Pas de panique, il ne pouvait rien lui arriver dans cette laverie automatique. A moins, bien évidemment, qu'un tueur psychopathe sorte du tambour de l'un des appareils ou que Raphaël soit brusquement agressé par un magasine. Mais avouez tout de même que c'était relativement peu probable, hm. Disons alors que que le jeune homme était plus ou moins en sécurité ici. Plus ou moins, oui. Parce qu'en soit, le danger pouvait être partout. Il avait beau ne plus être aussi méfiant et paranoïaque qu'auparavant, il est vrai qu'il craignait encore quelques fois d'être passé à tabac par une armée d'épingles à linge. Humain, hm. Sauf que bon, cela faisait tout de même quelques minutes maintenant que le suisse bloquait littéralement devant les sèche-linges mis à la disposition des candidats et qu'il avait honnêtement maintes fois évité d'utiliser. Pourquoi ? Oh et bien, comme pour tout, il y avait évidemment une très bonne raison à cela. Une raison qu'il ne tarderait probablement pas à expliquer à Joshua, qui venait alors de pénétrer dans la laverie. Ce dernier devait assurément se demander pourquoi Raphaël restait figé, statique, devant ce qui ne devait pourtant pas présenter le moindre danger pour lui. Et pourtant, si, il ne pouvait s'empêcher de prendre peur devant ce genre d'engins. Il faut savoir que cela résultait d'un vieux traumatisme. Explications. « J'ai une peur panique des cordes à linge depuis une dizaine d'années » avoua-t-il alors délibérément, un peu honteux d'avoir à admettre ce genre de craintes. Parce que bon, ça ne devait tout de même pas être très répandu. « Je ne me suis jamais remis de la scène de la douche. Pas celle de Psychose, non, celle de Destination Finale. » Et rien que d'en parler, ça avait tendance à lui faire tout drôle. Clairement, il se sentait mal, là. « Ce garçon étranglé dans sa cabine de douche par une corde à linge, ça m'a ... ça m'a traumatisé. J'aurais du mettre un col roulé pour venir ici, parce qu'au moins, j'aurais été un tant soit peu rassuré. » Oh oui, assurément. Et sinon, Joshua avait bien évidemment le droit de le trouver relativement taré, parce qu'en soit, il l'était un tantinet.

Une corde à la linge, c'était fourbe. Oh oui, incroyablement fourbe. Cela pouvait vous attaquer brusquement, se rabattre avec fermeté sur votre pauvre cou, le serrer horriblement, vous étranger de toute sa force, et vous tuer en laissant finalement penser que vous auriez pu délibérément mettre fin à vos jours. Quelle horreur. Ah non vraiment, à repenser à cette scène de Destination Finale, où ce pauvre gamin avait le malheur de glisser sur un peu de savon pour au final finir pendu dans sa douche, Raphaël en avait la chair de poule. Il s'imaginait bien évidemment dans la même situation, comme il l'avait déjà fait à bien des reprises. Le fait est que s'il avait longtemps paru fasciné par la mort, il n'en était pas moins effrayé par celle-ci à certaines occasions. Il l'imaginait malsaine, au point de faucher brusquement, sans s'annoncer, sans laisser la moindre chance de s'en sortir. Comme dans le film, en fait. La série de films, plutôt. Parce que oui, dès que ça se fait zigouiller à tout va, les américains estiment pouvoir se faire beaucoup, beaucoup de blé. Voilà le genre de Cinéma que n'appréciait pas tellement Raphaël. Déjà parce qu'il était un peu vieux jeu - entre Marylin Monroe et Cameron Diaz, son cœur ne s'y trompait pas - mais également parce qu'il était trop facilement peureux pour s'infliger durablement ce genre de choses. Sa sœur Mélina avait eu le malheur de l'inciter à visionner cet effroyable film une seule et unique fois, plus de dix ans auparavant, et voilà qu'il en était resté profondément traumatisé. Surtout que bon, Joshua devait présentement se demander si Raphaël était sérieusement apeuré par une fichue corde à linge. C'était quand même, disons, étrange. « Tu le fais exprès, je le sais bien. » Raphaël n'était de toute évidence qu'un incompris. Mais lorsque le tatoué sembla aussi horrifié par la description de la scène de la douche que le suisse l'avait été en la visionnant, Raphaël se sentit un peu moins seul. Donc, ça n'était pas qu'imaginaire, c'était vraiment effroyable ! Bien sûr que oui. Sinon, pourquoi en serait-il resté à ce point traumatisé, hm ? Ça l'était, évidemment. Bon par contre, ça n'était pas franchement sympa de se moquer du suisse lorsqu'il évoquait simplement un col roulé. Parce que merde, il lui arrivait d'en porter, hein. « Roh, arrête de ricaner, c'est super chaud un col roulé. Même si bon, c'est généralement laid et pas sexy pour un sou. » Gné, il venait de dire ... "sexy" ? Visiblement. A croire qu'il se lâchait, ou disons, que toutes ces émotions le chamboulaient un tantinet. « Sauf que la scène de l'avion, mon cher, c'était justement dans le premier. Haha, tu croyais pouvoir me berner ! Mais non, je suis moi même suffisamment traumatisé par cette explosion aérienne pour ne pas pouvoir m'y tromper. » Raphaël était catégorique : la scène de l'avion se trouvait dans le premier film. Alors à moins qu'il y en ait également une dans le quatrième, il avait raison, et Joshua avait tort, merci de le noter quelque part. Non mais oh. « Même si je t'avoue que je n'ai jamais pris l'avion de ma vie ... » Allez-y, préparez les tomates, les huées et les grimaces d'effroi. Il avait raté sa vie, oui, il le concevait sans mal.