Mon palpitant se déclenche. Il tape fort contre ma poitrine. Si fort, que j'ai comme l'impression d'imploser. Je n'ai pas couru depuis un bail. J'ai mangé comme à Noël pendant huit semaines. Et mon corps – ce salaud – me le fait ressentir. Mes jambes suivent le coup. Mais mon corps lui, a un mal fou à suivre. Ma respiration est saccadée – je fume beaucoup plus que d'habitude, aussi – et mon cœur menace de rompre à chaque foulée. Je me suis réveillé avec la ferme intention de me reprendre en main. Blague ultime. Je sais pertinemment que je ne courrai plus avant ma sortie, après ça. Être dans ce petit village, tous les uns sur les autres, des fêtes toutes les semaines, une épicerie à disposition. En d'autres mots, la mort de mon corps. Je suis du genre à en prendre soin, à le vouloir beau et j'ai comme l'impression qu'il devient comme un steak dépassé de date, plus frais du tout, dégoulinant. Qu'importe. Je cours, à grandes enjambées dans les champs. Voilà presque une heure, déjà. Mes jambes s'arrêtent peu à peu et, finalement, tout mon corps se stoppe. Je m'assieds, sans retenue aucune, avec la délicatesse d'un éléphant. Je souffle comme un bœuf. Et j'ai oublié de prendre de l'eau. Je lève les yeux au ciel, je me maudis. Quel con. Mon regard se pose sur William qui s'approche de moi. Par pitié, sûrement. Parce que je ne suis clairement pas beau à voir. Je lui souris timidement. Je dois puer à des kilomètres à la ronde, aussi. Je rêve d'une grande bouteille d'eau et d'une douche bien chaude. « Si tu as une bouteille d'eau sur toi, je t'adulerai jusqu'à la fin de ma vie et j'apprendrai toutes tes chansons par cœur, promis. » je lui lance, la voix saccadée parce que je n'ai pas encore totalement repris mes esprits et ma respiration. Je ne connais pas tellement William et c'est bien dommage, d'ailleurs. Je dois être le seul à ne pas avoir discuté avec lui, d'ailleurs. Toutes les filles se sont jetées sur lui, j'ai vaguement eu vent d'une histoire avec Candace, un rapprochement avec Tris et Dagga, bref. Et les mecs dans tout ça ?

J’ai l’impression de tourner en rond. D’être un chien dans une cage. Et c’est tellement contradictoire avec le fait que je n’ai aucunement envie de sortir d’ici. Je crois même que ma vie à l’extérieur ressemble beaucoup plus à une prison que peut l’être cette télé-réalité. C’est simplement qu’après plusieurs mois, on a un peu fait le tour de ce qu’il y a à faire. Oui, on a tous notre petite routine maintenant, mais à un moment, je crois que j’ai besoin d’un peu plus de challenge. Bon, ce n’est pas aujourd’hui que ça va arriver je crois. Parce que j’ai décidé de faire ce midi ? Aller manger un sandwich dans le champs. Wouhou. Bon, c’est nul, mais y’avait trop de monde dans la cuisine et j’avais envie d’être un peu seul. Alors j’ai commencé à marcher, et j’ai eu l’envie de me rendre ici. J’arrive juste à temps pour voir Arès s’écrouler sur le sol. Mon dieu, est-ce qu’il va bien ? Je me décide donc d’aller à sa rencontre, parce que je suis un peu inquiet. Et puis, ça ne serait pas la première fois que je sauve la vie de quelqu’un ici. Faut croire que j’ai des allures de héros. Haha, la blague. Alors que je l'aperçois couché sur le sol, sur le point de lui demander si tout va bien, le jeune homme me devance en s’adressant à moi. Je souris en entendant sa demande. Sortant la bouteille d’eau que je m’étais apporter pour accompagner mon repas. « C’est ton jour de chance moi je dis. Mais pitié, n’apprends pas mes chansons par coeur... » Je grimace doucement, non vraiment, ce n’est pas nécessaire. Je lance doucement la bouteille en sa direction afin qu’il puisse l’attraper et je m’installe à ses côtés en sortant mon sandwich par la suite. « On dirait que t’es sur le point de mourir... L’entraînement était plus dur que tu l’aurais cru ? » Je ne l’ai pas vu courir, mais j’imagine que c’était ce qu’il faisait avant que j’arrive pour être autant à bout de souffle. « Tu veux la moitié ? » dis-je en lui proposant mon sandwich, il doit surement avoir faim dans ce cas là. Je me sens généreux, alors qu’il prenne sa chance.