Asmaa

JEUDI 18 OCTOBRE ; 18H55
ÉCOLE MUNICIPALE DE GARÇONS - SALLE DE BAIN

WITH MALIK
ASMAA
NIVEAU I

J'aimais bien être en pyjama, même aussi tôt que ça. Oui, ça faisait un peu grand mère d'avouer ça, mais c'était le cas. Au moins, je savais que je n'aurai pas attendre des heures après les douches et que l'eau serrait chaude et que c'est trop super agréable d'être en pyjama. Enfin, justement mon pyjama sous le bras, je me dirigeais vers ce qui était notre salle de bain. Autant dire, j'étais toujours un peu... Mal à l'aise, enfin, nostalgique de ma propre salle de bain. Ce n'était pas le grand et il faut bien avouer, que j'suis une fille avant tout. Sans alors plus réfléchir, je commençais à me déshabiller, enroulant dans le même temps une serviette autour de mon corps. Je détachais mes cheveux pour constater leur état de saleté. Enfin, je ne suis pas crade, c'est juste que j'ai trop l'habitude de les toucher tout le temps, alors ils salissent rapidement. Je passais une lingette démaquillante sur mon visage, que je jetais ensuite. Après tout ça, je décidais de tomber ma serviette lorsque la porte s'ouvrit. D'un vif mouvement, je réussi à la rattraper pour cacher mon corps complètement dévêtu, avant que la tête de Malik ne se dévoila de derrière la porte. J'espérais qu'il n'ait rien. Si me doucher nue ne me posais aucun problème, même avec les caméras, j'avais du mal à me montrer aux autres, en live, surtout dans mon plus simple appareil. J'suis pas du tout complexée, mais plutôt pudique. Enfin, me montrer en maillot de bain ne me faisait rien non plus, ni en sous vêtement, pas contre nue... Enfin, l’égyptien s'approcha de moi et me fit tourner la tête dans sa direction. « Comment vas-tu ? » Je le regardais un instant sans réaction, avant de n'esquissais qu'un sourire, amusée sur l'instant. Je ne me moquais nullement de lui, simplement, il se souciait beaucoup de moi. Je ne lui en serais jamais trop reconnaissante. C'est moi même qui lui ait demandé de l'aide, sans même jamais pensé que ça pouvait être difficile pour lui de m'en apporter. Surtout en étant enfermé dans ce jeu, les possibilités étaient vraiment restreintes. Finalement je clignais des yeux, dodelinant légèrement ma tête de gauche à droite. « Je crois que depuis... Trois heures, ça n'a pas changé ! » Lui répondais-je avec une pointe de moquerie, mais tout sauf méchante. Non vraiment je ne pouvais pas l'être, que ce soit avec lui ou un autre ici, ou à l'extérieur. Même s'il me le demandais plusieurs fois par jour, je ne le prenais nullement pour un boulet, mais simplement pour un très bon ami. Je baissais la tête quelques instants, en pinçant un peu mes lèvres. « Je... J'crois que ça va. Je tremble un peu parfois, mais j'essaye de ne pas y faire attention. J'ai rien pris depuis...mardi. » Le manque, évidemment, pourtant je n'étais pas totalement clean. Là, oui, mais depuis samedi, je n'avais pas totalement fait une croix sur le khat. Pour tout dire, j'avais été sans durant trois jours, dimanche et mercredi et aujourd'hui. Lundi et mardi, je n'avais pas pu faire autrement que d'en prendre et sans avoir cherché à le prévenir.

Si quelqu'un à mes yeux n'avait rien de lourd, il s'agissait bien de Malik. Rien en ce qu'il pouvait faire ou dire ne pouvait me mettre mal à l'aise ou ne pourrait m'énerver. Bon, je m'avançais un peu en disant ça, mais j'étais attaché bien trop pour le trouver lourd. Au contraire, j'aimais bien l'idée qu'il veille sur moi. Je me sentais moins seule, accompagnée, soutenue, et quoi de mieux que ça ? « Désolé... J'ai pas l'intention d'être constamment sur ton dos,... seulement tu l'auras compris je m'inquiète pour toi et quand je m'inquiète pour quelqu'un, j'ai tendance à me faire particulièrement envahissant. » Je souriais. Je ne voyais pas pourquoi il s'excusait. Au contraire, je devrais plutôt le remercier de tenir sa parole, de se soucier de moi. « Arrêtes t'es pas envahissant ! J'aime bien que tu sois constamment sur mon dos... Ca me rassure ! » Avouais-je avec un sourire timide, en coin. Oui ça me rassurait d'avoir quelqu'un à mes côtés. Ce quelqu'un que je n'avais jamais eu auparavant justement. Je lui avouais alors ne rien avoir pris, pendant deux jours alors au moins, ce qui pouvait compter comme un exploit. Deux longs jours pendant lequel j'avais pensé à la drogue oui, mais sans n'y avoir jamais touché. « Justement je voulais t'en parler tout à l'heure... Tu n'es pas venue me voir ces derniers jours,... tu n'y as pas pensé ou tu as tout simplement préféré ne pas le faire ? » Je baissais un peu la tête, regardant le robinet devant moi, mordant l’intérieur de ma joue. Quelques jours avant, je lui avais bien signifier que je ne pouvais tenir les promesses que je faisais. C'était le cas là, je n'avais pas cherché à trouver Malik quand l'envie de me droguer s'en était fait ressentir. Je me tordais nerveusement les doigts. « Je, j'voulais pas te déranger... J'ai pas osé. » Malheureux constat. Oui, ce n'était pas contre ma volonté, mais bien parce que je n'étais pas sans gêne. J'avais bien voulu une fois l'accoster pour lui faire part de mon ressentit, mais effectivement, je n'avais pas osé. « Mais tu sais, je ferais du mieux que je peux ! C'est juste que... Ma vraie nature de timide reprend le dessus et j'sais pas approcher les gens facilement ! »

Je ne pouvais pas le nier, j'aimais me sentir entourer, comme ce ne fut pas le cas depuis très longtemps. Être en quelques sorte le centre d'intérêt de quelqu'un n'étais pas désagréable, bien que j'aurai préféré l'être pour une autre raison que mes problèmes d'addiction. « Hey, Asmaa, tu n'as aucun compte à me rendre. Ne te sens pas contrainte à faire quoi que ce soit, et dis-toi que tout ce que tu fais, tu ne le fais pas pour moi, tu le fais pour toi. » Je plongeais mes yeux dans les siens, secouant lentement ma tête de haut en bas. Je l'entendais bien, mais je ne voulais pas non plus le décevoir. Je n'ai jamais déçu personne, dans la limite où j'avais toujours cette optique de sembler la plus parfaite possible, quitte à justement me pourrir la santé. Le fait d'avoir, déjà, dévoilé mes faiblesses pouvaient être la plus ultime façon de le décevoir, mais il semblait prêt à m'aider. Je ne voulais pas le décevoir plus encore. Je ne répondis rien pour ne pas m'enfoncer, mais le doute devait clairement se lire sur mon visage. « Co... comment te préfères-tu Asmaa ? Ou plutôt quelle image préfères-tu renvoyer ? Celle d'une jeune femme timide, peinant à aborder qui que ce soit sans difficulté, ou celle d'une jeune femme délurée, énergique et pleine de vie,... mais sous l'emprise de la drogue ? » Je fronçais, l'espace de quelques instant, mes sourcils, pourtant sa question était on ne peut plus simple. La réponse pouvait l'être aussi, mais plus honteuse. D'où mon hésitation. Un réponse qui n'était pas difficilement devinable : qui préférerais renvoyer une image de grosse timide, plutôt que celle d'une jeune femme pleine d'entrain, riant pour tout et qui déborde de vie ? « Je me préfère... Enfin j'ai toujours voulu être sociable... qui aime être timide ? » Commençais-je d'une petite voix, avant de lui répondre véritablement à sa question. « Je préfère que l'on me croit pleine de vie... » Reprenant son expression. Oui, je préférais renvoyer de moi cette image de folle, bondissant dans tout les coins, mais je n'aimais pas forcément avoir recourt à des subterfuges pour ça. Sauf que j'étais coincée, dans un tourbillon, sans issue. Pour moi, arrêter la drogue n'était toujours pas envisageable, même si l'on souhaitait m'apportait de l'aide pour ça. Soudainement, comme un éclair de lucidité, toute mes pensées venaient à se confirmer : je ne pourrais pas arrêter, comment le pourrais-je, alors que dans ma tête, j'avais toujours ce besoin irrémédiable de renvoyer une image de moi totalement fausse, quitte à me gâcher la vie ? « J'arriverais jamais à arrêter alors... » Soufflais-je alors comme constat. En gros, je baissais largement les bras, sans mettre véritablement battu. Je détournais mon visage de Malik. Non, je ne pleurais pas cette fois, mais je n'avais envie qu'il me voit plus encore. J'suis qu'une lâche, ce n'était vraiment pas possible de l'être plus que moi. Je reprenais d'une nouvelle petite voix : « Et toi... Tu préfères me voir comment ? »

Je n'étais qu'une sale lâche, ne voulant même pas me battre. Non, de nous deux, il était le plus motivé. Moi, je voyais le verre à moitié vide et me voyait aussi complètement incapable de dire stop à mon addiction et de revenir sur le droit chemin. Il était plus motivé que moi, mais cela ne servait à rien tant que je ne me mettais pas à croire en moi. Sauf que la drogue, je la prenais justement pour avoir confiance en moi. Ce cercle vicieux, jamais je ne pourrais m'en sortir. Ou que lorsque la drogue me causera des choses plus grave, auquel je n'ose penser. Toute volonté s'était échappée de mon petit corps. Et je sentais affreusement honteuse de le constater devant lui. J'avais envie de me sortir de là... Mais je peinais à rassembler en moi un quelconque avantage à arrêter. Oui, j'étais dans mon esprit à la limite de penser qu'il vaudrait mieux pour moi de continuer d'en prendre. Malik vint prendre ma main et je le laissais faire, laissant mon regard plonger dans le sien. Sans m'en rendre compte, non seulement je laissais ma main dans la sienne, mais je la serrais, peut-être un peu trop fort. Et c'était là que je sentais mon cœur se déchirer. Je voulais me battre pour lui, parce qu'il a été, en si peu de temps, l'ami le plus fidèle que je n'ai jamais eus auparavant. Je ne voulais pas le décevoir, mais je sentais que ce serait le cas tout de même. « Tu y arriveras, il faut y croire. Ne pars pas défaitiste, ne laisse ton addiction penser qu'elle est la bienvenue et qu'elle peut rester indéfiniment. » Malheureusement, elle était tellement bien installée. Je ne pourrais pas m'en défaire, même si effectivement, elle n'était pas la bienvenue, mais quand quelqu'un est installé quelque part depuis au moins sept ans, c'est compliqué de le déloger. Ce sera pareil pour ça. Pour mon addiction. Mes sourcils se froncèrent légèrement. « C'est peine perdue... » Je devais l'agacer. Un jour je m'en sentais capable, le lendemain, ce n'était plus possible. J'avais envie de me terrer dans un trou de souris et ne plus jamais en sortir, ou n'en sortir au moment de mon élimination. J'aurai tellement voulu ne rien lui dire non plus, il me croirais encore vivante et pleine de fougue naturellement. Je n'aurai même pas le laisser s'attacher à moi, comme moi à lui. Ca lui aurait valu de la peine en moins, une peine que je sentais bien lui causer. Et la malheureuse que je suis, lui posait encore une question, comme s'il n'étais pas suffisant de m'enfoncer quelques secondes plus tôt. « Quand je t'ai rencontrée, j'ai de suite été charmé par ta vivacité, ton entrain, ton énergie. Seulement depuis, j'ai appris que tout ceci n'existait que par le biais de cochonneries que tu prenais, et je dois dire que je préfère te voir timide, mais clean et en bonne santé. Car c'est à mes yeux le plus important. » C'est vrai, il avait raison, je jouais avec ma santé. Je prenais des cochonneries, mais c'est cochonneries m'avaient aussi aidé. Beaucoup aidé malgré tout le mal que cela me faisait par derrière. Je baissais les yeux, comme une gamine qui vient de faire une bêtise. Sauf que c'est sept ans de ma vie que je regrettais, là. « Je préfère quand tu restes telle que le Seigneur t'a faite, et quand tu ne luttes pas contre ta vraie nature. » Je baissais à présent ma tête entière. Je luttais contre ma vraie nature, mais ma vraie nature est une chose que j'ai appris à haïr et que je hais par dessus tout. Dire que je me haïssais à cet instant précis était exagéré, mais ça n'était pas si loin de la vérité. Alors il avait simplement répondu à ma question et nos avis divergent. Nos points de vus ne sont pas les même non plus. Il ne souffrait pas de ce syndrome de timidité et il n'était pas tomber dans une spirale aussi facile que la drogue. Il faisait partie de la classe des personne que j'enviais, naturel, spontané, généreux, un peu foufou, sans chichi et sans aide extérieure. « Mais j'aime pas ma vraie nature ! » Je pinçais mes lèvres. Ce que je craignais, arrivait, malgré moi, vraiment. Je ne savais pas quoi lui ajouter, pas quoi rétorquer ; je ne savais pas quoi faire. J'étais paumée. « Je sais pas quoi dire... J'sais pas quoi faire... » Je sentais mes larmes remonter jusqu'à mes yeux, alors je me dérobais. Je reculais. Depuis tout à l'heure, nous avions nos mains scellées. Je défaisais cette union pour m'éloigner de lui. Pour aller au douche plus particulièrement. Ma main écrasa le bouton de la douche faisant ainsi couler l'eau sur ma peau, partiellement encore couverte de ma serviette. L'eau froide écrasant mes boucles sur mon crâne, fouettant ma peau bronzée ; mes nouvelles larmes devant lui, coulant parmi cette eau. Je me sentais honteuse, mais ce n'était rien comparé à cet instant précis...

J'étais pathétique. Une fois sous la douche, je me disais que j'aurai mieux fait de m'en aller, ou de rester la tête baissée, devant lui, à lui expliquer en quoi j'étais une lâche. En quoi je n'arriverais jamais à guérir de ce mal, dont j'étais la seule coupable. Non, l'eau froide fouettait ma peau tandis que mes larmes coulèrent . Une vraie scène grotesque, pire qu'au cinéma. Et pourtant, c'était vrai. Je chialais sous la douche. Je chialer sous la douche et sous les yeux de Malik. Je ne savais pas pourquoi je venais de faire ça ; ultime action, preuve de ma folie. Ou du manque. Oui, c'était peut-être le manque. Alors là, oui, il avait la réponse à sa toute première question : Comment vas-tu ? Mal. Très mal. Ces nouvelles larmes le lui prouvèrent, bien malgré moi. Oui, j'avais toujours cette ambition de passer du bon temps avec lui, de m'amuser, de rire, d'aller embêter les autres avec lui, mais une ambition lointaine puisque jusqu'ici, ce fut un peu un échec. Je ne suis que chagrin et asthénie, depuis quelques temps. Je n'aspirais pas à la joie. Et ça me manquait de ne pas rire avec lui. Je le lui avais dit, dans le cinéma, qu'il ne voudrait plus me laisser jouer avec lui, quand il apprendra la vérité. Je ne le regardais pas directement et pourtant je voyais bien Malik se rapprocher des douches. Lui, tout habillé, il vint tout de même jusqu'à moi. Je relevais mes yeux baignés de larme sur lui, qui était à présent trempé. En un rien de temps, son corps se retrouva collé contre le mien. Tout contre le mien. Il s'écrasa même, ne me laissant aucune chance de fuite, mais je ne comptais pas fuir. Au contraire. Il m'enserra le corps de ses bras. Je le laissais faire sans réaction dans un premier temps, que mes seules larmes. Pour tout dire, je ne sentais même pas la pression qu'il exerçait sur mon corps pour le coller au sien, qui était conséquente tout de même. Ma gorge était nouée. J'avais une boule au ventre. Mais rapidement la réalité de me vint en pleine face. « Ne me quitte pas. » Je me réveillais, bougeant lentement ma tête de droite à gauche, pour à la fois me réveiller et lui répondre. Que je ne le quitte pas. Je n'y comptais pas. Alors mes mains passèrent sur ses flancs, pour le serrer à mon tour aussi fort qu'il m'était permis. J'appuyais ma tête contre son torse, fermant les yeux et essayant de me calmer. Sous l'eau battante, l'on ne pouvait distinguer mes légers gémissement et mes reniflements. Peut-être pas même Malik, pourtant au plus proche de moi. Je n'avais nullement envie de le quitter ; en si peu de semaines, je m'étais attachée à lui plus que n'importe qui d'autre, ici, ou ailleurs. Il était la personne à qui je tenais le plus, même au-delà du raisonnable. J'avais besoin de lui. Sans lui, je ne pourrais survivre dans le jeu ou à l'extérieur, oui, je ne pourrais l'avouer, mais c'était la vérité. Il est devenu un pilier important dans ma vie. « Jamais... Jamais je ne voudrais te quitter... » Soufflais-je d'une petite voix presque inaudible. Non ça jamais, je ne pourrais ni le voudrait. Si je pouvais faire tout en mon pouvoir pour rester, je le ferais. Seulement, dimanche, je ne serais plus maîtresse de mon destin. Les téléspectateurs devront voter pour moi, pour me voir rester, pour ne pas me séparer de lui. Je ne pouvais pas définir ce lien qui m'enchaînait à lui, en tout cas je ne voulais pas le rompre. Toujours de cette même petite voix, trahissant ma vulnérabilité. « Jamais je pourrais te quitter ! »

mais non, c'est loin d'être minable ! c'est moi qui écrit du caca !