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Mylah n’a pas remis les pieds au spa depuis un bon mois, ce qui est plutôt étonnant venant de la jeune femme, habituée à s’y rendre une fois par semaine en dehors de cette émission. Ce n’est pas par extrême nécessité, elle pourrait tout aussi bien s’en passer, mais elle n’est jamais complètement détendue et l’être durant quelques heures une fois par semaine, ce n’est pas totalement négligeable non plus. Même ici où elle n’a aucune responsabilité, elle n’arrive pas à être sereine. C’est ainsi, elle aura toujours cette petite boule d’angoisse nouée dans son estomac, c’est son état habituel. Pourtant, elle réalise que c’est un peu stupide, elle n’est confrontée à rien de réellement angoissant. À l’extérieur, elle peut prétendre que c’est son travail qui la rend nerveuse, mais elle ne peut guère utiliser cette excuse ici. Oh, bien évidemment, elle se demande si son entreprise tient toujours la route. Enfin entreprise, ses parents mettraient un point d’honneur à dire que c’est plus une stupidité qu’une vraie entreprise. Mais elle fait malgré tout confiance à ses employés qui se débrouillent sans elle. Il faut dire qu’elle n’est qu’un intermédiaire au final, ce sont eux qui font le vrai travail, elle, elle se contente de l’administratif, des recherches qu’elle effectue et des informations qu’elle communique à ses employés, ensuite, ce sont eux qui sont responsables de l’action, si l’on peut dire cela. Bien évidemment, ils n’ont pas accès à ses comptes ni à ses dossiers, ils sont un peu en congé forcé sans vraiment l’être, ils se débrouillent sans elle, mais ne sont pas non plus à la tête de sa société. Alors on pourrait presque dire qu’elle a confiance, même si elle se réjouit bien évidemment de retourner aux commandes. Quoi qu’il en soit, l’excuse du travail n’est donc pas valable ici et elle n’a rien affronté de particulièrement stressant. Le prime s’est passé sans encombre au final - même si certains propos ou comportements l’ont agacée ainsi que la nomination d’Agata - et l’élimination de Léo ne l’a pas plongée dans la dépression. Elle commençait à croire qu’ils pouvaient établir une relation neutre et stable. De ce fait, elle est presque déçue qu’il soit parti. Et puis, elle aimait bien l’énerver, même s’il se défendait bien. Mais même si ses sentiments envers lui n’ont plus rien à voir avec la haine et la colère qu’elle a pu parfois ressentir envers lui, elle ne compte pas pleurer son départ, d’autant plus qu’il a nominé Agata. Elle cesse de se chercher des excuses et met simplement cela sur l’envie de passer un bon moment tandis qu’elle pousse la porte du spa. Son choix est vite fait, elle n’a aucune envie de transpirer dans le hammam, personne n’est présent pour la masser – elle a les épaules un peu douloureuses, soudain – ainsi elle opte donc pour le bain à remous. Ôtant son peignoir et déposant soigneusement celui-ci sur une étagère, elle ne tarde pas mettre le programme en marche avant de s’immerger dans l’eau. Elle ferme même les yeux, tentant d’accéder à ce que l’on nomme détente, sans y parvenir dans un premier temps. Elle n’arrive jamais à faire le vide. Mais faut croire que penser à une multitude de choses à la fois la fatigue, puisque la voilà qui en vient à sentir ses paupières lourdes, son corps plus léger. Sauf qu’elle n’a pas le temps de sombrer dans le sommeil – tant mieux ceci dit, si elle peut éviter de se noyer – que la porte s’ouvre et la jeune femme ne peut s’empêcher de sursauter. Elle observe Shay qu’elle salue d’un bonjour poli, tandis qu’elle prend une position un peu plus distinguée, laissant le haut de son corps hors de l’eau, plutôt que d’être à moitié couchée. « Je ne compte pas m’en aller. » Elle précise, au cas où la blonde souhaitait profiter du lieu seule. « Mais si cela ne t’empêche pas de rester, je compte sur toi pour faire la conversation. » Car sinon, elle va s’endormir, se noyer, tout ça. Et puis, même si le silence n’est pas la chose la plus perturbante qui soit, c’est quand même stupide de partager le bain à remous et de ne pas se calculer.

Bien que j’ai réduit considérablement ma présence dans le SPA comparé au début d’aventure compte tenu de la météo, j’aime m’y rendre de temps à autre pour me relaxer. Et c’est le cas ce matin. Il y avait trop de monde à la douche alors j’ai décidé de changer mes plans. L’avantage est que je suis déjà en maillot de bain, prête à me confronter à l’eau. En entrant dans la salle, je constate la présence d’une candidate dans le bain à remous. « Salut. » J’arbore mon plus beau sourire enthousiaste et matinal tandis que je m’approche d’elle qui me salue poliment à son tour. Il s’agit donc de Mylah qui a déjà pris ses aises dans le bain mais qui se redresse avec distinction. Elle précise qu’elle ne compte pas partir de là. Mes sourcils se froncent légèrement mais je ne perds pas pour autant ma sympathie. « Et moi je ne compte pas t’expulser. » Je réponds presque du tac au tac surprise par la déclaration de la candidate. Je ne suis pas une diva ou une princesse. Je ne sais pas si elle se fait une fausse opinion de moi ou si j’interprète mal ses propos mais je n’ai pas besoin d’être seule dans le SPA. Celui-ci est assez grand pour qu’on y siège à plusieurs. Je ne comptais donc pas la virer des lieux. Je pensais à la limite aller d’abord au hammam puis ensuite dans le jacuzzi mais pourquoi pas changer mes plans puisqu’elle semble être encline à la conversation. « Tu me convies donc à venir te rejoindre dans le bain à remous ? » Je tourne ça sous la forme d’une invitation alors que ça n’en est pas réellement une. J’ai pas franchement l’impression que ma présence fasse plaisir à la candidate. Elle aurait sans doute préférée rester seule. Moi, en tout cas, ça ne me dérange aucunement de passer un instant en sa compagnie. J’ai rien contre elle. Au contraire. Même si je ne la connais que très peu, je la trouve assez intéressante comme nana et j’apprécie son répondant. J’imagine que je dois lui ressembler sur certains points. « C’était sympa la loveroom ? » C’est tout ce qui me vient à l’esprit pour un début de conversation. Je me rends compte presque aussitôt que c’est assez maladroit. Je me reprends donc. « Enfin je veux dire… la pièce est belle ? » Je suis assez curieuse pour le coup et je me demande surtout où elle est située. Mais ça restera un mystère jusqu’à ce que j’y aie accès. Si j’y ai accès un jour… j’en doute un peu en fait. Celle-ci est plus destinée aux couples ou aux couples en devenir et j’en fais clairement pas parti. « Je crois que Sayid déteins sur moi. Je deviens pas douée pour lancer des conversations. » Alors qu’au début, je l’étais. Ouais, non, c’est juste que ce matin je suis pas forcément très inspirée. Et puis, y’a certaines choses dont je ne peux pas forcément parler avec Mylah vu qu’on est pas hyper proches.

En deux mois d’aventure, Mylah devrait être habituée à toujours compter sur la présence des autres, même quand elle n’attend pas celle-ci. Elle n’est pas réfractaire à la compagnie, mais elle n’est pas pour autant la personne la plus sociable de l’aventure. Il est vrai que parfois, elle souhaiterait bénéficier de quelques instants de tranquillité, plutôt que de se sentir forcée de faire la conversation aux autres. Et cela marche dans les deux sens, elle est aussi en mesure de laisser leur espace vital aux autres quand elle sent que sa présence ne peut être que mal perçue. Bon, elle s’incruste souvent, c’est vrai, mais si elle rencontre quelqu’un qui a besoin d’être seul, elle ne s’imposera pas. Ou du moins, c’est l’impression qu’elle a, même si entre ses impressions et celles des autres, il a parfois un fossé. Quoi qu’il en soit, si Shay comptait bénéficier de l’endroit seule pour mettre toutes les chances de son côté afin de se détendre, il va tout de même falloir composer avec la présence de Mylah. Première arrivée, première servie, aussi simple que cela. Mais heureusement, la blonde ne compte pas l’expulser. « Tant mieux. » Elle rétorque, un peu sceptique, en dévisageant sa camarade. L’empressement de sa réponse l’a laissée interdite, car elle a l’impression d’avoir vexé la blonde sans en connaître la raison. « La salle zen et ce spa sont les temples de la solitude, j’ai l’impression. » Elle explique toutefois quand elle est en mesure de réfléchir correctement et de supposer que c’est sa façon de l’avoir accueillie qui dérange. C’est que ces deux endroits aspirent à la relaxation absolue et elle associe cela à de la solitude, voilà tout. Peu importe, elle ne compte pas s’excuser pour autant. Ceci dit, si Shay ne compte pas profiter des lieux seule et qu’elle n’est donc pas contre l’idée qu’elle partage ce bain, elle souhaite que ce soit la blonde qui fasse la conversation. Car elle, elle est à deux doigts de s’endormir – est-ce, ça, la détente ? – il lui faut bien quelqu’un pour l’aider à se maintenir éveillée.  « Oui, je t’en prie. » Lui assure-t-elle tandis qu’elle se décale légèrement pour appuyer ses propos. De toute façon, si Mylah ne souhaitait pas la présence de la blonde, elle le lui aurait déjà fait comprendre, hm. En l’occurrence, elle n’a rien contre Shay, alors elle n’est pas contre sa compagnie. Cependant, Mylah regrette rapidement d’avoir demandé à sa camarade de lui faire la conversation, étant donné la nature de la question qui franchit ses lèvres. « Pardon ? » Elle répond instantanément. Si c’était sympa, la loveroom ? Est-ce qu’elle lui demande de lui parler de ce qu’elle a pu y faire en compagnie d’Allen ? Car si c’est le cas, cela ne la regarde pas, quoi qu’il ait pu se passer. Shay se reprend et évoque la décoration de la pièce. Mylah reste malgré tout sceptique. Si la pièce est belle ? « Ce n’est pas le mot que j’aurai utilisé. Elle est kitsch, surtout. » C’est le bon terme, en effet. Ce n’est pas une pièce qui lui provoque l’effroi, mais il est vrai qu’ils ont fait fort sur la décoration. « Ne le laisse pas déteindre sur toi, un seul Sayid est suffisant. »  Elle ne dit pas cela pour être méchante, mais elle peine suffisamment à communiquer avec Sayid pour que Shay s’y mette. « Pourquoi tu es aussi méfiante envers les hommes ? » On peut dire qu’il y a plus délicat comme question, mais puisque Shay ne s’est pas gênée niveau question personnelle il y a quelques instants, elle estime qu’elle peut se permettre d’agir sur le principe du donnant-donnant. Oui, bon, elle ne lui a pas donné de vraie réponse vu qu’elle a très vite reformulé sa question, mais la méfiance de Shay envers les hommes l’intrigue. Et la réponse l’intéresse, par conséquent.  

Cela ne me dérange aucunement de me détendre en compagnie de quelqu’un dans le SPA. J’ai pas nécessairement besoin d’être seule pour me relaxer. Je peux très bien tenir une conversation tout en étant détendue. Alors non, je ne compte pas virer Mylah des lieux pour mon bien-être. Le SPA est suffisamment grand en plus pour qu’on puisse se détendre toutes les deux. D’ailleurs, je ne me fais pas prier pour rentrer dans le bain à remous à ses côtés maintenant que je suis cordialement conviée. Je lui ai demandé son approbation, juste pour être sûre que ma présence ne la dérange pas. C’est l’impression que j’avais mais je me suis certainement trompée et j’ai dû mal interpréter ses propos. « Ouh. » Je pousse un petit son en grimaçant avant de reprendre et de m’asseoir. « La température de l’eau me surprend toujours. » J’ai beau être une habituée des lieux, j’en reste pas moins surprise à chaque fois que j’entre dans le sauna, hammam ou bain à remous. La température est vraiment plus haute que la moyenne il faut avouer. Et bref, il arrive un moment où seul le son des bulles règne et où un léger malaise s’installe. Je décide assez vite d’y mettre fin vu que Mylah m’a demandé quelques secondes auparavant de faire la conversation. Je parle alors de la loveroom auquel la blonde a eu accès avec Allen. Sauf que je formule assez mal ma question et je me rends compte que ça pourrait passer pour de l’indiscrétion alors que je ne me permettrai pas. D’ailleurs, la blonde semble surprise et médusée. Heureusement, je me reprends bien assez vite en demandant comment est la pièce. Kitsch apparemment. « Ça ne m’étonne pas ! » C’est bien le genre de la production ça de foutre des pièces kitsch. Si je me souviens bien, les looverooms des saisons précédentes étaient toutes plus niaises les unes que les autres. « Avec des bougies, des cœurs et des pétales de roses partout ? » Le stéréotype. Je m’attends à tout quand même après les chambres qu’ils nous ont foutues cette saison. J’aurai bien aimé en attendant voir à quoi elle ressemble cette fameuse pièce secrète. Mais tant pis. C’est pas forcément super intéressant non plus. Je m’excuse d’ailleurs du sujet de conversation peu pertinent en évoquant le fait que Sayid commence à déteindre sur moi. « En général, je m’en sors plutôt bien à ce sujet. Il y a encore de la marge avant qu’il déteigne complètement sur moi. » Je la rassure, en principe je m’en sors bien niveau sujets de conversations et Sayid reste unique en son genre. Impossible de le détrôner à ce niveau. Je m’apprête à rajouter quelque chose à ce sujet quand la blonde change radicalement la conversation. Je suis assez surprise par sa question. Pourquoi je suis aussi méfiante envers les hommes ? « Tu te doutes que si je te donnais la réponse, je te donnerai peut-être une partie de mon secret. » C’est un peu facile si je lui dis tout. J’imagine qu’elle est assez intelligente pour comprendre que si je ne parle jamais de ça, c’est parce que c’est lié de près ou de loin à mon secret. « Les hommes sont des animaux. Des bêtes sauvages. Méfies-en-toi. » Je lui confie alors en chuchotant à son oreille après m’être approchée d’elle. « On ne connait jamais assez bien une personne. » Je m’éloigne cette fois-ci d’elle. Mon but n’est pas de lui flanquer la frousse non plus. Je l’avertis, tout simplement.