"La production décline toute responsabilité en cas d'accident". En 27 ans d'existence j'ai jamais mit les pieds dans une piscine, EVIDEMMENT que le premier truc auquel je vais penser en voyant la taille olympienne de celle du chalet, c'est d'y plonger depuis l'étage du dessus.

J'ai grandit en Grèce jamais loin de la mer et en grandissant, j'ai presque définitivement arrêté de sortir de chez moi qui au demeurant n'est pas assez grand pour y abriter une piscine même si je sais que ça se fait dans les immeubles du type de la résidence que j'habite à Seoul. Il fallait vraiment que je participe à un jeu dont le principe est de nous isoler 24h/24 du reste du monde avec strictement rien à faire pour que me vienne l'idée d'aller faire trempette. Seul, bien entendu.

Depuis le palier je lâche la serviette de bain que j'avais autour du bassin, elle retombe un peu plus bas et il ne me reste qu'à la suivre puisque rien ne me retiens. Je n'ai vu personne de la production débarquer en trombe pour un rappel à l'ordre concernant mon décès éventuel dès le premier jours. Si rappel à l'ordre il devait y avoir, il se porterait plus sur la couleur de mon caleçon de bain blanc et bleu par pur hasard et non par envie de représenter fièrement mes origines.

Je m'approche du bord, je regarde en bas, c'est chaud quand même. Ca me fait penser à tout ce que je laisserais derrière moi si je devais rater mon petit cou là. Vie de famille, vie sentimentale, vie professionnelle, RIEN QUOI.

Je prend mon élan en reculant de quelques pas et je me lance dans un plongeon qui ne me tuera pas. Quand je remonte à la surface j'en serais presque déçu, rayant mentalement "faire le saut de l'ange depuis le premier étage du chalet d'une télé-réalité" de la liste des idées les plus stupides que j'ai eu pour rater mon suicide. Une liste que je viens de commencer et qui on l'espère, ne sera pas aussi longue que la descente mentale que j'ai entrepris il y a plusieurs années dans le but d'en atteindre le fond.

C'est à huit heures que je me suis faite réveillée par Diana, un cri, strident et inattendu m'avait tiré du sommeil. Et c'était elle, qui, enroulée dans les draps pleurait toutes les larmes de son corps. Après quelques minutes de discussions, je m'étais levée afin de commencer à me préparer. Oui, parce que je comptais bien ne pas me laisser aller durant l'aventure, j'avais déjà vu des émissions de télé-réalité françaises où, lorsque la fin approchait, restaient cloitrés dans leur chambre et ne prenait même pas la peine d'aller faire un tour par la salle de bain. Du moins, on ne les voyait pas s'y rendre, et ils étaient en pyjama. Bref, je n'ai pas envie de commencer Fake Lover comme ça et je ne compte pas faire Fake Lover comme ça, que ce soit maintenant ou dans trois mois. C'est donc pour cette raison que je pris une douche rapide, tout en décidant dans mon fort intérieur qu'aujourd'hui, je tentais la piscine située au centre du chalet. Maintenant, il fallait trouver le centre du chalet.

Et puis finalement, je finis par trouver, après quelques minutes à déambuler dans le chalet, je finis par trouver la façon de descendre au rez-de-chaussée et d'aller vers la piscine, qui est encore plus immense que dans les souvenirs de la veille. Il faut dire que j'ai eu peu de temps pour me familiariser avec l'endroit, puisque j'ai presque directement été me coucher, simplement parce que j'étais fatiguée de cette dure journée passée dans une loge, puis trimballée jusqu'au SAS pour enfin entrer dans une aventure qui m'a accueillie à coup de cœurs, de rose et de niaiseries. Enfin, maintenant c'est passé et je peux profiter de la piscine. Je m'approche et soudain, une masse tombe dans l'eau (en m'éclaboussant par la même occasion) et je ne peux que rester conne devant la scène qui vient de se jouer devant moi. C'est quelqu'un qui vient de tomber là-dedans ? C'est intentionnel ou il marchait les yeux fermés et n'a donc pas vu la marche de quelques mètres ? Je jette ma serviette légèrement humide quelques mètres plus loin et c'est à cet instant que la tête d'un homme sort de l'eau. « J'ai cru qu'on avait déjà voulu éliminer quelqu'un... Ca va ? » dis-je, avant de rentrer dans l'eau doucement. Non, je ne préfère pas plonger du premier étage, mais c'est gentil de proposer.

A peine remonté à la surface je tourne brusquement la tête dans la direction d'une voix à laquelle je ne m'attendais pas. En fait il y a vraiment des gens qui me surprennent dans cette maison, par leur réaction pour commencer. Moi à sa place j'aurais sans doute hurlé quelques insultes à mon encontre pour l'avoir éclaboussé ou fichu la trouille de sa vie mais rien de tout ça. Juste une question pour savoir si je vais bien. Autre surprise, la jeune femme à qui appartient la voix en question, que je regarde descendre dans l'eau muet comme une carpe.

Récapitulons. Premièrement je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un près de la piscine. Deuxièmement elle n'est pas en train de me reprocher la bêtise que j'ai eu de sauter du premier étage. Troisièmement, comment se fait il que je n'ai pas gardé en mémoire de l'avoir vu dans la maison avant ou tout bonnement le soir du prime ? J'ai l'impression de voir une peinture de Jean-Léon Gérôme ou de Reginald Arthur représentant Cléopatre aux bains. J'ai le souffle coupé, par ma chute certes, mais surtout par sa découverte.

Je fait quelques mouvements de brasse, pour me souvenir de bouger pour ne pas couler directement au fond comme une pierre même si j'en ai vraiment envie.

"Je..ne t'avais pas vu, pardonne ma maladresse."

J'avance vers elle pour engager les présentations plus que nécessaires, mais me je tiens à une distance respectueuse, et timide. Je veux savoir qui est cette fille, dans ma tête elle s'appelle Cléoptare, Roxanne, Salomée...ou tout autre prénom qui puiserait ses origines dans les mythes antiques et qui lui iraient à ravir.

"Ton prénom ? Moi c'est Ithaque."

J'entre dans l'eau doucement. A vrai dire, je n'aime pas trop me presser, encore plus quand je rentre dans de l'eau. Oui, je me suis déjà faite emportée par une vague et j'ai donc pris l'habitude de faire très attention avec l'eau pour éviter de vivre une expérience aussi traumatisante que celle-ci. Alors certes, y'a pas de vagues, y'a pas de sel, mais y'a du chlore et y'a des gens qui sautent du premier, je trouve que c'est tout aussi dangereux. « Je..ne t'avais pas vu, pardonne ma maladresse. » dit-il, avec un petit air désolé. « C'est pas grave, j'allais bientôt être mouillée. Et puis ça m'a donné un aperçu de la température de l'eau. » dis-je, avec un sourire. Il s'approche de moi, et me dit finalement : « Ton prénom ? Moi c'est Ithaque. » Je dois avouer que j'adore son prénom. C'est peut-être le seul que je vais retenir de l'aventure. Je ne suis pas très douée pour retenir les prénoms, mais lorsqu'un prénom me plait, il est véritablement imprimé et ne bouge plus. Je souris, contente de connaître quelqu'un qui a le prénom du fils d'Ulysse. Je sais pas vous, mais moi, plus jeune, je regardais un dessin animé sur Ulysse et j'étais un peu amoureuse d'Ithaque. Ouais, c'est bête, mais c'est comme ça. Alors trouver quelqu'un qui a ce prénom dans l'aventure, c'est quand même incroyable. « J'adore ton prénom. Moi, c'est Isis. » Comme la déesse Égyptienne, ouais. Mon dos se colle contre le bord de la piscine, et mes bras s'étendent le long du bord j'ai pas envie de couper court à la conversation, alors je m'installe de façon à ne pas ressentir la moindre fatigue et à être confortablement installée. « Alors, Ithaque... tu viens de Grèce ? » Je souris,à vrai dire, c'est peut-être un préjugé incroyable que je viens de lui sortir là, mais dans ma tête, Ithaque égal Grèce. Mais c'est comme dire qu'Isis égal Égypte, alors je continue. « Enfin... Je sais pas si tu as les mêmes origines que ton prénom. »

"Isis."

Je répète son prénom à voix haute comme pour m'assuré que j'ai bien compris. Cette fille est une succession de bonnes surprises qui la rendent choquant de réalisme avec le sujet original. En ce qui concerne la métaphore d'une hypothétique ascendance divine parce-qu'Egyptienne, je me doute qu'elle ne l'est pas, et le sujet se porte de lui même sur nos origines respectives.

"Oui je suis né à Athènes et j'y ai grandit."

C'est vrai qu'un prénom n'est pas toujours significatif. Si je n'avais pas cette habitude de m'adresser en grec, moderne ou ancien, à la plupart des gens que je rencontre d'habitude, et ce corps parfait qui à inspiré les plus grandes statues du monde antique haha, il est difficile de cerner mes origines. Et puis cet accent que je me traine, peu de gens devinent du premier coup d'où j'ai pu le sortir, à part d'une boite à rire.

"Et toi ?"

« Isis. » Oui, c'est mon prénom. J'imagine que c'est pour l'imprimer dans son esprit qu'il répète mon prénom, afin de ne pas l'oublier. de toutes façons, je ne lui en voudrais pas s'il finissait par l'oublier... C'est pas comme si c'était important, vraiment. Et puis, ça n'est que notre première rencontre et moi qui n'ai pas de mémoire en ce qui concerne les prénoms, je pourrai parfaitement comprendre qu'il ne se souvienne pas de mon prénom après notre entrevue. Moi, en revanche, j'aime vraiment son prénom et je ne peux pas m'empêcher de lui poser des questions afin d'en savoir plus sur lui. Il m'intrigue, c'est tout... « Oui je suis né à Athènes et j'y ai grandit. » Je souris. Je ne suis jamais allée en Grèce et c'est vrai que c'est un pays que j'aimerai quand même découvrir. Pour moi, toute région est bonne à découvrir, à contempler et Google Image ne me suffit pas, autant être claire. J'expire un peu bruyamment, pensive d'un coup. Des images me reviennent, du genre... les temples en ruine qu'on nous montre dès la 5ème en cours de latin, en France. Rien à voir avec la Grèce d'aujourd'hui, celle que j'aimerai visiter. « Et toi ? » demande-t-il, me sortant de mes rêveries sur son pays d'origine. Et sa question m'amène à penser à mes propres origines, latines. « Je suis née en Colombie et j'y ai grandit jusqu'à l'âge de dix ans. » dis-je, pas vraiment enthousiaste par rapport à mon pays natal. Le paradis ne se trouve pas en Colombie et j'en suis bien consciente. J'imagine que chaque pays a son lot d'emmerdes, mais les années passées en Colombie ne sont pas les meilleures de ma vie. Et puis finalement, je me lance : « C'est comment, la Grèce ? »

Je ne suis jamais allé en Colombie, et d'après sa question j'en déduis qu'elle n'est jamais allé en Grèce non plus, premier point commun dans la discussion. Deuxième point commun, j'imagine que la vie dans son pays est aussi dur qu'elle l'est dans le mien. Elle devrait facilement comprendre ma réponse même si la plupart des gens attendent que je leur envoi une dose de rêve. La vie de rêve existe peut être dans les îles, Ithaque pourquoi pas. Mais à Athènes tout est bien différent.

"Tout ce qu'il y a d'intéressant tombe en ruine comme le reste du pays."

Les bourgeois dans leur grandes maisons avec des toiles de maîtres accrochées au mur n'ont plus assez d'argent pour manger, les médecins corrompus ne se déplacent que si on leur glisse une enveloppe sous la table, ont rend sa plaque d'immatriculation faute de pouvoir payer l'essence. L'armée du salut collecte de la bouffe à la sortie des supermarchés pour nourrir les gosses des écoles primaires à la cantine. Sans trop donner de détails sur la villa familiale à l'état proche de l'abandon, je lui explique que je n'y habite plus, en grèce.

"Je suis parti terminer mes études ailleurs puis je suis parti vivre à Séoul il y a un an et demi.