « Ah non ! Mélanges pas les serviettes et les torchons ! J’aime les hommes, j’aime les femmes, mais j’aime pas les deux en même temps. » Mais enfin, si je l'avais fait, il en était capable, non ? Et puis franchement chez Irène, rien ne laissait percevoir qu'avant cela elle était un homme. Aucun détail ne la trahissait. On pouvait applaudir son chirurgien, vraiment. « Quel dommage ! » rétorquais-je en ne manquant pas de l’imiter comme quelques instants auparavant. Bon et bien Irène pourrait probablement aller se brosser pour trouver de quoi se mettre sous la dent désormais. Son côté travelo n'attirait vraiment plus personne. Et là encore, quel dommage ! « Mais.. je comprends pas. Comment t’as fait pour ? Enfin je veux dire.. elle s’est fait retirée ses bijoux de famille ? » Ah il pouvait faire le malin, moi ça ne me faisait pas du tout, mais alors pas du tout rire. Bon puisqu'il semblait s'intéresser à tout ça et au piège dans lequel j'étais tombé, j'allais tout lui dire. « Si elle les avait encore, je peux te dire que je ne me serais pas fait avoir à trois reprises. C'est un truc qui se voit, quand même, en général. L'illusion était parfaite - on aurait vraiment dit une femme. » Une très belle femme, même. Donc oui, en clair, elle les avait fait enlever. Beaucoup d'hommes changeant de sexe retiraient absolument tout les ramenant à l'homme qu'ils étaient avant leur opération. Et c'était le cas d'Irène qui, sans avoir révélé la vérité, serait probablement toujours considérée comme étant une femme à l'heure actuelle.

Ma sexualité n’est pas forcément évidente pour tout le monde, j’en ai conscience. Je suis ouvert et en même temps difficile. J’aime les filles canons et sexy et j’aime les mecs beaux et virils. Ce n’est pas bien dur à comprendre pourtant. Irène ne correspond donc pas à mes critères de recherche. De toute façon, dans ce château, peu de personnes correspondent à mes critères. Je veux dire : il y a des beaux gosses et de jolies filles mais rien d’exceptionnel non plus. En particulier chez les nanas. Seul Sochanna était vraiment à mon goût. Quoi que.. Irène était plutôt jolie aussi avant que j’apprenne la vérité sur son sexe. Mais même si elle a embauché le meilleur chirurgien au monde, elle ne m’attire à présent plus. Quel dommage ! Ah ah. Bien joué Andreas. Celle-là était bien placée. « Elle s’est donc fait mettre un vagin à la place d’un pénis. C’est fou le progrès. Le pire, c’est sa voix. Elle n’a même pas une voix d’homme. » Je sais jamais si il faut dire « il » ou « elle ». Peut-être que « cette chose » conviendrait mieux. J’en sais rien. En attendant, tout cela ne semble pas faire beaucoup rire l’Allemand. Cela se comprend. Elle l’a quand même bien eu cette garce. « Et cela fait quoi de tremper son saucisson dans une moule artificielle ? » Le roi des métaphores, je crois que c’est moi. Mais je préfère utiliser de jolies images plutôt que d’être vulgaire.

Qu'on se le dise, les transsexuels c'était carrément pas mon truc. Mais comment aurais-je pu deviner quoi que ce soit sur quelqu'un comme Irène ? Croyez-moi, il avait vraiment tout d'une femme, le monsieur. Les bijoux de famille avaient disparu, d'ailleurs. Encore heureux j'ai envie de dire. « Elle s’est donc fait mettre un vagin à la place d’un pénis. C’est fou le progrès. Le pire, c’est sa voix. Elle n’a même pas une voix d’homme. » Ouais, même sa voix ne la trahissait pas. En même temps si le moindre détail aurait pu nous conduire vers cette piste, jamais je ne me serais laissé tenter par trois fois. Fallait vraiment que le changement soit optimal et qu'on n'y voit que du feu - je baisais pas n'importe qui tout de même. « La science nous épatera toujours... » Mais ouais, demain on pourrait peut-être transformer un hibou en chat, bah allez savoir. Trêve de plaisanterie il est vrai qu'Irène avait rendu l'illusion parfaite, car il aurait été tout bonnement impossible de percevoir chez elle le moindre indice pouvant laisser deviner quelque changement de sexe qu'il soit. « Et cela fait quoi de tremper son saucisson dans une moule artificielle ? » Bordel, ce type était encore plus dégueulasse que moi. Je pensais être le seul ici à pouvoir sortir ce genre de dégueulasseries, mais en fin de compte Santiago me battait à plates coutures. Pourquoi d'un coup j'avais envie de vomir, hm ? « Outre le fait que ta question vient de me couper l'appétit pour au moins deux ans, bah j'ai pris ça comme une grosse baffe en pleine gueule. » Je m'attendais vraiment à tout, sauf à ça venant d'Irène. Si il y avait bien une demoiselle particulièrement féminine ici, c'était quand même bien elle quoi. Donc oui, ça choquait. Mais ça répugnait, surtout. Je ne pourrais juste plus jamais la voir de la même façon. J'avais appris ce que j'aurais encore préféré ne jamais savoir.

Irène a vraiment eu droit au meilleur chirurgien au monde, ça c’est clair. Sa transformation en femme est totalement réussie. On n’y voit que du feu. Que ce soit physiquement, mentalement, ou même sa voix. Il n’y avait rien pour la trahir. C’est d’ailleurs pour cela que plusieurs mecs se sont fait avoir. Notamment Andreas. Si celui-ci a d’abord éprouvé de la haine envers la blonde puis du dégoût, il semble à présent accepter la chose avec philosophie. Ou du moins faire avec. Il n’a pas trop le choix en même temps. « Ça tu l’as dis ! » J’admire la science qui se développe de jour en jour. Le progrès est une chose importante dans ce monde. Enfin. Nous n’allons pas nous éterniser là-dessus. Valentina est plus calée que nous sur ce sujet. En attendant, je décide de lui demander ce que ça fait de baiser avec un vagin artificiel. J’utilise là une jolie métaphore pour mieux faire passer la chose. Mais l’Allemand semble être dégouté par mes propos. Ouai. Normal enfin de compte. La révélation d’Irène est toute récente et le jeune homme est encore fragile à ce propos. J’aurai donc mieux fait de me taire. Je m’apprête quand même à répondre au candidat quand une goûte me tombe dessus. Je lève la tête vers le ciel et constate aussitôt qu’un orage se prépare. « On ferait mieux de rentrer. Il commence à pleuvoir. » Et merde. Deuxième fois que cela m’arrive alors que je suis à la plage. Je bouge aussitôt mes fesses du sable tout comme Andreas pour rentrer à l’intérieur du château.