Voilà un baille que je n'ai pas mis les pieds ici. Seul, je veux dire. La rencontre avec Jared de la dernière fois ne compte pas. Je ne veux pas dire par là qu'elle m'a gâchée mon plaisir, non. Je veux dire que je suis un solitaire. Que j'aime la compagnie du silence, de la solitude. Le bruit strident des chaînes des manèges. Celui de la machine à barbe à papa. C'est à ce stand même que je m'arrête d'ailleurs, les yeux brillants. Comme un môme complètement hystérique. Comme le môme que j'ai pu être, sans pouvoir profiter des mêmes jouissances que les enfants de mon âge. Je revis cette enfance que mes parents m'ont volé sans vergogne. J'ai la rage mais je la contiens, faisant tournoyer le bâton fin de bois dans le sucre afin de former une barbe à papa rose bonbon, comme je les aime. Comme j'ai pu en rêver lorsque nous passions mon frère et moi près de celle vers chez nous sans jamais pouvoir s'y arrêter. Parce que nous n'en avions pas le droit et que nous étions des enfants bien trop obéissants. Nous le payons maintenant en revivant nos enfances, nos adolescences. En ne voulant pas grandir, en somme. Une silhouette au loin s'approche. Je la distingue mal d'abord puis reconnaît rapidement Branca. Notre première rencontre, notre première approche s'est déroulée ici même. Après quoi, nos relations se sont dégradées. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment. Certainement un manque de communication duquel je ne me suis d'ailleurs pas plains. Cette non-communication, cette détérioration vient de nous deux, j'en conviens. Un léger sourire plane sur mon visage, un sourire par défaut. De ceux que l'on fait lorsqu'on ne sait pas réellement quoi faire. Je termine cette barbe à papa monstrueuse. « Tiens. » je lui tends le monstre et ma voix ne peut s'empêcher d'avoir un échos enfantin. Parce que je suis fier de mon oeuvre. J'hausse docilement les épaules avant de me procurer un autre bâton afin de réitérer mes gestes. « Faite avec amour. » je rajoute comme si c'était essentiel.

Je m'atèle consciencieusement à la tâche tandis que mon regard malin et un brin mutin se met à dévisager Branca. Notre première rencontre s'est déroulée ici et puis, plus rien. Je ne sais pas réellement ce qui nous a éloigner. Surement sommes-nous trop différents. Peut-être n'avons-nous pas trouver plus de mots à échanger. Quoiqu'il en soit, nous nous sommes perdus de vue et la revoir me décroche un sourire amusé tandis que je lui tends la barbe à papa qui m'était destinée. Qu'elle l'apprécie, parce que je ne suis pas du genre prêteur. Gourmand, mais pas prêteur. D'après elle, je sais y faire. Je ris, simplement, quelques éclats seulement, rien de trop extravagant. « Ils sont cruels à nous installer une fête foraine et une machine à barbe à papa, aussi. » je réponds simplement en grognant, une moue contrariée sur le visage. Ces installations sont fait exprès, je suis sûr. Histoire que mes abdos dégoulinent et se transforment en une brioche difforme et loin d'être appétissante. Je termine ma barbe à papa et délaisse la machine afin de me mettre à marcher. Branca suit le mouvement, se retrouvant sur mon flanc gauche. J'attrape une poignée de sucre que j'enfile dans ma bouche avec précipitation. Faire deux barbes à papa m'a donné l'eau à la bouche, à l'image d'un enfant mourant de fin à qui l"on propose enfin quelque chose à manger. Bien que la comparaison soit atroce. « Et tu étais là aussi, la première semaine, d'ailleurs. » je réagis enfin alors que ses propos ont foulés le creux de mon oreilles il y a quelques minutes déjà. Mon cerveau marche au ralentis, je crois. J'ai besoin de sucre, de beaucoup de sucre. Je laisse passer un moment de silence ou seules nos langues claquent à l'unisson afin de faire fondre cette amoncellement de sucre. Je ne sais pas réellement par où commencer, quoi dire, quoi faire et puis, je me jette à l'eau. « J'ai conscience qu'Elliot et toi ce n'est pas le grand amour et je sais aussi que nous ne nous sommes pas réellement parlé tout au long de l'aventure mais j'espère que notre relation n'est pas.. froide à cause d'Elliot, justement. Parce que je trouverais ça injuste. » je suis calme. Nous n'avons pas besoin de nous crier dessus pour nous expliquer. Enfin, si explication il y a, bien sûr.