→ nicole.

J'ai arrêté l'école il y a de cela quatre ans et trois mois pour être exact. C'est à dire au moment même où j'ai décroché mon baccalauréat mention rien du tout. Et depuis ce jour-là, je n'ai plus jamais remis les pieds dans une bibliothèque de ma vie. Du moins, jusqu'à aujourd'hui. Après avoir emprunté je ne sais quel chemin, monté les escaliers de je ne sais quelle pièce et m'être retrouvé dans je ne sais quel couloir, j'ai tourné à droite. Et c'est ainsi que j'en suis arrivé là. Je me retrouve, seul, face à mes vieux démons : les œuvres littéraires. La lecture? une hantise. Voltaire? mon ennemi. Puis, franchement, je n'ai même pas eu mon baccalauréat de français, c'est pour dire.. Je me retrouve donc dans cette pièce qui m'était jusque lors inconnue, un peu hésitant. A vrai dire, je songe sérieusement à faire demi-tour. Mais d'un côté, je n'avais encore jamais vu de bibliothèque semblable à celle-là- enfin mis à part dans la Belle et la Bête- et c'est franchement.. fascinant. Les rayons sont longs comme la pièce. Et venant d'un type qui a une peur bleue des ouvrages littéraires, j'peux vous dire que c'est vachement flattant. Je veux dire pour le mec qui a bâti ça.. c'est flattant. Bref. Je m'avance doucement vers ma pire hantise et attrape un des nombreux bouquins qui se trouvent être à ma hauteur. "Une vie" de Guy de Maupassant. Mouais, ce truc m'a toujours l'air aussi pourri que depuis le jour où ma professeur de français en terminale nous avait demandé de le lire. Mais bon, on dit que les goûts et les couleurs évoluent avec le temps. Qui sait, je vais peut-être me découvrir une passion soudaine pour les romans soit disant réalistes. Je m'avance donc vers le canapé d'angle et m'allonge confortablement sur ce dernier. Tranquillement calé, je me décide enfin à ouvrir mon bouquin poussiéreux. D'ailleurs, je me suis toujours demandé à quoi pouvaient bien servir les quelques pages blanches en début et fin de livres. Enfin bref, j'en arrive à la première ligne. Puis à la deuxième, puis la troisième, puis, plus rien. En fait, je crois bien que j'ai quitté le monde terrestre pour un monde de songes. Ouais, ça doit être ça. A moins que madame Guillon, ma voisine du dessus, m'ait suivi jusque dans cette émission..