Mason ... Mason ... Mason ... Ce petit gars n'en finissait pas de l'intriguer. Il faut dire qu'il était différent de la plupart des candidats. Aux yeux de Mado, soyons clairs, ça n'était en soi pas une si bonne chose que cela, puisqu'elle était déterminée à penser que la Production n'aurait jamais du intégrer un jeune homme aussi déphasé et dépendant de ceux de qui il serait logiquement séparé le temps de son aventure. Mais puisqu'ils en avaient décidé ainsi, disons qu'elle était disposée à faire avec. D'autant plus qu'après leur première entrevue - qui ne s'était alors pas extrêmement bien déroulée, la faute à quelques divergences d'opinions dirons nous - la jeune femme en était venue à la conclusion qu'il serait intéressant pour elle - mais aussi pour son camarade - qu'elle joue pour lui le rôle de celle qui lui apprendrait à gagner en autonomie, qui le brusquerait suffisamment pour le réveiller, à condition bien sûr de sentir de sa part une certaine volonté de progresser, d'évoluer. Parce qu'elle ne pouvait tout simplement pas concevoir que son camarade veuille rester aussi immature, aussi puérile, alors qu'il avait probablement de quoi devenir un jeune homme responsable et autonome. Elle s'emploierait alors à l'y aider, tout comme elle avait en son temps aidé Ezra à gagner en indépendance. Sa mission était clairement celle-ci, oui. Voilà pourquoi elle s'était mise en tête de suivre le jeune homme partout où il irait ce matin. Partout, mais genre, vraiment partout. Au point qu'elle fut inévitablement amenée à pénétrer dans les toilettes dès qu'il y fut entré. Là, son manque évident de discrétion - il faut dire qu'elle n'allait pas non plus continuer comme ça éternellement - la fit rapidement repérer. Tant mieux. S'approchant de son camarade, elle lui adressa un sourire incroyablement doux. Parce qu'en soi, elle ne lui voulait aucun mal, même si elle ne doutait pas de son incroyable capacité à se poser en victime à tout bout de champs. Elle, elle voulait l'aider. Juste l'aider. « Tu veux que je te la tienne ? » demanda-t-elle alors, dans un élan de bonté qui la surprenait honnêtement elle-même. « Des fois que tu ais besoin que l'on t'aide pour ça aussi ... Et puis, tu sais, ça ne doit en rien te gêner. Déjà parce que la pièce est dépourvue de caméras, mais aussi parce que j'aidais Ezra à viser correctement quand il était tout petit. Et puisque je n'ai jamais retrouvé de pisse à coté des cagouinces, je suppose que j'ai fait du bon boulot. » Gardant un air profondément sérieux, la jeune femme le dévisageait avec intensité. Que trouverait-il à lui répondre ? S'offusquerait-il de tels propos et se mettrait-il à pleurer ? Essaierait-il de quitter la pièce ? Accepterait-il qu'elle l'aide ? Clairement, la jeune femme osait espérer qu'il lui donnerait tort, qu'il lui prouverait qu'il n'avait tout simplement pas besoin de son aide pour une chose aussi élémentaire que ça. Pas en pissant devant elle, soyons clairs, simplement en le lui faisant comprendre d'une façon qui ne l'en ferait plus douter.

Depuis ce matin j’ai l’impression que je suis pas tout seul. C’est comme si quelqu’un me suivait, mais pourtant je suis toujours tout seul. C’est bizarre quand même. Peut-être que je suis pra … Comment Papa il dit déjà ? Prénoa … paréniaque, quelque chose comme ça. Peut-être que c’est ça, peut-être que je me fais juste des films. Je vois pas qui aurait envie de me suivre de toute façon. Et puis pour faire quoi hein ? Me faire peur peut-être, c’est ça on veut me faire peur pour me pousser à abandonner ? Et bien non jamais de la vie. De toute façon ça doit même pas être vrai, ça doit être que mon imagination qui me joue des tours. Des fois je m’imagine plein de trucs, mais ça arrive jamais. C’est comme quand j’étais petit j’attendais ma lettre pour Poudlard, mais elle est jamais arrivée. Du coup, pendant un temps, je décide de laisser cette idée de côté et d’agir normalement. Je mange, je vais dans la salle de jeux, je me douche, et après avoir pris mon goûter à seize heures j’ai envie de faire pipi. J’ai à peine eu le temps de baisser la fermeture éclair de mon pantalon, que la porte s’ouvre. On peut plus faire pipi tranquillement maintenant. En plus elle me sourit, elle fait trop peur quand elle sourit elle. Et puis pourquoi elle est là ? Pourquoi elle me sourit ? Elle va pas me frapper quand même. « C’est toi qui me suis depuis ce matin ? » Bah oui peut-être que j’avais pas rêvé et que c’était elle qui me suivait partout où j’allais. Du coup je me mets à penser, que j’ai mon pantalon ouvert et que je le referme. J’ai pas envie de faire pipi devant elle moi, qu’est-ce qu’elle croit. « Tu veux que je te la tienne ? » Hein quoi ? Je la regarde avec des yeux ronds et je me mets mes mains devant mon pantalon. Ça va pas la tête, elle est malade, elle me fait trop trop peur. « Mais t’es folle ou quoi ? » je lui demande presque apeuré. Je veux pas qu’elle tienne mon zizi pour que je fasse pipi, il est à moi et personne a le droit de le voir, c’est trop personnel. « Des fois que tu ais besoin que l'on t'aide pour ça aussi ... Et puis, tu sais, ça ne doit en rien te gêner. Déjà parce que la pièce est dépourvue de caméras, mais aussi parce que j'aidais Ezra à viser correctement quand il était tout petit. Et puisque je n'ai jamais retrouvé de pisse à coté des cagouinces, je suppose que j'ai fait du bon boulot. » Mais qu’elle arrête de parler, elle est trop effrayante comme fille. J’ai envie de pleurer, c’est dégoûtant d’imaginer ça. Je veux qu’on m’enlève cette image de la tête, s’il vous plaît. « Pourquoi ? Ezra c’est ton fils ? » Si ça se trouve c’était son fils et je m’en étais pas rendu compte, mais quand même si c’était le cas, il avait l’air un peu trop vieux pour être son fils. Au final on en revenait toujours au même point, elle mentait sur son âge c’était tout. Je sais bien qu’elle est vieille, elle ment, c’est une grosse menteuse. « Je veux pas que tu m’aides, c’est dégoûtant. Je sais viser tout seul. Laisse-moi faire pipi. »

On allait vraiment finir par croire que Mado prenait un malin plaisir à martyriser ce pauvre Mason. Mais c'était faux, complètement faux ! En soi, elle ne voulait que son bien, et cela consistait inévitablement à le brusquer un petit peu. Il en avait besoin, oh oui, bien besoin. Car elle n'avait aucun mal à imaginer l'éducation qu'il avait reçu, et vu le résultat, disons qu'elle s'en inquiétait un tantinet. Mason avait du être un peu trop choyé, un peu trop dorloté, un peu trop protégé aussi ... Et du coup, aujourd'hui, il n'était qu'un jeune incapable aussi dégourdi qu'une frite. Super, le mec. Non mais il fallait que quelqu'un se charge de son cas. Pas de panique, Mado ne lui ferait aucun mal, contrairement à ce qu'elle avait pu insinuer la fois où il l'avait traité de vieille. La jeune femme tenait simplement à l'encadrer, à lui faire progressivement gagner en autonomie, à faire de lui un homme et un vrai. Parce que franchement, il n'avait d'un homme que la taille et l'âge, à n'en point douter. Le Mason, disons que c'était une grande andouille, un empoté, un gamin dans un corps d'adulte, qui ne devait d'ailleurs même pas comprendre. Oh, oui inévitablement, elle l'imaginait très bien se demander à quoi pourrait bien lui servir son pénis, à part à pisser. Et justement, c'est dans l'optique de veiller à ce qu'aucun débordement ne survienne de ce coté là que la jeune femme l'avait suivi jusque dans les toilettes. C'était en soi l'endroit idéal pour un viol. Parce que oui, Mado comptait naturellement abuser de son camarade, plusieurs fois, histoire de lui apprendre la vie ... Non, bien sûr que non, nulle agression sexuelle n'était ici au programme, simplement un petit remontage de bretelles, histoire de voir si Mason était un cas désespéré, ou bien si l'on pouvait encore tirer quelque chose de lui, à part de l'urine s'entend. Parce que dites donc, son envie devait être franchement pressante, au point que Mado arriva juste à temps pour freiner son élan. Est-ce qu'elle le suivait depuis ce matin ? Oula, la colle. Elle n'en savait honnêtement rien. Alors elle se remémora sa journée. Et effectivement, maintenant qu'elle y repensait, il était fort probable qu'elle l'ait suivi durant les dernières heures. Mais bon, ça ne faisait pas d'elle une psychopathe pour autant, attention. « Je crois bien, oui » fut alors sa seule réponse. Et elle continuait de sourire bêtement, non pas pour le rassurer, mais plutôt pour l'angoisser, justement. Paradoxal, certes, mais efficace. Bon et sinon, il voulait qu'elle la lui tienne ? Non parce qu'elle voulait bien hein, mais il fallait qu'il soit d'accord, sinon ça pourrait poser problème. Et clairement, elle ne voudrait pas être accusée de quoi que ce soit. Folle, disait-il ? Hm, non, il ne lui semblait pas qu'elle l'était. Non, non. « Eh oh, petit ingrat, je suis bien gentille de te proposer de t'aider, hein ! » s'exclama-t-elle, faussement menaçante. Elle, ça la faisait plutôt marrer, en fait. Parce que s'il voulait jouer les victimes, elle ne verrait étrangement aucun inconvénient à jouer les bourreaux. Est-ce qu'Ezra était son fils ? Oula, en voilà un qui était un tout petit peu à la ramasse, hm. « Mon frère. Mais on va dire que tu y étais presque, hein. » Soupire. Mason l'étonnerait toujours. Plus à l'ouest que lui, y'avait pas, c'est clair. En tout cas, il semblait déterminé à vouloir pisser tout seul, comme un grand. Finalement, il avait peut être des couilles, le petit. « T'as vraiment l'esprit de contradiction, toi. Je veux juste t'éviter d'avoir à tout nettoyer après que tu ais salopé les toilettes, c'est tout. Mickey pourrait te forcer à le faire avec ta langue, je ne suis pas trop sûre que tu supporterais ça, m'enfin ... » Elle, vouloir le pousser à bout ? A peine, voyons.

Je peux même plus faire pipi tranquillement, avant c’était le seul endroit où on pouvait être tranquille mais même là y’avait quelqu’un qui venait m’embêter. En plus c’était Mado. Je l’aime pas elle, elle est beaucoup trop pénible et trop méchante. Et puis pourquoi elle me suit d’abord, je suis sûr qu’elle m’aime pas. Même si elle me l’a pas dit, je suis sûr que c’est vrai moi, je sais quand les gens m’aiment ou pas. J’ai un quatrième sens, c’est comme ça j’y peux rien. Et puis elle va encore venir pour m’engueuler, elle sait faire que ça. Critiquer, crier, critiquer, crier, elle sait faire des choses de plus ou pas elle ? On dirait pas, elle est pas très marrant quand même, je m’ennuie déjà et puis j’ai envie de faire pipi. J’en ai déjà marre d’elle, elle peut pas me laisser faire pipi tranquillement et attendre derrière la porte. Bah non elle peut pas il faut qu’elle vienne m’embêter jusqu’à dans les toilettes. Ça lui suffit pas peut-être de m’avoir suivi aujourd’hui, et pourquoi d’ailleurs, c’est quoi son problème à elle ? J’en ai marre, je veux qu’elle me laisse tranquille. « Je crois bien, oui » Pfff, en plus elle avouait. Je voulais juste être tout seul deux secondes moi, elle était vraiment trop pénible. « Pourquoi ? » Bah oui, pourquoi. Pourquoi elle fait ça, pourquoi elle continue à m’embêter comme ça. Pfffff, laisse-moi tranquille. Et en plus elle me propose de m’aider à faire pipi. Oh non, non c’est beaucoup trop dégoûtant. Je comprends pas pourquoi elle me dit ça, la semaine dernière elle voulait pas m’attacher mes chaussures et là elle me propose son aide comme ça ? En plus elle sourit, je préfère quand elle crie en fait, comme ça elle me fait trop peur. Pourquoi elle s’en va pas ? Je lui ai dit que je voulais pas en plus. « Eh oh, petit ingrat, je suis bien gentille de te proposer de t'aider, hein ! » Bah j’aimerais bien voir si elle accepte que je propose de l’essuyer après qu’elle ait fait pipi, moi je suis pas sûr qu’elle soit d’accord. Alors hein, faut qu’elle arrête de me parler de ça, parce que j’ai envie de vomir quand j’y pense. « Mon frère. Mais on va dire que tu y étais presque, hein. » Ils étaient de la même famille quoi, j’étais dans le juste hein, qu’est-ce qu’elle chipote elle, c’est pénible tout ça. Son frère ou son fils, c’était presque pareil quand même, ils avaient la même mère quoi. C’est pareil, c’est pénible de tout le temps me contredire. « T'as vraiment l'esprit de contradiction, toi. Je veux juste t'éviter d'avoir à tout nettoyer après que tu ais salopé les toilettes, c'est tout. Mickey pourrait te forcer à le faire avec ta langue, je ne suis pas trop sûre que tu supporterais ça, m'enfin ... » Faites la taire, mais pourquoi elle se tait pas une bonne fois pour toute, j’ai trop mal aux oreilles à chaque fois qu’elle ouvre la bouche. « Mais je sais faire pipi sans en mettre partout. LAISSE-MOI FAIRE PIPI. » Allez, j’ai trop envie de faire pipi, et je veux pas qu’elle voit, c’est trop personnel.

Okay, Mado l'avait suivi. Pendant des heures. Dans à peu près tous les endroits du chalet. Oui, elle l'avouait. Oui, elle l'admettait. Et oui, elle avait tendance à penser qu'en soi ça n'avait pas grande importance, ou en tout cas grande gravité. Parce qu'elle n'avait rien fait d'autre, au fond, que marcher derrière lui, dans les mêmes couloirs, dans les mêmes pièces, discrètement et subtilement. Sa filature avait été plutôt réussie - elle en était d'ailleurs assez fière - mais elle n'estimait pas avoir fait quoi que ce soit de mal. Et puis merde, elle faisait ce qu'elle voulait, donc si l'envie lui prenait un beau matin de suivre à la trace le petit Mason, pourquoi se gêner, hein ? Plus sérieusement, Mado faisait partie de ces personnes qui partaient du principe qu'on ne connaissait parfaitement quelqu'un qu'en l'observant. Le fait est que Mason l'intriguait - beaucoup, voire beaucoup trop - et qu'elle s'était simplement dit qu'il serait judicieux de prendre le temps de bien l'observer, dans son attitude, dans sa manière de faire les choses, de s'adresser aux autres, histoire de saisir toute la complexité de sa personnalité. Parce que oui, elle trouvait tout cela fortement complexe. Ou disons qu'elle préférait partir du principe qu'il cachait de nombreuses choses et que Mason n'était pas que le jeune homme engourdi et immature qu'il semblait être. Donc oui, elle l'avait suivi, toute la matinée, et toute une partie de l'après-midi aussi. Elle, elle savait pourquoi, mais disons qu'elle ne trouvait pas très tentant de le dire à son camarade. Alors, hm, elle supposait qu'il lui restait maintenant à inventer un bobard suffisamment gros pour qu'il ne se doute pas qu'elle en avait après lui, mais suffisamment crédible pour que son esprit de contradiction ne ressente pas le besoin de s'en mêler. « Pourquoi pas ? » Ah, hm, oui ... d'accord. C'était une réponse comme une autre, certes, mais peut être un poil ... évasive ? Quoi que non, attendez, la clé de la réussite était peut être justement de ne pas trop en dire, voir de ne rien en dire du tout, ou presque, histoire de n'éveiller aucun soupçon. Là, elle couvrait ses arrières et était à peu près certaine de l'intriguer. Elle avait finalement tout bon, comme quoi, il n'était pas nécessairement utile de réfléchir trois plombes à ce genre de choses. La spontanéité payait toujours. En tous les cas, Mason ne semblait pas franchement désireux d'obtenir de l'aide. Pourtant, Mado faisait cela pour lui. Elle ne voudrait pas qu'il urine à coté et soit ensuite forcé de nettoyer, ce qui aurait un coté clairement dégradant, et ce qu'il pourrait bien ne pas supporter. Sauf que non, monsieur faisait le difficile. Il ne voulait pas qu'on touche son bijou et qu'on l'aide à viser correctement. Franchement, il abusait là. Elle le faisait de bon cœur, sans la moindre mauvaise intention, et lui, il trouvait le moyen de se braquer. Ah ben bravo, hein, c'était une grande preuve d'ouverture d'esprit, ça. « Et bien moi, je suis sûre que non. » Et clairement, elle n'en démordrait pas. Parce qu'elle aussi, elle pouvait avoir l'esprit de contradiction, et parce qu'elle aussi, elle pouvait être bien chiante par moments. « Je te sens fébrile. Et la fébrilité, ça pousse n'importe qui à perdre ses moyens. Et lorsque l'on perd ses moyens, que se passe-t-il ? Et bien, on merde. Donc quand tu vas vouloir uriner, mon cher Mason, tu vas merder, sans mauvais jeu de mot. Tu vas en mettre partout. Mais vraiment, partout, partout, partout. Tu n'y pourras pas grand chose, mais tu auras eu tort de refuser mon aide. Alors je te réitère ma proposition : je peux t'aider, si tu veux. » Oui, il était probable que Mado dise présentement n'importe quoi, simplement pour le pousser à la révolte. Mine de rien, c'était épuisant de raconter des conneries. Elle comprenait combien Bob devait être éreinté, à la fin d'une journée.

Déjà qu'en plus elle est pénible d'habitude, si en plus elle commence à me suivre ça va pas aller du tout. Je sais pas c'est quoi son problème à elle de toute façon, ça l'avance à quoi de me suivre à part d'être encore plus pénible qu'elle ne l'est déjà. Moi je m'amuse pas à suivre les autres dans la maison, et encore moins dans les toilettes. Elle est vraiment trop bizarre, et puis elle me fait trop peur. Elle veut pas s'en aller ? Je vais pleurer bientôt, surtout que quand elle sourit elle fait encore plus peur que d'habitude. Surtout que c'est quand même très très bizarre de suivre une personne qu'on n'aime pas. Parce que moi je suis sûr qu'elle m'aime pas, ça se voit franchement. « Pourquoi pas ? » Si en plus elle a pas de raison, c'est parce qu'elle doit être vraiment folle. Peut-être qu'elle va essayer de me tuer en fait, peut-être qu'elle a un couteau ou un pistolet qu'elle cache. Moi je suis sûr qu'elle en serait capable. « Bah faut une raison quand même. » Je suis pas bête moi, si elle fait ça, c'est qu'elle a bien une raison qu'elle veut pas me dire. Donc j'en conclus qu'elle veut me tuer encore une fois, surtout qu'en plus il n'y a pas de caméra alors ce sera plus facile. Parce que j'y crois pas trop qu'elle veuille m'aider à viser correctement, et puis en quoi ça la regarde ? Je lui dis pas comment faire pipi à elle, qu'elle me laisse tranquille. Je sais viser correctement quand même, on dirait qu'elle me prend pour un bébé, et j'aime pas ça, parce que je suis pas un bébé. « Et bien moi, je suis sûre que non. » Qu'est-ce qu'elle en sait, elle m'a jamais vu faire pipi à ce que je sache, et elle est pas prête de le voir non plus. De toute façon je suis sûr qu'elle pense qu'elle sait tout alors que pas du tout, le seul qui sait tout c'est Papa. « Je te sens fébrile. Et la fébrilité, ça pousse n'importe qui à perdre ses moyens. Et lorsque l'on perd ses moyens, que se passe-t-il ? Et bien, on merde. Donc quand tu vas vouloir uriner, mon cher Mason, tu vas merder, sans mauvais jeu de mot. Tu vas en mettre partout. Mais vraiment, partout, partout, partout. Tu n'y pourras pas grand chose, mais tu auras eu tort de refuser mon aide. Alors je te réitère ma proposition : je peux t'aider, si tu veux. » Elle m'énerve, et puis je comprends pas ce qu'elle raconte. C'est vraiment mais vraiment, vraiment n'importe quoi. Elle m'agace moi c'est tout j'y peux rien. Pourquoi est-ce qu'elle va pas embêter quelqu'un d'autre ? « Tu racontes vraiment que des bêtises. » Alors ça c'est vrai. En attendant j'ai toujours envie de faire pipi moi. Je la regarde quelques secondes, j'hésite, et finalement je la pousse doucement en dehors de la cabine que je ferme à clé. Ah enfin, je peux faire pipi, tant pis si elle a pas aimé que je la pousse. En plus j'en ai même pas mis partout. Et toc, la preuve que c'est que des bêtises ce qu'elle dit. Je referme mon pantalon et je lui ouvre la porte. « Qu'est-ce que je te disais, je suis propre moi. » Bim, elle fait moins la maligne là hein.

Attendez voir, depuis quand fallait-il une raison pour suivre quelqu'un ? Depuis quand était-ce indispensable ? Non, clairement, Mado estimait ne pas avoir d'explication à fournir à son camarade, tout simplement parce qu'elle s'estimait libre de le suivre si elle le voulait, et même sans avoir nécessairement de raison. En réalité, elle en avait bien une. La jeune femme était fortement intriguée par ce jeune homme qu'elle ne savait pas franchement comment considérer. Comme un profond immature qui n'avait décidément rien à foutre ici ? Comme un acteur, franchement doué pour jouer les petits mecs infantiles ? Elle ne savait pas, non. Et en grande curieuse qu'elle était, elle voulait légitimement être capable de mettre une personnalité sur une gueule. Parce que la sienne restait très floue, finalement. Et elle ne pouvait décidément se résoudre à se satisfaire de ce qu'elle savait de lui. Non, il ne pouvait pas être que ça, quand même. Ou alors il était une belle erreur de casting et c'en était franchement effrayant. Mais non, ce petit maladroit devait bien cacher quelque chose, à part un secret évidemment. Et justement, son secret, elle se plaisait à l'imaginer, à le deviner, se disant que forcément, le trouver serait le meilleur moyen de se faire une idée définitive de ce que lui inspirait Mason. D'ailleurs, il ne lui en avait pas reparlé - comme c'est étonnant - mais elle n'était toujours pas certaine de savoir ce qu'il lui inspirait, ce qu'elle était susceptible de ressentir pour lui. Du mépris ? Non, quand même pas. De la pitié ? Quelques fois, oui. Bien d'autres choses, assurément. Bref. Mason lui assurait qu'il lui fallait une raison pour le suivre. Ah mais non, il n'avait visiblement toujours pas compris une chose : c'était Mado qui décidait de ce genre de choses. « Quand bien même j'aurais mes raisons, je crois n'avoir aucun compte à te rendre. » C'était bien vrai. Donc il ne saurait pas pourquoi elle le suivait depuis quelques heures. Concerné ou pas - donc pour le coup, concerné - il n'en saurait rien, non. Parce que Mado en avait décidé, c'est tout. Surtout qu'il ne se montra par la suite pas franchement coopératif, le Mason. Quand est-ce qu'il allait enfin comprendre qu'elle faisait tout ça pour lui, hein ? Quand est-ce qu'il prendrait la peine d'arrêter de jouer les victimes et qu'il se poserait les bonnes questions ? N'avait-il donc pas compris que ce subterfuge cachait au fond de bonnes intentions ? Pourquoi ne voyait-il que la forme ? Pourquoi n'en voyait-il pas le fond ? Mado essayait d'être subtile, justement pour voir s'il était suffisamment malin et développé d'esprit pour comprendre ce que cachait ce désir improbable de l'aider à pisser. Mais visiblement, rien n'y faisait. Et maintenant, il l'accusait de raconter des bêtises. Bon d'accord, en soi, c'était vrai. Mais c'était intentionnel, donc bon, elle n'allait pas s'en offenser. Ne répondant pas, elle se contenta de l'observer, de le défier du regard en fait. Et voilà que finalement, il la poussa en dehors de la cabine et s'enferma dans celle-ci. Elle savait que ça n'était pas pour la fuir, mais pour pisser tranquillement. Et cette idée lui plaisait. Au fond, il aurait du se débarrasser d'elle dès les premiers instants, hm. Le voyant ressortir fier et suffisant, elle lâcha un petit rictus. « Tellement propre que tu vas te laver les mains dans les cinq prochaines secondes, avant que je ne te les coupe. » Juste pour le contrarier et avoir le mot de la fin, ouais, voilà. Et donc, elle posa sur lui un regard insistant, presque menaçant. « Parce que je doute que le lavabo fasse le déplacement, lui. » Vrai ou faux ? Vrai, bien sûr. En tout cas, s'il se croyait tranquille parce qu'il avait été capable de pisser convenablement - et encore, elle irait vérifier - il se trompait. Atrocement. « Concrètement, à part pisser, quelles sont les autres tâches que tu sais effectuer tout seul, comme un grand garçon ? » Elle attendait une liste, oui. Ou au moins une courte énumération. Pour être fixée, tout simplement.