Parfois, je repense à mes voyages sur la route. Il y a les bons et les mauvais souvenirs. Tout cela en fait une expérience inoubliable. En revenant de mon périple, ça n'a rien changé à mon état. Je suis encore plus abimée qu'à mon départ. A mon retour au bercail, j'ai décidé de commencer une nouvelle vie. De me reconstruire, de me retrouver. J'avance dans la brume du soir, une clope au bec et les mains dans les poches de ma veste en cuir. Avant quand je m'ennuyais, je buvais pour tuer le temps. Une mauvaise habitue que j'ai mis du temps à m'en défaire. J'essaie de savourer l'alcool à sa juste valeur. Pour le plaisir de l'ivresse surtout. A consommer tout de même avec modération. J'entre dans le bistrot. Personne. Je prends mes aises. Je me dirige tout de suite vers le jukebox. Rien d'intéressant comme musique. Je décide de sortir mon Ipod et de le brancher à un des amplis. Je mets Purple Haze, de Jimi Hendrix à fond. Je contourne le bar pour sortir une bouteille de gin et un shoot. Je vois Sïana. Je l'invite à venir me rejoindre d'un signe de la main. - Je te sers à boire ? , lui demandai-je avec un sourire amusé. Je ne sais pas si elle boit de l'alcool ou pas. Je préfère être prudente avant tout. J'ajoute ensuite : - Tu veux quoi ? Je regarde derrière moi les bouteilles d'alcool. Il y en a foison. Mais je peux lui préparer ce qu'elle veut. J'ai été barmaid pendant un sacré bout de temps, donc je connais un rayon sur les cocktails, etc.

Mon père commence tout doucement à me manquer. J'en parle pas, parce que cela ne peut rien apporter aux autres mais c'est une fatalité. Je n'ai jamais quitté celui-ci pour une aussi longue période et l'on peut bien dire que je suis une gamine à papa, j'en ai rien à foutre. Je l'admets assez facilement et je pense que beaucoup le comprendront. Quand il y n'y a qu'une personne qui se montre présente durant toute votre vie, on lui en ai forcément reconnaissant. Mon père est cette unique personne pour moi. Et j'ai un peu envie d'oublier ce manque qui se creuse chaque jour un peu plus au creux de mon coeur, de mon estomac, de tout mon être en fait. Et pour remédier à cela, j'ai une technique plutôt efficace, c'est la même technique que beaucoup d'autres jeunes : je bois. Je bois jusqu'à en oublier mes petits soucis personnels. Cela ne m'arrive pas souvent, mais parfois, je ressens ce besoin là. Ce soir fait parti de ces soirs là. Je me rends donc tout naturellement au bar, endroit qui me semble être le plus approprié pour boire un petit coup. C'est Elliot la seule et unique personne que j'aperçois après mon entrée dans le lieu. «Je te sers à boire ?» Bien sûr que oui. Oui. Je continue donc de m'avancer et pose tranquillement mon derrière sur l'un des tabourets. « Vas-y, j'attends que ça. » dis-je alors tandis que mes yeux se posèrent sur la bouteille qu'elle tenait entre les mains. «Tu veux quoi ?» Je me pince les lèvres, j'suis pensive. Puis je repense à un coktail que mon frère m'avait fait goûter une fois dans un bar de Bruxelles. « Tu sais me faire un ange bleu ? » Ouais, je crois que c'est ça le nom de la boisson. « Enfin, si t'y arrives pas, j'veux bien un sex on the beach. » ça, c'est plus connu déjà il me semble.