+ mickey
Une chose était certaine: il était nécessaire de s'amuser comme elle le pouvait dans ce chalet. Certes, ce n'était pas les activités qui manquaient. Cela dit, à force d'avoir pratiqué les mêmes choses cinquante fois depuis quelques semaines, ça commençait à être sérieusement lourd. Emmeline avait terriblement besoin de nouveautés, de changements. La routine, c'était bien trop agaçant pour elle. Si elle voulait un petit quotidien bien réglé, elle n'aurait pas intégré ce jeu, vous pensez bien. Elle avait terriblement, horriblement besoin de s'occuper. Oui. Et même si on pourrait croire qu'elle fonctionnerait ainsi, elle ne partit absolument pas en quête d'une activité dans tout le chalet, non, du tout. Pourquoi s'embêter à bouger de son lit qui était si confortable pour trouver quelque chose pour se distraire alors que la solution se trouvait juste là, hein ? Et la solution, figurez-vous qu'il s'agissait seulement d'un feutre noir. Oui. Que faire avec une telle chose ? Outre une sarbacane et écrire, bien sûr. Eh bien, probablement rien de plus. Si bien qu'elle opta pour la deuxième possibilité, laissant apparaître ses bras en retirant son pull, commençant à maquiller sa peau de quelques nuages, d'un soleil, bref, d'un dessin bien naïf, à défaut d'avoir plus d'imagination. Elle allait s'améliorer avec le temps, soyez-en sûrs. Oui. Sauf que ses bras n'allaient pas être assez grands, à force. Regrettant bien vite de ne pas savoir diriger un crayon de la main gauche, elle soupira. Même pas drôle. Alors, oui, elle pourrait utiliser une feuille mais... pourquoi en utiliser une quand Mickey était à disposition, hein ? « Mickey ? » Comme elle savait si bien le faire, elle lui lança un regard de biche. Ça marchait à tous les coups. « Je peux emprunter ton bras ? » Sourire. Il allait accepter hein, hein, hein ? Ce n'était que quelques lignes, après tout. Qu'il pourrait aisément effacer avec un peu de savon. Rien de bien dramatique. Sauf qu'un élément indispensable lui revint à l'esprit. Déjà qu'il n'avait surtout pas souhaité la toucher à la patinoire, il y a quelques semaines de cela alors laisser un feutre s'égarer sur sa peau ? « Ouais, non, rien, laisse tomber. » Sauf s'il voulait bien lui dire oui pour lui faire plaisir... Oui, bon, elle ne se faisait pas trop de faux espoirs non plus.

Elle supposait que le premier point positif (le PPP donc) résidait dans le fait qu'il ne l'avait pas envoyée balader, qu'il ne l'avait pas snobée et mieux encore, qu'il lui avait répondu sans la moindre touche d'agressivité. Parce qu'on ne sait jamais hein. Les gens peuvent avoir des réactions bizarres lorsqu'on les embête pendant qu'ils sont en pleine lecture. Ou même juste quand ils ont leur petit caractère, vous voyez. Heureusement, oui, heureusement, il n'avait pas crié, rien de tout cela. Très bien. Alors elle avait annoncé sa requête. En l’occurrence, elle voulait son bras. Oui. Et avec son feutre à la main et son propre bras qui était déjà bien décoré, ça devait être facile d'en comprendre la raison, n'est-ce pas. Cela dit, elle doutait qu'il accepterait. Elle ne savait pas mais quelque part, elle serait étonnée. Elle ne souhaitait que ça, bien sûr. Elle aimait être surprise et si Mickey lui apprenait qu'il était d'accord, elle en serait ravie. Avant tout, il lui fallait en comprendre la raison. Alors elle fit l'un de ses sourires à moitié étirés, ainsi qu'un grand regard innocent, comme pour faire passer l'information plus facilement, comme si avoir cette tête de merlan frit allait aider le choix de son camarade. Finalement, il avoua qu'il ne s'agissait pas d'un non. Ah, parfait ! Sauf qu'il avait quelques réticences. Ouais, logique. Et puis, elle avait de quoi le convaincre, de toute façon. « Je t'assure que ça ne fait aucun dégât permanent ! On a essayé avec Enora, la semaine dernière et ça s'efface super bien. » Elle supposait. Elle n'en savait rien, il faudrait plutôt interroger les candidats qui s'étaient regardés dans le miroir un matin pour y découvrir quelques dessins sur leur joli minois. En tout cas, personne n'avait eu de plaques rouges, de boutons et tout le monde avait retrouvé un visage normal alors elle misait sur le fait que c'était sans risque. « Vas-y, enlève tes fringues et ramène-toi ! » Enfin, juste son haut, en fait. À moins qu'il ne souhaite lui confier aussi ses jambes, bien sûr. Mais bon, elle pourrait se contenter de ses bras. Éventuellement aussi de son dos. À voir. Enthousiasmée, elle s'allongea alors sur le ventre, le feutre dans une main, sa deuxième main tapotant le matelas à côté d'elle pour l'inciter à venir la rejoindre. Il lui en fallait peu pour être heureuse hein, elle savait. En même temps, c'était amusant de dessiner sur les autres. Elle était persuadée que Mason serait d'accord. Oui.

Elle ne savait pas pourquoi elle aimait bien écrire directement sur la peau des gens, plutôt que sur des feuilles de papier qui étaient visiblement faites pour cela. Dans un souci d'écologie, peut-être ? Oui, peut-être qu'inconsciemment, elle avait peur pour tous ces petits arbres qui étaient mutilés, sauvagement assassinés afin de faire du papier qui finirait à la poubelle la plupart du temps. Désolant. Alors que la peau, c'était facilement nettoyé. Un peu d'eau, un peu de savon et voilà qui était effacé. Donc forcément. Et puis, c'était toujours plus drôle de se décorer soi-même ou de décorer les autres. Elle ne savait pas, elle appréciait juste. « Bien sûr qu'elle est toujours en vie ! » Tout de même, ce n'était pas une histoire de feutre qui allait venir à bout de cette jeune femme, quand même. Et puis, Emmeline n'avait jamais eu dans l'idée de lui faire le moindre mal. De toute façon, ce n'était pas elle qui avait fait les frais de cette petite blague qu'elles avaient souhaité jouer aux autres. Peu importe. Qu'il se déshabille donc et qu'il vienne avec elle sur ce lit. D'accord, sortie de son contexte, cette phrase pourrait clairement paraître bizarre. Il n'en était rien. Tout le monde savait qu'il n'y avait pas plus innocent qu'Emmeline dans ce jeu. Oui, enfin, à peu près. Bon. Faisons comme si on y croyait. Soit. Il finit tout de même par retirer son pull et bon, elle tenta de ne pas trop mater non plus, vous voyez. Parce que bon, ça pouvait être un peu gênant, déjà et même si elle n'avait rien contre l'idée d'embarrasser quelqu'un (bah ouais, c'était drôle), tout de même, elle n'allait pas abuser. Et puis, elle était là pour dessiner. De toute façon, ce n'était pas comme si Mickey était l'homme le plus musclé de ce chalet, clairement. Peu importe ? Ouais, carrément. Mal ? Il croyait vraiment que ça ferait mal ? Tout de même, ce n'était qu'une mine de feutre. Pas de compas. « Tu sais, je ne vais pas t'enfoncer le feutre dans le bras, ça va peut-être chatouiller mais c'est tout, pas de quoi s'inquiéter. » Du calme, petit monsieur, du calme. Elle n'allait pas le tuer, voyons. Maintenant qu'elle avait son bras à disposition, elle tâcha de trouver ce qu'elle allait pouvoir dessiner. Elle allait rester dans le basique, elle pensait. Ouais. Pas parce qu'elle était nulle en dessin, loin de là, certains allaient même jusqu'à dire qu'elle était douée, à vrai dire. Elle n'avait juste pas tellement de créativité pour le moment. Dans le doute, elle commença à esquisser une tête de chat. Toujours mieux que rien. Concentrée sur sa tâche, elle avait cette mine occupée plaquée sur le visage. Un peu plus et elle tirerait doucement la langue sur le côté, vous voyez. Ouais. Et si ça continuait comme ça, elle risquerait presque d'écouter les paroles de Mickey d'une seule oreille. Maintenant qu'il avait gentiment fait don de ses bras, elle ne pouvait pas ne pas lui répondre hein. Et était-ce... un compliment quant à ses talents culinaires ? « Presque aussi bon ? Je suis sûre qu'il était encore meilleur que le tien ! » s'insurgea-t-elle, taquine, en plantant deux doigts au niveau de ses côtes. « Mais merci pour le compliment, je suppose. » Ouais. Parce qu'elle n'aurait pas pensé pouvoir faire ce pudding comme il faut, vous voyez. À croire qu'elle avait du potentiel dont elle n'avait pas conscience. Un diamant à l'état brut, voilà ce qu'elle était. Ce que c'était beau, n'est-ce pas. « Je ne serais pas contre un nouveau cours, tu sais. Je crois que j'ai pleeein de choses à apprendre en matière de cuisine. » Oh que oui. Vu son niveau, c'était certain. Et puisque Mickey lui convenait comme professeur, autant en profiter hein. Bah ouais.

Elle aimait bien dessiner. Vraiment. Elle trouvait ça amusant, ça détendait même. Alors, forcément, maintenant qu'elle avait touuute cette surface à noircir, elle allait bien en profiter. Elle savait déjà d'avance ce qu'elle allait faire ensuite. Ouais. Une girafe ! Elle allait dessiner une girafe. Elle avait bien la place pour la faire aussi grande que possible, c'était parfait. Au pire, elle déborderait sur le dos de son camarade, ce n'était pas un problème. Toujours aussi concentrée, elle parvint tout de même à entretenir une conversation. Parfait. Et ainsi donc, ils discutaient de ce cours de cuisine qui s'était déroulé la semaine passée, un cours durant lequel elle avait appris la recette d'un pudding aux pommes, un cours durant lequel elle avait réussi sa tâche avec brio. De quoi la rendre fière et lui faire plaisir. D'accord, Mickey n'était pas un mauvais professeur, dans le fond. Il était peut-être un peu trop autoritaire et pas très plaisantin mais outre cela, il se débrouillait. Et il était doué en cuisine. Ce qui était tout de même indispensable pour l'apprendre à quelqu'un, n'est-ce pas. En tout cas, s'il voulait bien continuer à lui transmettre son savoir, elle ne dirait pas non. Elle s'était toujours dit qu'un jour, elle serait un vrai cordon bleu. Ce n'était pas arrivé jusque-là mais elle ne perdait pas espoir. « Super ! Il faudra que tu m'apprennes à cuisiner un filet mignon. Avec sauce forestière, tout ça. Et des pommes de terre aussi, je crois. Quelque chose comme ça. » Requête d'Emilien, la semaine précédente. Elle s'était faite la promesse qu'elle réussirait à lui cuisiner une telle chose avant la fin du jeu ou du moins, son élimination. Juste pour lui faire plaisir, elle avait bien envie de lui cuisiner cela, comme ça, lui faire la surprise. Mickey connaissait forcément la recette d'une telle chose, n'est-ce pas. Elle était prête à parier que si. Soit. Voilà qu'il changea ensuite totalement de discussion. Et sur le coup, elle ne comprit pas trop de quoi il s'agissait. Il paraissait si sérieux, cela dit. Du coup, elle tenta de comprendre de qui il parlait. Dimanche, réelles intentions, ce genre de types. Hm, voilà une jolie devinette. Elle chercha encore deux secondes avant de comprendre. Ah, d'accord. Là, tout s'expliquait, du coup. Elle comprenait déjà mieux. Cela dit, il n'avait pas besoin de la... mettre en garde ? Ouais. Elle savait ce qu'elle faisait, vous savez. « Je sais prendre soin de moi, tu sais. » Aucune inquiétude à avoir, elle n'était pas facilement influençable. Et elle avait toujours les cartes en main, qu'il le sache. Elle savait ce qu'elle faisait, dans une bonne partie des situations qu'elle vivait. Elle connaissait ses limites et même si parfois, elle faisait exprès de les franchir, autant dire que lorsqu'elle avait décrété qu'elle ne ferait pas telle ou telle chose, eh bien, c'est que c'était ainsi et pas autrement. Elle n'était pas naïve (d'accord, un petit peu, de temps en temps), elle pouvait amplement décider d'elle-même. Tout simplement. Alors bien sûr que c'était gentil de s'inquiéter de la chose, mais cela restait inutile. Elle était une grande fille. Vraiment. Elle esquissa un sourire, comme pour le rassurer sur le sujet, si tant est qu'il en ait besoin. « Et en attendant, c'est toi qui te retrouves dénudé sur mon lit. Je dis ça, je dis rien. » ajouta-t-elle de son petit air mutin qui lui allait si bien au teint. Quelle chipie, n'est-ce pas. Cela dit, c'était aussi totalement vrai ce qu'elle disait là. Eh oui.

C'était mignon, les girafes. Pas autant que les ours polaires mais c'était vraiment difficile de rivaliser avec eux, il faut dire. Ouais. Bref. La girafe qu'elle prévoyait de dessiner allait être super mignonne. Elle avait déjà le modèle en tête, à vrai dire. Si bien qu'elle commença à esquisser quelques traits qui seraient donc la tête de l'animal. Elle s'appliquait, figurez-vous. Elle ne souhaitait pas se rater sous prétexte qu'il pourrait toujours se laver puis revenir. Elle n'allait pas trop en demander non plus, déjà qu'il se portait volontaire hein. À vrai dire, ouais, elle lui en demandait plus qu'elle ne l'aurait pensé. Ça plus les cours de cuisine. Eh bien. Elle allait devoir penser à embêter quelqu'un d'autre hein. Ou pas. Elle aimait bien embêter tout le monde. Pas de traitement de faveur, non, non. Et puis, elle ne savait pas à qui d'autre demander pour la cuisine. Certains étaient aussi mauvais qu'elle dans le domaine donc maintenant qu'elle avait trouvé quelqu'un de doué, elle n'allait plus le lâcher. Et elle laissa entendre une idée de plat, bien sûr. Quitte à apprendre, autant le faire sur un met qui lui faisait plaisir ou qu'elle aimait, n'est-ce pas ? Elle trouvait que si. C'était toujours plus amusant. Soit. Elle acquiesça simplement avant de se remettre à son dessin. Pour peu de temps, bien sûr, puisque la discussion repartit de plus belle. Sur les fréquentations de la demoiselle. Emmeline aimait jouer avec le feu, c'est vrai. Elle s'approchait de la flamme jusqu'à en sentir la chaleur, sans même s'inquiéter de la brûlure. Elle était comme ça. Elle faisait ce qu'elle voulait, sur une simple impulsion, sans réellement se préoccuper des conséquences. Certains diraient que c'était une mauvaise chose. De son côté, elle adorait ça et donnerait ce trait de caractère pour rien au monde. Peu importe les conséquences, peu importe si c'était une mauvaise idée, peu importe si elle risquait de se blesser, elle agissait, c'est tout. Bref. Mickey n'avait pas à se soucier des intentions des autres à l'égard de la rousse. Elle saurait gérer, ce n'était pas un souci. Il déclara finalement que cela ne le regardait pas. Certes. Elle n'allait pas lui en vouloir non plus d'avoir suggéré la chose. Peut-être que cela l'agacerait s'il faisait des remarques de la sorte constamment mais une fois de temps en temps, elle trouvait juste ça mignon. « Je pourrais presque croire que tu t'inquiètes pour moi. » souligna-t-elle de sa petite voix mutine. Oh que oui, presque. Bon, venant de Mickey, elle trouverait presque cela étonnant, puisqu'il n'avait pas l'air de s'inquiéter réellement pour qui que ce soit mais allez savoir. Après tout, elle ne le connaissait pas tant que cela hein. Et sans doute qu'il ne la connaissait pas par cœur non plus, sinon, il aurait compris qu'elle blaguait. Ouais, même avec ça, ça ne l'aurait peut-être pas empêché de réagir de la même façon. Il fut mal à l'aise. Ah oui ? Oh, elle n'avait pourtant fait que lâcher quelques paroles ! Il n'avait pas besoin d'être embarrassé pour si peu, voyons. Et puis, ce n'est pas comme s'ils étaient tous les deux à poil, vous voyez. Là, ça serait étrange. Cela dit, pour le moment, c'était une situation relativement normale. Amusée, elle se redressa, s'installant en tailleur à côté de lui. « Tu peux te détendre, respire Mickey, je ne t'ai pas encore monté dessus, tout va bien ! » Parce qu'elle pourrait lui grimper dessus, oui. Elle risquait de le rendre d'autant plus gêné avec de telles paroles. Oups. Elle était tellement désolée ! Bah quoi, autant essayer de le faire croire, non ? Parce que, clairement, elle adorait mettre les gens dans tous leurs états. C'était amusant. Ah, elle ne changerait jamais, vous savez !