THE CRYSTAL SHIP
STARRING ELLIOT AND LULU
Quand on me dit sixties, je pense aux idoles qui ont bercé mon enfance et mon adolescence.
Je pense à Papa, surtout ... Je me retrouve au rez-au-chaussée. Je ne dors plus en ce moment. Il faut bien que j'trouve des choses pour m'occuper l'esprit. J'arrive à faire des micro-siestes ça et là. Ça fait longtemps que je n'ai pas dormi d'un trait. Mon corps est réglé à des heures précises. J'ai des sortes de rituel. Des habitudes auxquelles j'ai du mal à me défaire. Je suis dans le salon. Je suis allongée sur les tapis recouvrant le parquet, ne portant qu'un
pyjama léger, aux tons clairs. J'ai envie de musique. Je ne peux pas m'en passer. C'est comme une drogue. J'ai besoin de ma dose tous les jours. J'en ai besoin pour tout et n'importe quoi. Ça évite le silence. C'est le silence qui me terrifie le plus. Il me faut du bruit. Beaucoup de bruit. Je veux de l'agitation, du mouvement. Ce n'est pas en restant statique que je vais en créer. J'ai une idée. Je me lève et me dirige vers le tourne-disque. Je regarde les vinyles. Rien d'intéressant. Tous les genres de musiques m'intéressent. Mais ce soir, j'ai une idée bien précise de la musique je souhaite écouter. Je continue à chercher. Je trouverai sans doute quelque chose d'intéressant. J'arrive à la fin de la collection. Il n'y a pas ce que je veux. Je suis obligée de retourner à ma chambre. Je soupire. Je sors et j'arrive au dressing. De mon armoire, je saisis une boîte où j'ai entreposée ma collection privée de vinyles. Je n'ai pas apporté grand chose. Mais j'ai un vinyles qui ne me quitte jamais. L'album
Strange days, sorti en 1967 dont le groupe est le seul et unique, les Doors. Un sourire satisfait s'affiche sur mon visage. Je prends le vinyles sous le bras. Je reviens dans la salle. Je m'approche du tourne-disque. Je pose doucement le vinyle dessus et l'enclenche. Les premières notes se font entendre. La voix de Jim, la guitare et la synthé. Le mariage parfait. Je ferme les yeux, je savoure. Je reconnais tout de suite la chanson.
When the Music's Over. Je pourrais même danser dessus. Cette musique vous transporte. Les paroles de Morrison vous ensorcellent. Mon corps se cale au même rythme que la musique. Elle est sensuelle, électrisante. On est limite en transe. Je garde les paupières closes jusqu'à la fin de la chanson. Je sens un regard me transpercer. On arrive bientôt à la fin du morceau. C'est un long poème épique que Jim nous déclame. Une chanson transcendante, peu connue du grand public. Et pourtant, elle est l'une des meilleures qu'a écrit l'interprète. Le morceau se termine. C'est comme un vide jusqu'à la prochaine chanson. J'ouvre un oeil, puis l'autre. Je me retourne. Un candidat en face de moi.
- Bonsoir., dis-je d'un air distrait. Il m'a un peu surpris. J'arrête le tourne-disque un instant. J'observe l'inconnu en silence. Jolis tatouages.