W/EVERLEIGH
21 FEVRIER A 01H22
Il est assez tard, ou tôt, tout dépend de la manière dont on compte les minutes et Fitz, qui a du mal à trouver le sommeil s’est finalement réfugié sur le balcon, passant discrètement via la baie vitrée de sa chambre, en espérant ne réveiller personne et n’oubliant surtout pas de récupérer son paquet de cigarettes au passage. Fumer la nuit, c’est franchement dégueulasse. Et en un sens un peu pathétique, être le gars tellement accro qu’il lui faut sa dose en pleine nuit. Mais Fitz lui, a une autre excuse, tout du moins, c’est ce qu’il se plait à se dire, histoire d’atténuer le tout et de se donner bonne conscience. Depuis le prime, les journées auront été assez calmes, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Entre Mado et son interview, Bob et sa nomination d’office, Harlow, ses soupirants et sa mère, il traîne une ambiance un peu tendue dans le nid. Chacun prend la défense du candidat voulu et même si cela est tout à fait naturel, un peu de calme ne serait pas le malvenu. Le temps, lui aussi, est un peu plus clément. Tout du moins selon Fitz dont la préférence a toujours penché vers le gris et la pluie. Cette nuit là, il ne fait donc plus si chaud et Fitz a récupéré une des couvertures disponibles dans le dressing pour couvrir son torse nu. Car aussi stupide que cela puisse paraitre, il est en pyjama, autrement dit, il porte un pantalon long, un peu type jogging. En général, il dort en caleçon mais frileux, il a décidé d’adopter cette tenue depuis quelques jours, depuis qu’il fait à nouveau une température adaptée à la saison donc. Prenant place sur un des sièges en bois, il s’enfonce dans ce dernier et attrape une cigarette avec ses lèvres, cigarette qu’il allume, commence à consumer tout en passant le temps en jetant des petits graviers par-dessus le balcon… Au moins ici et à cette heure, c’est agréablement calme…

Mes activités ne sont pas très intense ce derniers jours, je ne fais rien, rien du tout. Enfin si je danse mais visiblement pas assez puisque le soir venu je ne trouve pas le sommeil. J'essaye pourtant, je me couche, je ferme les yeux mais rien ne vient. Rien du tout. Je ne veux pas réveiller Myles alors je me lève, un peu comme ce soir. Les nuits sont longues et même si habituellement je me réfugie dans la salle de danse, c soir, je décide de fumer. La nuit je ne fume jamais, sauf quand je sors, très peu donc. Mais dans le nid c'est devenu une sacrée habitude. Une habitude de merde, une habitude qui aura beaucoup de mal à me quitter je pense. J'aurais bien le temps d'y songer au moment venu, en attendant, je prends une cigarette et mon briquet et me glisse à l'extérieur de ma chambre, sur le balcon. Je n'ai pas pris la peine de me couvrir plus que je ne l'étais déjà. Je porte ce qui me sert de pyjama, à savoir un micro-short et un débardeur. Je crois que je m'étais habituée à la chaleur de la semaine dernière qui ne semble plus être de mise. La fraîcheur est saisissante. Mais peu importe, j'ai déjà allumée ma cigarette, je ne peux pas retourner à l'intérieur et Fitz est là entrain de fumer lui aussi. « Je vois qu'on a la même mauvaise manie. » Je murmure alors que je suis toujours appuyé contre la baie vitrée de ma chambre à quelques mètres de lui. Il est entrain de jeter des choses par dessus la rambarde et je suis soudainement ravie de ne pas avoir opté pour la terrasse. « Je te dérange ? » Je suis bien élevée et peut être qu'il voulait être seul, je peux comprendre, et je peux aussi aller ailleurs s'il le souhaite, ça m'est égal. Je tire sur ma cigarette en attendant sa réponse.

Le froid n’était finalement pas si désagréable que ça alors que le vent caressait lentement le visage de Fitz, assis sur l’une des chaises longues en bois, sa couverture sur le dos. Le froid dehors, la chaleur douce sur sa peau, la sensation était agréable et ce même si il aurait largement préféré profité de ce temps nocturne pour dormir, ce que tous les autres candidats font en somme. Le problème, c’est qu’une nouvelle fois, Fitz en ait privé, de sommeil, et bien évidemment, il fallait qu’il s’occupe. On pourrait alors croire que comme le jour, l’écossais se mettrait à déambuler dans les couloirs mais c’était sans compter cette envie soudaine de cigarettes, malgré l’heure et la température extérieure. Le lieu était alors tout trouvé : le balcon. Un coin que Fitz aura découvert assez tôt et qui est devenu au fil des jours le coin fumeurs préféré des candidats avides de leur petit bâtonnet de poison en barre. Fumant tranquillement, Fitz s’amuse, en même temps, à récupérer des graviers ayant atterris ici on ne sait comment et à les faire passer par au dessus de la rambarde. Il n’a même pas vérifié s’il y avait quelqu’un là-dessous, le calme et la pénombre l’ayant persuadé que non. Seul, il finit par ne plus l’être très longtemps, et c’est finalement Everleigh qui viendra le rejoindre. Le problème maintenant, avec Everleigh c’est que Fitz est partagé. D’un côté, il est content car il apprécie la candidate, beaucoup plus que certains ici et d’un autre, il redoute les histoires que leurs rencontres pourraient engendrer, ce qui est fatiguant et hautement blasant. A son arrivée néanmoins, il lui sourit. – Clope plus insomnie ? Bienvenue au club. A croire qu’ici, la prod devrait leur filer des somnifères pour qu’ils puissent pioncer. – Non, tu ne me déranges pas du tout. Lui répond-t-il alors. C’est quoi cette manie qu’elle a de croire qu’elle le dérange… Et puis, il la regarde et bien évidemment, sa tenue lui saute aux yeux. Parce qu’il est un homme déjà, et aussi pour une seconde raison. – T’as pas froid comme ça ?

Cette histoire d'insomnie était totalement irréelle, je ne dors presque plus, je suis anxieuse et je me mets à m'imaginer des tas de choses. Des choses stupides qui me passent par la tête, des choses auxquelles je ne devrais même pas penser parce que ça n'a pas lieu d'être. Mais du coup lorsque je vois Fitz ces choses s'accentuent, il n'y est pour rien. Enfin si un peu finalement. Enfin pas que alors c'est compliqué, j'hésite même à la rejoindre et pour cause, je reste appuyé contre cette baie vitrée. « Oui en même temps ce n'est pas comme si était super actifs dans cette maison de fou. » Ouais c'est une maison de fou, d'habitude je n'arrête pas une minute, mon fils, la danse, les cours, et à nouveau mon fils, c'est exténuant, je suis ravie de retrouver mon lit mais ici, c'est loin d'être le cas. Mon lit est mon meilleur ennemi. Il m'assure que je ne le dérange pas, je soupire. « Tu sais que tu peux me le dire si j'suis lourde avec ça. » Je n'ai juste pas l'habitude de ça, de demander, mais j'en ressens le besoin. Quant à savoir si j'ai froid. Je ne me suis même pas posée la question à vrai dire. « Pas pour le moment » Je suis sans doute un peu plus éteinte que d'habitude. J'avance et m'installe en tailleur sur le siège à ses côtés. Je reste silencieuse, j'observe le paysage enneigé devant moi avant de reporter mon attention sur lui. « Cette situation, elle va me rendre dingue... Toi, Mado et moi. Je ne comprends pas pourquoi ça prend de telles proportions, c'est ridicule. » Je soupire, mon dieu, pourquoi je lui raconte tout ça, ça n'a pas lieu d'être. J'appuie ma tête contre la paume de ma main sans lâcher son regard. « J'en viens à culpabiliser de me sentir bien avec toi d'avoir apprécier nos baisers. Je culpabilise d'en vouloir encore et c'est con, parce que rien de tout ça n'est naturel... » Je ne suis pas sûr qu'il comprenne, parce que mon flot de paroles est relativement incompréhensible, ça sort de la façon dont ça me vient, en bordel total. L’incompréhension me gagne. « Même cette conversation, je n'en veux pas, c'est pourtant moi qui l'ai engagé. Tout ce que je veux c'est avoir la possibilité de me poser sur toi, là, sans aucune arrière pensée, juste parce que j'ai froid, je meurs de froid et que toi t'as eu l'intelligence de prendre ce plaid. Sans que ce soit mal interpréter ou que ça prenne des proportions géantes. » Oh mon dieu, j'ai envie de me foutre des baffes là maintenant, je déteste ça, tout ça. Tout ce que j'ai instauré. « Tu sais quoi ? Je vais sortir, je vais écraser cette cigarette et revenir et on va comme si je n'avais pas péter un plomb d'accord ? » Je souris, j'écrase d'ailleurs ma cigarette qui s'est consumé seule pendant que je parlais seule comme une sale hystérique que je ne suis pas.

Ils n'avaient beau pas faire grand chose la journée, le sommeil était quand même important pour chacun des candidats du nid. Pas pour l'énergie mais pour le moral et surtout pour supporter les tensions, les relations et de ce côté là, Fitz avait de quoi faire. Lundi, il avait promis à Bob de s'occuper de Mado. Mardi, il avait pu s'expliquer avec Mado même s'il n'était pas pour autant sûr de lui et de la situation et à présent, alors que Fitz ne trouvait pas le sommeil pour des raisons obscures, c'était au tour d'Everleigh d'arriver. Bien évidemment qu'il n'était pas mécontent de la voir, il l'appréciait beaucoup mais depuis peu, il avait l'impression d'être en tort lorsqu'il était avec elle. Il sourit alors qu'elle réagit à son invitation au club des insomniaques. En effet, ils ne font pas grand chose et cette manière qu'elle a eu de nommer le nid n'est pas si fausse aussi. Ne s'approchant toujours pas, la candidate finit par lui demander si elle le dérange et alors qu'il répond, peut-être a-t-elle remarqué les interrogations de Fitz car sa réponse est un peu gênante, au final. - Non, non, t'es pas lourde mais de toute façon, si tu me dérangeais, jpense que tu le verrais tu sais. Dit-il en souriant parce qu'elle n'a peut-être pas connu le Fitz de mauvaise humeur encore et quand elle le verra, elle le reconnaîtra bien rapidement. Elle n'a pas froid, ok mais vient finalement s'asseoir face à lui et se met à... parler. Se vider même si l'on peut dire. Du coup, Fitz la laisse parler, elle semble en avoir besoin et il comprend, car lui aussi en a eu besoin, avec Mado et même si maintenant, il est un peu plus calme, il n'en reste pas moins surpris par toutes ces paroles qu'elle déblatère avec vitesse. Et puis, elle dit vouloir s'en aller, puis revenir pour oublier cette 'crise' mais Fitz ça, il n'en veut pas, il ne veut pas faire comme si elle n'avait rien dit. - Non, attends ! Dit-il en attrapant son bras alors qu'elle se lève. - Honnêtement, moi aussi je finis par en culpabiliser. Je l'ai dit à Mado, j'ai pas envie de cette ambiance et pour le reste, je sais pas, j'en sais rien, je suis perdu. Tout ça c'est trop... compliqué. Parce que oui, plus le temps passe et plus Fitz sent qu'il va devoir faire un choix et il préférerait ne pas avoir à le faire, même si c'est lâche. - Écoute, on s'en fout, tu as froid, on se les gèle ici, tu vas pas te rendre malade pour tout ça, c'est bon. Viens. Dit-il en ouvrant la couverture, lassant s'engouffrer le froid environnant.

J'ai toujours cette impression d'être de trop, de le déranger. D'être mal à l'aise sans raison apparente. Je pense que c'est pour ça que je le lui demande constamment, mais en réalité, ce n'est pas à lui que je devrais demander et cette impression est exaspérante. Le pire dans tout ça c'est que je n'en veux pas non plus à Mado, je n'ai aucune raison de ça. Finalement, on ne s'entend pas si mal que ça, est-ce que ça va durer je ne saurais trop le dire mais elle n'est pas fautive dans ma tête. J'en veux au système, à cette émission et à cet enfoiré de présentateur, aussi beau soit-il qui a mis les pieds dans le plat au prime. C'est son métier, mais ça ne change rien au bordel qu'il a mis. Je m'excuse, il me signifie que je ne l'ennui pas. Et le pire c'est que je m'en doute, y'a pas vraiment de raisons que je le dérange n'est-ce pas ? Et puis ouais, si c'était le cas, il me le dirait. « Je n'ai pas vraiment envie d'en faire l'expérience alors... » Je souris légèrement parce que mon esprit est préoccupé par ce que je m'apprête à lui dire. Je lui déballe tout sans vraiment réfléchir au sens de mes mots, je lui déballe tout ce que j'ai sur le coeur, je suis impulsive. Et ça se voit. Je suis quand même entrain de lui faire comprendre que je l'apprécie plus que la majorité des candidats, que j'ai envie de l'embrasser à nouveau, ce n'est pas rien. Je me rends compte de tout ça et ça m'exaspère parce que ce n'est pas forcément une chose que j'ai l'habitude dire. Je suis du genre à préférer que les choses se fassent naturellement et ça n'a rien de naturel, je ne souhaite pas lui forcer la main, l'influencer si influence il doit avoir c'est pour cette raison que je décide de me lever et de partir brusquement. Surtout qu'il m'a laissé parler sans ne rien dire. Il m'attrape le bras, je suis surprise. Nouvelle vague de culpabilité lorsqu'il me dit qu'il est perdu. Je soupire. Mais ne dis rien, je le laisse terminer. Il m'invite à m'installer comme je le souhaite, il ouvre les bras pour me laisser une place, je réfléchis un instant. Et puis je m'assieds finalement sur ses jambes, parce qu'il gèle et qu'il a raison, on s'en fout. Je me blottis totalement contre lui, son torse est si chaud que c'est agréable. « Je l'envie cette folle de la météo incapable de ressentir quoi que ce soit. Se foutre de tout c'est quand même moins prise de tête. » J'ajoute beaucoup plus détendue et souriante, alors que j'ai entouré sa nuque de mes bras. Enfin, honnêtement, l'image que je renvoie, je m'en fiche pas mal. J'ai déjà suffisamment de soucis ici, vraiment trop, ce n'est pas nécessaier d'en rajouter d'autant que personne ne sait ce qu'il adviendra. Comment les choses vont évoluer, alors pour le coup c'est stupide.

Oui c’est compliqué. Trop compliqué même pour Fitz qui n’avait jamais eu à faire avec une telle situation auparavant. Il y a quelques années, tout aurait été plus simple pour lui. Il aurait fait comme Cameron, il aurait suivi ses envies, aurait certainement couché avec Everleigh, sans aucun état d’âme car il ne se serait posé aucune question et cela n’aurait impacté ni son moral, ni son approche avec Mado. Sauf qu’il n’était plus comme ça, il n’était plus ce mec qui vivait sa vie, profitait de sa jeunesse, emmerdait ses parents. Il avait mûri depuis, il avait aussi été blessé et avait compris ce que ça faisait, d’être abandonné par une personne qui s’en foutait totalement. Alors oui, il avait mûri mais n’ayant jamais connu ce genre de situation, il ne savait pas tellement quoi faire. A l’extérieur, il en aurait peut-être parlé à sa sœur, d’un an sa cadette qui avait toujours été là pour lui donner son avis féminin mais ici, les choses étaient différentes, trop différentes. Du coup, Fitz était perdu. Il y avait Everleigh et Mado, deux candidates, deux femmes à qui il était attaché et qui étaient attachées à lui. Il ne voulait pas les blesser, il ne voulait rien de tout ça, il voulait que tout ça soit plus simple. Et cette situation ne semblait pas ne torturer que lui à la vue des propos d’Everleigh qui cogitait vraisemblablement aussi beaucoup dans son coin. Il comprenait qu’elle ait besoin de se vider, de lui dire tout ça et il était d’accord avec elle. Pour autant, il ne voulait pas faire comme si rien ne s’était passé et il ne voulait pas non plus qu’elle s’en aille. Alors il lui attrapa le bras, avec vigueur mais sans agressivité. Oui, les images allaient passer, oui les gens allaient parler mais Everleigh avait froid et il n’allait certainement pas la laisser se les geler ici alors que lui était au chaud. Peut-être que s’il était moins bien élevé, les choses seraient plus faciles. Il ouvrit donc sa couverture, l’invitant à venir. Elle s’assit alors sur ses jambes, se collant à lui et puis, il referma la couverture. Il ne s’attendait cependant pas à ce qu’elle entoure ses bras autour de son cou, laissant ses mains tomber sur sa nuque, tout comme ce qu’elle venait de lui dire. – Je sais pas, c’est peut-être agréable quand les choses vont mal mais imagine, cette fille, elle tombera jamais amoureuse, elle sera jamais vraiment heureuse… Je sais pas si le prix à payer vaut le coup… Pour lui, non, il n’en valait pas le coup, absolument pas. Il termina alors sa cigarette, écrasant ce qui restait contre un cendrier à côté. La peau froide d’Everleigh commençait à se réchauffer et ce contact était affreusement agréable. Elle, ses bras autour de son cou, sa peau, son odeur, tout ça était affreusement agréable oui et Fitz aurait bien aimé aller plus loin, il aurait bien aimé l’embrasser pour être plus clair. Comme dans la piscine, comme il y a deux semaines mais… il ne pouvait pas. Pas après ce qu’il avait dit à Mado, pas après ce qu’elle lui avait dit. C’était trop tôt et embrasser Everleigh rendrait la situation encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà ce qu’il ne veut pas. Alors ses bras libres, il enlaça seulement la jeune femme. C’est tout ce qu’il se permettait, luttant contre le reste et engageant la conversation pour rompre ce silence qui lui pesait. – Ca va mieux ? Avec Harlow je veux dire… Il se tut et puis, reprit la parole. – Si tu n’as pas envie d’en parler, je comprendrais.

Cette situation est intenable. Vraiment, devoir se contrôler, devoir agir en fonction des autres ce n'est pas vraiment ce que j'ai l'habitude de faire. Je suis relativement impulsive alors évidemment, ce contrôle est délicat. J'ai toujours agis avec impulsivité, sans forcément agir de la bonne manière mais au moins, je faisais ce dont j'avais envie. Et honnêtement, c'est plus simple. Mais il semblerait que je sois pris de culpabilité. Il semblerait aussi que je doive combiner avec la réaction d'autrui. Je pense que c'est l'âge qui fait que je réfléchis plus. J'ai pris conscience de certaines conséquences de mes actes. Du coup, poussé par mon honnêteté, je décide de vider mon sac, de dire à Fitz tout ce que j'ai sur le coeur, tout ce que cette situation me fait ressentir. Je respecte beaucoup Mado, je pense que c'est pour cette raison que je n'agis pas comme la pire des garces. Mais ce n'est pas tout, je respecte aussi beaucoup Fitz et je ne voudrais pas risquer de briser ce qui nous lie en allant à l'encontre de ses désirs. Enfin, peut être que ça pourrait l'aider finalement, ça faciliterait les choses mais peut être pas. Alors je reste à ma place. Parce que je ne suis pas sûr de savoir ce que je veux, cette situation me pousse à me poser des questions que je me poserais pas habituellement et franchement c'est pénible. Je préfère mettre tout ça de côté, parce que j'ai l’impression d'être totalement ridicule mais l'écossais me demande de rester, il en vient même à m'attraper. Alors je reste. Je reste et je m'installe sur ses genoux. Naturellement mes bras viennent s'entourer autour de son cou. Et dans un geste naturel, je caresse le haut de son dos en douceur. Je parle alors de la chance de Candace d'être psychopathe et de ne jamais rien ressentir parce qu'à mon sens c'est beaucoup plus simple. Sauf qu'il n'est pas d'accord. Ouais, je ne sais pas. « Au moins, quoi qu'il arrive, elle ne souffre pas, jamais. Et ce n'est pas rien. » Je soupire, je ne dis pas que je ne veux plus jamais être amoureuse parce qu'en général ça nous tombe dessus et on a beau tout faire pour ne pas l'être on ne choisit pas. Je commence à me sentir un peu mieux, Fitz ne met pas longtemps à me réchauffer et c'est très agréable. Un silence s'installe, un silence pesant. Pourtant c'est idiot parce que là, contre lui, je me sens tellement bien. Je le regarde, mais je ne dis rien. J'attends, mais je ne sais pas vraiment ce que j'attends. Et puis il m'enlace. Et brise le silence. Il me parle d'Harlow. Je ne m'attendais pas du tout à ça en tout cas. Certainement pas. Je ne sais pas vraiment quoi répondre. Je sais juste que ça ne me dérange pas de lui parler d'elle parce qu'il ne m'a jamais jugé à ce sujet. J'accroche son regard. « Je ne sais pas trop, je ne sais pas si ça pourra s'améliorer un jour... Elle est fermée ça va être compliqué. » Mais bon, c'est de ma faute alors je ne peux m'en prendre qu'à moi même je crois. Je soupire.

C'était étrange, cette manière dont Everleigh s'était mise à parler de l'ancienne gagnante du jeu, la jalousant presque de ne rien ressentir, jamais, de ne jamais souffrir. Mais comme l'un va de paire avec l'autre, cela voulait également dire que Candace ne pourrait également jamais aimé. Elle était mariée mais ce pauvre gars, elle ne l'aimait pas. Elle n'était pas non plus vraiment heureuse, elle était juste là, vivante, mais vide. Car c'est à peu près à ça que ça correspond, ne rien ressentir et même si Fitz ne pouvait comprendre la douleur d'Everleigh et que donc il ne pouvait pas non plus comprendre son point de vue sur l'état de Candace, il trouvait la situation trop peu adaptée à Everleigh. Il lui fit donc part de son point de vue, Everleigh renchérissant sur le sien. Ne pas souffrir. La tentation était forte en effet mais Fitz n'en paierait définitivement pas le prix. Non jamais. Elle soupire, Fitz lui n'a plus rien à dire. A quoi bon continuer de débattre là-dessus, ils ne sont de toute manière pas sur la même longueur d'onde, certainement aussi parce qu'ils ne vivent pas la même chose et ne le feront jamais. Assise sur lui, Fitz sent sa peau froide se réchauffer petit à petit, ses bras autour de son cou et ses mains se baladant sur le haut de son dos. Dans d'autres circonstances, il aurait apprécié tout ça et en un sens, c'est le cas mais les choses sont plus compliquées ici et sa conversation de la veille avec Mado est toujours présente. Pour autant, il ne s'entrave pas vraiment, il laisse les choses se faire, assez simplement. Un silence s'étant installé, Fitz décide de le rompre optant pour une question certes un peu sensible. Pourquoi parle-t-il de ça ? Il n'en a aucune idée, peut-être parce qu'il la vu, cette après-midi, Harlow. Quand Everleigh lui répond, Fitz ne sait pas trop quoi dire. Après tout, il ne sait rien de cette situation et dire qu'il espère que les choses s'arrangeront est trop bateau et assez sous-entendu de toute façon. Dans tous les cas, c'est à elles de voir. - Je pense que ça devrait bouger. Enfin... j'en sais rien mais... je l'ai vu aujourd'hui, cette après-midi. Au jacuzzi. Je pense qu'au fond elle a envie que ça change. Tais-toi, Fitz, oui vraiment tais-toi et occupe toi de tes affaires.

J'sais pas pourquoi je me suis mise à parler de cette manière, de ce sujet, peut être parce que mon incartade, mes ressentis à son propos m'ont quelque peu perturbé, lassée sans doute. J'en sais rien. On en vient à parler d'amour, de souffrance, c'est lié. Trop lié. Et on ne semble pas partager le même point de vue. Il faut dire aussi que j'ai dit dans mon portrait que l'amour je tirais un trait dessus, qu'il n'apportait que de la souffrance, une souffrance que je me suis moi même infligé, et après j'ai toujours eu tendance à saboter mes relations, peut être qu'au fond, je ne pourrais pas faire autrement même si je ne le voulais pas. C'est automatique. Instinctif. Peut être que je suis vouée à ça. Mais du coup il ne répond rien et je sens comme un malaise, j'hésite entre le fait de rajouter quelque chose ou me taire, et j'opte pour cette solution. Me taire. Et là il parle d'Harlow, Harlow, non pourquoi il me parle d'Harlow alors que je suis déjà suffisamment paumée comme ça. Mon coeur rate un battement à l'entente de sa réponse. Je soupire. « Honnêtement, c'était vraiment ce que j'avais besoin d'entendre, par contre... Par contre je ne sais pas si tu aurais dû me le dire, j'sens que je vais être déçue alors... » Alors, y'a plus rien à dire là dessus, j'ai plus envie. Je ne lui en veux pas, je ne suis pas entrain de le blâmer. Au contraire. J'inspire une nouvelle fois, je croise son regard et me redresse un peu. Parce qu'il y a un truc qui me dérange depuis tout à l'heure, une chose particulière. Et j'peux pas le garder pour moi. « On est entrain de se noyer. » On a fait plus clair dans le genre. « Je te sens plus tendu qu'au début, qu'à mon arrivé. Je te sens dans la retenue. Je n'arrive pas, j'ai beaucoup de mal à être naturelle. Mes mains dans ton cou c'est naturel, le baiser que j'ai envie de te donner depuis que ma peau est entrée en contact avec la tienne, le frisson qui m'a parcours à ce moment là c'est naturel. Mais contenir ce baiser ça ne l'est pas. J'ai cette sale impression que ça va être comme ça constamment que tu ne vas plus être naturel avec moi parce que t'es un mec bien... » Je me suis totalement redressé, on est plus du tout collé, y'a le vent qui s'engouffre, je frissonne mais c'est pas grave. « Alors ce serait mieux que je rentre, que je me fasse une raison et que tu redeviennes ce Fitz qui m'a fait craquer. D'accord ? » Je murmure, bon et bien, je crois que je devrais partir, me lever et partir. Ou peut être lui laisser l'occasion de répondre, j'sais pas si j'en ai envie mais c'est la moindre des choses. Ce n'est pas un ultimatum ou une connerie du genre, c'est une conversation d'adulte raisonnée.