loxias & adie

Il fait chaud, enfin. Sauf qu'Adie est une londonienne et elle n'est pas habituée. Vous allez me dire, elle a vécu en Inde, elle devrait être habituée mais... non. Alors comme il fait chaud, elle a chaud, très chaud et donc, la petite brune cherche tout endroit susceptible de lui apporter un peu de fraîcheur. Il y aurait bien les cachots mais c'est un peu glauque, la piscine mais il y a trop de monde en ce moment dans le bassin et dehors, c'est lourd, partout, partout, partout. Quoique, peut-être pas partout, il y a la forêt. En plus, Adie n'y a pas mis les pieds depuis sa virée accrobranche avec Ennio et étant donné que l'aventure touche à sa fin, autant faire le tour du propriétaire une dernière fois. Surtout qu'Adie n'a pas vraiment de forêt privative dans son appartement de 50m² en plein milieu de Londres. Ni de lac, de plage, de parc... Même pas un pot de fleurs. Bravant donc le soleil, Adie arrive finalement à la lisière de la forêt. Le mieux serait de ne pas aller trop loin car vu sa très faible aptitude d'orientation, elle serait capable de se perdre mais pourtant, la brune s'enfonce dans la végétation, appréciant l'ombre et la fraîcheur que dégage les arbres autour d'elle. Elle avance, doucement, donnant quelques coups de pied légers dans les feuilles ou les branches à terre. Visiblement, elle est seule ou alors, la personne se cache dans un coin. Pas grave, un peu de calme es le bienvenu aux portes de la finale où chacun semble totalement excité par l’événement se préparant. Adie avançant toujours, elle regarde ses pieds, sans faire attention à ce qu'elle a devant elle. De toute façon, même les yeux devant elle, elle n'aurait pas remarqué qu'en réalité, la forêt a une limite, une limite en miroir, qu'on ne voit pas donc. Elle avance et paf, miroir dans la figure, bien comme il faut, c'est magnifique. « Putain !!! » C'est que ça fait mal quand même. « Connard de miroir, sérieux c'est quoi cette idée pourrie... Pffff! » Adie soupire, passant sa main délicatement sur sa joue ayant pris le miroir.

Mamadie se traine. Je le sais, parce que je la vois, gigotant, hésitant, sans trop savoir ou aller ni que faire. Au début je ne saisis pas le problème, et comme un anthropologue, je l’étudie de loin afin de comprendre, noter, et classifier son étrangeté comportementale. Et puis, à la voir chercher son souffle et s’éventer avec sa main, je pense saisir. Il fait chaud, c’est ça ? Non, je demande parce que là, pour moi, c’est à peine le printemps, limite une petite laine ne serait pas de trop. Je viens d’un pays chaud, très chaud, alors ce ne sont pas les quelques 28° du jour qui risquent de déranger mon métabolisme. Mais sur celui d’une femme enceinte...? Ça y est, mon instinct protecteur exacerbé refait des siennes, et tous les voyants s'enclenchent dans ma tête, j’me sens dans la peau de Super Nounou, version Vin Diesel, évidemment. Faut qu’elle s’hydrate, chose que je ne l’ai pas vu faire depuis un moment. Sauf qu’une bouteille d’eau, ça n’a absolument rien de fun, rien d’avenant. Alors j’ai une idée, en repensant à la conversation de Finnick et je ne sais plus qui sur le Prime... Ha si, Santiago ! Il parlait de granitas. Je connais bien, il y en a plein en Grèce et en Italie, dès les premiers rayons de soleil, et les touristes. C’est donc avec la fausse impression qu’il n’y a rien de plus simple à faire, que je laisse Adie dans le salon, et pousse les portes de la cuisine. Trente minutes de pillage de glaçons, plus tard, un peu de grenadine et d’eau, j’enfonce une paille dans le grand verre, pas mécontent du résultat, et quitte la cuisine juste à temps pour percevoir la silhouette de Mamadie disparaitre dans le parc. Hein ? Mais, non ! Ma granita ! Du coup, je la suis, lui emboitant le pas de loin, et tentant de resserrer l’écart. Je n’y parviens qu’à hauteur de forêt, lorsque je la vois s’y engouffrer sans même avoir conscience du mec qui lui cavale après, un grand verre à la main. Et lorsque je foule pour la première fois la mousse caractéristique de cette végétation factice, c’est pour la voir se manger un miroir, et l’injurier comme un charretier. Je ne parviens à retenir un rire, comme à chaque fois, et lorsqu’elle se retourne vivement vers moi, je me justifie : « J’ai rencontré Evan de la même façon, la première fois... Enfin, à l’époque Slavin, quoi. » Il s’était mangé le miroir, lui aussi, et je n’avais pas eu le temps de le prévenir du danger. « Ca va ? Tu ne t’es pas fait trop mal ? » c’est seulement maintenant que je pense à m’en soucier, m’approchant d’elle en lui tendant ma granita.

Quitte à vraiment passer pour une fan, Adie se croyait vraiment dans Hunger Games là, venant de se prendre en pleine figure un champ de force, celui de la délimitation du terrain. Et encore, heureusement, il ne s'agit que d'un miroir et non d'autre chose, sinon, elle aurait grillée. Bref, là n'est pas la question, après tout, on est dans Fake Lover et tout le monde est encore vivant. Aux dernières nouvelles en tout cas. Bon, le plus important là, c'est d'évaluer les dégats et oh que c'est pratique, un miroir ! Mais sérieusement, comment elle a fait pour ne pas le voir plus tôt... Adie inspecte alors sa joue, légèrement rouge, encore sous le coup de la douleur. Pitié, pas de bleu, pas de bosse, rien qui ne devienne moche avec le temps. Et puis, ce qu'il y a de bien avec un miroir, c'est qu'on voit directement ce qui arrive derrière vous et là, c'est Loxias. Avec un verre à la main. Dans la forêt. Oui tout est normal. Mais Adie ne prête pas attention à ces détails insignifiants. Tout ce qu'elle se demande présentement c'est si il était là assez tôt pour la voir se ramasser un miroir en pleine figure, comme une idiote. Parce que ça, c'est la honte. Et le fait aussi que les images puissent être diffusées à la télé. Enfin, après une déclaration d'amour en public, elle n'est pas à ça près et puis, sait-on jamais, ça pourrait attendrir le public ! Mouais. Adie espère mais c'est trop tard, il a tout vu vu ses propos même si la brune est rassurée de savoir qu'elle n'est pas la seule à s'être pris ce miroir. « Faut croire qu'on fait la paire ! Qui est assez con pour se prendre un miroir... En plus ça fait mal ce truc ! Il pourrait pas genre, mettre un petit panneau et tout avec écrit 'ATTENTION DANGER' en gros et tout ? Bah non ! Résultat, on se paye la honte, littéralement d'ailleurs. » Adie soupire, néanmoins amusée par la situation, autant le prendre à l'auto-dérision ! « Oui ça va, j'espère juste que ma joue va pas gonfler. Enfin, ça ne fera qu'une autre partie de mon corps qui gonfle, jsuis pas à ça près... » Et dire qu'elle n'en est qu'au troisième mois, à croire que dans trois autres mois elle aura besoin du triple de sa taille en soutien-gorges, du double en chaussettes et de la taille 50 en pantalon... Vraiment, c'est magnifique. C'est alors qu'il lui tend le verre, quelque chose qu'Adie n'a pas franchement l'habitude de boire mais qui là, est le bienvenu. « C'est... pour moi ? » demande-t-elle, étonnée. « Ça veut dire que tu me suis depuis tout à l'heure ? Et j’ai rien vu ? Jsuis vraiment à côté de la plaque en ce moment... » Elle qui se demandait comment les filles dans les films d'horreur faisaient pour ne pas entendre le tueur derrière elle, elle vient de comprendre...

Il me faut pousser un rire afin qu’elle me repère enfin. Trop occupée à étudier sa joue dans ce bourreau de miroir, elle n’a d’yeux que pour elle, et son reflet, jusqu’à ce que ma phrase sonne le glas de sa solitude confortable. « Faut croire qu'on fait la paire ! Qui est assez con pour se prendre un miroir... En plus ça fait mal ce truc ! Il pourrait pas genre, mettre un petit panneau et tout avec écrit 'ATTENTION DANGER' en gros et tout ? Bah non ! Résultat, on se paye la honte, littéralement d'ailleurs. » s’insurge-t-elle après que j’eu évoqué le même épisode avec Evan dans le rôle principal. « Les miroirs servent à donner l’illusion d’une forêt immense, sans barrière, sans murs nous isolant de la réalité... Alors tu penses bien que des sticker collés de partout ça casserait un peu leur effet. » J’explique. Oui, parce que j’ai bien compris que l’illusion n’était pas pour nous, elle s’adresse au téléspectateur derrière son écran, elle vend du rêve. Alors quelques bosses de temps en temps sur le front de ses candidats, ce n’est pas cher payé pour une production toujours au top niveau lieu et décor de rêve. Du rêve en boîte, ouai. Je lui demande pour sa joue, pensant finalement qu’il est de bon ton de se renseigner sur sa collision avec le mur. Visiblement ça va, mais elle parle quand même de gonflement, comparant ça à son ventre qui, pour l’instant, ne présente qu’une toute petite trace de sa grossesse. Du coup, je m’approche un peu plus, lui tendant le verre que j’ai composé pour elle, en espérant que ce ne sera pas aussi raté que je l’imagine. « C'est... pour moi ? » Non, non, j’viens souvent nourrir les arbres à coup de granitas sur les racines... Remarque, à bien y penser, c’est vrai que ça peut sembler étrange la livraison en pleine forêt. Je m’apprête à justifier mon geste, lorsqu’elle comprend d’elle-même que je la suis depuis son départ du salon. Elle va même jusqu’à rejeter la faute sur elle-même, alors que c’est tout sauf le cas. « Non, c’est moi... J’suis trop discret... Déformation professionnelle. » Un jour, je vais finir par vraiment faire peur à quelqu’un et j’aurais un mort sur le conscience. Je la laisse me délester du grand verre, avant de combler le dernier mètre qui me sépare d’elle, et de lui attraper doucement le menton afin d’étudier sa joue de plus près. « C’est douloureux ? » je demande en tâtant tout doucement sa pommette. Car si la pommette n’a rien, c’est pas très grave, une joue ne pouvant pas enfler ou alors de manière très temporaire. Par contre, elle peut se parer d’un joli coquard si jamais l’os est touché. Pauvre Mamadie.

Cette douleur là, celle qui donne l'impression que le cœur a déménagé dans une nouvelle partie du corps, est vraiment la pire. Comme si des tam-tams avaient pris place dans sa joue et qu'il jouait sans discontinuer en un rythme lancinant, très agréable, oui vraiment. On dirait pas comme ça mais se prendre un mur en pleine face, c'est assez douloureux et comme en général personne n'est assez con pour le faire, on ne se doute pas de la douleur engendrée. Adie, elle, elle vient juste de piger. Pourtant dans le genre gamelles, elle était reine. Ballons de sport dans la figure, chutes sur du verglas, coin de lit ou de commode dans la cuisse ou les tibias, oui, pour ça Adie était très douée. Elle avait même une relation privilégiée avec les hématomes, un peu à la je t'aime moi non plus. Mais là, encore, ce n'était pas le pire. Elle aurait pu être seule, se payer la honte de façon légèrement plus discrète et continuer à jurer comme elle le fait si bien quand elle est seule mais malheureusement, Loxias est là. Et il a tout vu. Enfin, malheureusement, c'est un grand mot, ça aurait pu être pire. Et puis au moins, à part un léger rire, il ne se fout pas trop d'elle... Il lui expose alors sa théorie sur les miroirs, leur effet tout ça. Ah bah ça c'est clair que ça serait moins beau mais... il y aurait moins d'accidents aussi. « En attendant, c'est super dangereux. J'aurais pu glisser et m'empaler sur un bout de bois ! » Ouais, les scénarios catastrophes sont toujours les meilleurs. Il lui tend alors le granité et Adie comprend qu'il la suit depuis tout à l'heure et que donc, leur rencontre n'est pas un hasard. En un sens, c'est presque rassurant parce que sinon, ça aurait voulu dire qu'elle n'avait vraiment pas de chance qu'il soit là, aux premières loges pour son moment de solitude. Elle sourit, le remercie et plisse les yeux lorsqu'il parle de déformation professionnelle. « Ah ouais... C'est en rapport avec ton secret ? Tu peux bien me le dire ! J'ai pas de sous et je jarte bientôt ! Tu ne risques donc rien... Laisse moi partager ton lourd fardeau... » dit-elle un sourire innocent sur les lèvres car de tous, le secret de Loxias l'intrigue particulièrement et elle en serait presque impatiente de sortir rien que pour avoir la vérité sur tous les candidats. Adie aspire une première gorgée du granité et se rend compte qu'en fait ce truc, c'est bon ! « C'est bon ton machin, merci ! » Et puis c'est frais. D'ailleurs, ça lui donne une idée. Elle pose alors le verre frais sur sa joue et pousse un soupir de soulagement alors que Loxias lui prend le menton et inspecte sa blessure. « Ça lance un peu mais ça va, on verra demain si j'ai la moitié de la face gonflée. Mais ton granité fait déjà des merveilles ! »

« En attendant, c'est super dangereux. J'aurais pu glisser et m'empaler sur un bout de bois ! » Adie, ou l’art de la surenchère. Pire que ça, elle est carrément la reine du scénario catastrophe. Je suis intimement persuadé que dans sa tête se déroule un film durant lequel, après s’être mangé la clôture miroité en pleine poire, elle essuie un mouvement de recul, butant sur une bûche au sol, elle perd l’équilibre, et tente de sa raccrocher à une branche morte qui n’était autre que la queue d’un écurueil qui, scandalisé, prend son élan et vient s’accrocher au visage d’Adie qui, aveugle, tente d’ôter la bestiole de sa face, d’une main, tandis que l’autre, cherche un arbre, une branche, n’importe quoi auquel se raccrocher... En vain. Finalement, marchant sur une de ses lacets, elle chutera en avant, pile sur ce morceau de bois pointu, taillé par Evan pour chasser le canard sauvage à la lance, et s’empalera dessus. R.I.P. The End. La fin stupide. Tellement stupide que je lâche un petit rire, avant de l’expliquer d’un mouvement d’index en direction de mon front. Oui, non, ne t’inquiète pas Adie, private joke entre mon cerveau et moi. Entre temps, je me suis approché, lui ai offert son verre de granita, et me suis excusé de mon mode furtif intégré. Sauf que j’ai parlé de déformation professionnel, comme un con. Et que je n’aurais pas du, puisque la voilà déjà entrain d’y chercher un rapport avec mon secret, et tenter de me le faire avouer, prétextant qu’elle va bientôt partir, et qu’elle n’a pas assez d’argent pour buzzer. « Alors déjà, non tu ne vas pas partir, puisque même si tu n’accèdes pas à la finale, ce dont je doute fortement, tu vas rester quand même pour soutenir les finalistes... Et puis, à partir de dimanche, les secrets restant seront révélés puisque les cagnottes des finalistes seront gelées... Donc, tu devras prendre ton mal en patience, ma grande. » un clin d’oeil plus tard, je lui administre une légère pichenette sur le menton, avant de m’intéresser à sa joue meurtrie. J’préfère ça que de m’attarder sur un secret auquel je n’ai pas du tout envie de penser. Elle sirote ma préparation en même temps, et je souris en apprenant que c’est bon. Ouai, j’sais, j’ai toujours été habile de mes mains. Je m’informe sur sa douleur, mais elle semble aller bien mieux, elle le reconnait elle même. « Sinon, applique ton verre dessus, un peu de glace ça soulage toujours. » je l’informe avant de m’écarter, pour jeter un regard à la ronde. « Tu es venue ici à cause de la chaleur ? Mais y a pas d’air, ici... Peut être que le lac... » faut que j’arrête de m’en faire comme ça, c’est stupide, et carrément pas mon rôle.

Visiblement, Loxias aussi à l'imagination fertile étant donné la légère pause suivie de son rire alors qu'Adie vient d'énoncer son ébauche de scénario catastrophe. A moins que comme l'horizon, cette forêt soit en carton pâte, ce dont Adie doute vu qu'elle l'a testé, avec Ennio, en grimpant dans cet arbre. Idée idiote d'ailleurs mais bref. Sirotant le granité que Loxias vient de lui offrir, Adie s'amuse de ses paroles, réagissant au premier indice. Il faut dire qu'Adie n'aura pas vraiment été une bonne enquêtrice lors de cette saison, et à ce moment du jeu, il est temps de dresser le bilan. Enfin, sans cagnotte, la motivation tombe rapidement et ayant dès le départ choisi de sacrifier son argent pour garder son partenaire, Adie aura rapidement compris l'ampleur de cette décision sur le jeu. Non pas qu'elle la regrette, pas le moins du monde même. Qui sait où ils en seraient si elle en avait décidé autrement... Loxias réagit rapidement et comme tous les autres, doute qu'elle n'arrive pas en finale. C'est amusant, tout le monde le dit mais il ne faut pas oublier qu'ils sont six et que seulement deux d'entre eux auront la chance d’accéder à cette finale en réalité dans leur poule. Loxias en faisant partie d'ailleurs. Alors oui, Adie préfère se dire qu'elle n'en sera pas, la déception sera bien moindre. « Ah ouais ? Les secrets seront révélés dimanche ? Intéressant ! Jsuis vraiment à la ramasse, j'avais pas pigé ça ! » Comme d'habitude, Adie qui ne comprend rien. Adie qui ne savait pas que les gens ayant un accès à la chambre privée ne pouvait pas inviter d'autres gens n'ayant pas d'accès, Adie qui n'avait pas compris que le coup de l'échange de partenaire ne durait qu'une semaine... Bref. Loxias s'approche, ausculte sa joue, lui donnant un conseil qu'elle mit en œuvre d'elle-même quasi au même moment. « Ton granité fait double emploi ! » Puis il la questionne, visiblement, il l'observait depuis un moment... « Je dois flipper là tout de suite ou... ? Parce qu'on dirait que tu me traques ! » dit-elle en souriant. « Et donc oui, il fait trop chaud. Jme suis dit que peut-être dans la forêt, avec les arbres tout ça, il ferait plus frais mais bon... » Loupé visiblement...

Les secrets... Oui, ils seront révélés sur le prime, dimanche. Enfin, j’imagine que ce sera le cas, si tout se déroule comme la saison passée. Les cagnottes gelées, les montants ne pourront plus bouger, donc plutôt que de prendre le risque qu’un secret soit découvert après coup, la Production estime que c’est le moment pour que tous passent aux aveux. Dont moi. Je ne suis pas certain d’être prêt pour ça. Le serais-je un jour ? Oui, probablement, mais il y a certaines choses que je préférerais révéler à certaines personnes en privé, et pas brusquement, comme ça, sur un prime, devant tout les autres, et devant la nuée de téléspectateurs aussi... Sans compter les animateurs et le public. Alors non, je ne suis pas vraiment enthousiaste à l’idée de l’imminence de l’exercice. J’y pense tout le temps. Et lorsque Adie me parle de mon secret, j’évoque ce fait, tout naturellement, puisqu’il m’obsède. Elle s’excuse d’être à la masse, mais il n’en est rien. Elle n’a plus de secret, Evan non plus. « Je pense qu’il n’y a que les détenteurs d’un secret intact qui compte les jours, Mamadie. » Les autres n’ont plus rien à perdre, juste une petite pointe de curiosité à assouvir. Je tente un sourire, puis m’intéresse à sa joue sur laquelle elle applique le granité-maison. Et pendant ce temps, je retourne à la contemplation de la forêt, à la recherche d’un petit brun d’air. Nous sommes à l’abri du soleil, mais la brise ne parvient pas jusqu’ici... Adie s’inquiète. Faut dire qu’elle vient de comprendre que je la suis depuis le château, et voilà que maintenant je lis dans ses pensées. J’échappe un rire lorsqu’elle me parle de traque. « Oui, tout à fait, je suis le méchant tueur à la granita ! » j’annonce dans un rire faussement diabolique. Faussement, parce qu’il est surtout très peu réussi. « Je m’inquiétais pour toi, je me doute que la chaleur doit devenir rapidement incommodante pour toi. » j’ai vu ma mère, enceinte, passer du stade de frileuse à son exact contraire. « Tu veux qu’on tente le lac ? Y a une brise là-bas, et tu pourrais te baigner...? » je propose timidement, en fourrant mes mains dans mes poches. C’est pas mon rôle, je sais, mais je sais également que c’est plus fort que moi.