guide du roux-tard + 19/02, 11h43

EMMELINE

Salle de vidéo surveillance. Tu n'avais encore jamais mis les pieds ici. Tout simplement parce que tu n'étais pas un curieux qui voulait connaître le moindre fait et geste des candidats. T'étais pas non plus une sorte de commère. Par analogie, tu n'avais donc rien à faire ici. Mais maintenant que tu étais nominé, tu voulais passer un peu de temps dans chaque pièce du chalet. Histoire de t'en imprégner et d'en garder un souvenir aussi réaliste que possible à ton éventuelle sortie. Sortie que tu espérais inexistante, au final. Bref. T'étais là, assis, à observer les écrans sans réellement les regarder, en fait. T'étais dans tes pensées, tout seul. Jusqu'à ce que quelqu'un pousse la porte de la salle. Emmeline. Ou Emilienne. Tu ne sais plus trop, la seule chose dont t'es certain, c'est qu'il y a des E, des M, des I, et des N dans son prénom. Ah, et un L aussi. Ou plusieurs. M'enfin, aucune importance. Tu n'avais pas vraiment eu l'occasion de lui parler durant ces trois semaines. Vous étiez chacun avec des personnes différentes. « Dis, tu vis bien le fait d’être rousse ? » C'est la première chose qui t'étais venu à l'esprit, hm. Après tout, c'était une question comme une autre. Les roux étaient connus pour se faire persécuter par.. par tout le monde, en fait. Peut-être que plus jeune, elle avait eu des problèmes avec ça. Comme des envies de suicide. Toutes les options étaient envisageables. Certains diront qu'elle était châtain, voir brune. Pour toi, cette couleur, c'était du roux. Personne ne t'en dissuaderai.

Elle ne savait pas pourquoi elle ne passait pas plus de temps dans cette pièce. C'était pourtant plutôt amusant de pouvoir observer les petits camarades, de pouvoir écouter leurs discussions sans avoir à s'investir davantage. C'était divertissant. Peut-être un petit peu bizarre. Et au fond, même pas tant que cela. Ils vivaient constamment ensemble, de toute façon. Alors écouter une conversation d'une oreille attentive à travers une porte ou bien profiter de cette pièce mise à disposition, honnêtement, c'était du pareil au même hein. Elle n'allait pas se gêner, de toute façon. Ça se saurait si c'était le genre d'Emmeline, que d'agir comme les autres le souhaitaient. Elle faisait ce qu'elle voulait, point. En pénétrant dans la pièce, elle eut l'agréable surprise de réaliser qu'elle n'était pas seule. Bob, donc. Qui l'interrogeait sur sa chevelure. Ah ? Comme s'il était là question d'une interrogation piège et fourbe, elle prit le temps de réfléchir, juste au cas où, vous voyez. « Eh bien, oui, je le vis bien. » Pourquoi devrait-elle mal le vivre ? Ce n'était qu'une simple couleur de cheveux, après tout. Elle pourrait bien se teindre la chevelure en vert, en violet ou en peu importe quelle autre couleur, qu'est-ce que ça pourrait faire ? Ça n'avait pas tant d'importance que cela selon elle. Et elle aimait bien ses cheveux, en plus. Ils étaient très bien comme ça. Peu importe. Elle haussa les épaules, se contentant d'aller s'installer sur une chaise. « Tu me poses la question parce que tu complexes sur tes cheveux ou... ? » le taquina-t-elle gentiment. Sait-on jamais hein. Peut-être que tout pouvait s'expliquer avec ça. Bon. Ou pas.

Emme quelque chose avait fait son apparition dans la pièce. Et tu lui avais posé une question assez indiscrète, au final. Ou pas, hm. N'étant pas sûr de la prononciation de son prénom, tu avais prit la résolution de l'appeler "La rousse", c'était mieux. Original, peut être pas, mais plus pratique, oui. « Tu ne devrais pas » avoues-tu, rien que pour l'embêter. M'enfin, avoir des cheveux orange c'est... chaud quand même. « Ca doit être assez... t-roux-matisant quand même » Tu ris. oui, tu ris à cette blague. Aux éclats, même. Mon dieu, Bob. Tu es irrécupérable. Elle s'assied sur une chaise, alors que tu essuies la petite larme qui vient de couler au coin de ton oeil. Tu arques les sourcils à sa question. « Quoi ? Mais ils sont géniaux mes cheveux, voyons ! » Tu prends un air choqué, parce que tu l'es. Ou pas, en fait. « Qu'est-ce qui te fait croire le contraire ? » Toi, prendre la défense de tes cheveux comme une gamin de cinq ans ? Carrément.

Sa couleur de cheveux était très bien comme ça ! Certes, il n'était pas le premier à faire des commentaires sur le sujet. À croire que les roux étaient une espèce à part, vous savez. C'était bête. Et puis, elle aimait se dire qu'au moins, elle était bien plus originale que ces blondes décolorées et ces brunes banales. Donc, au final, ce roux la caractérisait bien. Elle n'était pas comme tout le monde. Tout simplement. Alors, elle aimait ses cheveux, pas besoin de disserter sur le sujet. Sauf que Bob, visiblement d'humeur à plaisanter, plaça une petite blague. Presque drôle. Elle aurait presque pu rigoler. Presque. « Tu es hilarant, Bob. » Elle secoua la tête de gauche à droite, comme pour mimer son désespoir sur le cas qu'était son camarade, levant même les yeux au ciel. Bon, elle plaisantait aussi. Son petit sourire amusé devait le faire comprendre. Une fois assise, elle avait eu le malheur de lui poser une question. Eh bien, eh bien, c'est que Monsieur était presque choqué. Voilà de quoi l'amuser un peu plus encore. En guise de défense, elle leva les mains devant elle. « Je demandais ça comme ça, pour faire la discussion, c'est tout. » Évidemment, voyons. Qu'est-ce qu'il allait s'imaginer, hein ? « Et puis, je suppose que tu t'es bien habitué à tes cheveux depuis ta naissance, tout ça. » Donc forcément qu'il n'en voyait pas les défauts, vous voyez. Elle disait ça comme ça. Et avant qu'il ne crie au scandale, elle pensa bon de changer de sujet. Bonne idée. « Bon, sinon, tu as repéré quelque chose d'intéressant ? » qu'elle lui demanda en un petit coup de menton vers les écrans. Des crêpages de chignon ? Des gens qui montrent leurs fesses ? S'envoient en l'air ? Des déclarations d'amour ? Des demandes en mariage ? Bref, quelque chose qui changeait du quotidien quoi.

Ta blague était franchement drôle, avouez. Bon, ou pas, ok. Mais t’aimais ça, les jeux de mots. Ce n’était pas de ta faute. Ou peut-être que si, en fait. Ton humour a toujours été assez spécial, ce n’était pas maintenant que ça allait changer. « Ah oui, tu trouves aussi ? C’est cool, on est deux à le penser. » Tu lui fais un clin d’œil, montrant que tu plaisantes. Bien évidemment. Hum. Elle s’assied, tu la regardes. Et elle se rattrape alors au sujet de tes cheveux, encore heureux. « Mais… ils sont normaux mes cheveux, y’a pas à s’habituer puisqu’ils sont magnifiques. Aurais-tu l’intention de me contredire ? » Dans ce cas-là, la guerre serait déclarée. Ou pas, hein. « Hum… pas vraiment. J’aime pas trop espionner les gens en fait. J’venais là juste pour m’imprégner de l’endroit. » Hors contexte, cette phrase était vraiment, vraiment bizarre. Elle ne devait pas tout comprendre. Tant pis. « Et toi, t’es venu ici pour observer ? Pas t-roux bien tout ça. » Et hop, une blague, une autre. Que tu étais drôle aujourd’hui.

Quelque part, elle était rassurée quand même. Rassurée de voir qu'elle n'était pas la seule à avoir un humour un peu particulier. Quoique, celui de la rousse passait encore. Elle était folle, certes, mais ce n'était pas non plus si abominable que cela. Alors que le pauvre Bob, lui, se tapait quand même un humour bien à lui. Heureusement qu'Emmeline comprenait à peu près toutes les blagues du monde hein. Soit. Elle allait le taquiner sur ses cheveux à son tour. Œil pour œil... « Non, l'idée n'est pas de te contredire, ne t'inquiète pas. » Vraiment, elle ne le contredisait pas, elle ne faisait qu'exprimer son opinion, vous voyez. Ça n'avait rien à voir, n'est-ce pas. Soit. Elle lui avait plutôt posé une question et comme elle aurait dû s'y attendre, la réponse fut un peu étrange. Puisqu'il s’imprégnait de la pièce. Il y avait un sous-entendu pervers, là, ou pas ? Elle fronça les sourcils une seconde, essayant de comprendre. « D'accord. » Il pouvait bien faire ce qu'il souhaitait, de toute façon. Qu'il s’imprègne, mate les autres candidats ou fasse le poirier dans cette pièce, ce n'était pas son problème. Et tout en lui retournant la question, Bob pensa bon de blaguer à nouveau. Incorrigible, ce petit ! Une moue plaquée sur le visage, elle le regarda fixement, comme pour lui faire regretter ses paroles. Bon. « C'est marrant d'espionner les autres ! Bon, sauf quand il se passe rien d'intéressant. Dans un cas comme celui-ci, on s'ennuie. » Mais le reste du temps, ça pouvait être divertissant. En tout cas, elle, ça l'amusait. Alors, certes, il lui en fallait toujours pu pour être divertie, c'est vrai. Mais elle savait profiter des petites choses, tout simplement. Et ça, ce n'était pas donné à tout le monde ! Voilà.

Tu ne la connaissais pas cette rouquine, mais elle t’avait l’air cool. Et sympathique. Loin d’un prototype de Mickey, en somme. Encore heureux, il n’y avait que lui qui était aussi insupportable au sein du jeu. Tu souris à ses paroles, heureusement qu’elle ne voulait pas te contredire. Sinon, vous iriez loin, très loin. T’étais pas du genre à abandonner ce genre de chose, vous voyez. T’étais quelqu’un qui voulait toujours avoir le dernier moi. Juste pour le plaisir, comme ça. « Merci, c’est gentil à toi. » tu lâches un fin rire. Juste parce que ça n’a ni queue ni tête. Elle te demande finalement ce que tu fais ici. Tu réponds un peu du tac au tac, sans que ça ait réellement un sens, en fait. Ensuite, elle parle de sa raison à elle, et tu arques les sourcils. En fait, tu ne voyais pas ce qu’il y avait de marrant à regarder ce que les autres faisaient. Quel intérêt ? C’était ennuyant. « Moi j’appelle ça de la violation de droit privée. » Et voilà que tu te fais avocat. Hum, ou pas, hein. Tu hausses tes épaules. « Chacun s’amuse comme il peut, hein. » Après tout, tu avais aussi des délires bizarres parfois. Tout le temps, en fait, hm. Bref, bref. « En fait, t’es pas très normale toi aussi… » Oh, révélation.

Emmeline ne faisait que profiter des pièces gentiment mises à sa disposition par la production. Pourquoi s'en priver, après tout ? Si cette salle se trouvait ici, c'était pour une bonne raison. La rousse ne comptait pas passer à côté sous prétexte que cela pourrait gêner quelques personnes. Est-ce qu'on lui demandait son avis avant de se réfugier ici ? Non, personne ne lui avait jamais demandé sa permission pour l'observer. Et les membres de la production ? Et les téléspectateurs ? Et les martiens ? Tout le monde la regardait et elle n'avait pas son mot à dire. Alors vous pensez bien qu'elle n'allait pas se gêner non plus. « Concrètement, pas vraiment, puisqu'on a tous signé pour passer à la télévision. Alors, notre vie privée, que ça soit à l'extérieur ou bien même dans ce jeu, je crois qu'on peut mettre une croix dessus. » Bah ouais. Et puis, même si elle agissait contre la loi, honnêtement, elle s'en ficherait pas mal. Comme il le disait si bien, tout le monde pouvait s'amuser selon son bon vouloir. Ouais. Oh et il venait juste de réaliser qu'elle n'était pas normale ? Eh bien, eh bien, il serait temps. Elle qui avait cru que tout le monde au sein de ce jeu était à présent au courant. « Et encore, tu ne sais pas à quel point ! » sourit-elle de toutes ses dents, plus que d'accord pour laisser courir cette réputation sur sa petite personne. Elle était folle et elle l'assumait totalement. Oui. « Qu'est-ce que la normalité, de toute façon, tout ça. Tu sais ce que tout le monde dit sur le sujet, n'est-ce pas. » Ouais, c'était vraiment une chose que bien des gens disaient. Et c'était vrai. La normalité, c'était totalement subjectif. Et c'était surtout très chiant. À quoi bon être """normal""", hein ?

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