Adie n'aurait pas pu rêvé mieux en directrice de campagne même si pour le moment, elle ne sait aps à quoi s'attendre. Il faut dire qu'elle avait un peu peur des sales coups, du style qu'on lui refile London en directrice de campagne pour bien les obliger à se parler, avoir des rapports cordiaux tout ça. Mais heureusement, sur ce coup là, la production a été moins odieuse que Cupidon même si au fond, c'est elle qui se cache sous les frasques de l'angelot. Pour le moment, les deux jeunes femmes n'ont pas encore abordés le sujet de cette campagne, ni aucun autre sujet d'ailleurs et Adie ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. Elle redoute aussi l'avis de Sive sur ce qui s'est passé au prime, pas par réelle peur, plus par gêne. Parce qu'en dehors du nid, dans la 'vraie' vie, Evan et Adie se seraient avoués ça autrement et de façon plus personnelle. Personne n'aurait été au courant et personne ne se serait senti obligé de commenter les faits. Mais là, c’est différent. Tout le monde le sait et pas seulement les candidats, les téléspectateurs aussi et c'est flippant, parce que pour la première fois Adie a vraiment l'impression d'être un poisson dans un bocal. Mais bref. Venant de se lever, tard pour une fois, à croire qu'à présent c'est Evan qui l'influence et non elle, Adie déambule dans la chambre à la recherche de son sweat ample, souvenir de son université américaine où elle n'a jamais étudié. Passage à la salle de bain, remise en ordre des cheveux et brossage des dents puis direction le dressing afin de se trouver une tenue et d'aller sous la douche. C'est alors que Sive l'interpelle, elle qui est déjà entrain de se gribouiller les bras et qui est assise, par terre, en sous-vêtements avec... un espèce de coussin attaché sur le ventre. C'est... inédit ça ! Elle luit tend alors une robe et vu les proportions, Adie comprend tout de suite de quoi il s'agit, ce qui la fait sourire. « Merci ! Elle est très jolie ! » dit-elle en s'approchant et regardant la robe. Puis ses yeux se fixent à nouveau sur le ventre de Sive et... « C'est sensé être un ventre de femme enceinte ça ? Non parce que tu aurais du prendre la taille en dessous, j'y suis pas encore à ça ! Même si Sochanna essaie de m'engraisser à coup de cupcakes... » Son estomac s'en souvient encore...

« Ouille ouille ouille, mon dos. » j'avance, petit pas par petit pas, il faut dire que mes chevilles me font si maaaaal ! J'ai même réussi à me faire fournir un démabulateur par la prod', bah quoi, j'arrive plus à marcher, c'est tellement pas ma faute. « Simoooone ! » oh mon dieu, mais où est-elle « Simoooone ? T'as refais un infarctus ? » faut dire que ma pauvre voisine avait ces derniers temps bien du mal àr ester en vie. Faut dire qu'avec douze gosses, je la comprends. « Simone ! » j'lui donne un coup de main dans l'épaule. « Simone, réveilles-toi y'a de jolies demoiselles qui discutent robes dans le dressing ! » je fais un pas en avant tout en faisant suivre mon déambulateur, m'appuyant sur celui ci. Plus lent, vous n'avez jamais vu. Faut dire que ces derniers temps j'avais pris un sacré coup de vieux puisque sur ma tête trônait maintenant quelques cheveux blancs. Des poignées même, c'est fou ce que c'est précoce de nos jours. Evan et sa calvitie, Marcus, moi et nos cheveux blancs. « Merci ! Elle est très jolie ! » mes yeux se plissent un instant. Comment ça très jolie ? « Simone, j'ai du mal à déglutir ! Le médecin m'a mis ce nouveau dentier là. » j'ouvre grand la bouche pour le montrer à ma copine. « Hé, les jeunettes ! » j'avance, j'avance. Lentement mais surement jusqu'à Adie et Sive, s'extasiant devant leur robe. « Regarde cette robe Simone, nous à leur age on ne portait que des imprimés à fleurs. C'est toujours le cas d'ailleurs, les jeunes de nos jours n'ont plus aucune classe. Ils s'habillent tous n'importe comment. » j'hoche la tête avant de reprendre. « Simone ! » ouais, je crie presque, faut dire que j'suis vieille, j'arrive plus très bien à doser le volume de ma voix « Simone ! Explique leur toi, comment tu laves ton linge et ce qu'il faut porter ! »

« Ouille ouille ouille, mon dos. » mon dieu, c'est fou de voir à quel point Georgette se plaint dans une journée. Elle ne fait que ça. ça me fatigue. Souvent, quand elle parle, je m'endors. C'est la vieillesse sans doute. Et le reste du temps, j'hoche de la tête sans écouter. Ca veut pas dire que c'est pas mon amie ... Elle l'est, mais je fais ça pour éviter de la tuer. « Simoooone ! » Pourtant, elle sait pas se passer de moi ma Geo-geo. Elle a autant besoin de moi que de ses prothèses aux genoux et son dentier, c'est dire. « Goergette. » Que je dis doucement de ma voix tremblotante. Elle doit certainement pas m'entendre. « Simoooone ? T'as refais un infarctus ? » roh, je m'avance vers elle avec ma petite canne. « Georgette, t'as encore éteins ton sonotone. C'est pour ça que tu ne m'entends guère. » Un petit geste derrière son oreille, l'affaire est réglé maintenant. J'suis pas prête de mourir maintenant. J'suis une mamie warrior. « Simone, réveilles-toi y'a de jolies demoiselles qui discutent robes dans le dressing ! » Je souffle lourdement. Plaçant correctement mes mèches de cheveux blancs. « Je t'ai dit que je dormais pas. » Ouais mais ça, elle l'avait pas entendu avec son machin qui était éteint. Quelle tête en l'air. « Merci ! Elle est très jolie ! » J'suis pas du même avis, c'est d'un vulgaire pour une future jeune maman. Vraiment. « Simone, j'ai du mal à déglutir ! Le médecin m'a mis ce nouveau dentier là. » Je me penche, inspecte l'intérieur de sa bouche et pousse sur le fameux dentier avec mes doigts. « Tu devrais l'enlever Georgette. tu devrais. » J'vois rien qui gêne en dehors de ça, et mon doigt est tout mouillé maintenant. « Hé, les jeunettes ! » elle marche plus vite que moi, on dirait une championne olympique mais j'fais ce que je peux pour la suivre. Pied droit, pied gauche, ne tombe pas, appuie sur la canne. J'suis putain de sexy en mémé. « Regarde cette robe Simone, nous à leur age on ne portait que des imprimés à fleurs. C'est toujours le cas d'ailleurs, les jeunes de nos jours n'ont plus aucune classe. Ils s'habillent tous n'importe comment. » J'suis d'accord. Vulgaire j'vous l'ai dit. VULGAAAAAAIRE. « Simone ! » « T'es pas obligée de crier, j'suis pas encore sourde, contrairement à toi. » Sourire en coin, je m'avance d'avantage, prêt à raconter ma petite histoire. Ah ma vieille épooooooque. « Simone ! Explique leur toi, comment tu laves ton linge et ce qu'il faut porter ! » Je m'éclaircis la voix, pose tout mon poids sur ma canne. « A mon époque, je lavais le linge à la main. J'allais à la fontaine du village et je frottais, frottais et frottais encore les slips de mon époux Robert. Il aimait les slips propres mon Robert. Il est mort vous savez. Quand j'en avais finis avec ses slips, je lavais le reste. Et ce n'était pas des horribles choses comme vous. Nous avions notre dignité et nous battions pour être vu comme des filles de bonnes famille. Maintenant, j'suis toujours classe. regardez moi ce tablier, cette robe et le mieux. » j'soulève un peu ma robe. « Ma gaine, ma meilleure amie. Enfin, en dehors de Georgette. »

« T'es pas obligée de crier, j'suis pas encore sourde, contrairement à toi. » « Qu'est ce que tu diiiiiis ?! » mais rien à faire hein. « Je t'ai déjà dit que j'ai fait les courses ! » J'l'entends toujours pas. Tant pis, j'me passerai bien de ses commentaires, je sais que la faire répéter l'énerve. Et puis elle finit par raconter son histoire « A mon époque, je lavais le linge à la main. J'allais à la fontaine du village et je frottais, frottais et frottais encore les slips de mon époux Robert. Il aimait les slips propres mon Robert. Il est mort vous savez. Quand j'en avais finis avec ses slips, je lavais le reste. Et ce n'était pas des horribles choses comme vous. Nous avions notre dignité et nous battions pour être vu comme des filles de bonnes famille. Maintenant, j'suis toujours classe. regardez moi ce tablier, cette robe et le mieux. » bon j'entends toujours rien à ce qu'elle raconte mais je suppose qu'elle doit parler de Robert. Ah ce cher Robert. Elle ne saura jamais que je me le suis envoyé derrière ma machine à tricoter quelques jours avant sa mort ! « Ma gaine, ma meilleure amie. Enfin, en dehors de Georgette. » « Ça vous voyez, c'est du produit de qua-li-té ! » j'hoche la tête de haut en bas. « Bon allez Georgette, j'ai le poulet en cuisson depuis au moins... » depuis au moins hum... « Cocotte, j'ai encore oublié ! Et il est où Robert ?! Il a dit qu'il irait me décrocher ma chatte de l'arbre ! » une légère grimace de vieille poule, avec les lèvres en avant, j'embrasse la joue d'Adie et me retourne « Allez viens Lucette... ! » c'est bien Lucette, elle hein ? Et puis je m'arrête un instant devant la caméra qui ne cesse de nous fixer. Je me redresse légèrement, sors mes lunettes de soleil, geste capillaire Lorealien en amuse gueule. « N'ayez plus peur des rides, un vote pour Jamie, et deux gaines offertes ! » et je place ma pancarte dans tout le champ de la caméra le temps d'une poignée de secondes avant de mettre les voiles avec ma voisine.

Y'a comme un air bizarre dans le nid depuis l'annonce des demi-finalistes et de leurs directeurs de campagne, comme si certains avaient pêté un câble à moins que ce ne soit normal, après tout, Adie ne connaissait qu'assez peu les deux protagonistes. Réveillée depuis peu, tranquillement entrain de discuter avec Sive, c'est alors qu'entrèrent dans le dressing Marcus et Jamie déguisés en petites mémés, visiblement à fond dans leurs rôles. De si bon matin, les entendre beugler, c'est pas franchement agréable et surtout... surprenant. Ne comprenant pas trop leur stratégie de campagne, Adie fronce les yeux, les regardant débiter leurs conneries, brandissant leur panneau à tout va. Super, on peut même plus être tranquille dans sa propre campagne maintenant. Jamie s'approche, mode mémé, parle de chatte et lui fait un bisou 'mémé' sur la joue, le genre bien humide et tout. Sive rit, elle les interpelle et Adie préfère rester muette, trop surprise par ce spectacle inattendu. Ils quittent ensuite la pièce et Adie soupire. Et dire qu'on est seulement mercredi... Il va falloir s'armer de beaucoup de courage. Pouvant alors reprendre leur conversation, Adie se rapproche de Sive et s'assoit au sol à son tour pas franchement aussi enthousiaste que Sive. « Oh je ne me fais pas d'idées, je n'aurais même pas pensé arriver là en toute franchise alors la finale... » Optimisme, bonjour ! « Mais cette robe est super, merci! J'ai un faux ventre moi aussi du coup ou alors on attend quelques mois ? » dit-elle en riant surtout qu'en fait, là, Adie n'avait pas tellement envie de passer un mois de plus dans le nid. Elle avait eu peur de l'extérieur mais à présent, elle attendait tout ça avec impatience.