Orson & Danaé
#5

Je suis blogueuse mode et ça, ce n’est un secret pour personne. Tout le monde est au courant, mais j’évite d’en parler. Je ne suis pas ici pour parler de mon travail en permanence, même si j’adore ce que je fais et que c’est mon patron qui a eu la brillante idée de m’envoyer ici pour faire connaître encore un petit peu plus mon site web au monde entier. Il pense que je suis une référence en matière de mode pour ma génération. C’est flatteur, mais c’est aussi un statut très stressant qui me demande énormément de travail. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Je dois me débrouiller pour trouver la perla rare du moment en matière de fringues ou d’accessoires et bien évidemment je dois être la première à avoir ce nouveau petit bijou. Hors de question que quelqu’un d’autre que moi, et donc le magazine pour lequel je travaille, lance une mode dans l’hexagone, et bientôt dans le monde entier. Même dans l’aventure je n’ai pas un moment de répit. Je dois me focaliser sur toutes les tenues de mes petits camarades et en garder uniquement le meilleur. J’dois bien avouer que Zoey et Kinga sont deux sources d’inspirations plutôt agréables à contempler toute la journée. C’est en fouillant dans mes affaires que je tombe sur une veste d’homme qui ne m’appartient pas. Orson. Je sais qu’elle est à Orson puisqu’il me l’a prêté dès la première semaine pour me protéger du froid. Un petit sourire s’installe sur mes lèvres alors que j’attrape le vêtement pour l’enfiler. Les manches sont un petit peu trop grandes pour moi et la coupe n’est pas forcément adaptée à ma morphologie, mais je trouve tout de même qu’elle me va plutôt bien. En plus c’est une veste de plutôt très bonne qualité alors c’est juste un plaisir pour les yeux. Je m’observe dans le miroir qui se trouve en face de moi lorsque j’aperçois le reflet d’une silhouette masculine. Orson. Tiens donc. Lorsqu’on parle du loup on en voit la queue. Je me tourne assez soudainement et laisse mes mains glisser dans les poches de mon jeans tout en baissant très légèrement la tête. « Je … J’allais justement te rendre ton bien. » que je dis en osant à peine croiser son regard. Oui ce type m’intimide un tout petit peu, et alors ?

En déjeunant ce midi, je m'étais sali. Une tache rougeâtre s'était incrustée dans ma chemise Ozwald Boateng. Cela n'allait jamais partir à la machine. Une chemise de cette qualité se lavait à la main. J'étais bon pour changer de chemise. C'était une de mes chemises préférées. Pour me débarrasser de cette tache, c'était tout un problème. J'ignorais comment le faire disparaître. J'entrai dans le dressing, désappointé. Je reconnus une silhouette au loin. Celle de Danaé enfilant ma veste. Je m'avançai sans faire de bruit vers elle. Je l'observai un moment, l'épaule posée contre un des armoires, les bras croisés jusqu'à ce qu'elle se retourne en voyant mon reflet. Elle voulait me rendre la veste, dit-elle. En disant cela, elle baissa la tête, gênée comme à son habitude. A l'aide de l'index et du pouce, je remontai son menton. Je croisai son regard cobalt. J'esquissai alors un sourire amusé avant de lui pincer en douceur sa joue pour la détendre un peu. A propos de sa veste, je ne savais que dire à part cela : - Tu peux le garder aussi longtemps que tu veux, tu sais. Ce n'était clairement pas ma veste préférée. Par contre, je savais qu'elle serait entre de bonnes mains car elle connaissait parfaitement la valeur de ses choses-là. La veste lui allait à ravir donc, je ne voyais pas pourquoi je la lui reprendrai. - En plus, il fait froid, ces temps-ci. Une autre raison pour laquelle elle devrait la garder pour le moment. Elle me la rendrait un autre jour. Ce n'était pas urgent. Je lui tournai momentanément le dos pour ouvrir mon armoire. Je m'accroupis, puis cherchai une petite valise contenant mes effets personnels. Je la sortis et l'ouvris. J'en profitai pour ranger un de ses livres. Je replongeai ma main dedans et retrouva un de mes vieux carnets. Je me redressai et me retournai pour de nouveau faire face à la candidate.

Je suis quand même un petit peu gêné de trouver la veste d’Orson dans mes affaires. Cela me rappelle que je n’ai pas encore eu l’occasion de la lui rendre et je n’ai pas envie qu’il me prenne pour une voleuse ou un truc dans l’genre. Ce n’est pas mon style. C’est même bien loin d’être mon style. J’enfile le vêtement juste une dernière fois, puisque j’ai prévu d’aller la remettre dans ses affaires par la suite, et alors que je me regarde dans le miroir voilà que j’aperçois le reflet du propriétaire de la veste. Mince. J’ai honte. Peut-être même encore plus que quand mes petits camarades parlent sur ma petite aventure avec Zoran. Je m’excuse et voilà qu’il s’approche de moi, attrapant mon menton entre ses doigts pour que je lève la tête et que j’ose enfin le regarder. Un sourire amusé vient naître sur ses lèvres avant qu’il ne s’amuse à venir me pincer très délicatement la joue comme si j’étais une petite fille. Je dois avouer que cela me fait sourire. Un petit sourire timide et gêné, mais un sourire quand même. - Tu peux le garder aussi longtemps que tu veux, tu sais. C’est gentil de sa part, mais … « Je ne veux pas abuser de ta gentillesse. » que je murmure en baissant à nouveau très légèrement la tête, mais en me dépêchant de la relever à nouveau pour plonger mon regard dans le sien et lui adresser un petit sourire. Je viens de prendre une décision. Celle de vaincre la timidité que je peux avoir envers lui et de me dévoiler un petit peu plus à lui. Je n’ai pas envie de sortir d’ici et qu’il ne connaisse que mon côté timide voyons. - En plus, il fait froid, ces temps-ci. Effectivement il ne fait pas bien chaud ces derniers temps. Sa remarque ne fait qu’intensifier mon sourire. Je l’observe se tourner et fouiller dans sa valise. Je ne sais pas trop ce qu’il fait et je dois bien avouer que cela m’intrigue. Il se relève et tiens un petit carnet dans la main. Je reste silencieuse un moment avant de finalement laisser entendre ma voix : « Tu fais quoi ? » Je n’ai pas envie de l’interpeller immédiatement sur son petit carnet car c’est plutôt malpoli, alors j’utilise une tout autre méthode pour venir à mes fins. Je ne suis pas sûre que cela marche, mais je peux toujours essayer.