Joshua

VENDREDI 19 OCTOBRE ; 18H45
CIMETIÈRE

La quatrième semaine d'aventure était déjà bien entamée, et en ce vendredi soir je me retrouvais complètement exténué, à bout de forces comme à bout de nerfs. Mais je ne désirais pas laisser transparaitre cela et passer pour une petite nature auprès de mes camarades, voilà pourquoi je décrétais que le mieux à faire était encore de m'isoler quelques heures, ou tout du moins un bon moment. Il demeurait dans ce village un lieu sur lequel je ne m'étais encore jamais rendu. Le cimetière. Trois semaines durant j'avais tout fait pour m'en tenir le plus éloigné possible, néanmoins ce soir je ressentis comme un étrange besoin de m'y rendre. Pour beaucoup, les cimetières étaient effrayants, pour moi, pas le moins du monde. Je croyais en beaucoup de choses, aux esprits notamment, mais à mon sens ça n'était pas ici que je risquais d'en rencontrer. Et même si c''était le cas, et bien, je leur passerais assurément le bonjour. Je me rendis donc au cimetière ce soir, dans une sorte d'état second. Les yeux grands ouverts, les bras plaqués le long de mon corps, j’entrepris une marche quasi-funeste puis me figeai littéralement devant l'imposant portail de ferraille qui me dominait de plusieurs mètres. Mes pieds me guidèrent alors à l'intérieur du cimetière, tandis que ma marche se faisait tout aussi lente et inerte. Je m'arrêtai finalement devant une sépulture de marbre, que je contemplai plusieurs secondes, sans agir. Et d'un coup, je lâchai prise. Un flot de larmes se déversa le long de mes joues et l'émotion m'envahit. Je n'entendis même pas quelqu'un approcher derrière moi, et plaçai mes mains de part et d'autre de mon visage, sanglotant sans pouvoir m'arrêter. Je n'avais plus qu'une pensée en tête désormais. Pardon papa.

Une semaine. C'est le temps qu'il aura fallu pour que ma vie prenne un tout autre tournant. C'est fou comme les gens changent en une semaine. C'est fou comme ils peuvent devenir blessants. Inconsciemment ou non. C'est l'esprit complètement tourmenté que je rejoins le cimetière. Je suis en deuil. J'ignore ce que je suis venu enterrer, mais je suis en deuil. C'est le chaos dans ma vie. Un gros bordel. Parfois j'aimerais être à leur place. Six pieds sous terre. Mais, je ne suis pas un lâche. Je ne suis pas un égoïste, prêt à rendre l'âme au grand dam des personnes qui tiennent encore à moi. Ne serait-ce qu'un tantinet. J'avance, le cœur lourd, sans directives. Mes jambes m'emmèneront là où elles le voudront. De toute manière, je ne prête pas attention au paysage. Si j'ai choisi de venir ici, c'est sans doute pour me plonger davantage dans cette souffrance qui a pris possession de moi. Je ne sais pas ce que nous avons, nous malheureux êtres humains, à toujours vouloir dramatiser les choses lorsqu'on a déjà le moral au plus bas. C'est absurde. Tellement con. Nous nous infligeons une peine encore plus grande. Plus douloureuse. Ça n'a pas de sens. Mais la vie a-t-elle réellement un sens ? Je marche sans vraiment savoir où je vais. Je suis plein d'amertume, j'ai envie de cogner contre un mur, fracasser quelque chose. Puis, au loin, je le vois. Malik. Je me dirige vers lui tout en gardant le silence. Ses sanglots me font monter les larmes aux yeux. Mais je ne pleurerai pas. Je suis un homme. L'homme n'a pas de failles. Ridicule. Une larme perle doucement sur ma joue. Je détourne subitement la tête vers la droite, comme pour dissimuler mes émotions, et l'essuie d'un revers de main. Je renifle doucement puis porte à nouveau mon regard sur lui. Il est dépité, anéanti. Souffre-t-il autant que moi ? Ou bien plus ? Je glisse ma main sur son épaule pour lui apporter mon soutien puis viens finalement lui déposer un baiser sur le crâne. On ne s'était encore jamais parlé avant, mais qu'importe-t-il ? « Arrête de pleurer. », lui susurré-je à l'oreille. J'ai la gorge nouée. Je n'aime pas voir les gens pleurer. Surtout lorsque je suis moi-même quelque peu anéanti. « Je t'en prie. », renchéris-je, la voix brisée.

Mes camarades m'avaient vu enjoué, énergique, farceur durant ces quatre premières semaines de jeu. Et je ne voulais pas changer l'opinion qu'ils avaient tous de moi, je ne voulais pas leur montrer une autre facette de ma personnalité, la part sensible de mon être, à fleur de peau, vulnérable. Aussi, je m'étais isolé dans le cimetière et avais totalement lâché prise, ne contrôlant plus rien, laissant toutes ces émotions m'envahir et prendre possession de moi. Et bientôt, une main se posa sur mon épaule, et on déposa un baiser sur le sommet de mon crâne. Joshua, candidat dont je ne connaissais que le nom pour le moment, se montrait particulièrement bienveillant et compatissant. Je ne savais pas d'où il sortait, ni ce qu'il faisait ici, mais cela n'avait pas grande importance à mes yeux sur l'instant. « Arrête de pleurer. » J'essayais, réellement, mais difficile de luter contre toutes ces larmes qui ne demandaient qu'à être évacuées. C'était réellement douloureux de m'empêcher de faire sortir tout ce que j'avais sur le cœur. « Je t'en prie. » Je crois qu'en pleurant comme je le faisais, j'étais à deux doigts de pousser Joshua à faire de même, ce que je ne désirais aucunement. Je n'étais ni ici pour pleurer, ni ici pour faire pleurer mes camarades. Aussi, je tentai de me reprendre bien qu'avec difficulté encore. « C'est un jour sans. » me justifiais-je entre deux sanglots, essuyant d'un vif revers de la main une larme qui tentait elle aussi de se frayer un chemin le long de ma joue. Je n'avais pas le moral, des pensées noires plein la tête... Mais je ne devais pas me morfondre, m'apitoyer sur mon sort ! N'avais-je après tout pas pour devise "demain ne sera pas pire qu'hier, ni meilleur qu'aujourd'hui" ?... Je pouvais me triturer l'esprit, encore et encore, cela ne servirait au final pas à grand chose. Aussi, je tentais de vaincre cette envie de pleurer - je ne voulais pas avoir l'air d'un minable tout en sachant que ma mère me regardait très certainement depuis son petit poste de télévision. Je n'étais peut-être pas totalement dans mon élément ici, mais je devais faire comme si c'était le cas, je n'avais d'autre choix que de faire bonne figure, il le fallait. Joshua semblait lui aussi être dans un mauvais jour. Je l'observai les yeux encore larmoyants. Quelque chose n'allait pas pour lui non plus, en témoigne sa voix cassée, et l'air dépité qu'il prenait. « Tu n'es pas bien fringant toi non plus... » lui signifiais-je d'une voix tremblante, tout en balayant les larmes séchées sur mes joues. Au point où on en était, on pouvait presque nous raconter nos petits malheurs, non ?

Cette peine vive, douloureuse que je lis à travers ses larmes me donne envie de chialer comme un gosse à mon tour. Mais je ne le ferai pas. Parce que la dernière larme que j'avais versé, jusqu'à aujourd'hui, remonte à une dizaine d'années. A l'époque où j'étais réellement venu enterrer quelqu'un. « C'est un jour sans. », confie-t-il tandis que je le supplie d'arrêter. J'ignore ce qui l'a mis dans cet état, la raison de cette affliction, mais je compatis. Je compatis pleinement. La vie peut être une chienne parfois. Elle se joue de nous, nous voit naître pour finalement nous faire mourir. Et parfois, cette mort est lente et douloureuse. Dépression. C'est le terme que donnent les professionnels à ce mal-être. De mon côté, j'appelle ça de la torture. Car nous sommes les victimes de cette chienne de vie. Elle nous tient en otage jusqu'à ce que nous en venions à bout. Et alors, on explose, on se laisse sombrer, puis quelques rares fois, on s'en sort. Parce que l'on est soutenu, parce que l'on est chéri par les êtres qui nous sont chers ou de parfaits inconnus. Quelque fois, ce sont ces inconnus qui nous sont d'une plus grande aide. Parce qu'ils ne savent rien de nous ou de notre passé et qu'il ne se permettent pas de juger cette personne dont ils ignorent tout, contrairement à nos proches. « Tu n'es pas bien fringant toi non plus... » Sa voix est trépidante. Si bien qu'elle me fait frémir de douleur. J'ai mal pour lui, j'ai mal pour moi. Au fond, même si je ne le laisse que très peu paraître, je suis un être vulnérable, très susceptible. Un rien suffit pour enclencher une émotion chez moi. « C'est un jour sans. », dis-je en reprenant ses mots. Aussi, j'attrape mon paquet de clopes, enfoui dans la poche intérieure de ma veste, puis en extirpe une cigarette que je glisse entre mes lèvres. Je tends mon bien vers Malik. Qui sait, peut-être est-il dépendant, lui aussi ? Je cherche par la suite mon briquet dans la poche extérieure de ma veste cette fois-ci puis vient allumer mon bâton de venin. « Oublie tes soucis. », lui dis-je en inspirant une bouffée de fumée. Je ne compte pas le questionner sur les raisons de son mal-être, cela ne me regarde pas. Pourtant, j'aurais très bien pu profiter de cette situation pour lui faire cracher quelques morceaux concernant son secret, mais je n'en ferai rien. Nous avons beau être dans un jeu, je ne veux pas me jouer des autres. Jamais.

Difficile de trouver moins gais que Joshua et moi, à cet instant. Nous étions là, tous deux au bord des larmes - qui avaient pour ma part déjà bien coulées aujourd'hui -, le moral dans les chaussettes et très probablement une envie certaine de tout envoyer valser. Il était pourtant rare de me voir dans un tel état. Quant à Joshua, je le connaissais encore très peu, mais je voyais bien qu'il n'était pas bien fringant lui non plus, m'imaginait alors que d'ordinaire, il devait quand même être d'avantage déluré et remuant. « C'est un jour sans. » fit-il tout en reprenant mes paroles. Un jour sans, pour moi, était synonyme de gros cafard, de petite déprime, mais il était certain que tout ceci demeurerait passager. Sans doute même que demain, j'aurais retrouvé cette joie de vivre et cette vivacité qui m'étaient d'ordinaire propres. Et j'espérais pour Joshua qu'il retrouverait également le moral sous peu. Il me tendit son paquet de cigarettes, et je lui fis comprendre d'un revers de la main que je ne fumais pas, esquissant au passage un mince sourire comme pour le remercier d'en avoir eu l'attention. « Oublie tes soucis. » Hin, plus facile à dire qu'à faire, croyez-moi. Surtout quand il s'agissait de soucis comme les miens. Le genre de soucis qu'on pouvait difficilement oublier, voyez-vous. « J'aimerais, vraiment. Mais je crains que ce ne soit pas possible... » rétorquais-je dans un premier temps, tandis que mes yeux se posèrent un instant sur la plaque disposée sur la sépulture de marbre, près de nous. Non, je ne voulais pas lire ça. Aussitôt, je détournai le regard, et poursuivis. « ...la culpabilité me ronge, et contre elle je ne peux rien. » Le poids de celle-ci sur mes épaules était tel que je ne parvenais même plus à faire semblant. Et pourtant d'ordinaire, j'avais constamment le sourire aux lèvres, je me tracassais certes pour un rien mais cela ne durait jamais bien longtemps... Mais le fait de me retrouver présentement dans ce cimetière faisait ressurgir de bien mauvaises souvenirs, et me poussait alors à me sentir profondément coupable. « Et les tiens de soucis, y'a moyen que tu les oublies ? » lui demandais-je tout en le couvant du regard. J'ignorais totalement si les soucis de Joshua concernaient cette aventure, ou tout autre chose. Mais je préférais ne pas le lui demander, car en plus d'être parfaitement indiscret, cela serait à mon sens parfaitement déplacé, tandis que lui ne m'avait pas demandé ce qui me mettait dans un tel état. Et je crois que pour ça, je lui en était reconnaissant. Car il n'avait pas eu la curiosité de le faire, ni la volonté de connaitre mes secrets les plus sombres. Et je n'étais, je pense, pas apte à évoquer cela maintenant. C'était à la fois trop tôt, et trop tard.

C'est horrible. Cette sensation, ces larmes que j'ai vu perler sur ses joues. C'est horrible, oui. J'ai toujours eu tendance à refouler mes émotions, à ne rien laisser paraître. Coquille vide, m'appelle-t-on. L'impassible, celui qui ne ressent rien. Une image qui me colle à la peau depuis des années. L'image que j'ai choisi de donner. J'aime que l'on pense cela de moi. Alors, je suis un être fort à leurs yeux. Pas simplement cette petite chose vulnérable qui n'a jamais su se remettre des quelques difficultés qu'elle a rencontré dans sa vie. Et si ces difficultés n'ont pas été tellement nombreuses, au final, elles ne restent pas plus faciles à vivre pour autant. Non. C'est une douleur vive et profonde que je ne saurai guérir que d'une seule et unique façon. Mais encore faudrait-il que je parvienne à découvrir de quelle manière procéder. Car ce n'est pas faute d'avoir essayé. Mais soit. Je peux vivre avec. Je le fais depuis des années. Et ça ne m'a pas empêché de devenir quelqu'un. Je ne suis peut-être pas un homme influent, je n'ai certainement pas le mérite d'avoir accompli quelque chose d'extraordinaire pour l'humanité, mais je suis quelqu'un. Malik rejette mon offrande. Suis-je le seul qui fume dans ce foutu nid à la con ? Je lui rends son maigre sourire avant de ranger le paquet à sa place. « J'aimerais, vraiment. Mais je crains que ce ne soit pas possible... » Ses yeux se dirigent vers cette petite plaque, incitant de cette manière les miens à en faire de même. La lecture de ce nom et de ces deux dates me fait légèrement frémir. C'est triste. La vie est triste. Mais peut-être pas injuste. On meurt tous un jour, et cela montre bien que malgré tous les préjugés raciaux qui peuvent exister chaque être vivant est égal à son semblable. « ...la culpabilité me ronge, et contre elle je ne peux rien. », renchérit-il. Cette déclaration m'intrigue, mais je ne poserai pas de questions. J'ignore de quelle culpabilité il peut bien parler, mais s'il a envie de me faire part de ce point- visiblement important- de sa vie privée, alors il le fera. Je ne suis pas ici pour le forcer à dire ou faire quoique ce soit. « La vie est bien trop courte pour que tu la passes à culpabiliser. », dis-je, les yeux toujours rivés sur l'écriteau. Cette personne, enterrée sous nos pieds, en est une preuve parmi des millions. Des milliards. Au lieu de passer notre temps à culpabiliser, nous devrions tous nous repentir et vivre notre vie au jour le jour. Carpe Diem. « Et les tiens de soucis, y'a moyen que tu les oublies ? » Je tourne machinalement la tête vers lui et lui adresse un maigre sourire. Si il y a moyen que les oublie ? Bonne question. Je me la pose depuis tellement d'années. En réalité, j'ai passé plus de temps à tenter de trouver une réponse à cette question qu'à essayer d'oublier mes soucis. « Le jour où j'arrêterai de respirer, peut-être. » Quelque peu mélancolique, je décide de porter mon regard sur la tombe face à nous, une nouvelle fois. Aussi, je glisse ma cigarette entre mes lèvres et inspire un bon coup avant de recracher toute la fumée par le nez.

J'aurais aimé oublier ce qui me tracassait, vraiment, mais c'était impossible, en tout cas pour l'heure je ne parvenais pas à me chasser certaines pensées de la tête. J'essayais pourtant, mais je me sentais toujours aussi coupable, je souffrais toujours autant. Cette souffrance allait être, comme d'habitude, passagère. J'aurais aimé n'avoir jamais à l'endurer, mais c'était de ma faute, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Ce que j'avais fait, ou ce que je me reprochais plutôt, c'était d'avoir rendu plus tragique encore une situation qui l'était déjà. « La vie est bien trop courte pour que tu la passes à culpabiliser. » Oh mais je ne passais pas le plus clair de mon temps à culpabiliser, il fallait le savoir. Cette culpabilité surgissait de temps à autres, à des moments ou dans des lieux bien précis qui se voulaient assez anecdotiques mais surtout symboliques en fait. Par exemple, le fait que je me trouvais dans ce cimetière avait tout déclenché ce soir. Parce qu'un tel lieu me poussait irrémédiablement à me remémorer certaines choses, et me rappelait surtout que j'avais une chose à me reprocher, celle de ne pas avoir agi comme j'aurais dû le faire. Je m'en voulais pour ça, pour ne pas avoir été celui que j'aurais dû être. Je savais que dans quelques heures, j'aurais retrouvé ma bonne humeur, mais cette culpabilité reviendrait tôt ou tard, car elle demeurait en moi depuis de longues années, et parce qu'il m'était impossible de luter contre elle. Je n'y pouvais rien, et me devais d'assumer, de supporter cela à présent. Les soucis de Joshua, dont je ne connaissais ni l'origine ni la cause, semblaient quant à eux prêts à persister longtemps. Très, très longtemps selon ses dires. « Le jour où j'arrêterai de respirer, peut-être. » Je supposais donc qu'il n'était pas prêt d'oublier ses soucis comme je parvenais, parfois à oublier les miens, même si ces derniers finissaient toujours par me rattraper. Et justement, on ne pouvait pas réellement dire que j'avais des "soucis". Je n'avais pas de problèmes à proprement parler, juste des préoccupations, mais rien ne pouvait être réglé de mon côté. Du sien, peut-être, mais en fait je n'en savais rien. Le regard de Joshua vint se poser sur la sépulture face à nous, celle sur laquelle mes yeux s'étaient attardés un instant plus tôt. Quant à moi je préférais le regarder lui, quelque part, ça me démoralisait moins. Bah, nous étions entourés de morts, et cette situation était assez déroutante. Et tout compte fait ça n'était peut-être pas une bonne idée de me rendre ici ce soir, compte tenu du fait que je n'avais déjà pas grandement le moral. Maintenant que j'étais là, je me confrontais en quelque sorte à toutes ces choses gardées à l'intérieur, cette plaie ouverte qui ne cicatrisait pas, même avec le temps, et que je n'avais fait qu'agrandir en agissant d'une certaine façon il y a peu. J'avais vraiment de quoi me sentir coupable, bien qu'à la base je n'avais pu faire autrement et avais été contraint d'agir de la sorte. Sans trop savoir pourquoi ni ce qui pouvait motiver ce geste, je vins poser ma main sur l'épaule de mon camarade. « Ta présence m'apaise. Je pense que si tu n'étais pas venu, j'étais bon pour sangloter jusqu'à pas d'heure. » C'était certain, et les propos qu'il avait tenus m'avaient quelque peu réconforté ou, tout du moins, poussé à sécher ces larmes. « Merci d'être là. » soufflais-je. Par là, j'entendais le remercier pour se préoccuper de moi, pour tenter de me consoler comme il le pouvait, alors qu'il ne me connaissait même pas. Peu de candidats en auraient fait autant je pense, certains auraient même passé leur chemin, mais j'étais tombé sur un jeune homme bienveillant et compatissant, qui semblait plus affecté que moi encore. Alors forcément, on ne pouvait que se comprendre l'un et l'autre.