Mado n'était clairement pas de ces personnes qui passaient leur temps à jouer à des jeux-vidéo ou à s'amuser d'un rien. Elle était une femme occupée et partagée entre diverses activités, tantôt professionnelles, tantôt sous l'apparence de distractions qui, mine de rien, lui prenaient beaucoup de temps. Au final, la française avait tout juste le temps d'élever son fils - aidée, heureusement, d'un frère plus disponible qu'elle - ce qui n'avait rien d'une partie de rigolade non plus. Disons que d'une manière générale, elle passait plus de temps à cavaler de son domicile à la piscine et de la piscine à son domicile qu'à se faire plaisir et s'octroyer des moments de détente. Alors en arrivant au sein du nid, la jeune femme s'était faite une promesse à elle même : profiter de l'éloignement avec son gamin et du fait qu'elle n'ait pas à se rendre sur son lieu de travail pour s'adonner à des activités susceptibles de réellement la divertir. Le problème était assurément qu'elle était difficile et que tout n'était pas susceptible de l'amuser. Mais peut être cette pièce contenait-elle suffisamment de machines et de jeux en tous genres pour satisfaire une jeune femme aussi regardante que Mado. La semaine dernière, elle y avait retrouvé Ezra, mais les choses s'étaient plutôt mal passées, étant donné que son coté compétitif avait pris le dessus et avait pour le moins gâché ce qu'elle avait pourtant cru être l’occasion idéale pour se décoincer un peu. Aujourd'hui, elle préférait s'assurer de rester seule en ces lieux, estimant finalement qu'il était mieux qu'elle n'affronte personne, ce qui avait hélas tendance à rapidement lui monter à la tête. Mais voilà que tandis qu'elle s'essayait à un improbable jeu d'arcade, la porte s'ouvrit. Et ce coup-ci, pas d'Ezra en vue, mais Maverick, l'un des rescapés du prime et avec qui Mado avait fait connaissance dimanche soir. Bon, tant pis pour sa tranquillité, elle n'avait pas non plus envie de le chasser, d'autant plus qu'il l'avait intrigué. Et puis bon, il lui fallait revenir sur un petit point du prime, et c'était assurément l'occasion. « Je crois que tu tombes bien. » Il était bien rare qu'elle soit amenée à le dire, mais le concernant, c'était vrai. « Je me doute que la façon dont j'ai réagi à tes propos, lors du prime, t'a laissé perplexe. Alors sache que je n'ai pris la défense de personne, surtout pas de Bob, mais que je suis quelqu'un qui fait généralement preuve d'une certaine possessivité, et ce à bien des occasions. Exemple : la coiffure de Bob est immonde, mais je veux être la seule à le faire remarquer. C'est mon chevelu à moi, tu comprends ? » Okay, la fin était peut être de trop, pour le coup. Mais elle ne voudrait pas qu'il pense qu'elle puisse se prendre d'affection pour un surfeur mal peigné et con comme sa planche, hm.

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La possessivité ne se soignait pas. Ou si tel était le cas, Mado ne désirait pas soigner la sienne. Elle n'avait jamais estimé que cela faisait-elle quelqu'un de mauvais ou de critiquable. Oui, elle aimait s'approprier les choses, mais n'était-ce pas en premier lieu une preuve d'intérêt, voire d'affection ? Okay, c'était relatif. Car autant elle se montrait possessive concernant Ezra pour la simple et excellente raison qu'il était son petit frère et qu'elle se devait de veiller sur lui maintenant que plus personne n'était disposé à le faire - n'en déplaise à la vermine italienne du château - autant elle usait de possessivité concernant Bob d'une manière plus symbolique, parce qu'il était son partenaire et qu'elle estimait être la seule, oui la seule à pouvoir décrier son improbable coiffure. Si quelqu'un d'autre se le permettait, inévitablement, elle en était contrariée. Elle l'avait d'ailleurs montré lors du dernier prime, lorsque Maverick s'était permis de railler les cheveux de Bob. On aurait alors peu croire qu'elle se serait volontiers jointe à lui pour enfoncer son crétin de partenaire, mais l'exclusivité qu'elle se donnait le droit de ressentir le concernant avait pris le dessus sur son désir de le trainer plus bas que terre. Alors elle n'avait pu se joindre à Maverick et s'était sentie obligée de lui faire comprendre que le fait que Bob soit son partenaire la laissait maitresse d'une chose : le droit de le critiquer. Et ici, maintenant qu'ils se trouvaient tous les deux dans cette de jeux, il est vrai qu'elle n'avait pas non plus manqué de lui fournir une véritable explication, parce qu'il est vrai que les activités du dernier prime l'avaient un peu empêché de le faire plus tôt. Maverick disait donc pouvoir comprendre son désir de possessivité. Elle avait presque envie de lui en être reconnaissante, étant donné que beaucoup ne se donnaient même pas cette peine. La suite l'amusa alors partiellement. « Contrairement à ce que mes agissements doivent laisser penser, j'ai rarement dans l'optique de blesser qui que ce soit. C'est souvent plus de la maladresse qu'autre chose, on va dire. Quant au fait de dégringoler, je dois dire que ça m'est relativement égal. Je ne suis pas venue ici pour me faire apprécier et copiner avec les autres candidats. En arrivant dans cette aventure, je ne m'attendais pas à ce que les choses se passent différemment d'à l'extérieur d'un peu de vue social. Je ne suis pas quelqu'un d'avenant, c'est comme ça, et je suppose que personne n'y peut rien. » Faux. Comme pour tout, il y avait une source à ce tempérament de feu et à cette impulsivité parfois un brin dangereuse, mais Mado se garderait bien d'en parler. Après tout, il lui fallait préserver certaines données. « C'est mon frère cadet. On a trois ans d'écart, lui et moi. On est fusionnels, inséparables, voilà pourquoi on a décidé de s'inscrire ensemble à cette émission. Je crois qu'il s'y sent mieux que moi, mais je crois surtout que ça n'est pas chose difficile. Il a toujours eu plus de facilités à s'intégrer et à se faire apprécier. Je l'envie pour ça. Moi, je passe généralement pour la grande sœur tyrannique qu'on n'essaye même pas de comprendre. Je crois que j'ai l'habitude. » Lâchant un petit rire, Mado délaissa pour de bon le jeu duquel elle avait en vain essayé de comprendre les règles, reportant alors toute son attention sur Maverick, les bras croisés. « Là, j'ai essayé d'anticiper la plupart des questions que tu aurais pu me poser. Mais si tu en as d'autres, je t'écoute. » Mado avait déjà été amenée à parler de sa relation avec Ezra depuis son entrée dans le jeu, alors une fois de plus, une fois de moins, hein ...

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Finalement, Mado était peut être une incomprise. Oh elle ne s'en plaignait pas, ni ne cherchait à se poser en victime - clairement, ça n'était pas du tout son genre - mais il est vrai qu'il lui arrivait quelques fois de déplorer la facilité avec laquelle les gens pouvaient la cataloguer comme la pire des garces, simplement parce qu'elle faisait toujours en sorte d'être profondément honnête, qu'elle ne mâchait pas ses mots et qu'elle n'essayait pas de jouer un piètre rôle pour s'attirer la sympathie des autres. Au fond, elle restait on ne peut plus naturel, fidèle à ce qu'elle était, à ce que son caractère était, et même si elle se foutait éperdument de ce que l'on pouvait bien penser d'elle, il pouvait effectivement lui arriver de se demander si cette foutue société ne préférait finalement pas les petits hypocrites tout gentils qui foutaient des coups de couteau dans le dos et faisaient les choses par derrière. Mado estimait au moins avoir la correction de dire ce qu'elle pensait - comme lorsqu'elle n'appréciait pas quelqu'un par exemple. Ainsi, elle estimait qu'elle ne prenait personne en traitre et qu'il était simplement dommage que personne ne prenne en compte ce fait pourtant important. Mais bon, elle n'allait pas non plus pleurer parce que les gens lui trouvaient plus de défauts que de qualités, hein. Encore une fois, se vendre ne l'intéressait pas et elle s'était toujours très bien accommodée de ce genre de réputations. Maverick, en tout cas, ne semblait pas désireux de la juger. Plus agréable - et surprenant - encore, le jeune homme semblait apte à la comprendre. C'était en tout cas ce qu'elle pouvait présentement lire dans son regard. Finalement, il y avait des personnes au sein de cette aventure à qui elle pouvait apprécier de se confier. Elle n'avait pas l'impression d'être jaugée à la moindre de ses paroles, et c'était agréable en soi. Quant à Ezra, ou du moins le sujet le concernant, il est vrai qu'elle avait cherché à anticiper les questions de son camarade. Au fond, c'était souvent les mêmes interrogations qui revenaient. Elle pouvait comprendre la curiosité des gens, évidemment, mais pour elle, cela revenait globalement à se répéter. Alors peut être était-il d'autant plus simple de le faire en une fois, et avant que son camarade ait eu la questionner. Cela faisait gagner du temps et de la salive à tout le monde, ça n'était pas plus mal. Maverick se dit en tout cas satisfait des réponses de la jeune femme. Bien, tant mieux, c'était le but. Maintenant, il lui laissait l'occasion de poser quant à elle des questions. Hm, pourquoi pas. Après tout, elle ne savait rien de l'ami Maverick, et se renseigner pourrait s'avérer intéressant pour la suite. Donc ouais, des questions, c'était pas mal comme idée. « Des questions ? Mais je m'en tape, moi, de ta vie » lâcha-t-elle toutefois, faussement désintéressée par le cas de son camarade, avant de lui adresser un clin d’œil assez complice. « Détends-toi, je déconne. » Et elle avait un humour exceptionnel, oui, on le lui avait déjà dit. Plusieurs fois. Ou aucune. En fait, elle ne s'en souvenait plus. Comme c'est étrange. « Age, profession, lieu de résidence, buts dans la vie, prénom de ton animal domestique, signe astrologique, taille de t-shirt, pointure ... Tout, tout, tout, je saurai tout sur le Maverick ... Donc tu vas me raconter ta vie, en fait. Deux pages de dissertation minimum, avec exposé final et note de la professeur, à savoir moi. Je précise que la note obtenue sera communiquée à Cupidon et que ça va chier si c'est médiocre. Enfin, c'est ce qu'il m'a dit, hein. » Putain, elle continuait en plus. Ah non mais des fois, Mado s'adorait. Mais genre, vraiment. « Bon, si tu veux juste me briefer en quelques mots, ça va aussi hein. » Histoire qu'il ne la prenne pas au mot non plus, c'est tout. Sait-on jamais qu'il ait déjà songé à sortir une feuille et un stylo. Ce serait triste, quand même.