Nicole

MARDI 20 NOVEMBRE - 16H32
ÉCOLE MUNICIPALE DE GARÇONS - CHAMBRE/DRESSING

Comme il m'était difficile désormais de trouver ma place dans ce nid après avoir perdu la majorité de mes plus fidèles alliés dimanche soir. Wade, Dani, Sïana, Jared... tous éliminés. Pouf, d'un coup, j'avais l'impression de me retrouver seul, démuni, désarmé face à quelques candidats que je connaissais au final trop peu. Ceux sur lesquels je pouvais, véritablement, compter pour l'heure étaient au nombre de quatre. Et parmi eux, en pole position, on retrouvait bien évidemment ma partenaire. J'avais pris conscience de pas mal de choses la concernant dernièrement, et malgré le fait que la semaine passée nos rapports s'étaient faits aussi tendus qu'au début de l'aventure, elle restait celle qui importait le plus à mes yeux ici. Définitivement. J'avais toujours des sentiments pour Asmaa, mais le fait que celle-ci ait renoncé à moi la semaine passée, et aussi le rapprochement d'avec Wade que j'avais pu constater dimanche, m'avaient quelque peu refroidi je dois dire. Mes sentiments risquaient de perdurer un moment, mais tôt ou tard je ne lui porterais plus qu'une grande affection amicale. Comme avant en somme. Je ne pouvais offrir mon cœur à une demoiselle ne le désirant pas. J'avais déjà trop souffert par le passé, pas question de réitérer l'expérience. Et puis, c'était étrange la sensation que j'avais depuis dimanche... C'était comme si je devais à mon tour renoncer pour de bon à Asmaa par respect pour... Wade. Je sais, c'était stupide, seulement je m'étais rendu compte à quel point il tenait à elle. Peut-être même était-il en passe de ressentir pour elle des sentiments semblables aux miens... Leur histoire ne me concernait pas. Celle que je voulais bâtir avec Nicole, en revanche... Et justement, en parlant de ma partenaire, celle-ci n'avait vraiment pas été en veine dimanche. La pauvre avait écopé d'un affreux costume de rat qu'il lui faudrait porter toute la semaine durant. Hm, pas gai. Je n'avais pas vu ce dernier de près encore, mais j'allais en avoir l'occasion puisqu'en pénétrant dans notre chambre cet après-midi pour ranger dans mon dressing du linge propre, je tombai sur Nicole devant une glace, visiblement en train d'arranger comme elle le pouvait son accoutrement. J'avançai doucement dans la chambre puis vins me poser sur le bout de notre lit, l'observant tout en esquissant un sourire. Je ne demeurais pas silencieux bien longtemps, amusé par la situation. « C'est fou ça, même dans cet... effrayant costume de rat tu restes sublime. » Ne l'était-elle pas ? Bah, Nicole était comme ça naturellement, et pour ternir à sa splendeur il fallait se lever tôt. Je n'étais même pas certain qu'elle puisse perdre de son éclat emmitouflée dans un sac poubelle. Posant mon linge derrière moi, je n'avais de cesse de la regarder, admiratif... la dévorant des yeux. « Même si bon, tu serais mieux sans c'est sûr... » lâchais-je alors, avant de reporter timidement le regard sur le côté. Oups. Je n'arrivais pas à croire que j'avais réellement dit ça. Beh, c'est que ce genre de remarques ne me ressemblaient vraiment pas d'ordinaire. Hm, au moins cela lui permettait d'apprendre que même déguisée en rat, à mes yeux, elle était la plus belle et de loin. Quant à ce que j'avais ajouté ensuite, et bien, elle était libre de le prendre comme elle le voulait hein.

Cela faisait maintenant deux jours que je me coltinais ce costume hideux. Alors bien sûr j’avais arrangé le costume à ma sauce. Je n’étais pas très douée en couture mais quand on était déterminé comme je l’étais à ce moment-là, on pouvait même faire le tour du monde en deux heures. Puis bon, disons que j’avais un minimum d’expérience dans le domaine. Lointaine certes, mais l’époque où je magouillais pour faire croire aux poufiasses de mon école que je venais d’écoper du dernier it-bag faisait partie de moi. Bref je n’avais pu m’empêcher de refaire quelques modifications et je tentais d’ajuster le tout dans le miroir. Disons que j’étais une grande souris élancée au corps de déesse. Classe, non ? Oui parce que je n’étais en rien un rat. J’étais une souris. Anyway, je m’étais assez bien débrouillée pour que le costume saille ma silhouette d’une perfection extravagante. Oui parce que bon, le moment où j’ai pu enfin voir ce qui m’attendait pour la semaine à venir j’ai... pas rigolé. Pas du touuut. Nan j’ai pété un câble et fait la gueule pendant trois heures quarante. Impossibilité de porter ça. Mais impossible n’est pas Nikki ! Adieu les pieds grossiers, dégagées les vulgaires griffes antisex, découpée l’affreuse tête, resserré le gros bide. Avec la récupération je m’étais occupée à créer un petit bandeau mignon pour me faire des oreilles cuties qui contrastaient un peu avec le coté moulant du reste. Enfin quoi qu’il en soit c’était parfaitement moche, ça restait une tenue de rat dégueulasse. Euh souris. Mais je me plaisais même à mater ma queue. « C'est fou ça, même dans cet... effrayant costume de rat tu restes sublime. » Au travers du miroir je l’avais vu se poser sur notre lit, derrière moi, mais bien sûr je préférais faire mine de rien. Un sourire s’afficha sur mes lèvres tandis que je me tortillais afin de m’apercevoir sous toutes les coutures et surtout d’admirer le mouvement de ma queue. Je l’aime beaucoup cette petite chose. « Je l’ai arrangé pour qu’il fasse moins ridicule. » Et heureusement parce que déjà là ça restait pas terrible alors sans ça c’était 1) la honte 2) la crise de rire pour les autres 3) insoutenable pendant une semaine. « Même si bon, tu serais mieux sans c'est sûr... » Je me regardais et ouais, il avait carrément raison. Enfin ce n’était pas nouveau ; même lorsque j’optais pour mes Jimmy Choo ça ne ressemblait à rien, alors là pieds-nus c’était pire. Heureusement que j’étais là pour rattraper le coup, hein. Et puis un petit compliment de Malik ça fait toujours plaisir. Très très plaisir même. Cela dit heureusement que la production me laissait me changer de temps en temps pour me mettre en pyjama, déjà ç’aurait été dégueulasse de me contraindre à vivre 24/24 avec ça sur le dos mais en plus vraiment, vraiiiiiment insupportable. Je me connais, j’aurais fini par exploser. « Ouais ça reste un costume immonde. Heureusement que j’ai le droit de l’enlever pour dormir, t’imagines sinon? je me retournais, posant cette fois-ci véritablement mon regard sur lui Tu dormirais avec une rate à tes côtés. » Je me voûtais, lui imitant un rat en pleine chasse, les doigts crispés. Cependant à peine avais-je pivoté je pus distinguer ce regard que je ne connaissais que trop bien. Je savais parfaitement ce qu’il voulait dire, bien que dans les yeux de Malik il se faisait rare et précieux. Cette expression fuyait ailleurs, mon partenaire préférant regarder autre sujet que ma personne. Ah je me sens bête à le trouver craquant là. J'avais parlé bien trop vite, si j'avais vu ce regard avant... hm, non. C'était délicat à vrai dire. La semaine dernière s'était révélée complètement étrange, d'abord j'apprenais cash qu'il possédait des sentiments pour Asmaa et qu'il nous considérait de la même façon puis après avoir larmoyé comme une piteuse je l'avais fréquenté au soit-disant bal de porno, euh promo, comme si nous étions revenus plusieurs semaines en arrière. De toute façon, à y penser, avec Malik rien n'avait jamais été simple et surtout en plus de deux mois de jeu pas une semaine ne s'était ressemblé. C'est un fait, nous n'étions pas stables dans nos rapports. Est-ce que cela me dérangeait? Hm eh bien... ce n'est pas comme si j'étais moi-même simple. « Par contre tu pourras m'aider à le dézipper ce soir? Hier j'ai engagé Joshua et il a faillit m'arracher la perruque avec ses deux mains gauches. » Je suis sex et unglam à la fois. Je sais c'est pas donné à tout le monde.

C'était à se demander ce qu'il y avait de pire : être interdit de parole pendant une semaine comme cela avait été mon cas il y a quelques temps, ou devoir porter un accoutrement absolument hideux de rat tout aussi longtemps, comme Nicole avait à le faire cette semaine... Bah, je savais que si j'avais dû enfiler ce truc, j'en aurais fait des cauchemars la nuit rien qu'à y voir la tronche du rat en question et les grandes moustaches de ce dernier prêtes à éborgner n'importe quel candidat se trouvant un peu trop près. Et puis la bedaine, heuuu, merci bien. Néanmoins je ne pouvais que faire la constatation suivante : même glissée dans cet affreux costume, Nicole restait sublime. Et là ça n'était pas seulement l'homme amoureux qui parlait, n'importe qui lui aurait signifié la même chose car c'était on ne peut plus vrai, et oui. « Je l’ai arrangé pour qu’il fasse moins ridicule. » Nicole était incapable d'être ridicule. Peut-être avait-elle honte de se trimballer dans un tel accoutrement mais vraiment, il n'y avait aucune honte à avoir. J'étais même ravi que Nicole accepte "sans rechigner" de porter ce costume sous demande de la production. Au début de l'aventure, elle n'en aurait probablement fait qu'à sa tête mais je trouvais que depuis elle s'était relativement adoucie. Peut-être me faisais-je des idées, ce qui était tout à fait possible, néanmoins Nicole avait changé, comme moi, comme nous tous en fait, et cela ne faisait aucun doute. Parce qu'on ne pouvait ressortir d'une telle aventure inchangé. C'était tout bonnement impossible. Suite à quoi je lui signifiais qu'elle serait tout de même mieux sans ce costume. Je regrettai presque instantanément d'avoir débitées ces paroles. Trop tard hein, maintenant c'était dit. Se contemplant de plus belle, Nicole sembla approuver mes dires. « Ouais ça reste un costume immonde. Heureusement que j’ai le droit de l’enlever pour dormir, t’imagines sinon? Tu dormirais avec une rate à tes côtés. » Oh ça n'aurait pas été pour me déplaire. Il fallait voir la rate que j'avais devant moi aussi... Vraiment pas désagréable à regarder, et personne ne pourrait dire le contraire, là encore. Nicole me surprit même en tentant d'imiter le rat, ce qu'elle faisait très bien par ailleurs. Costume immonde ou non, il ne venait en rien ternir sa beauté et c'était encore le principal, non ? « Par contre tu pourras m'aider à le dézipper ce soir? Hier j'ai engagé Joshua et il a faillit m'arracher la perruque avec ses deux mains gauches. » Non, là, mauvais plan. Nicole avait récemment réveillé mes besoins de mâle et ces derniers n'avaient pas été assouvis depuis... un moment. Aussi, j'avais déjà agi à cause de mes pulsions et je savais ce que celles-ci étaient capables de me faire faire. Nicole aussi le savait d'ailleurs, et pour cause... Donc bon, je craignais de ne pas pouvoir me contrôler en dézippant ce costume de rat. Je n'étais pas un animal, certes, mais il y avait toujours certaines précautions à prendre, afin que les choses n'en viennent pas à dérager. À nouveau. « Hum... tu ferais mieux de demander à quelqu'un d'autre. » rétorquais-je en grimaçant. Bon là, elle allait clairement penser que je refusais juste de le faire par manque de volonté or ça n'était pas du tout le cas. Aussi, je repris aussitôt. « Enfin c'que je veux dire c'est que... vaut mieux éviter que ce soit moi qui m'attèle à cette tâche, je pense. » Oui c'était préférable, et là j'espérais qu'elle saisirait la référence parce qu'à mes yeux, elle était évidente. Aussi, cela me gênait de refuser à cause de ça. Mes joues avaient dû virer au rose mais le pire, c'était encore que je ne parvenais même plus à la regarder dans les yeux désormais. La peur d'y lire du mépris ou de l'incompréhension, sans doute. S'il avait s'agit d'une autre candidate, cela ne m'aurait posé aucun problème, vraiment. Mais il était question de Nicole, et au vu de ce qu'il s'était passé entre nous j'appréhendais maintenant chaque contact physique un peu trop poussé avec elle. Comme quoi, j'avais beau être certain de mes sentiments pour la belle asiatique, les choses n'en étaient pas pour autant plus faciles.

J’étais flattée que Malik me considère encore « sublime » même dans cet affreux costume qui, bien que retouché, restait de grand mauvais goût. Sa sincérité me faisait sourire, il ne trouvait rien à me reprocher, physiquement parlant, même lorsque je portais une tenue des plus dégradantes. Ils auraient été beaucoup à me dire ça, mais pas parce qu’ils le penseraient ; parce qu’ils voudraient autre chose. On m’avait déjà fait la remarque, j’avais dû en endosser des rôles, parfois même humiliants et ça se passera d’explications, mais jamais elle n’était venue du cœur. Il était naïf en un sens, mais j’aime beaucoup ce genre de naïveté. « Hum... tu ferais mieux de demander à quelqu'un d'autre. » Bon. Il aurait pu se passer de grimacer. C’était assez culotté de sa part de réagir de la sorte si on considérait ce qui s’était passé sous un certain drap une certaine semaine. Bref je crois que ma surprise pu aisément se lire sur mon visage, j’en étais limite offusquée. « Enfin c'que je veux dire c'est que... vaut mieux éviter que ce soit moi qui m'attèle à cette tâche, je pense. » Oui ben non, pour moi c’était le rôle d’un partenaire, et encore plus lorsque proximité il y avait. Je m’étais occupée de le distraire lorsqu’il était muet, il me devait bien ça même si bon, no comment. J’étais prête à lui péter un scandale, vraiment, sauf qu’une fois encore son visage venait le trahir. En deux mois j’avais eu le temps de comprendre ses réactions et celle-là je la saisissais parfaitement. Il regardait ailleurs, embarrassé donc, et devenait tout rouge soit embarrassé par ses pensées. Ça m’amusait, je me demande s’il réalisait que personne ne pouvait lire dans son cerveau et qu’il se trahissait lui-même en pensant le contraire. Du moment que nul gens ne pouvaient savoir ce qui se passait dans notre tête il n’y avait aucune honte à avoir, seulement Malik n’était pas de ce bord-là. Au moins ça avait le don de me calmer, là soudainement je n’éprouvais plus le besoin de lui reprocher son manque d’investissement. J’haussais les épaules, pinçant mes lèvres. « Je suis sûre que Dani aurait accepté, lui.» Ok c’était assez enfantin de ma part mais là d’un coup je pensais à lui. Il me manquaiiiit. Le village était redevenu ennuyeux depuis son départ. Depuis leurs départs. Inutile de préciser que leur absence à tous amenait un grand vide difficile à combler… et ça allait être de pire en pire. Mh quoi qu’il valait mieux que j’évite de me prononcer à ce sujet, je le sentais mal pour cette semaine. Déjà la semaine dernière je m’étais mentalement préparée à faire ma valise –et sachez que c’est dur de se faire à cette idée étant donné mon nombre de fringues incalculable. Au fur et à mesure on est tous facilement dégageables, et ça c’est hard. Me rapprochant de Malik, je vins me poser à côté de lui sur le lit, disons plutôt que je m’échouais. Sur le ventre, je pivotais cependant la tête afin de lui parler en face. Non en fait je parlais à l’arrière de sa tête là. « Sauf qu’il n’est plus là. C’était soit lui, soit toi donc je ne te laisse pas le choix. Je t’y obligerais. » Je ne sais pas à quoi je jouais là mais c’est comme si je le provoquais malgré moi. Agréable mais fortement dangereux compte tenu de notre situation. Ou plutôt de SA situation. Ce n’est pas moi qui prétendais m’être épris de deux personnes à la fois. « Mate ma queue. Elle est classe nan? » Je changeais complèèètement de sujet. Non vraiment mes conversations étaient un peu sans queue ni tête aujourd'hui -haha-. Cela dit je me devais de lui montrer mon affection pour ce nouvel organe qui venait de faire son apparition. Les mains calées en croix au dessus de ma poitrine, je ne pouvais la faire gesticuler alors pour la peine bah je bougeais pathétiquement mon cul. Entre l'imitation de rate et celle du cachalot en plein tango on battait des records!

N'importe qui aurait pu se trouver parfaitement ridicule dans un tel accoutrement, mais pas Nicole. Non, parce que Nicole était tout bonnement incapable d'être ridicule. Ou enlaidie. La production avait peut-être essayé de ternir sa beauté parce qu'elle faisait de l'ombre aux autres candidates, ou peut-être rendait-elle plus d'un mâle fou devant son téléviseur... allez savoir. C'était tombé sur elle comme ça aurait pu tomber sur n'importe qui d'autre remarquez. Aussi, peut-être la trouvais-je irréprochable pour d'autres raisons, se situant au niveau de mon petit cœur... Bah, que quelqu'un ose donc affirmer que Nicole ne ressemblait à rien dans ce costume, il allait être bien reçu, déjà, et en plus on ne le croirait pas, car c'était faux. Nicole était elle-même, c'est-à-dire somptueuse, et ce, quoi qu'elle porte, quelle que soit la tenue qu'on la contraigne à revêtir. Suite à quoi elle me demanda de l'aider, ce soir, à dézipper son costume. Une idée qui m'effrayait assez, dans la mesure où je n'aurais su dire comment je risquais de réagir face à une Nicole dévêtue devant mes yeux,... et par mes soins. J'espérais qu'elle ne le prendrait pas mal, néanmoins je préférais le lui dire franco : il valait mieux que quelqu'un d'autre s'attèle à cette tache. « Je suis sûre que Dani aurait accepté, lui. » Je tournai brusquement la tête vers elle, tandis que Nicole vint se poser dans le lit à mes côtés. Alors là, pour le coup, je ne voyais vraiment pas le rapport avec Dani. Je crois qu'en fait je ne voulais pas en voir un seul, j'aurais préféré qu'elle ne prononce même pas son nom. Il me manquait beaucoup. Beaucoup trop. Et tandis que je m'étais préparé aujourd'hui à ne pas trop me miner le moral et à me changer les idées, voilà que Nicole évoquait mon poto. « Si on pouvait éviter de parler de lui, ça... m'arrangerait à vrai dire. » rétorquais-je tout en reportant le regard ailleurs. Ma voix s'était faite tremblante, tout comme mes mains d'ailleurs qui s'agitaient au niveau de mes cuisses, là où elles étaient posées. Bref, je désirais qu'on change de sujet là, vraiment. Mais pas Nicole visiblement. « Sauf qu’il n’est plus là. C’était soit lui, soit toi donc je ne te laisse pas le choix. Je t’y obligerais. » J'esquissais un sourire amusé - oui j'étais le roi des changements brutaux d'expressions. J'étais totalement le genre d'hommes susceptibles d'être contraints à faire quelque chose par une femme, mais pour l'heure j'allais plutôt lui faire croire qu'elle n'obtiendrait jamais rien de moi en tentant de m'y obliger. « J'aimerais bien voir ça tiens ! » Jusque là assis, je roulais sur le côté, m'allongeant sur le ventre à l'image de Nicole, vers qui je tournai la tête. « Moi vivant : JAMAIS. » Même si, ouuh, déshabiller Nicole n'était pas la tâche la plus désagréable du monde, loin de là. Cela me fait juste peur de ne pas pouvoir me contrôler. Je me savais imprévisible, elle aussi avait pu s'en rendre compte et là, j'avais d'autant plus l'impression qu'elle me provoquait. Hm, attention, mauvais plan Nicole. « Mate ma queue. Elle est classe nan? » Je manquai de rire en voyant Nicole se dandiner de tout son long sur le lit. Mon dieu, mais que cherchait-elle à faire ? Non, elle avait beau tout tenter, impossible là encore de passer pour ridicule. « Heuuuu, ouais, elle est bien. » Difficile tout de même de ne porter attention qu'à la queue en question quand Nicole mettait toute son énergie à gesticuler dans tous les sens. « Ce n'est pas la queue qui est classe mais toi Nicole. » repris-je, en perdant d'un coup mon sourire et en retrouvant un air des plus sérieux. Parce que oui, définitivement, Nicole était la femme la plus classe que je n'avais jamais rencontrée. Hop hop hop ! Aucun commentaire je vous pris, vous ne la connaissiez pas comme moi je la connaissais. Maintenant j'espérais qu'elle allait arrêter de tortiller du popotin comme elle le faisait parce que... parce que costume de rat ou pas, ça restait Nicole. Et jusqu'à preuve du contraire j'étais un homme,... avec des attributs d'homme. Fait avéré. Voili voilou.

Ils étaient proches, je le savais. Pourtant le prénom de Dani m’était venu en tête et pour le faire rager je m’étais octroyée le droit de lui sortir en pleine face. Oh bien sûr Malik était triste du départ de cet ami proche mais au moins je m’assurais de cette manière qu’il vienne me dézipper ma fermeture ce soir. Comme je venais de lui préciser, je l’obligerais. Navrée cependant d’avoir provoqué ce petit tremblement dans sa voix, cette émotion… qu’il se reprenne il nous attendait pour sûr à la sortie. « J'aimerais bien voir ça tiens ! » Oh mais s’il savait ! Je suis forte en pression psychologique. Un sourire vint s’étendre sur mes lèvres tandis que la microseconde d’après mon partenaire vint rouler à mes côtés. Dans cette position là nous étions tout proches, c’était marrant de constater à quel point je pouvais presque sentir son souffle sur mon visage. Non, ce n’était pas marrant, c’était… ah je lui aurais bien chipé ses lèvres là, de suite. « Moi vivant : JAMAIS. » Hinhin information intéressante. « Ah il faut que je te fasse succomber avant, c’est ça ? » Je lui parlais malicieusement tandis que je papillonnais des cils super rapidement afin de l’envouter telle une pin-up. Chez moi le verbe « succomber » possédait plusieurs variantes, oui. Que dire, cette semaine ma queue était mon véritable atout ; du moins moi la over-lovais à mort. Du coup j’en vante ses qualités à Malik et je shake mon boule pour que le bout de tissus gigote dans tous les sens. «Heuuuu, ouais, elle est bien. » C’est tout ? Je la trouvais génialissime moi. Il devait sans atténuer la chose, vu son large sourire. « Ce n'est pas la queue qui est classe mais toi Nicole. » Ah non ok je comprenais mieux. Qu’il est doué dans la flatterie ! J’en tombe sous son charme. Cependant son sourire venait de disparaître, j’aurais préféré qu’il le dise avec des yeux de lover ; c’est cliché mais dans cette situation ça m’aurait plu. Je me stoppais dans ma danse de la queue –hm charmaaant. « Je ne savais pas que les costumes du genre te plaisaient. » Bien sûr j’avais capté qu’il parlait de moi en général et non pas de moi-même en costume de rat mais c’était un prétexte pour jouer de l’ascenseur avec mes sourcils. Je roulais afin de me caler contre lui, j’aurais pu limite monter sur son dos ; ç’aurait été marrant. « Si j’avais su je me serais déguisée en catwoman dès le premier soir » Aaah le premier soir, il me paraissait déjà si loin ; lorsque je suis arrivée dans ma mini-mini-robe rouge en criant partout et en attendant que Teresa fasse enfin son entrée –la pauvre fut d’ailleurs la dernière entrée et la première sortie, mal-aimée la gonz’ quoi. J’aurais voulu l’enlacer mais une telle position c’était impossible, donc la solution restait de bel et bien lui grimper dessus. Faisant de mon mieux pour plaquer mon ventre contre son dos, je posais mon menton par-dessus son épaule, pouvant sentir son parfum de tout près ; en fait je plongeais carrément mon museau dans son cou. « Le début me parait aussi loin qu'il est proche... les choses ont évolué tellement vite. » Depuis ce fameux jour j'ai appris à être indépendante, à apprécier d'autres personnes que ma cousine, à m'interroger sur mon métier, et à aimer. Tout ça je ne l'aurais jamais cru; pourquoi? Parce que pour moi mon aventure se passerait avec Teresa et uniquement avec elle, comme toute ma vie s'était déjà basée sur elle. Soit, le moment n'était en rien réservé à ce genre de réflexions; je préférais de loin profiter de cet instant avec Malik plutôt que de penser à toutes ces choses baddantes. Vivacité oblige, je vins lui mordre -oh pas trop fort bien sûuur- le lobe d'oreille en en profitant pour venir lui susurrer quelques mots en son creux. « En tout cas toi tu es devenu chaque jour un peu plus sexy. » Hinhiiin. Le pire c'est que je disais la pure vérité. Au début il n'était qu'un mec endossant les chemises ridicules de son père, pourtant plus noter relation avançait plus je le trouvais beau, plaisant, charmant parfois même... charismatique. Mh on dit que l'amour rend aveugle après tout. Ahah je rigole.

Nicole n'avait certainement pas cherché à appuyer là où ça faisait mal en évoquant Dani - du moins j'espérais que ça n'avait pas été son intention - néanmoins j'aurais préféré qu'elle n'en prononce jamais le nom, car cela faisait deux jours qu'il était sorti, deux jours durant lesquels j'aurais grandement nécessité mon poto car il me manquait atrocement. Il fallait que je me fasse une raison, Dani était éliminé et ne reviendrait pas. Du moins pas tout de suite. C'était vraiment une idée à laquelle je n'avais pas envie de me faire mais bon, si je ne l'acceptais pas j'étais susceptible de passer la semaine isolé dans un coin sans parler à personne. Or j'avais quand même mieux à faire, comme profiter des personnes encore présentes et auxquelles je tenais, à l'image de ma partenaire. Celle-ci semblait penser qu'elle parviendrait à m'obliger à dézipper son costume ce soir. Je lui fis savoir qu'une telle chose n'était pas prête d'arriver - loin de moi l'envie de briser tous ses espoirs hein, mais il valait mieux la confronter à la réalité des choses. Mais rien à faire, Nicole demeurait toujours aussi sûre d'elle. « Ah il faut que je te fasse succomber avant, c’est ça ? » Oh, mais c'est que j'avais même droit à des battements de cils avec ça. Bref, Nicole sortait le grand jeu là, ça ne rigolait plus du tout. Et si c'était réellement me faire succomber qu'elle désirait, elle n'aurait certainement aucun mal à y parvenir. Parce que c'était Nicole, et que j'étais juste raide dingue d'elle. « Ce ne sera pas difficile je pense, te connaissant... » Disons que Nicole savait comment faire tourner la tête d'un homme, moi y compris. Et ça n'était pas un accoutrement de rat qui l'arrêterait et qui l'empêcherait d'user de ses charmes et de ses atouts. D'ailleurs, n'était-ce pas ce qu'elle essayait de faire, en se tortillant à-tout-va et en exhibant fièrement sa queue ? Elle trouvait cette dernière classe bien qu'à mes yeux, c'est Nicole qui l'était, et non cette queue qui, même avec tous les efforts fournis par ma partenaire, ne bougeait quand même pas des masses. « Je ne savais pas que les costumes du genre te plaisaient. » Et bien, pour être honnête, moi non plus. Ou alors ça n'était pas le costume qui me plaisait, mais plutôt celle qui le portait. Oui, ce devait être ça. Et comme Nicole le portait à ravir, forcément, je ne pouvais qu'être sous le charme. Suite à quoi elle s'agita dans le lit quelque peu, venant se caler contre moi. « Si j’avais su je me serais déguisée en catwoman dès le premier soir » qu'elle reprit alors, tandis que de mon côté j'esquissais un sourire. Catwoman, hum, oui pourquoi pas après tout... Même si bon, je n'avais pas grandement envie de me remémorer notre première soirée dans le nid. Cela me rappelait ô combien Nicole avait été dure avec moi au début de l'aventure, et j'étais bien content que tout ceci eut été derrière nous derrière nous aujourd'hui. Franchement, nos rapports avaient évolué considérablement depuis... tout comme nos sentiments d'ailleurs. Nicole ne cessait décidément pas de gigoter. Maintenant, je pouvais la sentir derrière moi, sa tête juste au dessus de mon épaule, littéralement enfouie dans mon cou même. « Le début me parait aussi loin qu'il est proche... les choses ont évolué tellement vite. » C'était le cas de le dire, à une vitesse folle même. Neuf semaines s'étaient écoulées depuis le premier soir, depuis notre rencontre. Et tant de choses s'étaient produites... Nous avions tout connu ensemble, des hauts comme des bas. Mais j'étais ravi d'être parvenu à ce stade sans que nous n'ayons jamais été séparés l'un de l'autre. Je priais pour que cela dure, mais rien ne pouvait hélas me le garantir. « Je suis vraiment satisfait de la tournure qu'ont prises les choses. » chuchotais-je, profitant en même temps de sa présence à mes côtés - une présence des plus rassurantes, et dont je ne pourrais jamais me lasser, c'est sûr. Oui j'étais ravi d'en être arrivé là avec Nicole, d'avoir trouvé le courage de lui avouer mes sentiments, mais aussi de l'avoir connue, tout court. Au début je craignais que nous finirions par entrer en guerre ou un truc dans le genre, tant nos rapports étaient tendus. Mais tout ceci appartenait bel et bien au passé. Et c'est là qu'à ma grande surprise, Nicole vint me mordiller le lobe d'oreille. Contre toute attente, je trouvais même cela fortement agréable. Un sourire béat se fraya un chemin jusqu'à mes lèvres, tandis que dans un murmure Nicole reprit. « En tout cas toi tu es devenu chaque jour un peu plus sexy. » C'était vraiment très flatteur, surtout de la part d'une si jolie jeune femme. Bon, je ne me considérais pas le moins du monde comme un type sexy mais si Nicole me voyait comme tel, je n'allais clairement pas m'en plaindre. Aussi, me tournant pour lui faire à nouveau face, je vins caresser doucement sa joue, plongeant mon regard dans le sien. Un regard qui exprimait une certaine... inquiétude. « Nicole, je... j'ai un mauvais pressentiment... » lâchais-je alors, ne la quittant toujours pas des yeux. Dans deux jours nous seraient annoncés les noms des nominés de la semaine et vraiment, je le sentais mal pour nous. Je pouvais aussi me tromper, et m'en faire pour rien, néanmoins mon instinct me trompait quand même rarement. « Si des fois on venait à être séparés dans les prochains jours, je voudrais juste te rappeler que je... t'aime, oui, je t'aime et... » ... et c'était encore le principal à savoir, à mon sens. Voilà pourquoi au lieu de poursuivre, je capturai ses lèvres avec entrain, car j'en mourrais d'envie depuis plusieurs minutes et que des moments comme celui-ci se faisaient vraiment très rares. Je voulais profiter d'elle jusqu'au bout, car on ne savait pas ce qu'il adviendrait de notre binôme prochainement...

« Ce ne sera pas difficile je pense, te connaissant... »Il avouait ouvertement que j’allais le faire craquer avec facilité là, non ? Je commençais à le connaître de toute façon et l’atmosphère tendait à me faire penser que ce ne serait pas très difficile, surtout qu’il semblait très friand de mon costume de rate mutée souris. Que j’étais bête de ne pas avoir pensé à ça dès le début… quoi que disons que lors des premiers jours fonder une relation complice avec mon partenaire n’était pas dans mes priorités. L’idée n’existait même pas je crois bien. Tout ce dont je me souviens c’est de la déception ressentie lorsque j’ai compris que ce type en chemise et pantalon aussi ringards qu’un smocking velours allait être mon partenaire. Bien sûr sur le coup j’eus manqué de péter un câble mais maintenant je me dis que j’aurais pu tomber sur pire. Genre sur Sven. Un gay quoi, je ne cite pas Joshua puisque bon… il s’en est tapé une. Ou pire du pire tiens, ils auraient pu me fourguer Sia ; genre nous échanger avec Térésa. Je sais à quel point elle avait été déçue de tomber avec une femme –et peroxydée en plus- mais à sa place ç’aurait été un motif de pétage de plomb. « Je fais la quête à la quequette! » Tel aurait été mon slogan. D’ailleurs je ne manquais pas de rappeler à Malik à quel point nous avions fait du chemin depuis notre entrée. Non pas que nous étions un couple ayant traversé de rudes épreuves mais tout de même, on revenait un peu de loin. D’ailleurs je ne nous qualifierais aucunement de couple, du moins de mon point de vue ce n’était pas le cas et puis dans un jeu tout est tellement faussé. Peut-être même qu’on ne connaissait pas toutes les personnes du village à leur juste valeur, il restait plein de secrets à dévoiler après-tout. Au moins depuis le début Malik savait qui j’étais, je n’eus pas à lui cacher mon métier. Non n’en avions jamais parlé explicitement d’ailleurs, peut-être s’en fichait-il au final. Ou bien il ne prenait pas ça au sérieux, comme quelque chose d’exagéré pour l’émission par exemple. Si j’avais tant insisté sur le fait de ne pas vouloir le revoir à la sortie c’était aussi parce que les mots Malik et escort ne s’associent pas du tout. Il faut savoir blinder son cœur, ne pas s’accrocher, ne se fier qu’à soi-même et à une fidèle acolyte ; mais en aucun cas il ne fallait tomber amoureuse, et surtout pas d’un homme aussi naïf et immaculé que lui. Il n’avait rien à voir avec tout ce manège, je ne voulais en rien l’y mêler. « Je suis vraiment satisfait de la tournure qu'ont prises les choses. » Satisfait ? Comme s’il avait calculé quoi que ce soit. Moi en tout cas j’étais heureuse, sur un bête nuage en cet instant même. Oubliés les problèmes de la semaine dernière, je me sentais bien en sa présence ; cet instant étant de ceux dont on ne souhaite jamais la fin. J’inhalais son odeur, moment parfaitement relaxant et propice à une réflexion interne cependant un petit brin de folie me prit et l’interrompit. A l’heure actuelle je le trouvais craquant, tout le contraire d’il y a deux mois qu’on se le dise, et je me devais de le lui préciser même si il devait déjà le savoir. Il se tourna vers moi, le contact de sa main sur ma joue amenant l’annonce du mauvais pressentiment qu’il ressentait. En toute honnêteté j’en avais un moi aussi, depuis la semaine dernière. Les taux se resserraient et il était évident que nos noms tomberaient à un moment ou un autre. Etant consciente de ne pas faire l’unanimité je me doutais que Malik, qui en était à son énième titre du plus populaire de la semaine, serait contraint de passer sous l’épreuve de la nomination par ma faute. D’un côté ça m’embêtait mais de l’autre j’étais persuadée que les gens s’y étaient attachés autant que je moi. Après tout s’il avait réussi à me captiver c’est qu’il était capable de soulever des foules. « Si des fois on venait à être séparés dans les prochains jours, je voudrais juste te rappeler que je... t'aime, oui, je t'aime et... » Bien que mon regard resta plongé dans le sien, ma respiration se stoppa quelques instants lorsqu’il prononça ces trois petits mots. Les filles dans les comédies romantiques devenaient toujours connes après avoir entendu ça de la bouche de leur pseudo-copain. Franchement je les ai toujours trouvées débiles. Sauf que là… c’était différent. Jamais je n’avais entendu ces mots explicitement à mon égard de la part d’un autre homme que mon père. Maintenant je pouvais comprendre à quel point on se sentait bien, léger, dans un mélange d’émotions à l’écoute de cette association de syllabes. Peut-être lui avait-il prononcé cette phrase à elle aussi mais en cet instant ça m’était égal, je réalisais que notre temps était dorénavant compté et qu’au maximum il ne nous restait plus que quelques semaines à vivre ensemble, scellés par le jeu et isolés de toute population rongée par le vice. A l’extérieur il y allait avoir la presse, les gens malintentionnés, la réputation due aux montages des quotidiennes et toutes ces chose désagréables qui nous pourriraient pour sûr. Habituellement j’aimais bien être exposée parce que j’y prenais toujours un certain recul, en étant sûre de moi et de mon identité sauf que nous avions tous vendu notre image et je refusais que notre amour devienne une attraction. J’étais pudique sur mes sentiments, c’est vrai, ils constituaient selon moi mon plus gros point faible cependant… même si Malik ne terminait pas sa phrase je voulais moi aussi le lui faire savoir ; que je l’aimais. Je n’eus pourtant pas le temps de réagir, ses lèvres venant rencontrer les miennes pour un baiser surprenant et évidemment agréable. Mes mains se posèrent au bas de son cou, comme si je voulais le repousser alors que pas du tout. J’aurais d’ailleurs aimé que ce contact ne se brise pas, cependant toute bonne chose à une fin –et fort heureusement dans ce cas là- et mes prunelles vinrent dévier la confrontation des siennes. Comment pouvais-je rester sur mes positions dans ce genre de situation ? Il m’était impossible de soutenir mon idée de ne jamais le revoir après notre sortie, je savais pertinemment que j’en souffrirais et que notre relation était dans un stade déjà beaucoup trop avancé. « J’ai peur de la sortie… de ce que pensera Teresa de tout ça, de l’impact que ce jeu de quelques mois aura eu dans ma vie… c’est compliqué… avant tout ça j’aimais mon métier et maintenant j’ai l’impression qu’il ne peut pas s’accorder avec une vie équilibrée. » Je partais loin, m’imaginant avec une vie stable, une cousine n’étant plus omniprésente et l’ouverture vers des personnes extérieures. Seulement j’oubliais une chose : jamais je n’ai vécu de la sorte. La chose qui me faisait le plus peur était d’évoluer différemment que ma cousine, de ne plus être sur la même longueur d’onde. Seulement ça je ne le saurais qu’une fois dehors… et là malgré mon envie de la revoir depuis son départ j’avais clairement envie de rester auprès d’une autre personne. Je me blottis contre lui comme un fœtus, mes doigts venant agripper le haut qu’il portait à maintes reprises comme si un chaton venait de me posséder. « Si vraiment on est séparés … je t’attendrais à la sortie, parce que moi aussi… » moi aussi je t’aime mais ça ne veut pas sortir. Je lui murmurais à peine ces paroles, refermant mon poing sur le bout de tissu lui appartenant. Quelle frustration que de ne pouvoir lui dire ça… je ne pouvais pas devant ces caméras. Je ressentais l’oppression de ceux qui nous regardaient peut-être, de ces engins qui nous enregistraient sans cesse. J’espérais seulement qu’il comprendrait et ne le considèrerait pas comme une offense. Ma tête se relevait vers lui, afin de voir de nouveau son visage. Toutes mes paroles n’étaient pas anodines, il n’y avait qu’à lui que je pouvais confier ces choses.«... moi aussi je n'ai pas envie qu'on s'arrête là. »

Spoiler:

Nicole et moi avions fait beaucoup de chemin ensemble. Nous étions partis de rien, comme tout le monde : au départ on ne se connaissait pas, et aujourd'hui je reconnaissais que le premier soir, Nicole ne m'avait pas faite la meilleure des impressions. Moi non plus d'ailleurs, je crois même qu'elle avait été, sur l'instant, déçue de découvrir son partenaire. Oh je m'en souvenais parfaitement, elle m'avait envoyé bouler dès lors que je m'étais présenté à elle. Ce soir-là j'avais su que Nicole n'était pas une fille comme les autres. Elle avait un petit quelque chose que j'avais de suite perçu mais qui, d'abord, m'avait fait peur. Je m'étais dit que nous ne parviendrions qu'à nous prendre la tête, ou tout du moins que nous n'arriverions pas à nous comprendre. Nous étions si différents, nous n'avions clairement pas le même tempérament alors à mes yeux, soit on allait finir par nous livrer une guerre ridicule, soit on allait se perdre de vue et progressivement nous ignorer. Et contre toute attente, rien de tout ceci n'était arrivé. Enfin, il fallait tout de même admettre le fait que tout n'avait pas été toujours très rose entre nous deux. En neuf semaines, nous étions passés par beaucoup de choses, et pas forcément les plus glorieuses. Nos rapports, pendant un temps, ça avait carrément été le grand huit. Les montagnes russes ouais, tant je ne savais plus sur quel pied danser avec elle. Et l'évolution de notre relation avait finalement laissé place à des sentiments amoureux que j'assumais pleinement à l'heure d'aujourd'hui. Bref, de rien, nous étions passés à tout. Tout, oui, elle était tout pour moi. Alors elle pouvait bien se trimballer dans un costume de rat, dans un sac à cadavre ou recouverte d'excréments - bon appétit - elle ne cesserait d'être la plus extraordinaire des femmes à mes yeux puisque je ne la regardais plus qu'avec amour désormais. Je n'en étais pas pour autant aveuglé, excusez-moi mais personne ne pouvait affirmer que Nicole n'était pas la charmante demoiselle que je décrivais là. Ou pour le coup c'est vous qui passeriez pour aveugles. Néanmoins j'avais beau la combler de compliments depuis plusieurs minutes, je ne parvenais pas à dissimuler l'anxiété qui était la mienne. J'avais un mauvais pressentiment et je lui en faisais clairement part. Oui je craignais que jeudi nos noms soient dans l'auberge. Et quelques seraient nos adversaires, je ne pourrais m'empêcher de craindre pour notre place dans le jeu... et donc qu'on en vienne à être séparés l'un de l'autre. Ce serait, vraiment, le coup ultime que je n'avais pas encore reçu. C'est aussi parce que je craignais la séparation que je lui révélai, cash, mes sentiments. Je l'aimais, et maintenant elle en avait la confirmation, des fois qu'elle ait pu en douter. Moi en revanche je ne doutais pas de l'amour que j'avais pour elle - il était bien trop fort pour être remis en question. Je préférais qu'elle le sache, une bonne fois pour toute, au cas où l'un de nous serait amené à sortir prochainement. Et à cela j'ajoutai même un baiser des plus fougueux. Ses lèvres me faisaient très envie depuis tout à l'heure... Les mains de Nicole s'affairèrent au niveau de mon cou. J'avais peur qu'elle me repousse ou, pire, qu'elle m'étrangle. Mais fort heureusement non, cela n'advint pas. Ses yeux furent plantés dans les miens - j'étais maintenant incapable de dévier le regard, comme hypnotisé. « J’ai peur de la sortie… de ce que pensera Teresa de tout ça, de l’impact que ce jeu de quelques mois aura eu dans ma vie… c’est compliqué… avant tout ça j’aimais mon métier et maintenant j’ai l’impression qu’il ne peut pas s’accorder avec une vie équilibrée. » Je concevais parfaitement que Teresa eut été omniprésente dans le quotidien de Nicole. Toutes deux étaient très proches, et je ne comptais pas dérober la place de Teresa ou la pousser à s'effacer par pure volonté et donc égoïsme de garder Nicole rien que pour moi. Ce n'était pas du tout mon genre, et tant que j'avais l'occasion de la revoir à l'extérieur je ne m'opposerai à rien. « Je comprends. Mais sache que je ne te demanderai jamais de renoncer à quoi que ce soit pour moi. Je n'en vaux... » Stop Malik ! Ah, pour une fois, je me reprenais juste à temps. Nicole comme beaucoup ici en avaient assez que je me rabaisse constamment. Alors là, j'allais faire en sorte de ne pas le faire. Je poursuivis, la fixant toujours avec intensité. « ... enfin, je suis contre l'idée de t'imposer ou de te contraindre à quoi que ce soit. » Je n'étais pas une sorte de tyran qui lui dicterait d'agir selon ceci ou cela, ou d'une certaine façon. Nicole n'allait assurément pas perdre sa liberté d'agir à mes côtés. « Si vraiment on est séparés … je t’attendrais à la sortie, parce que moi aussi… » Oula, déjà elle partait du principe que ce serait elle qui sortirait, ce qui était bien pessimiste de sa part. Cela ne lui effleurait pas un instant l'esprit que je pourrais, moi, sortir et donc l'attendre dehors ? «... moi aussi je n'ai pas envie qu'on s'arrête là. » Je ne le souhaitais pas non plus, et j'étais soulagé de constater que Nicole ne voulait pas que notre histoire prenne fin à la sortie de l'un de nous deux de ce nid. Je tendais à penser que notre amour était bien plus fort que ça, et qu'il perdurerait au-delà de ce jeu. « Et JE t'attendrai à la sortie, également. » Je me sentais plus que jamais en sursis dans ce jeu, je ne serais pas étonné d'être éliminé prochainement et donc de devoir laisser Nicole dans ce nid tandis que moi, je retrouverais l'extérieur et la dure réalité qui m'y attendrait sans doute. « On ne s'arrêtera pas là si tu désires poursuivre cette relation. Moi je souhaiterais la poursuivre parce que je suis tombé amoureux et que me retrouver du jour au lendemain, après plus de deux mois de jeu, séparé de toi me parait tout bonnement inconcevable. » Parfaitement, c'était une idée à laquelle il m'était tout simplement impossible de me faire. Nicole était la rencontre que j'avais été le plus fier de faire ici. C'était aussi ma partenaire depuis le tout premier jour, depuis la toute première heure, et notre parcours rendait nos rapports actuels plus beaux encore. « Je ne tiendrai pas à l'extérieur sans toi Nicole. Retrouver les personnes qui me sont chères, Londres, mes rares amis... tout cela n'aura aucun sens si tu n'es pas à mes côtés. » Et par là il ne fallait pas comprendre que j'allais lui demander de tout quitter pour moi car là encore, ça n'était pas dans mes intentions. Je ne savais pas quelle tournure prendrait notre relation - qui débutait tout juste - dehors mais une chose demeurait certaine à mes yeux : je ne la laisserais pas m'échapper, et surtout j'espérais ne pas être amené à souffrir à nouveau et à avoir le coup brisé comme ça avait été le cas il y sept ans.

Spoiler:

« Je comprends. Mais sache que je ne te demanderai jamais de renoncer à quoi que ce soit pour moi. Je n'en vaux... ... enfin, je suis contre l'idée de t'imposer ou de te contraindre à quoi que ce soit.» La situation virait dans l’étrange. Malik venait de me revéler ses sentiments le plus simplement du monde ; comme s’il les mettaient à nus. Alors oui, oui, et re-oui je ne pourrais me passer de lui une fois cette saison de Fake Lover terminée mais… de là me remettre en question. Pire, je lui faisais part de ces pensées qui tournaient en rond dans ma tête depuis un certain temps, comme si l’aventure était déjà sur le point de se terminer alors que pour l’instant nous n’étions même pas fixés sur notre sort. La chose qui me troublait le plus étant cette perspective de couple manquant d’être abordée explicitement. Qu’on se le dise je sentais ce sous-entendu, cette évidence, pourtant ça me gênait. Lorsque deux personnes s’aiment mutuellement et qu’elles ne souhaitent pas forcément une relation libre alors on se considère qu’ils forment un couple n’est-ce pas ? Je sentais que j’allais devoir trouver un nouvel équilibre de vie dès que nous serions tous les deux les pieds dehors et c’était véritablement… flippant. De toute évidence ça ne s’accordait pas à avec mon ancien train de vie, le soucis étant que ce dernier s’associait clairement à la femme de ma vie. Je pensais tout le temps à elle, d’ailleurs je ne m’imaginais carrément pas vivre sans elle. Seulement, je sentais que la place de Malik était entre nous deux, qu’il ne pourrait passer après Térésa. Dans tous les cas, n’étais-je pas en train de m’emporter ? La difficulté à être objectif était immense lorsque nous étions isolés de tout monde extérieur depuis deux mois cependant je me décidais enfin à lui confier que je l’attendrais dehors ; même si je risquais de fort le regretter avec plus de recul. Je me condamnais là à être présente lors de sa sortie, ce qui n’inclus pas seulement la soirée des retrouvailles mais bel et bien une période un peu plus longue. Vivre dans un endroit fixe, avec une personne autre que ma cousine et… rencontrer sa mère comme il était convenu… AMMAGAD mais j’aurais carrément dû me la fermer quoi ! « Et JE t'attendrai à la sortie, également. » Aucun échappatoire ; no issue. Cela dit je n’y croyais pas, pour moi Malik était le vainqueur, certes mon choix est carrément biasé mais s’il arrive en tête du classement de popularité toutes les semaines ce n’est pas un hasard. Merci à lui d’ailleurs, si j’étais tombée avec quelqu’un d’autre je serais déjà dehors pour sûr ; c’est pas que j’étais avant-dernière du classement à presque tous les primes mais bon… presque ! Jolie contraste, au passage. Tss je m’en fou de toute façon, Malik a une personnalité bien plus facile que la mienne c’est tout. Moi yé souis la bitchy bonasse, yé né peu pas tout faireuh. Enfin bon disons surtout que me jalouser était sûrement l’activité la plus intéressante de ce village. Oui même moi parfois je jalouse mon reflet dans le miroir… genre il ose prendre MA sublime apparence, what da fuck ?! Soit, je lui esquissais un sourire vraiment peu convaincue, c’était plus pour rire de sa réponse qu’autre chose. « C’est adorable, je t'imagine déjà dans ta petite chemise à carreau boutonnée jusqu’en haut. » Un air faussement émerveillé venait prendre place sur mon visage de drama queen. J’abusais un peu en réalité car si on remontait depuis le début de l’aventure le style vestimentaire de Malik s’était considérablement amélioré. Disons qu’il s’était… modernisé. Oui, c’est le mot exact. Du sérieux je passais à la dérisions, préférant cesser de penser à ce que pourrait vraiment être l’extérieur. Qui plus est m’étais-je peut-être aveuglée, à force de voir Malik tous les jours j’en oubliais pourquoi je m’étais retrouvée déçue le premier soir. Incertain, faible, ringard… peut-être retrouverais-je ce Malik là à la sortie. J’ai clairement changé de mon côté, et globalement nous avons tous évolué mais il restait tout de même une possibilité que je me sois complètement trompée ; après tout on est plus du tout objectif après tant d’enfermement. Je voulais absolument cesser de penser à ça et pourtant ça revenait tout le temps, mon partenaire en rajoutant une couche en m’exprimant son envie que notre histoire continue au-delà des frontières FLiennes. Clairement j’étais moi aussi « amoureuse » de lui et je me voyais mal ne plus le revoir en tant qu’ami ou bien pas du tout. Notre relation était bien trop exceptionnelle pour s’achever avec une simple élimination d’un de nous deux cependant s’attacher aussi vite résultait clairement des conséquences de l’isolement… je crains clairement de m’embarquer dans quelque chose dont je n’obtiendrais pas le contrôle. « Deux mois c’est tellement rien… » Ce jeu était un tourbillon d’émotions, une torture mentale, un plaisir de découverte… trop de choses bien trop psychiques qui me dépassaient légèrement. « Je ne tiendrai pas à l'extérieur sans toi Nicole. Retrouver les personnes qui me sont chères, Londres, mes rares amis... tout cela n'aura aucun sens si tu n'es pas à mes côtés. » AH non. NON. Pas question de devenir une vieille fille. M’installer dans un quotidien, faire connaissance de son entourage… c’était beaucoup trop pour moi. Lorsque j’ai lancé l’idée de rencontrer sa mère c’était parce que la mama égyptienne m’intriguait beaucoup et que je sentais que j’allais bien me marrer à jouer ma tepu devant elle mais là c’était impossible. Je ne me voyais pas le suivre dans sa vie tranquille. J’ai toujours voyagé, ce n’est pas pour rien. Je hais la routine, tout ce qui me rappelle la moindre des règles de vie enseignée par ma mère, les gens heureux… je les déteste cela. Pourtant j’avais comme l’impression qu’en compagnie de Malik j’allais faire partie de ces gens-là. Énorme dilemme ; le prénom de T. résonnait dans ma tête. Elle était le gros point d’interrogation de ma vie post-reality show. Les hypothèses à son sujet s’enchainent pourtant elle était censée être la personne que je connaissais le plus. Étrangement à l’heure actuelle j’avais l’impression qu’il s’agissait de Malik ; or comment pouvais-je penser lire mieux en lui qu’en la tasspé qui vit mon quotidien depuis mes 2 mois ? … STOP. Il fallait que je cesse de penser à ces choses inutiles et futiles. « Malik … je n’ai pas de domicile fixe et dormir sur un matelas dur sans couverture n’est pas du tout ma tasse de thé. Je préfère le chocolat chaud. Je ne pourrais pas non plus dormir à côté de ta mère. J’ai Térésa et je ne pourrais pas la laisser tomber pour "tu sais quoi", il faudra aussi que je continue à gagner ma vie et tout ce qui va avec alors... il y aura vraiment quelques soucis à ce que je reste à tes côtés. » Pourtant ce n'était pas faute de le souhaiter mais clairement nous étions trop différents. Certes nous avions réussi à nous accorder au sein de cette émission mais dans la vie réelle il était évident que ce serait beaucoup trop difficile; tellement dur que j'opterais pour le mot "impossible". J'osais espérer qu'il percevait dans mes pupilles le fond de ma pensée, mon alerte face à cette situation. J'étais désarmée, je ne savais pas quoi faire. Pouruqoi se montrer faible en un tel instant?.. « Tu as une vie stable et rangée, comme tous les gens biens alors que moi… je suis à l’opposé de ça. Profiter de ma jeunesse pour gagner une masse d’argent et vivre aisément c’est carrément vil. Beaucoup trop pour quelqu’un comme toi. Ta vie n’est pas facile mais tu as bien plus de mérite que moi. Le pire c’est que je suis même sûre que si tu gagnais tu trouverais le moyen de ne pas profiter personnellement de cet argent.» Ca je n'étais carrément persuadée, et s'il n'avait pas déjà fait une liste des personnes à qui il souhaitait léguer son argent c'était un pur miracle. Sur ce point nous étions en une fois parfaitement différents. La seule fois où j'avais donné mon argent c'était par contrainte à Dani; et encore il s'agissait d'argent virtuel. Sinon je pouvais dépanner dix centimes à ma sine-cou mais pas plus. Non vraiment... j'en soupirais tellement ça me dépassais. Même s'il le prenait mal ça ne m'empêchait pas de revenir me blottir contre lui, profitant de cet instant tristement éphémère.