J'ai beau avoir vécu quelque temps à Stockholm, je ne m'habituerais jamais à la neige, ouais la neige c'est beau, c'est sympa pourtant, je n'en raffole pas. C'est donc particulièrement étrange que j'ai décidé de mettre le nez dehors. Je suis sortie pour fumer, j'ai marché et je suis arrivée dans la forêt, je m'y suis arrêtée. Je crois même que ça doit faire une bonne heure que je suis assise sur cette souche d'arbre. La neige a cessé de tomber, le vent souffle encore mais les arbres m'abritent du vent mais il pourrait neiger, il pourrait pleuvoir des trombes d'eaux que je resterais toujours visé sur ce tronc. Parce que face à ce tronc se trouve la paroi du dôme. Et une idée me traverse l'esprit, est-ce que quelque chose se passe si on la touche ? J'ai bien peur que cette question reste pourtant sans réponse puisqu'il n'est pas question que je touche cette paroi, manquerait plus qu'elle soit électrifiée. Non l'idéal serait qu'une personne le fasse à ma place. Pourtant, personne ne semble vouloir montrer le bout de son nez, c'est exaspérant. Je suis prête à me lever et faire demi-tour lorsqu'une silhouette féminine se distingue à travers le feuillage. « Au secours ! A l'aide ... » Je crie pour essayer d'attirer son attention mais je me dis que si j'ai affaire à un égoïste insensible, je suis plutôt mal barrée. Je continue pourtant de crier, sans vraiment mettre de l'entrain dans mes cris. « Au secours... » Au pire c'est pas grave, je crèverais sur ce tronc. Quoi que non puisque je ne suis pas vraiment entrain de crever, mais bon, je suis dans le personnage là toute suite.

Il semblerait que ce soit jour de neige aujourd'hui. En soi, Mado avait l'habitude, il avait neigé ces temps-ci à Paris. Et puis, ça ne la dérangeait pas en soi. Elle n'était pas de ces nanas superficielles qui portaient perpétuellement des talons et qui craignaient de glisser dès que trois petits flocons se mettaient à tomber. Elle avait prévu alors des bottes de circonstances, un manteau bien chaud, puis s'était aventurée à l'extérieur du chalet. Déjà, s'il avait effectivement neigé, il ne neigeait désormais plus. Cela n'était en soi pas plus mal, car Mado avait quand même tendance à préférer la neige une fois au sol plutôt que lorsqu'elle se foutait dans ses cheveux. Marchant du coté de la forêt, elle observa avec attention ce qui l'entourait. C'était plutôt joli, et si quelqu'un comme elle était capable de s'en rendre compte, c'était que ça ne l'était pas qu'un peu. Quoi qu'il en soit, c'est tranquillement qu'elle continua sa marche, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle entendit quelqu'un hurler, d'un seul coup, la faisant carrément sursauter. Alors son regard chercha la source des cris qu'elle venait d'entendre, et il se trouve qu'il s'agissait d'une belle brune, assise sur un tronc d'arbre, et visiblement en difficultés. Pourtant, il y a avait erreur de casting, car Mado n'était pas de ces personnes disposées à prêter main forte à qui que ce soit. Si ça avait été Ezra, bien sûr qu'elle aurait fait des efforts, elle y serait même allée en volant, mais cette fille, elle ne la connaissait pas. Alors, pourquoi l'aiderait-elle ? Ah oui, d'ailleurs, pourquoi ? Pourquoi criait-elle au juste ? Mado comptait tout de même en avoir le cœur net. Alors elle s'approcha d'elle, se planta face à la jeune femme et l'examina. C'était étrange, elle l'avait entendu crier, mais elle la trouvait tranquillement assise, visiblement pas blessée et sans problème apparent. Quelque chose clochait, là. « C'est toi qui criais à la mort, y'a deux minutes ? » Question plus rhétorique qu'autre chose, en soi, puisqu'elle savait pertinemment que c'était elle. Et si elle osait nier, Mado avait une preuve. Okay, aucune, mais elle savait que c'était elle. « Je peux savoir pourquoi ? Genre, tu t'es tordue la cheville, peut être ? » Ceci pourrait expliquer cela. Ou alors cette fille aimait juste appeler au secours de temps en temps, comme ça, sans raison. Pourquoi pas, après tout.

Pourquoi est-ce que je me suis mise à crier au juste ? Parce qu'en général, un humain normalement constitué et avec un minimum de savoir vivre et une éducation pas trop déplorable aurait accouru vers cette source de cris pour s'inquiéter de l'état du crieur. Ouais, enfin j'en venais à oublier l'endroit où je me trouvais, une télé réalité, un vrai repère de débiles mentaux, de gamins égoïstes et rebelles par dessus le marché. Autant dire que dans un lieu comme celui-ci, le savoir vivre et la bonne éducation était rare. Quoi qu'on était pas à l'abris de certaines exceptions, moi par exemple, je n'étais pas un modèle exemplaire néanmoins j'étais relativement bien éduquée. Peut être qu'avec un peu de chance, je tomberais sur un candidat dont le nombril ne serait pas le centre du monde. L'espoir fait vivre, je sais. Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître. Une personne ne tarda pas à se pointer. Une jolie brune. Pas forcément très avenante au premier abord, mais tant mieux parce que pas de sourire vaut toujours mieux qu'un sourire hypocrite. Quant à savoir si je criais, évidemment. « Non, c'est Panpan, le petit lapin des bois qui m'a vu et qui a pris peur. Tu l'as manqué de peu. » J'hausse les épaules, bien sûr que c'est moi. Mais ma réponse m'amuse davantage que la vérité aveuglante, puisque de toute évidence, elle connait la réponse aussi bien que moi. Quant à la raison de mon cris, elle ne tarderait pas à le savoir. « Pour attirer l'attention, et visiblement ça a très bien fonctionné. » Je suis plutôt contente de moi pour le coup, mon jugement concernant la population d'un jeu de télé réalité avait été erroné dans le cas présent. A moins que ce soit la curiosité qui l'ai conduit jusqu'à moi et non un élan de compassion, et dans ce cas, tant pis pour moi. « C'est toi la soeur d'Ezra c'est ça ? » Il me semblait pourtant, je n'étais pas totalement sûr. J'avais un peu honte d'être seulement capable de la nommer comme la soeur d'Ezra puisque nous étions là depuis plusieurs jours maintenant.

Cette jeune femme ne lui semblait pas franchement paniquée. Elle semblait même relativement détendue, ou loin en tout cas d'être confrontée à la moindre situation de crise. A croire que ce cri avait été joué, ou en tout cas intentionnellement adressé à toute personne susceptible de se trouver dans les parages. Mado, en tout cas, n'avait pas manqué d'être intriguée par celui-ci. Et même si elle avait présentement l'impression d'avoir été plus ou moins manipulée, elle ne s'en offensait pas et était plutôt curieuse de savoir pourquoi sa camarade avait cru nécessaire de l'attirer jusqu'ici. Elle savait en tout cas que le cri venait d'elle, étant donné qu'il n'y avait personne d'autre par ici. Pourtant, la jeune femme à qui elle avait à faire saisit sa question rhétorique pour glisser un trait d'humour sarcastique, qui eut au moins le mérite d'amuser la candidate. Elle était assurément adepte de ce genre de réflexions, et même lorsqu'elles lui étaient adressées, elle savait prendre suffisamment de recul pour ne pas s'en sentir contrariée. Elle prit donc un air faussement surpris, entrant sans mal dans le jeu de sa camarade, prenant même la peine de mimer un certain intérêt pour Panpan, qu'elle fit mine de chercher une ou deux secondes. « Je suis meurtrie de n'avoir pas eu l'occasion de le rencontrer. » Oh oui, au moins. Bref, cela suffisait amplement. Car elle ne tarda pas à reporter toute son attention sur sa camarade, qui allait alors peut être daigner lui offrir une explication. Pourquoi ce cri ? Visiblement, pour attirer son attention. De ça, elle s'en était un peu doutée, mais elle en était au moins certaine désormais. « Effectivement, puisque je suis là. Même si j'avoue avoir espéré trouver quelqu'un à terre, en difficulté, juste pour voir si j'aurais été suffisamment monstrueuse pour le laisser dans sa merde et repartir en sifflotant. C'aurait été intéressant de me confronter à ce genre de situations. Mais bon, que tu ailles bien, je suppose que c'est aussi une bonne chose en soi. » Elle n'allait pas non plus lui souhaiter du mal, à cette jeune femme. Surtout qu'elle lui semblait maligne, alors elle aimait autant que ce genre de personnes gardent la forme pour la suite. Sait-on jamais. « Mado, oui. Je suis son ainée. » De trois ans, ce qui était relativement peu. « Toi, tu as une tête à t'appeler Elizabeth, va savoir pourquoi. Mais je suis à peu près certaine qu'il n'y en a même pas au casting. Donc ton nom, c'est ... ? » Autant ne pas s'amuser à jouer davantage aux devinettes. Elle ferait mieux d'être fixée directement.