W. AKELA.

Je savais bien que je m'y prenais à l'avance et tout, mais j'avais décidé de commencer à faire ma valise ce matin, lorsque j'étais remonté de mon habituelle séance de natation et que j'avais remarqué les fringues des uns et des autres semées au beau milieu de la chambre. J'essayais de garder les miennes en ordre, de faire en sorte que ma partie du dressing ne soit pas un affreux gourbi, mais j'avais le sentiment que s'il me manquait des trucs j'allais mettre un certain temps pour tout retrouver, d'où me fait que je préférais m'y prendre maintenant plutôt que de passer ma journée à courir après mes affaires dimanche prochain. Et puis j'avais de la chance, pour une fois personne dans la chambre n'avait joué les marmotte et par conséquent je ne risquais pas de gêner qui que ce soit dans ma besogne. Pourtant à peine une quart d'heure plus tard j'avais abandonné ce que j'étais en train de faire et au lieu de ça je regardais les photos accumulées dans mon appareil photo, en esquissant de temps à autre un sourire, ou une moue dubitative quand je tombais sur des photos qui de toute évidence n'avaient pas été prises par moi. J'étais un peu perdu dans mes pensées à vrai dire, raison pour laquelle je n'avais remarqué Celse qu'au moment où il s'était laissé tomber sur le lit à côté de moi, avec l'air de celui qui n'avait pas dormi depuis mille ans. Au moins. « Je voudrais tenter quelques heures de sommeil … » Bon, peut-être pas mille ans, mais j'avais raisons il avait l'air fatigué. Chose un peu illogique étant donné que nous n'étions encore qu'en milieu de matinée, mais après tout j'avais eu assez d'insomnies depuis que j'étais ici pour savoir que ça ne voulait rien dire et qu'on pouvait être épuisé à l'heure où d'autres sortaient tout juste de sous leur couette. « Et laisse moi deviner, Freddie t'as viré du lit parce que tu ronflais trop ? Ou alors c'est elle qui ronfle trop et toi qui ne peut pas dormir ? Ou alors ... Non, ne me dis pas qu'elle te bat pendant ton sommeil ? » Non mais oui, c'est vrai que ça avait l'air d'être totalement le genre de Freddie en plus, hem. Enfin bref tout ça pour dire que je lui demandais de manière plus ou moins directe pour quelle raison avait-il choisi mon lit plutôt que le sien pour venir échouer sa carcasse. Pas que cela me dérange, il pouvait rester ça me posait pas de souci, mais bon je me doutais bien qu'il ne venait pas demander l'asile dans cette chambre simplement parce que la décoration de l'autre lui sortait par les yeux ... Quoi que vu la décoration en question, ça aurait pu se comprendre aussi. « Si t’as un truc très chiant à me raconter, c’est le moment. » Un truc très chiant, rien que ça, parce que j'avais la gueule de quelqu'un de chiant ou bien parce qu'il était vraiment à ce point-là désespéré de trouver le sommeil ? Je préférais penser à la première solution, inutile de vous dire pourquoi. Faisant mine de réfléchir un instant, j'avais finalement répondu de manière très sérieuse « Hm, quand j'arrive pas à dormir je fixe le plafond et je compte le nombre de lattes de bois entre là, et là. » et désignant la distance qui allait de la porte d'entrée jusqu'à au dessus de mon lit j'avais continué de la même façon « Y'en a quarante-trois. Quarante-trois et demi en fait, la dernière est coupée. Et dans le lot y'en a six qui sont plus claires que les autres. Passionnant, hm ? » Bah quoi, il me demandait du chiant, je lui en donnais moi. Mais ça témoignait aussi un peu de mes propres difficultés à trouver le sommeil pour le coup, même si ça allait mieux d'une semaine à l'autre, sans que je sache trop pourquoi. Mais de toute façon je ne dormirais jamais aussi bien que dans mon lit, chez moi, avec Ben et avec le bruit de la mer en fond sonore puisque nous ne fermions pratiquement jamais la fenêtre.