J'avais lâché Nora, prétendant avoir envie d'être seule pour chercher une idée de génie pour la mettre en avant, parce que je suis tout de même sa directrice de campagne, les amis. Mais elle avait bien compris que j'avais envie de fumer, et d'un peu de sollitude. J'étais sortie fumer, prendre ma dose quotidienne de nicotine, un bol de café aussi. Je crois que je n'arriverai pas à dormir cette nuit, peu importe, de toute façon, je ne dors que très peu puisse qu'à six heures du matin, tapantes, je suis débout et habillée, cela ne changera rien. J'erre un certain temps dans le château avant de monter dans 'ma chambre' et de retrouver le lit que je m'étais attribuée toute seule. Je cherche mon livre désespérement pendant une bonne dizaine de minutes, en pestant comme je sais si bien le faire. Je finis tout de même par retrouver mes misérables, de notre cher Hugo. Au moins, avec ça, j'étais sûre de ne pas être à cours de lecture. Je chope mon bien que je glisse sous mon bras et je fais chemin inverse, je retourne me poser dans le salon. Je m'assois sur un canapé vide, en même temps on n'est pas très nombreux dans la maison. C'est bientôt la fin. Enfin pour moi, c'est déjà finis, mais eux, au meilleur des cas, ils ont encore deux semaines, ils doivent encore survivre deux semaines. Je trouve ça long. Peu importe. Je préfère me concentrer sur mon livre que réflechir à des notions de temps, temps des consciences, qui me dépassent pour le moment. Je me plonge dans l'écriture d'Hugo pendant un bon moment avant de sentir une ombre sur moi, enfin, sur mes pages. Cela ne m'arrête pas pour autant, la masse prend place à l'autre bout du canapé, là, je lève la tête. C'est Loxias. J'esquisse un sourire avant de croiser mes pieds et de les poser sur ses genoux, je prends mes aises. Je finis ma page. « Loxias et ses femmes ... » Je lâche pensive, un brin taquine en levant le nez de mon bouquin. J'parle de Sive, Nora et Valentina, qui gravitent continuellement autour de lui. « Je trouve ça vendeur .. comme titre. » Je continue avant de refermer brutalement mon livre, et dire que j'ai pas l'habitude de martyriser mes petits bijoux de papiers, j'ai agis assez brusquement. « Tu en penses quoi ? » Je lui demande avec un sourire moqueur. Ouaip, c'est ma façon de lui dire bonjour ...

Lire, lire, lire... Encore et toujours. A croire qu’on a épuisé toutes nos idées d’occupation et que sans l’intervention de l’ange en Huggies, on tourne en rond. C’est un peu le cas, lorsqu’on n’est pas entrain de donner de notre personne, la dignité au fond de la poche, pour distraire le public sous les commandements du Cupideur, on se retrouve tous à végéter dans un coin, bien souvent un livre à la main, ou un carnet de dessin, ou un appareil sous l’oeil. Bref, bien loin de l’image type du candidat de télé-réalité ignare, inculte, obsédé par le culte de son corps et de son entre-jambe. Finalement, nous ne sommes rien d’autres que des Santiago en puissance, produisant une image de nous qui n’est pas nous, et pendant les heures creuses, redevenant nous-même, affreusement barbant en lecteur passionné et assidue. C’est comme ça que je me retrouve avec mon appareil dans une main, et un bouquin de photo dans l’autre, à arpenter les couloirs en direction du salon. Il est vingt heures passées, j’peux pas encore manger, et j’ai pas encore envie d’aller me coucher. Sive est occupée à sa campagne, Valentina probablement entrain de traumatiser une caméra pour pousser les téléspectateurs à voter pour moi, et Nora... J’essaye de ne pas l’accaparer, j’essaye de la préparer, pour que le choc soit moins brutal, moins douloureux... Enfin, j’imagine. Alors j’traine mes ruines jusqu’au salon, dans l’espoir inavoué d’y trouver âme qui vive. Sinon, j’pourrais toujours me cultiver grâce à mes accessoires. Aussi, lorsque j’entre dans la pièce et y trouve ma crinière rousse préférée, je lève les yeux au plafond et murmure un inaudible “merci.”, avant de presser le pas dans sa direction. Elle est entrain de lire, j’veux pas la déranger, donc je me contente de squatter son canapé en attendant qu’elle en ait marre et daigne m’occuper l’esprit. C’est assez rapide, en fait, puisque rapidement ses pieds se retrouvent sur mes cuisses, et son sourire mutin accroché à ses lèvres. « Loxias et ses femmes ... » Hein ? Je ne comprends rien. « Je trouve ça vendeur .. comme titre. » continue-t-elle, taquine. J’imagine qu’elle parle de mon pseudo harem, mais... « Tu en penses quoi ? » Bonne question. « Je devrais en penser quelque chose ? » je demande en me grattant l’arrière du crâne. « J’sais pas, peut être que je préfère la compagnie féminine que les combats de testostérone et autres déballages de z’guègue. Je devrais m’inquiéter, tu penses ? » Non, parce que bon, elle a pas tort, je ne suis entouré que de donzelles, et les rares mecs que je fréquente, je les fréquente peu... C’est quoi mon problème, au juste ?

Je quitte la littérature pour revenir sur terre, pour revenir auprès de ce cher Loxias qui squattait le bout de mon canapé, du coup, je le lui rendais bien, et je squattais ses genoux. Tiens réflexion en passant, j'avais oublié Swann dans les femmes de Loxias, pendant que j'y pense, la blonde platine m'était complétement sortie de la tête, faut dire. « Je devrais en penser quelque chose ? » Je plisse légèrement les yeux, et je le scrute, j'ai tendance à oublier que cela ne se fait pas. Parait-il, c'est assez mal poli. Peu importe Loxias ne m'en voudra pas, enfin, j'espère.« La technique je réponds à ta question par une autre a déjà été revisitée un bon nombre de fois, c'est dépassé maintenant. » je lui souffle en vrillant mes prunelles émeraudes aux siennes. En général, j'utilise cette technique lorsque mon interlocuteur me fatigue. « J’sais pas, peut être que je préfère la compagnie féminine que les combats de testostérone et autres déballages de z’guègue. Je devrais m’inquiéter, tu penses ? » J'en sais rien, je ne sais rien. Je pose mon livre sur le sol, avec une certaine délicatesse tout de même, avant de croiser les bras sur ma poitrine, pour réfléchir à la question. « Je ne pense pas. » je lui annonce en pinçant l'arrête de mon nez avant que mes deux mains ne se joignent. « Parce que moi, je traine généralement avec des mecs, c'est le raisonnement inverse, donc si tu dois t'inquièter, logiquement moi aussi. » Je commence avant de le regarder. Il me suit là ? « Et je n'ai pas envie de m'inquièter, donc, on va dire non. Y a aucun problème. » Je conclus finalement, le tout accompagné d'un léger hochement de tête convaincu. Bon j'avoue, je lui ai un peu fait le coup du ''j't'embrouille mais tu comprends pas" parce que je crois que je me suis un peu perdue dans mes propres explications pour le coup. Mais bon, en même temps, que réponse à sa question. J'ai rien de mieux à lui offrir pour le moment. « Alors je t'ai manqué ? » Je lui demande avec un sourire narquois. Une question qui ne me ressemble pas vraiment, j'arrive à me surprendre moi-même, à 25 piges, c'est fort, je l'avoue. La seule fois où il avait parlé de moi j'crois, c'était avec Nora, mais j'ai pas suivi la suite, puisse que j'ai éteins la télé. En fait, j'ai rien suivi de fake lover après ma sortie, juste un jour ou deux, quelques passages à peine, en même temps, j'avais un peu autre chose à faire. Je ne sais pas vraiment comment les candidats ont vécu mon départ, en fait.

« La technique je réponds à ta question par une autre a déjà été revisitée un bon nombre de fois, c'est dépassé maintenant. » C’est une excellente technique, je trouve, elle permet de mieux comprendre la pensée de l’autre avant d’avoir à y apporter une réponse. Et puisque j’avoue ne pas trop savoir comment prendre sa question, à savoir s’il s’agit d’un reproche, d’une moquerie, ou au contraire d’une sorte de complicité, je préfère m’accorder le temps de la réflexion. Sauf que j’ai du mal à imaginer AJ entrain de m’accabler de reproche, ou de se moquer ouvertement de quelque chose qui, elle s’en doute, ne me convient pas. L’image du harem qu’on me colle depuis le début de l’aventure, alors que je n’ai rien fais pour la mériter, m’accable un peu plus chaque jour. Il y a eu, tout d’abord, Valentina, Swann, Nora, puis avec le départ de Swann, on a refilé l'intermittence à Sive. D’ailleurs, je pense que si AJ n’avait pas eu une histoire avec Malo, elle aurait été considérée comme faisant partie du harem... Finalement, je me demande s’ils ne se sont pas contenté de prendre les derniers candidats n’ayant pas copulé face caméra pour décréter qu’il s’agissait d’un harem. Qu’auraient-ils fait s’il n’y avait eu que des filles, et pas de mec ? Du coup, je cherche à me justifier, à lui expliquer comment et pourquoi je me suis retrouvé à trainer avec, majoritairement, des filles. Peut être que l’univers masculin ne me correspond plus, peut être que j’ai trop donné déjà, peut être que j’ai besoin de cette douceur, de cette profondeur qu’ont les femmes ? J’sais pas. C’est grave ? Visiblement non, puisqu’elle m’explique avoir le même problème mais dans sa version contraire, elle-même ne trainant qu’avec des mecs, donc... Donc elle estime, pour son bien personnel, que ça n’a rien de grave. J’esquisse un sourire moqueur. « Nous sommes totalement sains d’esprit. » je conclue en tentant de paraître le plus sérieux possible. « Alors je t'ai manqué ? » c’est quoi cette question ? Je fronce les sourcils et plisse le nez. « Non, pas du tout, c’est d’ailleurs pour ça que j’en ai voulu à la terre entière pendant deux semaines. » je rétorque en balançant une main nonchalante dans le vide avant de reprendre plus sérieusement. « J’ai pas compris ton éviction, je ne la comprends toujours pas aujourd’hui... » et je l’ai mal vécu, comme toutes celles qui ont suivie ensuite. Est-ce à dire qu’elle m’a manqué ? Non, mais sérieusement, comment peut-elle poser ce genre de question ?

Je crois que mon raisonnement lui va, tant mieux, puisse qu'il déclare que nous allons bien. J'hoche la tête pour encore plus appuyer ses propos. « Non, pas du tout, c’est d’ailleurs pour ça que j’en ai voulu à la terre entière pendant deux semaines. » Je passe une main dans ma crinière. « Je prends ça pour un oui. » Je réponds en souriant, sourire satisfait et discret hein, de quelques milimètres seulement, j'écoute la suite. « J’ai pas compris ton éviction, je ne la comprends toujours pas aujourd’hui... ». J'hausse les épaules, je n'en savais pas plus que lui. Les candidats avaient noté, on m'avait dégagé, c'est tout ce que j'avais retenu, d'ailleurs, j'étais même pas présente pendant ce prime. Je me souviens que j'étais un brin malade et fatiguée, j'étais restée dans la chambre, du coup, lorsque la prod avait annoncé mon départ, j'avais eu le temps de faire mon sac, mes valises et de partir avant que tout le monde revienne. Cela avait été plus facile de partir. « Une personnalité qui ne plait pas. J'étais surement trop discrète, j'imagine, enfin, j'en sais rien. » j'essaie de répondre, hésitante. Je ne sais pas. C'est clair que je n'étais pas le genre de candidate à me montrer ou à faire parler de moi inutilement, non, en effet, ce n'était pas mon genre. « Y a pleins d'autres départs que je ne comprends pas. » Je souffle en pensant à Ennio, ou même à Valentina. De toute façon, plus ça avance, et plus cela devient dur. Mais je dois dire que le départ qui m'a le plus ébranlé, c'est celui de Katell, départ volontaire en plus, ça a été un coup dur pour moi. Le seul d'ailleurs. Puis je me souviens d'un truc qu'il avait dis à Nora. Et deux secondes plus tard, j'entre en action. Il a même pas le temps de réagir, tant mieux. Rapidement, j'enlève mes jambes de ses genoux, je les replie pour m'avancer, et je me rapproche de lui, et ma main rentre en contact avec la base de son crâne en une tape façon Gibbs à Dinozzo. Un petit coup sec derrière la tête. « Ca, c'est pour avoir dis que j'étais une rousse au caractère à la con. C'est pas vrai en plus. » je marmonne avec un sourire néamoins amusé collé sur mon visage. J'ai une mémoire très sélective dira-t-on, ça m'avait marqué.

« Une personnalité qui ne plait pas. J'étais surement trop discrète, j'imagine, enfin, j'en sais rien. » Je lâche un ricanement benêt, avant de réaliser qu’elle semble sérieuse, et donc, par conséquent qu’il ne s’agit en rien du blague. Genre, elle, discrète ? Bon, d’accord, elle ne fait pas partie de ceux qui passent leur temps à hurler d’un bout à l’autre des primes, mais moi non plus, Nora non plus, Valentina non plus... Au-delà de ça, elle ne me semble pas discrète du tout avec sa chevelure enflammée, son caractère bien trempé et ses réparties pleines de sarcasmes. Au contraire, à mes yeux elle était l’un des personnages importants de la saison. J’imagine que les téléspectateurs n’ont pas apprécié, sur ce coup, le choix des candidats. « Y a pleins d'autres départs que je ne comprends pas. » Je suis d’accord avec elle. Anouck, Swann, Hamad, Ennio, Valentina, Sive... Et elle-même, évidemment. « J’en arrive à me demander, parfois, si nous n’aurions pas du nous organiser, au lieu de croire, naïvement, que la stratégie n’avait aucune importance... » pour nous, elle n’en avait pas, mais pour les autres, visiblement, il s’agit d’une autre histoire. Et pendant que je suis entrain de réfléchir à ça, brusquement, ma tête part en avant sous l’effet du taquet que vient de m’administrer la rousse, sans prévenir. « Ca, c'est pour avoir dis que j'étais une rousse au caractère à la con. C'est pas vrai en plus. » m’informe-t-elle tandis que je me frotte l’arrière du crâne. « La preuve que si ! » je m’insurge en boudant, ma revanche se fomentant rapidement dans mon cerveau. Et en une fraction de seconde, je l’attrape par la cheville, la tirant jusqu’à ce qu’elle finisse à l’horizontale, avant de m’étaler en diagonale d’elle, tel un catcheur. « Dis pardon, gamine ! » j’ordonne avec une voix que j’essaye de rendre encore plus rauque que d’habitude. Et si elle ne s’exécute pas, j’attaque la phase deux, celle qui, à l’aide de deux index, la forcera à se tordre de rire en tout sens...

« J’en arrive à me demander, parfois, si nous n’aurions pas du nous organiser, au lieu de croire, naïvement, que la stratégie n’avait aucune importance... » Je porte la main à mon menton, j'en sais rien, les stratégies, de toute façon, c'est trop tard. On ne construit pas un monde avec des 'si'. « Faire des stratégies, ce n'est pas nous. On n'aurait pas été nous-même. » Je lui réponds alors. Monsieur Loxias n'apprécie pas trop mon geste, d'ailleurs il me le fait bien sentir. En une seconde, il attrappe ma cheville et me traine sur le canapé, si bien que je suis allongée, j'ai pas vu le coup venir, je l'avoue. « Dis pardon, gamine ! » me lance Loxias en s'étalant sur moi, en biais en plus, il est vachement stratégique, du coup, je peux même pas bouger les bras, je peux pas sortir en fait. Il m'a eut ce fourbe, j'suis presque vexée de ne pas avoir pu réagir. En plus, il a été très rapide. « Dans tes rêves ! » je lui réponds avec une mine boudeuse. Rien que pour le 'gamine' je mets un point d'honneur à ne pas m'excuse. Alors là, ouais, il peut rêver le Loxias pour le coup. « Loxias, tu m'écrases ! » je lui lance, en me révoltant presque, j'essaye de me débattre une fraction de seconde, avant de me rendre compte que cela ne changera rien. J'arrête du coup, pour économiser mes forces. Déjà, c'est même pas équitable niveau gabarit, bon ça à la rigueur, mais ajoutez l'effet de surprise plus la prise de catch. Je suis coincée, j'vais devoir attendre que Loxias veuille bien me libérer. Je suis piégée ! « Si je m'excuse pas, il se passe quoi ? » je lui demande alors un brin provocante, dans le style 'oseras-pas', j'essaie aussi par la même occasion que sa réponse puisse créer un moment d'inattention, et là, je pourrais m'extirper de son emprise, et peut-être m'occuper de son cas, pour venger mon honneur, tout de même ! Il n'allait pas s'en tirer si facilement le petit, j'ai l'esprit combatif.

« Faire des stratégies, ce n'est pas nous. On n'aurait pas été nous-même. » Elle n’a pas tort, mais ne pense-t-elle pas cela juste pour mieux vivre et mieux accepter les différentes évictions ? Peut être, je ne sais pas, probablement, mais qu’importe, cette simple réflexion me permet de mieux les vivre également. J’aurais agi au mieux, de la manière la plus naturellement qui soit, sans messe-basse, sans magouille, sans embrouille, et j’en suis plutôt satisfait. Mais lorsqu’elle m’attaque sournoisement pour une réflexion passée et honnête, tous mes talents de stratège militaire refont leur apparition. Rapidement, elle se retrouve à l’horizontal sur le canapé, un Loxias pesant de tout son poids en diagonale de la demoiselle. Je veux, j’exige qu’elle s’excuse pour la relâcher. Enfin, ça c’est la version officielle. En réalité, j’ai juste envie de l’emmerder... Et ça marche. « Dans tes rêves ! » me provoque-t-elle tandis que je prends mes aises, remuant légèrement pour bien lui rappeler qui est dans la position du dominant et qui est dans celle du dominée. « Loxias, tu m'écrases ! » scande-t-elle en cherchant à se libérer... en vain. « Ha oui ? » je réponds avec ce sourire en coin pédant qu’elle va détester, j’ai suis certain. Et puis, elle s’immobilise, brusquement. Je pense qu’elle va me présenter des excuses, c’est que mes précédentes expériences m’ont prouvé. Mais elle me surprend en me questionnant à la place. « Si je m'excuse pas, il se passe quoi ? » Sa voix me met au défi... Elle est réellement masochiste, ou simplement inconsciente ? « Et bien, je pourrais... » je commence en glissant une main sous son tee-shirt, au niveau de sa taille, rien d’impudique, et mon index vient en survoler la zone. « ... Il parait que cette zone est très sensible, et peut te forcer à te tortiller sur place si jamais je décide de frapper. » et pour l’exemple, je laisse mon index frapper deux légers coups successifs. « Tu en viendrais à implorer mon pardon... » je poursuis après son sursaut. « Je préférerais des excuses plus spontanées, mais... » mais je suis capable de me montrer diabolique et sournois. Oui, oui, moi.

On zappe la partie plutôt douloureuse de la discussion sur les départs et tout le reste pour se concentrer sur une séance de torture pour moi. Il me martyrise un peu, d'ailleurs, j'crois même que ça lui fait plaisir, en plus. « Ha oui ? » Je lui donnerai bien une petite giffle, voir une autre tape, mais je n'ai pas les mains libres, dommage ! « C'est pas que tu es lourd mais ... » je grogne en boudant. « D'ailleurs, tu n'as pas pris un peu de poids, toi ? » je lui demande, avec un air moqueur, les yeux légèrement plissés en l'observant. Bien sûr Loxias n'est pas une personne qu'on peut appeler gros, oh non, bien au contraire, il était plus sec comme mec. Cette réflexion servait juste à titiler son égo, juste pour le bien du mien, parce que c'était quand même la honte de ne pas pouvoir me défendre face à lui, la honte quoi ! D'ailleurs, on prend tous un peu de poids ici, je ne fais qu'énoncer une vérite en plus, et puis ça se prête bien à la situation j'ai envie de dire. Je l'observe, amusée malgrè moi par la situation. J'essaie de savoir ce que monsieur me réserve si je n'obéis pas, et j'ai compris, c'est la torture. Il veut me torturer en fait, le mec, je rêve. Tout ça parce que je me rendais justice, j'ai pas un caractère à la con, quand même, ça me parait évident, pas vous ? « ... Il parait que cette zone est très sensible, et peut te forcer à te tortiller sur place si jamais je décide de frapper. » J'arque un sourcil. « Quelle zone ? » je demande faussement innocente, en voulait savoir s'il mettrait ses menaces à exécution. Bah oui, j'avais tord, Loxias est un grand sadique, il me gratifie de deux coups qui me font bouger, remuer, mais ça ne change rien, je suis toujours écrasée par monsieur. Un rire m'échappe. Je suis assez sensible avec ça, en un mot je suis mal barrée quoi. « D'accord j'ai compris. » je lance. « Fais pas ça Loxias, s'il te plait. » je l'implore en tentant les battements de cils à la bambi, les grands yeux de biche, la totale quoi.

Elle me provoque ? Mais elle croit quoi ? Que je vais renoncer aux chatouilles à cause d’une éventuelle revanche ? Haha, AJ, j’en ai maté des plus féroces que toi, crois-moi... Alors je frappe. Une fois. Pour l’exemple. Lui tirant un éclat de rire très peu discret, avant qu’elle ne passe à la phase dite “chat potté” consistant à me regarder comme une enfant venant de perdre père et mère dans l’explosion d’une synagogue... J’connais bien ce regard-là. Elle ne m’aura pas. « D'accord j'ai compris. » Ha oui ? Alors tu vas implorer mon pardon, pas vrai ? « Fais pas ça Loxias, s'il te plait. » insiste-t-elle sans, pour autant, prononcer le ou les mot(s) magique(s). « Dis pardon, alors... Et tu en profiteras pour avouer que t’as un caractère à la con. Charmant, mais à la con quand même. » J’esquisse un sourire tout en agitant un index à quelques centimètres de ses côtes. Sadique, avec ça... Mais avant qu’elle n’ait pu prononcer quoi que ce soit, son prénom résonne à l’entrée du salon, occultée par le dossier du canapé sur lequel nous nous trouvons. Merde ! Je regarde l’entrée que je ne peux pas voir, puis je regarde AJ. L’entrée. AJ. L’entrée. AJ... AJ ! Elle va gueuler, j’en suis certain ! Elle aussi n’aura eu aucun mal à reconnaître la voix de Nora. Alors, sans réfléchir une micro seconde de plus, je plaque une main sur la bouche de la rousse, tout en lui murmurant un « Ni pense même pas ! »... Il me suffit d’attendre que Nora passe son chemin, ce qui semble lui demander un temps fou... Elle appelle encore une fois... Puis encore une... De plus en plus proche du canapé. Merde. Bon, il ne me reste plus qu’à... Mon buste se surélève légèrement, pas assez pour qu’AJ tente une évasion, mais suffisamment pour que ma tronche passablement ébourrifée et chiffonnée dépasse de derrière le dossier. « L’est partie par là, j’crois... » j’annonce en pointant un index en direction des portes-fenêtres menant au parc. Elle me regarde bizarrement, mais j’imagine que c’est normal. J’pourrais prétendre que j’étais entrain de dormir, mais me justifier serait un signe de culpabilité. Je tente un sourire, et je l’observe passer les portes... Ok... J’attends dix secondes, puis vingt, puis trente, et brusquement je m’affale à nouveau sur AJ, retirant ma main avec précaution. « Bon, on en était où, AJ-Bou ? » et hop, le petit sourire carnassier qui va bien.