Fantine

JEUDI 04 OCTOBRE ; 16H29
MAIRIE, 1ER ÉTAGE - SALLE INFORMATIQUE

Je me rends dans la salle informatique, non pas pour guetter ou poster sur un blog, j'ai un peu mieux à faire, mais juste pour me rassurer. Les ordinateurs me rapellent un peu ma vie à l'extérieur, du coup, je semble me raccrocher à la seule chose que je connais, un minimum. C'est assez ridicule comme raisonnement, mais tant que cela me suffit à moi, c'est le principal. J'entre dans la pièce, refermant délicatement la porte derrière moi. Je sens un regard posé sur moi, je pivote la tête et me confronte à l'inconnu qui me fixe sans une once de gène. Il tente d'engager la conversation. « Bonjour. On était dans la même équipe, non, hier soir ? » Hier soir ... Ma mémoire me fait défaut sur le coup, avant que je ne réalise qu'il ne s'agissait tout bêtement du prime, comme l'oublier. C'était impossible, enfin surtout la fin. « Oui, j'imagine. » Je commente. « A vrai dire, je n'en n'ai aucune idée. » J'avoue en haussant les épaules. Un brin contradictoire la Fantine, je sais. La seule chose dont j'étais sûre c'est que ni lui, ni moi, ne faisions partis des gagnants de ce jeu car nos visages ne se sont pas affichés sur l'écran pendant le temps voulu, la seule et unique chose que j'avais retenu. Pitoyable en somme. Et cela ne va pas en s'arrangeant. Il connait mon prénom, j'avoue être quelques peu gênée car j'ignore le sien, il fait parti des rares dont le nom m'échappe encore. « Et toi, tu es ... ? » Je lui demande alors. Je m'approche d'un pas, non, il ne m'avait pas échappé qu'il avait eu du mal à allumer l'ordi, je guette son écran, pour voir s'il s'en sort. Il ne fait encore rien. Je tire une chaise et je m'installe à son bureau, à ses côtés. Je m'accoude au bureau, mon menton dans ma main, je l'observe.

Je laisse de côté cette histoire d'équipe ou je ne sais quoi. Cela n'a plus d'importance pour nous à présent. Car lui et moi ne faisons ni partis des maîtres, ni des esclaves comme je prenais plaisir à les appeler, alors cela ne nous regardait plus maintenant. Laissons l'équipe gagnante gérer cette histoire. Il se présente. Malik, Malik, je me répète mentalement. Il me semblait bien en effet avoir déjà entendu ce prénom lors d'une conversation entre quelques candidats. J'essaie de mémoriser. La première chose qui franchit ma bouche: « Origine ? » comme s'il s'agissait d'un questionnaire à réponses courtes. Ma curiosité reprend le dessus, je l'admets. « Comme tu peux le voir, cet engin me fait la misère depuis quelques minutes. » J'affiche un sourire narquois à l'entente de sa deuxième supposition qui me semble bien plus réaliste. « Ou alors je m'y prends comme un manche. » Je le dévisage avant de lui répondre rapidement. « Et si on disait les deux ? » Je lui propose alors. « C'est un bon compromis. » j'argumente en hochant vivement la tête. Et puis comme cela on n'accusera pas trop ce pauvre ordi, qui, je tiens à dire marche à merveille car je l'ai utilisé pas plus tard qu'hier. Fait que je passerai sous silence pour éviter d'embarrasser Malik, je ne tiens pas vraiment à l'enfoncer, et puis, il s'en charge très bien lui même. « Besoin d'aide ? » Je lui demande, presque attendrie par son visage dépité face à l'ordi. Je suis prête à parier qu'il a du mal avec la technologie, et que lui, et elle, ce n'est pas une grande histoire d'amour. Je ne veux pas juger trop rapidement, mais les faits sont là. « Je suis d'humeur généreuse. » J'ajoute, assez inutilement je dois dire. Mes yeux se rivent sur l'écran et sur la couleur bleue du fond d'écran, toujours aussi agressante, au passage.

« Égyptien. Enfin, consonance arabe tout du moins. » J'hoche simplement la tête en l'écoutant. Je n'étais allée qu'une seule fois en Egypte, Alexandrie pour être très précise, et j'avais bien apprécié ce voyage même s'il n'était que pour le boulot. « D'où exactement ? » Je lui demande par pure curiosité, il n'est pas obligé de me répondre s'il ne veut pas. « Mais attend, tu vis là-bas ? » J'enchaine alors. Je continue, il va falloir qu'il m'arrête s'il ne veut pas être obligé de répondre à une centaine de questions. En plus j'avais dis origines, ce n'est pas forcémement là où il vit. Moi et ma précision. « Je veux bien ! Merci. » Malik accepte sans trop hésiter, je note, mon aide. « J'aimerais accéder aux blogs. Seulement... je ne sais pas où cliquer, haha. C'est plus facile quand un candidat passe avant et laisse la fenêtre ouverte... » J'arque les sourcils, effectivement, il ne va pas aller loin s'il ne sait pas faire cela. « Tu cliques au hasard et tu verras bien. » Je lui lance en haussant les épaules. Ca peut marcher comme technique non ? En tout cas, je crois qu'on peut aller que sur les blogs sur ces ordis, ou juste voir des films, donc j'imagine que le reste doit être bloqué. Enfin, j'imagine encore une fois. « La prochaine fois je laisserai ma fenêtre ouverte en pensant à toi. » J'annonce avec un fin sourire amusé avant de cliquer sur le bon icône. « Voilà. C'était pas si difficile. » Je lui annonce avant de lui laisser sa souris et de reculer ma chaise de quelques centimètres pour lui laisser le champs libre. On fait quoi maintenant ? Je croise mes jambes en posant ma main sur mes genoux.