+ enora
C'était stupide et puéril. Elle en avait pertinemment conscience. Elle le savait. Et malgré cela, elle ne parvenait pas non plus à s'arrêter dans sa connerie. Il fallait croire qu'elle n'avait rien contre l'idée d'être stupide et puérile. Ouais, elle s'en foutait pas mal. Elle faisait toujours tout ce qu'elle voulait. Peu importe ce qu'en disait la loi, peu importe les impressions des gens autour d'elle, peu importe si c'était débile. Elle avait trop longtemps pensé à faire cela pour s'arrêter en si bon chemin. Toutefois, avant de faire quoi que ce soit de plus, elle devait aller réveiller sa partenaire de conneries. Enora, bien entendu. Après leur discussion durant le prime, qu'elle s'était empressée de retenir dans un coin de sa tête, elle s'était dit qu'il fallait absolument honorer cette promesse en faisant une bêtise de plus au sein de ce chalet. C'est donc dans la plus grand discrétion possible qu'elle se rendit jusqu'au lit de la demoiselle, posant doucement une main sur son épaule avant de gentiment la secouer. Tentative pour la réveiller réussie. Et sans même déranger Ezra dans son sommeil. Ni qui que ce soit d'autre dans la chambre. Trop forte. « C'est Emmy. » pensa-t-elle bon de lui signaler afin qu'elle ne panique pas, ne se mette pas à crier ou à prendre peur. La réaction des gens quand on les réveille pouvait être assez épique, parfois. « Viens. » qu'elle lui murmura alors, lui attrapant la main pour la forcer à sortir de son lit afin de l'emmener jusqu'à l'extérieur de la chambre. Ensuite, elle sortit, de la petite poche de son short de pyjama, deux feutres noirs. Sourire malicieux. Là, oui, elle devrait comprendre l'idée d'Emmy. « Tu sais à quoi ça sert, des crayons ? » Noooon, elle n'en avait aucune idée. Quelle question, franchement ! Bon d'accord, il était tard. Ou tôt. Selon le point de vue. « A écrire, en effet. Et tu sais sur quoi on peut écrire ? Sur la tête des petits camarades, totalement endormis, insouciants sous leurs couvertures. » Ne pensant pas qu'ils puissent se retrouver avec des écritures partout sur la tronche le lendemain matin. Oh que oui. Elle afficha un air d'autant plus malicieux, d'autant plus vicieux. Voilà qui pourrait être drôle. Très drôle. Très très très drôle.

Elle était en plein dans son sommeil, bien endormie. Et pourtant, lorsque Emmeline posa sa main sur l'épaule de la jeune femme afin de la secouer pour qu'elle se réveille, Enora l'avait tout de suite sentie. Peut-être était-ce le fait qu'elle n'avait jamais eu un sommeil lourd. Ou peut-être était-ce par habitude, bien que se faire réveiller à une heure pareille, cela ne lui arrivait pas tous les jours non plus. Mais cela arrivait. Ainsi, une fois réveillée par la main mystérieuse, Enora avait doucement tourné sa tête du côté d'Emmeline, gardant les yeux à moitié fermé. De toute façon, dans cette pénombre, elle n'y voyait rien. « C'est Emmy. » Ah, c'était donc elle qui était venue la déranger dans son sommeil ? Enora reposa sa tête sur son bras, lui même posé sur son oreiller. Elle avait toujours les yeux fermés. Une preuve, une fois encore qu'elle n'était pas du matin. « Hmm, qu'est-ce que tu veux ? » D'une voix encore toute endormie, la jeune femme avait à moitié chuchoté, ayant tout de même pensé aux autres qui dormaient encore. Et puis, surtout, que pouvait bien vouloir Emmy à une heure pareille ? « Viens. » avait-elle alors murmuré. La jolie rousse avait même attrapé la main de la française, afin de la sortir de son lit. Au moins, elle avait prémédité son coup. Puisque sans cela, Enora n'aurait sans doute pas bouger. Et elle se serait rendormie aussitôt, aussi. Se levant, la jeune femme se laissa guidé par Emmeline, qui l'emmena à l'extérieur de la chambre aussitôt. Une fois en dehors de la chambre, Enora eût du mal à distinguer ce qu'avait pu sortir Emmy de sa poches. Juste le temps que ses yeux s'habituent à la lumière. Finalement, quelques secondes plus tard, elle distingua les deux feutres noirs. Jetant un œil vers sa camarade, elle pouvait aussi apercevoir son sourire. Qui n'annonçait rien de bon. Enfin, pour les autres. « Tu sais à quoi ça sert, des crayons ? » A cette heure-ci, il ne fallait pas demander quelque chose de bien compliqué à Enora. Limite, la demoiselle se demandait si sa camarade lui tendait une question piège. Oui oui, vraiment. « Ben.. A écrire, je suppose. » Et lorsqu'on voyait ce que la blonde venait de répondre, on comprenait pourquoi il ne fallait pas lui demander grand chose, dès le matin. « A écrire, en effet. Et tu sais sur quoi on peut écrire ? Sur la tête des petits camarades, totalement endormis, insouciants sous leurs couvertures. » Bizarrement, l'idée d'Emmeline la réveilla un peu plus qu'elle ne l'était à ce moment précis. Oui, son idée était bonne. Très bonne, même. Et ainsi, la conversation qu'elles avaient eu lors du prime allait se mettre en place. Dès maintenant. « Donne moi un feutre, vite ! » Au final, non, elle n'avait même pas pris la peine d'attendre que sa camarade le lui donne. Elle lui en avait pris un des mains, tandis qu'un sourire tout autant malicieux que celui de sa camarade s'était dessiné sur ses lèvres. « Bon, qu'attendons-nous pour y aller, maintenant ? » lui demanda-t-elle, tout en retirant le capuchon du feutre pour le mettre à l'arrière de celui-ci. Oui, elle était prête. Carrément, même.

Quoi de mieux que de se réveiller en pleine nuit afin de préparer des petites surprises pour les autres candidats, hm ? En plus de leur écrire sur le visage, elle pensait aussi à éventuellement piéger quelques portes, à écraser des œufs par terre ou autre. Autant en profiter, la nuit leur appartenait, n'est-ce pas ! À moins qu'il n'y ait d'autres personnes réveillées. C'était possible, le sommeil de plus d'un avait été perturbé durant cette semaine. Sans doute à cause des températures clairement exagérées. C'était tout l'un ou tout l'autre en matière de météo. Soit. Emmeline n'allait pas s'arrêter sur un tel détail, elle comptait bien s'amuser comme elle savait si bien le faire. Et bien sûr, le mieux était de le faire à deux. Toujours mieux à plusieurs ! Elle espérait aussi qu'Enora n'allait pas ronchonner, l'envoyer piètre et retourner se coucher. Avouons que ça serait quand même bien dommage d'agir de la sorte, n'est-ce pas. Elle passerait à côté de quelque chose, en tout cas. Heureusement, cela dit, elle accepta. Et avec enthousiasme, en plus ! Bien, très bien. Elle alla même jusqu'à lui piquer le feutre des mains, ce qui tira un sourire d'autant plus large à Emmeline. Enora avait bien fait de ramener sur le tapis cette histoire de fringues brûlées ou déchirées, durant le prime. À croire que la rouquine n'aurait pas pu trouver mieux qu'elle pour ce petit coup nocturne. Il ne restait plus qu'à retourner dans la chambre. Sauf que, avant cela... « Juste une chose : certains ont peut-être le sommeil léger, faut qu'on fasse attention à ne surtout réveiller personne. » C'était une consigne importante. Puisque si qui que ce soit se réveillait, ça serait bien moins drôle. À son tour, elle déboucha son feutre, s'approcha de la porte mais.... toujours pas. « Oh et on commence par qui ? » qu'elle demanda en tournant le visage vers sa camarade. C'était une question importante, non ? « Si tu dois te venger de quelqu'un, il faut en profiter maintenant ! » Sourire espiègle. Quelle vengeance, n'est-ce pas. Au moins, ce n'était pas trop méchant, non plus. Elle n'avait même pas pris de feutres indélébiles, c'était dire à quel point elle était gentille. Les petits camarades auraient juste à frotter un peu plus lors de la douche du matin, c'était tout.

Elle était prête. Oh oui, elle l'était. Complètement. Elle avait beau avoir été réveillée en plein milieu de la nuit par sa charmante camarade, elle était bien prête à jouer une petite blague aux autres candidats. Bon, rien à craindre, leur petite blague était toute gentille. Écrire sur le visage des autres camarades, ce n'était pas grand chose. Un petit coup d'eau au matin et il n'y aurait déjà plus rien, pas vrai ? Mais bon, le réveil allait être drôle. Surtout pour Emmeline et Enora, en tout cas. Parce que oui, autant vous dire qu'Enora prévoyait déjà de se lever tôt pour ne rien manquer au spectacle. Où serait le but, sinon ? Et puis, au pire, elle irait se recoucher plus tard dans la journée. Ainsi, chacun ayant un feutre en main, les demoiselles étaient prêtes à faire leur retour dans la chambre, un sourire espiègle collé à leurs visages. « Juste une chose : certains ont peut-être le sommeil léger, faut qu'on fasse attention à ne surtout réveiller personne. » Enora hocha la tête simplement, en guise de réponse. Oh mon dieu, faites que personne n'avait éparpillé des affaires ou n'importe quoi sur le sol ! Il ne manquerait plus qu'elle se prenne les pieds dans quelque chose et tout serait ruiné à cause d'une chute. Ainsi, Emmy déboucha à son tour son feutre et s'approcha de la porte, doucement. Enora la suivait de près et fut aussitôt stoppée lorsque la candidate s'arrêta une fois encore. « Oh et on commence par qui ? » Bonne question. Très bonne question. Déjà, il fallait que la jeune femme se remémore les candidats qu'il y avait dans la chambre. Ce serait déjà un bon départ. « Si tu dois te venger de quelqu'un, il faut en profiter maintenant ! » Haha. Bon, dommage qu'elle n'avait pas de quoi se venger réellement. Mais bon, de toute façon, vu l'heure, tout le monde allait y passer. Tout le monde, sans exception. Et s'il le fallait, Enora irait même faire un tour dans l'autre chambre, juste après. Oui oui. « Peu importe par qui on commence. Tout le monde va y passer, crois moi ! » Un énième sourire malicieux s'était dessiné sur le visage de la belle. « Tu veux te venger de quelqu'un en particulier, dans cette chambre, toi ? » demanda t-elle, au passage.

Insultez-les de vicieuses, de chipies, d'horribles personnes, elles s'en ficheraient sans doute pas mal. Du moins, ça serait le cas d'Emmeline. C'était gamin, peut-être même un peu idiot et de la part d'une jeune femme de vingt-sept ans, peut-être que cela n'accueillerait pas les félicitations du public. Bien sûr qu'elle en avait quelque chose à faire de ce qu'on pouvait penser d'elle, mais pas au point de s'empêcher de vivre parce que ça pourrait être mal vu, parce qu'elle passerait pour une idiote ou parce que quelques candidats risquaient de gueuler au petit matin. Elle était décidée, elle était têtue, alors c'était comme ça. Armée de son petit feutre noir, bien réveillée en plein milieu de la nuit. C'était une chose qu'elle avait toujours voulu faire, au fond. C'était bête, certes. Cela dit, c'était de ces choses qu'on peut faire avec des potes à l'université, avec des amies durant une soirée pyjama et c'était des choses qu'elle n'avait pas vécu. Alors, oui, en compagnie d'Enora, elle allait s'amuser à sa façon. Elle devait aussi reconnaître que voir sa camarade si enthousiaste à cette idée lui donnait d'autant plus le sourire. Elles faisaient une bonne équipe, il semblerait. Une fois la mise en garde énoncée, elles devaient choisir une première cible. Parfait pour se venger de quelqu'un. Sauf qu'Enora n'avait aucune première victime en tête. De toute façon, comme elle disait, tout le monde allait y passer. Et une fois les colocataires de chambre de sa camarade originalement maquillés, elles allaient sans doute s'attaquer à la première chambre, dans laquelle résidait Emmeline. Oui. « Je crois que je n'en veux à personne, par ici. » Parce qu'elle en voulait à d'autres personnes, peut-être ? Bien sûr que non. « Enfin, je n'ai aucune rancœur contre qui que ce soit, en fait. Je crois. Ou alors, c'est que ça ne doit pas être bien important. Sinon, je m'en rappellerais facilement, quand même. » Oui, sans aucun doute. Bref. Elle secoua doucement la tête de droite à gauche, comme pour éloigner toutes ces pensées qui n'avaient aucun sens. À une heure pareille, c'était légitime. « On commence par ton partenaire ? Le pauvre, tout seul, dans ce grand lit... » Non, elle ne le plaignait pas ! Cela dit, elle fit quand même une petite moue en direction d'Enora, comme si elle était touchée par la situation du jeune homme. Blague. La rousse était prête à rentrer dans la chambre. D'ailleurs, elle en ouvrit la porte. Et à présent, le mot d'ordre était la discrétion.

Son feutre noir à la main, la jeune femme n'avait qu'une hâte : entrer dans la chambre afin de mettre à exécution le plan de sa camarade. Quelle bonne idée elle avait eu, quand même. Finalement, Enora ne regrettait pas une seule seconde de s'être levée en plein milieu de la nuit. Quoi de mieux que de faire une petite blague aux autres ? Rien, bien évidemment. Enora n'avait personne de qui se venger (bien que la vengeance serait bien trop gentille, si vous vouliez son avis), ainsi, c'est pour cela qu'elle avait demandé à sa camarade si elle souhaitait se venger de quelqu'un. Après tout, c'était tout à fait probable, pas vrai ? « Je crois que je n'en veux à personne, par ici. » Ou bien, non, apparemment. Cela allait être d'autant plus drôle, alors. Aucune vengeance, c'était juste histoire d'embêter les autres candidats. « Enfin, je n'ai aucune rancœur contre qui que ce soit, en fait. Je crois. Ou alors, c'est que ça ne doit pas être bien important. Sinon, je m'en rappellerais facilement, quand même. » Enora se contenta d'hocher la tête. Non, pas qu'elle s'en fichait mais elle n'avait rien à ajouter de plus. Elle était dans le même cas, d'ailleurs. Elle n'avait aucune rancœur contre personne. Et puis, ce n'était pas dans sa nature, de toute façon. Il fallait aussi dire que la belle n'avait qu'une chose en tête depuis quelques minutes. Entrer dans cette chambre, afin que le jeu commence. Elle ne s'était pas levée pour rien, oh non. Elle comptait bien s'amuser avec Emmeline. « Bon, on y va ? » avait murmuré Enora, légèrement impatiente. Néanmoins, avant cela, Emmeline, qui était juste devant Enora, n'avait toujours pas touché à la porte. Et pour cause, elle avait encore quelque chose à ajouter. « On commence par ton partenaire ? Le pauvre, tout seul, dans ce grand lit... » Un nouveau sourire espiègle se dessina sur le visage de la blonde tandis que la moue qu'avait usé Emmy l'avait fait légèrement rire, avant cela. Commencer par Ezra ? Hm, quelle bonne idée ! « Je suis complètement d'accord, commençons par lui ! » Ainsi, Emmeline venait d'ouvrir la porte. Ce qui signifiait qu'elles ne devaient plus faire de bruit. Ou du moins, rester le plus discrètes possible. Ainsi, les deux candidats commencèrent à s'avancer, doucement, vers le lit qu'occupait Enora. Logique, au vu de leur première victime.